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De Thames à Coromandel
(Péninsule de Coromandel, Waikato, Nouvelle-Zélande)
Heure locale

 

Mercredi 8 mai 2019

 

Aujourd'hui, cap plein sud, sur la région de Waikato, en direction de la Péninsule Coromandel. Première étape prévue, la petite ville de Thames, avant de filer vers Coromandel, une charmante petite station balnéaire, via une route côtière ponctuée de superbes paysages.

 

Depuis Paihia, il me faudra près de quatre heures de route pour arriver à Thames depuis le Northland. Je traverserai avec difficulté Whangarei et ses embouteillages, puis franchirai à nouveau le « Harbour Bridge » en laissant le port d'Auckland et la Sky Tower sur ma gauche. A ce stade, le plus dur est fait et l'autoroute me permet de circuler plus confortablement.

Thames apparait bientôt, adossée à ces collines qui, il n'y a pas si longtemps que cela, résonnaient encore des coups de pilon des chercheurs d'or. Aurais-je mis la main sur une pépite ? Disons que la ville vit le jour sous sa forme actuelle lors d'une ruée vers l'or qui fera grimper jusqu'à 18000 le nombre de ses habitants en 1868 (contre 8500 aujourd'hui). Plus lointaines, ses origines remontent à l'Iwi (capitale) du peuple Maori Ngati Maru, descendants de Marutuahu, fils de Te Ngako. Et plusieurs peuples Maoris de migrer ensuite vers Thames lors de son apogée, en la hissant momentanément au rang de deuxième ville du pays. Un certain James Mackay jouera localement un rôle important en concluant un accord avec les Maoris, à qui il louera les terres en vue d'activités minières pour 5000 £ par an, une somme colossale au 19è siècle. La société Thames Goldfield verra le jour dans la foulée et Thames entamera sa construction pendant la ruée vers l'or, avec une première découverte conséquente d'or le 10 août 1867 par William Hunt, dans le lit de la rivière Kuranui, à l'extrémité nord de la ville. Très vite, la mine produisit plus de 102300 onces en lingot durant cette période « coup de feu » qui laissera place ensuite aux années « bonanza » (effet d'aubaine) de 1868 à 1871, avec une production plafonnant à un million de £. Quant aux champs les plus productifs, on retiendra ceux de Manukau, Golden Crown et les mines de Calédonie.


 

Je me rends à l'Ecole des Mines de Thames, où l'on m'apprend que l'or local fut très difficile à extraire des affleurements de quartz. Et le précieux minerai de requérir méthodes intensives de production et aide de la science afin de récupérer les pépites. C'est de cette nécessité d'enseigner la science de l'extraction de l'or que naitra l'école en question, dès 1886. Une école qui évoluera au fil du temps et en fonction des besoins : l'institution dispensait aux élèves mineurs (étudiants, adultes, et même des femmes à partir de 1887) un enseignement pratique en géologie, en gestion des mines, en science, en mathématiques, en métallurgie, en chimie, en physique et en pétrologie...Vaste programme. Les mineurs, eux, se rendaient à l'école pour faire analyser la teneur en or du quartz qu'ils avaient extrait, grâce à l'atelier d'expertise existant (ci-dessous). Fin 1886, l'Ecole des Mines avait déjà rejoint son bâtiment définitif, l'ex-école du dimanche de Wesleyan, qui deviendra le laboratoire d'enseignement auquel on rajoutera bientôt une salle des fourneaux. Deux ans plus tard, la salle d'expérimentation des machines et des travaux métallurgiques sera ajoutée à son tour, équipée de deux batteries de concassage, d'une roue à eau et d'un terril. Et l'établissement d'ouvrir son propre musée en 1901 à destination des étudiants de l'école, puis du public, et d'exposer encore de nos jours plus de 3000 échantillons de minéraux, fossiles et pierres semi-précieuses de provenance locale ou étrangère. La ruée vers l'or ne durant qu'un temps, l'école fermera définitivement en 1954, puis sera reprise en 1979 en tant que monument historique.


 

A la fin du 19è siècle, Thames était le centre démographique le plus important du pays avec ses 18000 âmes, une centaine d'hôtels (dont l'Impérial Hôtel dans Pollen Street et en photo ci-dessous) et trois théâtres en 1868. l'Imperial Hotel ouvrit ses portes en 1868, à l'intersection de Pollen Street et de Sealey Street. L'établissement déménagera de l'autre côté de la rue en 1884, où il sera entièrement rebâti en 1936. A l'époque, les bâtiment en bois étaient déplacés aisément d'un endroit à l'autre.

