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Si Tokyo m'était contée
(4) (Japon)
Heure locale

 

Lundi 12 mars 2018

 

Suite de notre découverte du Tokyo insolite : si vous passez par là et si vous en avez l'occasion, essayez les toilettes-phare du parc de Tsukuda (en photo ci-dessous). Celles-ci se trouvent du côté sud du parc en question, à côté d'un petit mais joli jardin japonais. L'endroit se présente sous la forme d'un phare à l'ancienne qui n'en est pas réellement un. En fait, ce « phare » est un bâtiment surmontant les toilettes publiques installées au niveau inférieur, construction érigée en mémoire d'un autre phare, qui, lui, fut véritable et se dressait à cet endroit en 1866 pour diriger les bateaux naviguant dans l'embouchure de la rivière Sumida. Cet ancien phare avait à l'époque été bâti par le magistrat en charge du camp de travail d'Ishikawajima situé non loin de là : alors que le Japon était frappé par la gigantesque famine de Tenmei à la fin du XVIIIè siècle, un exode rural massif eut lieu vers la capitale nippone, entrainant dans son sillage de sérieux problèmes de chômage, de pauvreté urbaine et de criminalité. Suivant une idée de Hasegawa Nobutame, le Shogunat établira en 1790 un camp de travail à l'embouchure de la Sumida dans le but de réhabiliter les sans-emploi en leur offrant les compétences et le savoir-faire nécessaires pour retrouver un travail. En ce temps-là, l'idée était révolutionnaire puisque le Japon avait jusqu'à présent adopté des solutions punitives face à la délinquance, en envoyant par exemple ses chômeurs dans les mines.


 

Restons dans l'histoire et rendons-nous maintenant au plus ancien commissariat de police (Koban) du pays : il s'agit du poste de sécurité de Nishi-Nakadori (ci-dessous), aujourd'hui poste de proximité mais qui fut jusqu'en 2007 un koban, c'est à dire un commissariat de police. Etabli en 1921, ce Koban avait été à l'origine construit en bois avant d'être remplacé cinq ans plus tard par une petite bâtisse en béton armé toujours visible actuellement. L'endroit est peint en rouge foncé et en blanc et ne mesure que cinq mètres de long. Il est situé à l'entrée de la Nishi-Nakadori et veille sur les restaurants de monjayaki qui drainent de nombreux visiteurs jusqu'au quartier de Tsukishima. Cet ancien koban, converti en poste de sécurité, est aujourd'hui occupé par d'anciens policiers auprès desquels les touristes égarés peuvent demander leur chemin, ou prévenir d'actes de délinquance dans les alentours. Certains restaurants de Monja (pâte cuite dans l'huile) qui se trouvent à proximité datent des années 1950, et la large publicité faite depuis par les médias autour du Monja à la fin des années 1980, cette pâte cuite à l'huile et similaire à l'okonomiyaki, très populaire dans le Kanto, a entrainé l'ouverture de plusieurs autres établissements depuis ainsi que la création de l'Association de promotion locale , transformant ce quartier en tant que lieu gastronomique traditionnel, avec la complicité de la fameuse sauce Bull-Dog.

 

Alors que je me dirige en direction du pont de Kachidoki, je traverse le pont Nishinaka (ci-dessous en 1956) qui fut jadis bâti sur 70 piliers en bois, des piliers qui seront remplacés lors de la reconstruction de ce pont en 2014. Ces pièces de bois seront alors réutilisées pour renforcer les rives de part et d'autre de la rivière Tsukishima. De la même façon, on recyclera l'ancienne maçonnerie pou construire trois fosses et des murs de soutènement. Cher Japon, toujours fidèle au principe du chimiste français Antoine Lavoisier : rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme !

 

Il est une autre curiosité historique située à l'extrémité ouest du superbe pont de Kachidoki (ci-dessous en photo), tout près du site historique du marché de Tsukiji : le musée du pont de Kachidoki. Ce minuscule bâtiment peu fréquenté et malheureusement fermé lors de mon passage, présente en détail l'histoire et la structure du pont et présente des moteurs ainsi que le poste de commande du pont à bascule. A condition de réserver à l'avance, on peut même visiter l'intérieur du pylône de ce pont, et apercevoir la machinerie de la bascule et son très impressionnant mécanisme. Construit dans les années 1940 dans le cadre des grands travaux effectués à Tokyo et à l'occasion de la célébration des 2600 ans de l'accession au trône de Jimmu et de la fondation mythique du pays, l'ouvrage n'a plus été ouvert depuis les années 1970 et les moteurs ont cessé toute activité depuis 1980. A l'origine, le pont de Kachidoki devait permettre l'accès au site principal de l'Exposition universelle de 1940 (actuellement terre-plein d'Harumi), qui était elle aussi organisée dans le cadre des célébrations des 2600 ans de la fondation semi-légendaire du Japon. Malheureusement, cet événement sera annulé pour cause de guerre sino-japonaise.

