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Promenade historique à Gisborne
(Région de Gisborne, Nouvelle-Zélande)
Heure locale

 

Mardi 14 mai 2019

 

Venir à Gisborne, ça se mérite. Il faut d'abord franchir les 250 kilomètres de route montagneuse qui sépare Opotiki de la Baie de la Pauvreté, avant d'atteindre une petite ville qui inspire la détente et dont l'histoire tourne essentiellement autour du débarquement de James Cook en octobre 1769.

 

Pour me rendre à Gisborne, depuis Opotiki, je n'avais pas d'autres alternative que d'emprunter le route nationale 2 (State Highway) qui traverse de bout en bout une zone montagneuse. Cet axe de circulation traverse l'île du nord au sud depuis Tauranga, la Baie de l'Abondance, Gisborne, puis Napier et Hawke's Bay. C'est la deuxième plus longue route de l'île du nord juste après la RN 1. La route en question n'offrant qu'une seule voie de circulation dans chaque sens est aménagée ici et là, et lorsque le relief le permet, d'aires de dépassement (avec une voie de gauche pour véhicules lents). Inutile de préciser que voitures, camping-cars et poids-lourds se retrouvent tous sur ce même axe routier et qu'il nous faut cohabiter, en laissant par exemple passer les véhicules plus légers devant nous lorsque l'espace le permet. Les routiers jouent facilement le jeu en Nouvelle-Zélande et c'est bien agréable. Autre contrainte : les travaux routiers. Ils sont nombreux en cet automne et sont signalés par des panneaux 30 km /heure avertissant qu'il faudra s'arrêter à la première injonction. La circulation alternée est alors de rigueur.

 

Après une bonne nuit de repos à Gisborne, je décide de suivre la suggestion de l'agent de l'office de tourisme et pars à la découverte des lieux historiques remarquables de la ville. Mon terrain de camping se trouve le long d'une plage qui a fait date dans l'histoire locale : la plage de Waikanae (ci-dessous). Si j'étais passé par là quatre siècles plus tôt, j'aurais certainement entendu les mêmes rouleaux s'écraser sur le sable, sous le regard désabusé des lions de mer venus se prélasser sur la plage. Le nom de Waikanae se réfère en fait au poisson appelé « mulet » qui pullulaient ici jadis, au même titre que les anguilles. Il y avait également beaucoup de fruits de mer au large. Non loin de là, se dressait un éphémère village de pêcheurs maoris où chacun venait autrefois découper, sécher puis entreposer le produit de sa pêche. A cet endroit, des dunes se dressaient encore il y a 250 ans de cela, tandis que les bancs de sable et les coudes du cours d'eau Waikanae s'étaient déjà formés. Un temps utilisé comme dépotoir, ce site fait désormais l'objet de toutes les attentions avec notamment plusieurs projets de restauration en cours conduits par la communauté locale.

 

Pour preuve, la promenade aménagée que j'emprunte ce matin est très fréquentée en ce début de matinée par les habitants qui viennent y promener leur toutous. A deux pas, se dresse fièrement la statue de Nicolas Young (ci-dessous). L'enfant, alors âgé de 12 ans et qui occupait le poste d'assistant du chirurgien du bord, fut le premier à apercevoir la terre néo-zélandaise ce 7 octobre 1769, alors que le navire 'Endeavour » croisait au large de Gisborne sous l'autorité de James Cook. De cette terre, il distinguera d'abord les falaises blanches formant un promontoire à l'extrême sud de la Baie de la Pauvreté et recevra du capitaine, en guise de récompense, deux gallons de rhum et l'association de son nom au territoire découvert. Avant l'arrivée de James Cook, ce promontoire était appelé Te Kuri o Paoa (le chien de Paoa) par les Maoris du coin. En effet, une légende prétend qu'un jour, un certain Paoa égara son chien dans la baie immense et que l'animal attend toujours son maitre depuis. En regardant bien les falaises blanches à l'aube, vous distinguerez sans doute comme la forme d'un chien en position accroupie.


 

Sur la même promenade se tient une autre statue, celle de James Cook (ci-dessous). Ici, tout le monde vous le dira : James Cook était un grand marin, un capitaine exceptionnel et un honnête homme. Pour d'autres, il restera l'un des derniers navigateurs-explorateurs mais aussi l'un des premiers à s'être lancé dans une expédition audacieuse à la poursuite des terres australes. Il faut reconnaître qu'il n'aura fallu à cet homme que trois voyages sur place pour tracer avec une précision étonnante la carte de cette partie du monde. A l'endroit même de cette statue, le capitaine Cook mit pied à terre avec ses hommes les 9 et 10 octobre 1769 à la recherche d'eau et de vivres. Et notre homme de saluer bientôt le chef maori Toka-a-Taiau au bord de la rivière toute proche, jusqu'au moment où les intentions des Britanniques furent mal comprises par les Indigènes. Les Maoris furent alors tués, l'équipage de l'Endeavour repartit sans provisions et la baie locale hérita à jamais d'un nom qui lui colle depuis à la peau, la Baie de la Pauvreté. C'est pourtant d'ici que Cook fera le tour de la Nouvelle-Zélande pour en tracer la première carte.


