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Roma
(Queensland, Australie)
Heure locale

 

Lundi 12 février 2018

 

Me voici à Roma, principale ville du comté de Maranoa. La ville, qui abrite environ 6000 âmes, tient son nom d'une certaine Diamantina Bowen, née di Roma. Cette dame, qui était comtesse de son état, fut l'épouse de Sir George Bowen, Gouverneur du Queensland de 1859 à 1868. Outre les gisements de gaz et de pétrole, Roma vit désormais de l'agriculture (avec notamment le blé, et la laine) et de l'élevage bovin.

Comme à mon habitude, je me penche sur l'histoire de l'endroit mais ne trouve que peu d'informations à son sujet. L'office du tourisme me remet un dépliant sur les bâtiments remarquables de la petite ville. Voilà qui me semble être un bon point de départ à une promenade que j'effectuerai ce matin dès 6h00. A cette heure matinale, le fond de l'air est encore frais et les rues sont désertes. Mon camping n'est qu'à un quart d'heure de marche du centre et c'est muni de mon plan que je pars à la découverte de la vingtaine de sites notés sur mon document.


 

Je remarque très vite que les arbres qui bordent les rues ici ressemblent étrangement à des baobabs, surtout à cause de leurs troncs. Mais il n'en est rien, puisque l'arbre en question (en photo ci-dessous) est un « arbre bouteille » aux feuilles étroites, ou Brachychiton rupestre. Cet arbre n'est pas unique dans son espèce car il existe localement d'autres arbres similaires feuillus,issus de la famille des Kurrajong. Quoiqu'il en soit, il suffit de se rendre à l'Avenue des Héros pour admirer de jolis spécimens de cette plante, dont le plus gros arbre fait 9,51 mètres de circonférence du côté des rues Bungil et Edwardes. Le terme de bouteille est utilisé pour faire référence à l'arbre à cause de la large forme de son tronc. Quant à son bois, il est à la fois fibreux et humide et sert de temps à autre de fourrage au bétail. Une solution moins radicale consiste aussi à nourrir les bêtes en coupant certaines branches de l'arbre. On pense que cette plante a poussé à Roma plus ou moins accidentellement, les graines ayant été déposées par des oiseaux. L'espèce, prolifique, s'est ensuite chargée du reste. Celle-ci est relativement résistante et permet la transplantation facile d'un arbre d'un endroit à un autre. Ces arbres, jadis décrit par Sir Thomas Mitchell en 1846, peuvent vivre très vieux et certains d'entre eux ont d'ailleurs atteint l'âge vénérable de 200 ans. Quant à l'Avenue des Héros, elle fut tracée sur décision de la municipalité à l'issue de la première Guerre mondiale pour honorer les enfants de Roma tombés lors de ce conflit européen. On compte quelques 94 arbres bouteille qui délimitent la rue en question et portent chacun le nom d'un soldat disparu à la guerre. Certaines plantes moururent mais furent remplacées au fur et à mesure. Quant aux soldats tués au front et originaires de la petite ville, des recherches poussées firent apparaître que leur nombre était finalement plus important qu'annoncé jusqu'à présent, et des arbres supplémentaires ont donc été plantés depuis pour honorer ces soldats. De plus, depuis 2003, la municipalité a décidé d'apposer au pied de chaque arbre une plaque commémorative portant le nom du combattant disparu. Un bel hommage à ces jeunes de Roma qui furent envoyés à l'autre bout du monde pour combattre sur un continent qu'ils ne connaissaient même pas.