 

Saviez-vous que le Nishi-Ginza Center se trouvait sous une partie des voies du Shinkansen, plus exactement entre Yurakucho et Shimbashi ? Et qu'il est traversé sur 400 mètres par un étrange passage piétonnier (ci-dessous) qui permet de parcourir une partie du trajet entre ces deux gares à l'abri des intempéries. Le bâtiment fut construit au cours des années 1960 avant l'arrivée du Shinkansen, il y a un demi-siècle mais le passage, lui, reste et offre une étrange atmosphère. Son accès n'est pas simple tout particulièrement du côté de Shinbashi (où on y pénètre en traversant un parking au plafond bas). Toutefois, le passage abrite en son milieu un restaurant coréen authentique, avec un ou deux bars qui mettent un peu d'animation en soirée. D'autres entreprises liées à JR (Japan Railway) Central louent également quelques bureaux disponibles. Au nord du passage, une partie de cette zone située sous les voies de chemin de fer a toutefois été rénovée pour y ouvrir en 2010 une yokocho (rue) à l'ancienne, Sanchoku Inshokugai, avec plusieurs izakayas (bistrot ou bar à vin) spécialisés. L'endroit est resté très rétro, avec des cageots en guise de sièges, des toilettes communes et un passage très étroit.

A quelques pas de Sanchoku Inshokugai, et à quelques mètres du croisement de Sukiyabashi et de Yurakucho, au 5-1-13 Ginza, se trouve encore la discrète école primaire municipale de Taimei qui se tient là depuis 140 ans au coeur d'un des quartiers les plus huppés de la capitale. Son portail principal (deuxième photo) qui donne sur l'avenue Miyuki-Dori, porte le nom de « porte française » car elle proviendrait de la demeure d'une famille d'aristocrates du sud de la France, si l'on en croit la plaque à côté de ladite porte. L'école fut quant à elle fondée en 1878 mais l'édifice actuel date de 1929, faisant de Taimei l'un des rares exemples d'école issue du plan de reconstruction de la ville après le grand tremblement de terre du Kanto et toujours en état. Sa dernière restauration remonte à 2014 et a fait disparaître le lierre qui recouvrait l'endroit mais l'école a conservé tout son raffinement.


 

Une autre statue, celle de Godzilla (en photo ci-dessous) se dresse à Yurakucho et veille discrètement sur le parvis du centre commercial Hibiya Chanter. Erigée en 1995 pour célébrer les 40 ans du film Godzilla, cette statue modeste passe injustement inaperçue car même si elle a une petite taille, son aspect d'ensemble la rend menaçante. A ses pieds figure une plaque sur laquelle est gravée cette citation prémonitoire « Ce Godzilla n'est probablement pas le dernier ». Et , sur le parvis même, à quelques mètres de là, les empreintes de mains et les signatures de diverses stars du cinéma de s'afficher, dont celles de certaines étoiles japonaises des studios Toho, ainsi que celles de Tom Cruise et de Jackie Chan.

En plein cœur du parc d'Hibiya, se dresse par ailleurs une surprenante stèle runique, gravée en langue viking, juste à côté de l'étang Shinji-ike au coin nord-est d'une étendue verdoyante. Cette stèle fut offert par Scandinavian Airlines en février 1967 pour fêter les dix ans de l'ouverture des liaisons aériennes Europe-Japon via le pôle. Notons toutefois que cette pierre n'est qu'une reproduction de l'originale. C'est en effet le 24 février 1957 qu'un DC-7 quittait Copenhague pour rejoindre Tokyo après avoir effectué une courte escale à Anchorage. A l'époque cette traversée ne durera que...32 heures ! Dans le même temps, un autre DC-7 réalisait le trajet identique mais en sens inverse. L'ouverture de cette liaison polaire permettra de réduire sensiblement la durée du trajet entre le continent européen et le pays du soleil levant, trajet qui était jusqu'alors réalisée en 50 heures de vol. A côté de la stèle s'élève un rocher massif qui fut rapporté d'une mission en Antarctique. Si vous êtes un peu curieux, vous trouverez encore d'autres cadeaux diplomatique dans ce parc Hibiya, comme une reproduction de Lupa Romana, la louve qui allaita Romulus et Remus, œuvre offerte en 1938 par l'ambassade d'Italie, ou encore cette reproduction de la Cloche de la Liberté (troisième photo) offerte en 1952 par les Etats-Unis.

 

INFOS PRATIQUES :

  • Toilettes-phare, Parc de Tsukuda, 1-11-4 Tsukuda Chuo-ku. A dix minutes à pied de la station de métro Tsukishima (ligne Tokyo Métro Yurakucho). Ouvertes H24.
  • Koban de Nishi-Nakadori, 3-4-3 Tsukishima Chuo-ku. Ce commissariat est toujours en activité et se trouve à 5 minutes de marche de la staion Tsukishima (Ligne Tokyo Métro Yurakucho Toei Oedo

  • Musée du pont de Kachidoki, 6-20-11 Tsukiji Chuo-ku. A 10 minutes à pied de la station Tsukiji (Ligne Tokyo Métro Hibiya). Le musée est ouvert les mardi, jeudi, vendredi et samedi de 9h30 à 16h30 (de 9h00 à 16h00 de décembre à janvier). Visite du pylône du pont le jeudi (sauf jours fériés) sur réservation uniquement au 03 5381 3380, auprès de la Tokyo Metropolitan Public Corporation for Road Improvement and Management. Entrée gratuite.

  • Passage de Nishi-Ginza JR Center, 1-7 Uchisaiwaicho Chiyoda-ku. A 5 minutes de marche depuis la station Ginza (lignes Tokyo Métro Ginza,Marunouchi ou Hibiya), sous les voies du Shinkansen.

  • Statue de Godzilla à Yurakucho : 1-2-2 Yurakucho Chiyoda-ku, à deux minutes à pied de la station Hibiya (Lignes Tokyo Métro Choyoda, Hibiya, Toei Mita) et en face du centre commercial Chanter.

 




 



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