La première église Saint Georges (deuxième photo) sera en ce qui la concerne construite sur Rolleston Street en mai 1868 (à la suite d'une décision locale d'offrir aux jeunes missionnaires de la mission de Puriri un lieu de culte en ville), puis déplacée en 1907 jusqu'à son emplacement actuel.


 

J'arrive bientôt à Bella Street Pump House (ci-dessous), ancienne station de pompage de la société minière Thames Hauraki Goldfields Company, destinée à travailler jusqu'à une profondeur de 610 mètres. Une collecte se déroule actuellement pour rassembler des dons afin de reconstruire la station à l'identique de ce qu'elle était jadis. Le circuit m'invite maintenant à gravir une colline au sommet de laquelle se trouve un monument (deuxième photo) en hommage aux soldats morts en Europe durant la guerre 1914-18. Keith Park est l'un des enfants de ce pays, né à Thames en 1892, qui s'engagea dans l'armée néo-zélandaise en 1914 pour participer à l'opération Gallipoli puis pour combattre en Europe. Aviateur talentueux, l'homme sera transféré à l'armée britannique en 1916 avant de se voir confier le commandement du 48è Escadron. Infatigable, Keith Park se trouvait toujours dans la Royal Air Force lorsque la Seconde guerre mondiale éclata et sera promu Vice Maréchal de l'air. A l'issue d'une carrière internationale et d'une pleine reconnaissance, ce grand soldat a désormais une statue à son effigie devant l'office du tourisme.


 

Ce fut une dure journée, depuis mon départ du Northland ce matin. En fin d'après-midi, je choisis de me rendre sur le champ à Coromandel car j'y ai trouvé un camping qui me convient. Mon GPS, intraitable, m'annonce encore une soixantaine de kilomètres à parcourir via une route côtière étroite et escarpée sur laquelle je ne dépasserai guère les 50 km/heure. Mais par contre, quel paysage ! J'aurai la chance de me trouver au bon endroit au moment du coucher de soleil et de pouvoir me garer ici et là pour prendre une quinzaine de clichés (à consulter dans l'album photos de cette sortie). Et d'atteindre ma destination juste avant la tombée de la nuit.


 

La petite ville portuaire de Coromandel tient son nom de la presqu'île du même nom, péninsule qui a elle-même pris le nom du navire « Coromandel » qui fit escale ici en 1820. Jadis, le port était plus conséquent qu'il ne l'est désormais. On y exportait l'or extrait des mines environnantes et les kauris coupés dans les forêts voisines. Désormais, Coromandel a, parait-il fait de la moule sa spécialité mais je ne croiserai nulle part ce coquillage durant ma visite. Par contre, je croiserai « Lady Gaga » devant l'office du tourisme (aujourd'hui fermé pour travaux!) qui me prendra pour un témoin de Jéhovah. Etant à la recherche d'informations sur l'endroit, je lui présentais la carte de mon site internet pour lui expliquer ce que je faisais et pourquoi je recherchais telle ou telle chose. Et de me heurter à une fin de non-recevoir de la part de cette dame affolée qui m'informait aussitôt qu'à Coromandel, ce genre de démarche était proscrite. Et de détaler aussitôt. Ah ? Comme dirait ma cousine Rom « Excusez de dérange !». Sur le coup, je me suis dit que j'avais du tomber sur une citoyenne mormone tombée d'un chariot, qui aurait tout juste découvert l'électricité, alors internet...évidemment. Vous me direz, aujourd'hui, c'est opération ville morte à Coromandel mais, heureusement, quelques commerces sont restés encore ouverts comme cette boucherie (ci-dessous) de la rue principale. Ou le Café Coromandel où je ferai une halte pour me remettre de mes émotions. Et comme un « plaisir » n'arrive jamais seul, je me prendrai un ou deux grains sur la tête. Les nuages menaçants auraient du me mettre la puce à l'oreille. Pas de chance, j'ai quitté mon camping à pied et sans parapluie, n'ayant pas assez de mains disponibles contrairement à Shiva. Cette promenade dans Coromandel me permettra tout de même de découvrir une minuscule ville, voire quasiment une maison de poupée, où l'on recouvre les murs des toilettes publiques de mosaïques réalisées par les enfants de l'école locale, où je croiserai une boutique portant le nom de « Bizarre » (si, si, je vous assure), où les « meat pies » sont fourrées avec des moules (mais toujours pas de moules « à la louche » en vue!) et où trois tekotekos (nom Maori décrivant la sculpture d'une forme humaine) prennent solennellement la pause en bord de route (deuxième photo) à deux pas d'un commissariat de police si petit qu'on dirait un « koban » japonais.