 

C'est en 1862 que le gouvernement de l'Etat du Queensland fit de Roma le centre administratif du comté de Maranoa. La ville, abondamment arrosée de soleil et disposant des sols appropriés, offrira au pays son premier vin quatre ans plus tard, puis deviendra le premier site de découverte de gaz naturel australien en 1900. Des hommes feront parler d'eux, pas toujours en bien il est vrai comme cet homme du bush, Harry Redford, surnommé aussi le Capitaine Starlight. En 1869, Harry avait monté une entreprise de transport et faisait souvent la route du centre du Queensland jusqu'à Bowen Downs où paissaient plus de 60000 têtes de bétail. Notre homme se dit un jour que mille têtes de plus ou de moins dans ce troupeau géant ne se remarquerait guère, et se mit à isoler mille bovins dans le but de les conduire ni vu ni connu sur les terres situées plus au sud, du côté de Marree. Mais Harry se fera prendre car, parmi les animaux volés se trouvait un énorme taureau blanc, qui lui se fit remarquer. Le 11 février 1873, Harry Redford et le fameux taureau blanc mirent de l'animation lors du procès qui se tint à Roma, un procès qui conduisit à l'acquittement d'Harry à la grande surprise générale, le juge de l'époque ayant sans doute été impressionné par la verve et le culot de l'homme. Cet exploit fut plus tard immortalisé dans le roman « Robbery under Arms », l'oeuvre de Rolfe Bolderewood.

Et Roma de grossir rapidement grâce, entre autre, à l'arrivée du chemin de fer en 1880. L'avancée des travaux de la ligne en question sera pourtant lente avant que l'inauguration ne se fasse à Roma ce 16 septembre 1880, avec, pour l'occasion, l'arrivée de plusieurs trains chargés de centaines de visiteurs qui découvrirent la petite gare (ci-dessus). En ce temps-là, le train postal Western Mail quittait chaque mardi et vendredi la gare de Brisbane à 14h50 et se rendait à Cunnamulla. De nos jours, la gare voit toujours s'arrêter le train Westlander deux fois par semaine. Les voyageurs peuvent également traverser la route et se rafraichir à la White Bull Tavern, qui tient son nom du célèbre taureau blanc qu'Harry Redford avait volé en 1873.


 

Ma promenade débute par l'église anglicane Saint Paul (ci-dessus)(à l'angle des rues Bungil/Arthur) qui sera bâtie en 1913 et fera venir de jolis vitraux d'Angleterre pour orner l'édifice. Une autre église se dresse de l'autre côté de la route, qui fut érigée en 1896 et symbolise l'église unifiée. Je croise ici et là quelques sportifs qui me saluent au passage. Il est vrai que rencontrer un touriste aussi matinal est plutôt rare. Je m'aperçois très vite que le document qui m'a été remis par l'office de tourisme est partiellement obsolète car certains édifices semblent avoir depuis disparu. Je me dirige maintenant vers le centre-ville. Et découvre bientôt le Royal Hotel (ci-dessous), qui a été rebâti en 2016 après avoir été dévasté par un incendie deux ans plus tôt. Autrefois l'établissement portait le nom de Royal Mail et était un arrêt des diligences Cobb & Co. Puis, en avril 1885, l'hôtel prendra son nom actuel, avant d'être démoli puis reconstruit pour rouvrir en juillet 1910. Un premier incendie détruira l'ensemble cinq ans plus tard mais l'établissement rouvrira un an après. Juste en face, sur McDowall Street, se dresse toujours le School of Arts Hotel (deuxième photo), dont l'originalité réside dans sa verrière en forme de tour qui servit de point d'observation des éventuels avions ennemis lors de la seconde Guerre mondiale.

 

A quelques mètres de là, et sur le même trottoir que cet hôtel, je découvre la façade du journal local Western Star (ci-dessous en photo). Fondé en 1875, ce journal comptera parmi les organes de presse les plus populaires de l'époque et sa longévité sera longue puisque le Western Star publiera depuis la petite ville, d'abord sous le nom de Western Star & Roma Advertiser, de 1875 à 1948, puis sous celui de Western Star qui paraît encore aujourd'hui.


