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Au pays des Kiwis, le Rugby est roi
(Musée néo-zélandais du Rugby, Palmerston North, Manawatu-Wanganui, Nouvelle-Zélande)
Heure locale

 

Vendredi 17 mai 2019

 

Départ ce matin pour Palmerston North, où j'ai décidé de faire une halte au Musée du rugby de Nouvelle-Zélande. Un bon moyen de « saisir la balle au bond » ou plutôt, à bras le corps, dans ce sport que je n'ai jamais pratiqué. J'y découvrirai un tas de choses passionnantes, l'histoire complète du rugby dans ce pays, des années 1870 aux années 2000, et une foule d'objets , de photos et de documents rassemblés et scrupuleusement détaillés à l'intérieur de grandes vitrines.

 

Ce musée, qui ouvrit pour la première fois ses portes en 1977, s'est donné pour mission d'être le musée officiel du rugby néo-zélandais et de préserver et diffuser l'histoire de cet héritage national. Tout ne s'est pas fait en un jour et l'institution déménagea à plusieurs reprises jusqu'à occuper le site actuel, à l'intérieur du Te Manawa Complex. J'aurai la chance de rencontrer Steven, le responsable du musée, qui m'expliquera succinctement le fonctionnement du lieu : au centre de la grande (et unique) salle est exposée l'histoire du musée, avec informations et vitrines d'objets. Tout partit d'une idée de John Sinclair, supporter des All Blacks, qui proposa de créer un musée du rugby en Nouvelle-Zélande, à l'instar de ce qui existait déjà à Cardiff (Royaume-Uni) dès 1967. L'homme, déjà collectionneur de tout ce qui concernait ce sport sera épaulé par Fred Spurdle, lui aussi passionné par ce sport. Trois ans plus tard, le projet prit forme, une solide équipe se constitua peu à peu mais il fallait trouver un lieu pour accueillir le nouveau venu. Et de s'installer sur l'actuel site en 2011, grâce à l'aide financière de tombolas, de trusts et de généreux donateurs. Le vaste espace disponible permet aussi d'offrir aux visiteurs un endroit ludique où chacun peut tester ses compétences physiques pour le rugby à travers cinq jeux. L'idée est excellente.

 

Plus cérébral que physique, je préférerai me concentrer sur la galerie historique du rugby, dont les vitrines font le tour de la grande salle, de gauche à droite. Et de découvrir que la fougère argentée représente l'emblème du rugby néo-zélandais, après être devenue un symbole national non officiel. Cette plante originaire du bush revêt une importance cruciale dans la vie quotidienne des Maoris, en tant qu'aliment et comme médicament, d'où la fierté extrême des Néo-zélandais d'arborer un tel logo sur leur maillot quand ils rentrent sur le terrain. Mais, au fait, depuis combien de temps le rugby existe t-il ? De longue date, l'être humain a adoré jouer à la baballe et les Maoris en savent quelque chose, eux qui jouaient jadis avec une balle appelée ki-o-rahi (ci-dessous), bien avant l'arrivée des Européens. Après avoir été découragé par les missionnaires au 18è siècle, ce sport, un peu similaire au rugby, est de nouveau pratiqué par les écoliers néo-zélandais. Il est sûr que le rugby s'est diffusé dans le monde entier depuis la Grande-Bretagne, par l'intermédiaire des marins et des militaires qui restaient cependant, en matière de nombre, des cas marginaux. Et il faudra attendre la dernière partie du 19è siècle pour que ce sport fasse ses premiers pas dans ce pays. On prétend que le rugby serait né en 1823, le jour où William Webb Ellis, un garçon de 16 ans, qui détestait le football, saisit le ballon à pleine main et se mit à courir avec.


 

Moi qui me demandais tout à l'heure pourquoi le musée du rugby avait été fondé à Palmerston, j'ai peut être ma réponse : c'est dans cette bonne ville que Charles Monro (en photo ci-dessous) fit découvrir ce sport après y avoir été lui-même initié durant ses années passées au Christ's College de Londres. Notre homme organisa ainsi une partie de rugby, en 1870, entre le Nelson Football Club et le Nelson College, avant de lancer les premiers jeux inter-districts, toujours avec le Nelson Football Club (çà ne s'invente pas!) lors d'une sélection à Petone la même année. De deux clubs de rugby (un à Nelson et un autre à Wellington) en 1870, on passa à plus de 80 clubs en 1879, puis près de 700 vers 1890 dans tout le pays. Incroyable ! Le sport s'organisa progressivement, puis les premiers tournois virent le jour en 1882 entre l'Australie (New South Wales) et la Nouvelle-Zélande. Parallèlement, les couleurs apparurent également sous la forme de maillots personnalisés pour chaque club. Et la Canterbury Rugby Union d'avoir été le premier club provincial néo-zélandais à avoir adopté les couleurs du Christchurch Club, dès juillet 1879.


 

Deux ans après le match entre la Nouvelle-Zélande et l'Australie, les Néo-zélandais créèrent leur première équipe nationale de rugby en 1884. Et les porteurs de fougère argentée de remporter à l'époque tous les matchs. Mais me direz-vous, et les femmes dans tout cela ? Ces dames d'Auckland tentèrent bien d'occuper le terrain en organisant une tournée dans le pays pour promouvoir le football féminin mais la mayonnaise ne prit pas, le journal « Auckland Star » rappelant au passage que ce sport était une affaire d'hommes et qu'il n'était pas question d'apporter son soutien à des « footballeuses itinérantes ».