 

Pour une ville qui connut jadis la ruée (vers l'or), il n'y a pas foule et je suis d'ailleurs ce matin l'un des seuls touristes déambulant à Coromandel. Mais les habitants que je croiserai me salueront souvent d'un « Good morning » chaleureux. Ça fait plaisir. Tout le monde a plié bagage, les mineurs bien sûr, mais aussi le petit musée local que je me faisais une joie de visiter pour en apprendre davantage sur l'épopée aurifère du lieu. Loupé ! Celui-ci n'ouvre qu'en fin de semaine durant la saison d'hiver. Ayant les yeux qui trainent partout, c'est par hasard que je découvrais un peu plus tard que le terrain du camping où je suis descendu était en 1894 la propriété de la société minière Hauraki Goldmining Company, et les bureaux de cette compagnie d'être depuis devenus la réception du camping ! Sur la photo ci-dessous, on distingue une véranda qui a depuis disparu, mais Sean & Caron Steffert, les heureux propriétaires des lieux, ont tout de même restauré fidèlement la maison en 2015.


 

L'ancienne école publique (Kopanga School) est depuis devenue la maison de Hauraki, laquelle abrite une galerie d'art malheureusement fermée actuellement. Un panneau rappelle que la petite ville connut un boom économique en 1865 grâce à l'exploitation forestière (bois de kauri), l'exploitation des mines d'or, la pêche et la construction navale. La population locale avait tellement augmentée que la ville avait du ouvrir deux écoles (celle dont je vous parle ici et une autre située à quelques kilomètres de là, à Driving Creek) à la fois pour pouvoir accueillir tous les élèves au début des années 1870.

En revanche, il existe à Coromandel une attraction qui conserve toujours autant de popularité, Driving Creek Railway. C'est Barry Brickell, à la fois potier néo-zélandais et écrivain, qui aura la fantastique idée de créer ce chemin de fer miniature à voie étroite, à bord duquel j'avais déjà eu le plaisir d'embarquer lors d'un précédent voyage. La voie ferrée se fraye un passage au milieu d'une forêt dense occupant les vastes terrains achetés en 1974. Le relief accidenté qui prévaut ici ne simplifia pas les choses lors de la construction de la ligne et contraignit Barry à ériger de multiples ouvrages d'art (ponts, viaducs, trois petits tunnels et une système de circulation alternée) avant de pouvoir atteindre le terme du parcours. Si le petit train reste plus populaire que jamais, le parc d'attractions offre aussi de découvrir les poteries de l'artiste potier qu'était Barry. Comptant parmi les participants néo-zélandais à l'Exposition universelle de Séville (Espagne) en 1992, notre homme présentera également ses œuvres aux Pays-Bas, et bien sûr en Nouvelle-Zélande. Des œuvres dont la National Art Gallery eut la bonne idée de faire l'acquisition et qui se trouvent pour certaines d'entre elles au musée Te Papa Tongawera à Wellington.

 

INFOS PRATIQUES :

  • Ecole des Mines, à l'angle des rues Brown Street et Cochrane Street, à Thames. Tél : 07 868 6227. Ouverte en janvier, tous les jours, de 11h00 à 15h00. De février à décembre : de 11h00 à 15h00 du mercredi au dimanche. Entrée : 10NZ$. Site internet : http://www.heritage.org.nz/places/places-to-visit/coromandel/thames-school-of-mines
  • Office du tourisme, 200 Mary Street, à Thames. Tél : 07 868 7284. https://www.thecoromandel.com/

  • Une promenade (circuit bleu, sur le plan remis à l'office du tourisme) vous permet de découvrir neuf sites essentiels de la ville, avec, à chaque fois d'hypothétiques informations.

  • Il est facile (et gratuit) de garer son véhicule au centre commercial situé près de l'office du tourisme.

  • Bella Street Pump House (Musée de technologie), 212 Bella Street , à Thames. Musée ouvert les samedi et dimanche de 10h00 à 15h00. Entrée : 5 NZ$. Site internet : https://www.bellastreetpumphouse.com/

  • Faute de pouvoir s'adresser à l'office de tourisme, je suis allé rendre visite à Sarni Hart, directrice de l'agence Coromandel Adventures (90, Tiki Road – Tél : 07 866 7014 – www.coromandeladventures.co.nz) qui propose une sortie d'une journée pour visiter l'extrême nord de la péninsule de Coromandel et ses paysages somptueux. A découvrir !

  • Driving Creek Railway, 380, Driving Creek Road, à Coromandel. Tél : 07 866 8703. Réservations : bookings@dcrail.nz . Site internet : www.dcrail.nz











 



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