 

Un peu plus loin, à l'angle de McDowall et Arthur Streets, je trouve un immense bâtiment accolé au Queen's Arms Hotel qui constitua jadis l'empire de Hunter, ou plutôt de John McEwan Hunter, jeune immigrant écossais qui reprendra d'abord la direction du magasin de JP McLeish & Co au début des années 1890, avant d'acquérir l'ensemble, c'est à dire le commerce et l’hôtel Queen's Arms en 1894. Ces bâtiments seront reconstruits en briques en 1916 et 1917

 

Roma possède également sa boucherie, au 75 Arthur Street : Ladbrook's Butcher (en photo ci-dessous) fut bâtie en 1919 et devint immédiatement l'une des six boucheries d'Etat dans la région. A l'époque, l'Etat du Queensland avait fait construire ce type de boucherie durant le règne du parti travailliste australien (qui avait à sa tête le gouvernement Ryan) afin d'offrir aux citoyens de cet Etat une viande à un prix plus abordable. De 1915 à 1929, le Queensland disposera ainsi de 90 boucheries de ce genre et celle de Roma comptera parmi les plus notables. Le système travailliste d’interventionnisme dans l'économie nationale ne se limitera pas au commerce de la viande et s'étendra à d'autres activités (comme le marché de l'assurance, du poisson et des minerais...) A l'angle des rues McDowall/ Arthur streets, la pharmacie James Saunders n'a rien à envier à quiconque en terme de longévité puisque cette enseigne est présente depuis 1871. A l'époque, notre homme avait installé son cabinet dentaire et sa pharmacie à cet endroit.

 

Je m'arrête quelques minutes devant l'ancienne mairie (en photo ci-dessous) dont la façade est depuis transformée en commerce et recouverte de larges enseignes. D'autres édifices ne présentent aucun intérêt architectural, comme par exemple le bureau de Poste (deuxième photo) qui a désormais trouvé refuge dans un bâtiment ne ressemblant en rien au bureau d'origine en 1874. Quant à Grande Hotel, il demeure introuvable, probablement rasé depuis. Certains autres édifices ont été déplacés : c'est le cas de l'ANZ Bank (troisième photo ci-dessous) dont la structure originale en bois datant de 1913 a été depuis réinstallée sur le site du German Square.


 

Ainsi s'achève ce rapide tour d'horizon non exhaustif des édifices qui comptent dans l'histoire de Roma. L'histoire de cette ville ne s'arrête pas là puisque la vente aux enchères qui se déroule régulièrement au Saleyard fait partie des attractions possibles. On peut en effet assister gratuitement à ces ventes de bétail lors de visites de groupe qui sont organisées le mardi et le jeudi (d'avril à octobre). A savoir que ces ventes sont les plus importantes d'Australie, avec 300000 à 400000 têtes de bétail vendues annuellement à Roma sur les 123 acres du site dédié. Il peut ainsi se négocier jusqu'à 12000 bovins en une seule journée, à travers deux types de vente : celle qui propose du bétail à engraisser ou qui servira à la reproduction (jusqu'à 7000 têtes de bétail par vente) et celle qui est destinée à écouler des bovins sur le marché de la viande. Parallèlement, des ventes de taureaux ont également lieu principalement à des fins de reproduction. Toutes ces bêtes proviennent d'élevages locaux, voire de régions plus lointaines comme les territoires du nord, l'Australie du sud et le nord de la Nouvelle-Galle-du-Sud. 98% du bétail arrive à Roma par camion les jours précédant la vente, et le reste est transporté par train. Parmi les 920 races bovines existant sur notre planète, les ventes aux enchères de Roma proposent généralement huit d'entre elles (dont la race charolaise) ainsi que leurs races croisées. Et Roma de détenir aussi ses propres records dans le domaine, avec, par exemple le poids moyen de 560 kg par bœuf vendu, le plus lourd taureau écoulé sur place d'un poids de 1400 kg, 14000 têtes de bétail écoulées en une seule journée, et une vue panoramique à 360° sur les ventes en cours.

 

INFOS PRATIQUES :

  • Office du tourisme, 2 Riggers Road, à Roma. Tél : 07 4622 8676. Site internet : http://www.mymaranoa.org.au
  • Ventes aux enchères (Saleyards) de Roma : rendez-vous à 8h30 au Bull Ring (sur la Warrego Highway, à deux kilomètres à l'est de Roma) chaque mardi et jeudi (d'avril à octobre) et le mardi (de novembre à mars). Visite guidée gratuite. Infos au (07) 4622 8676.












 



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