 

Je passe bientôt devant l'ancien Poverty Bay Club (ci-dessous), un joli édifice qui ne suscitait pas la pauvreté le moins du monde. D'ailleurs, l'endroit avait volontairement été créé ainsi pour en faire un endroit de référence à Gisborne, par l'opulence et la prospérité qu'il dégageait.Ce club fonctionnera pendant 129 années, après avoir été érigé en 1898 par le Club des Gentlemen (fondé en 1874) alors représenté parle magistrat William Nesbit. La plupart des membres de ces clubs étaient des propriétaires terriens, hommes d'affaires ou politiciens locaux. Et uniquement des hommes (les femmes n'y étant admises que pour occuper des fonctions bien précises lors du bal d'ouverture en 1898 par exemple, ou lors de cocktails). Le Poverty Bay Club offrit dès le début à ses adhérents une salle de lecture de la presse locale, une salle de billard, un bar et un salon.... Plus tard, en 1914, et suite à une forte demande des clients, on installera également un terrain de squash, entièrement construit en bois, et réputé aujourd'hui comme étant le plus ancien du genre en Nouvelle-Zélande. A partir de 1920, le club proposera un hébergement aux membres arrivant d'un long voyage, mais cette activité, plus suffisamment rentable prendra fin en 1975. Et l'histoire de ce club de s'achever en 2003 avec sa dissolution et le rachat de l'édifice par des investisseurs privés.


 

En poursuivant ma balade le long du Reeds Quay, j'atteins bientôt le parc Heipipi Endeavour, cette terre que les Maoris seront forcés de vendre aux Anglais en 1869 afin de permettre le développement de la ville de Gisborne. Cet endroit était pourtant hautement symbolique pour les Maoris vivant le long du cours d'eau Turanganui, depuis l'arrivée des premiers hommes dans la région, estimée au 14è siècle au moins. La rivière permettait en effet d'accéder à la mer mais aussi de pénétrer à l'intérieur des terres cultivées. A l'époque, Heipipi Pa (peuplement) était entouré de maisons alignées le long des berges des rivières Turanganui, Waikanae, Taruheru et Waitama.

Devant moi s'élève une sculpture ressemblant à une proue de bateau. Il s'agit du Te Tauihu Turanga Whakamane (ci-dessous). En lisant la description de l'oeuvre, je m'apercevrai que la sculpture représente bien la proue d'un de ces canoës (Tauihu) pour rendre hommage aux premiers explorateurs polynésiens et afficher aussi les valeurs de fierté et de respect. La tête de la proue représente Tangaroa (dieu de la mer), le visage juste en-dessous , celui de Maui (un des plus vieux ancêtres maoris, à la fois demi-homme et demi-dieu) et le visage entre les deux spirales de représenter Toi Kai Rakau (un des Premiers ancêtres à s'être établi à Aotearoa). La spirale supérieure, elle, décrit la séparation de Ranginui (Père représenté par le ciel) et Papatuanuku (Mère représentée par la Terre). Quant à la spirale inférieure, elle décrit les généalogies des descendants directs des ancêtres représentés.


 

Je traverse prudemment le carrefour pour me rendre à l'entrée du pont franchissant la rivière Turanganui où un échassier se trempe les pattes (ci-dessous). Sur l'autre rive, se dresse le cénotaphe (deuxième photo) qui fut érigé le 25 avril 1923 en hommage aux militaires du district tués lors de la guerre 1914-18. Mais l'ouvrage souffrira beaucoup du séisme de 6,8 sur l'échelle de Richter qui ébranla la région le 20 décembre 2007. L'ouvrage, bâti en marbre de Carrare, est agrémenté de quatre lions couchés disposés à chaque angle du mémorial et d'une statue de trois mètres de haut, représentant un soldat en son sommet. Celui-ci tient symboliquement un fusil, canon tourné vers le bas.


 

La ville de Gisborne a eu l'astucieuse idée de disposer à divers croisements de rues des panneaux montrant de vieilles photos d'édifices aujourd'hui parfois méconnaissables. La rue Gladstone ne date pas d'aujourd'hui puisqu'elle vit le jour en 1876. Elle abrite sur son parcours plusieurs immeubles dont certains ont depuis bien changé. Ainsi , une première poste, érigée dès 1870, sera remplacée par un nouvel édifice en briques en 1901. Plusieurs tremblements de terre endommageront malheureusement le bâtiment durant les années 1930, avant de le démolir complètement lors du séisme de 1966. Et la Tour de l'horloge, autre symbole de Gisborne, d'être installée en 1934 sur cette même rue (ci-dessous). Celle-ci, de style Art déco, n'a rien perdu de sa superbe depuis ce 19 décembre de la même année, date de la venue du Prince Henry en ville pour assister à l'inauguration de cette construction dédiée à la mémoire de Reginald Deason Blandford Robinson, greffier d'arrondissement 42 années durant, mais aussi, autre record, plus jeune maire jamais élu (à l'âge de 19 ans).


 

INFOS PRATIQUES :

  • Office de tourisme, 209 Grey Street, à Gisborne. Tél: 6 868 6139. Ouvert du lundi au vendredi de 8h30 à 17h00 et les samedi et dimanche de 10h00 à 17h00. Site internet : http://tairawhitigisborne.co.nz/










 



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