Après l'emblème, vint l'hymne. Et c'est encore à Palmerston North que fut écrit celui-ci, par Ted Secker, en 1887. Son titre « On the Ball » deviendra bientôt l'une des chansons de rugby les plus célèbres à travers le pays. L'auteur avait simplement décidé d'écrire cet hymne pour redonner le moral aux équipes, et était loin de se douter que son texte ferait le tour du monde. Après l'hymne, il fallait bien donner à ce sport une mascotte. Et qui croyez-vous qui fut choisi ? Le kiwi bien sûr, lors de la tournée des Invincibles All Blacks en 1924-25. Un oiseau offert à la brillante équipe dans l'espoir qu'elle renvoyât et la France et la Grande-Bretagne dans leurs buts à l'issue de cette tournée. Ce qui fut fait sans sourciller. Au cours de ma visite je tomberai sur la fameuse chaussure (ci-dessous) qui fut portée en 1956 par le légendaire Don Clarke, lors du match des All Blacks contre les Springboks à Christchurch. Et les All Blacks de remporter la rencontre grâce à la chaussure magique, mais aussi au talent du joueur.

 

En 1914, avec le départ au front d'un grand nombre de jeunes hommes, le rugby redevint le sport de ceux qui ne pouvaient pas encore s'engager sous les drapeaux. Quatre ans auparavant, était née la première équipe de joueurs maoris, avec, pour capitaine Ariki Takarangi, originaire de Wanganui (ci-dessous). La guerre terminée, les Néo-zélandais aspirèrent à devenir propriétaire de leur maison avec petit jardin, tout en demeurant résolument britanniques et fidèles à la couronne. Nous sommes alors dans les années 1920. Les All Blacks remporteront leurs matchs contre les Anglais et les Français en 1924-25 et recevront le titre d'invincibles. Mais la crise de 1929 n'était pas loin, et le rugby allait en faire rapidement les frais : augmentation du chômage, moins de joueurs et moins de spectateurs. Quelques années plus tard débutait la Seconde Guerre mondiale, un conflit qui allait saigner à blanc les effectifs de ce sport, tant parmi les joueurs que les supporters. On continua pourtant à jouer au rugby à l'étranger, comme lors de la coupe Freyberg (du nom du général à la tête de la deuxième division néo-zélandaise en Egypte). Après que l'heure de la victoire eut sonné, l'équipe de rugby de la victorieuse armée « kiwi » effectuera une tournée en Europe, comblant au passage le public. Dans les années 1960, on se posait déjà la question de savoir quel était le secret de l'invincibilité des All Blacks. Certains avançaient la« ruralité » des joueurs, à savoir de grands gaillards costauds habitués aux travaux de la ferme, comme facteur déterminant. Ces hommes de la campagne, aussi déterminés que la nation qu'il défendaient, auraient été taillés pour en découdre plus facilement avec l'adversaire. C'est possible. Et si le haka jouait un rôle dans tout cela ? Danse chantée et rituel des insulaires du Pacifique Sud pratiqué lors de conflits, de manifestations, de cérémonies ou de compétitions amicales (dans le but d'impressionner l'adversaire), le haka a été rendu mondialement célèbre grâce aux All Blacks qui l'interprètent avant tous leurs matchs depuis 1905 (ci-dessous). Haka est en même temps un nom générique pour toutes les danses maories, qui signifie « faire », et la plupart des haka présentés de nos jours sont des haka taparahi (haka sans armes), qui expriment à la fois passion, vigueur et identité d'un peuple. En rugby, le haka est interprété systématiquement depuis 1987, date de la première coupe du monde de ce sport.

 

Depuis les années 1870, le rugby néo-zélandais a fait bien du chemin. Et ce sport est devenu professionnel à partir de 1995, avec la création des super-compétitions, en 1996, entre pays du SANZAR (South Africa, New Zealand and Australia). Même ces dames ont désormais accès à ce sport en Nouvelle-Zélande. Le pays fait la course en tête en ayant remporté la World Cup Sevens en 2001, et la Coupe des Games Sevens du Commonwealth en 2002, 2006 et 2010. Ne parlons pas de la Coupe mondiale de rugby de 2011 qui fut l'évènement sportif majeur en Nouvelle-Zélande cette année-là avec près de 134000 visiteurs étrangers venus pour l'occasion assister aux 48 matchs (qui générèrent à l'époque la vente de 1,4 million de billets). Et la fête continue. Ce qui me fait dire q'au pays des kiwis, le rugby est roi.

 

INFOS PRATIQUES :

  • Office du tourisme, 52, The Square à Palmerston North. Tél : 6 350 1922. Ouvert du lundi au vendredi de 9h00 à 17h00 et les samedi et dimanche de 9h00 à 14h00. Garez votre camping-car en face de l'office puis demandez un permis de stationnement (gratuit) à l'employé, puis mettez ce permis bien visible sur votre pare-brise. Site internet : https://www.manawatunz.co.nz/
  • Musée du rugby de Nouvelle-Zélande, Te Manawa Museums Complex, 326 Main Street, à Palmerston North. Tél : 6 358 6947. Ouvert tous les jours, de 10h00 à 17h00. Entrée : 12,50NZ$ . Site internet : http://rugbymuseum.co.nz/

  • Juste à côté du musée, se trouve un café fort sympathique : Encore Café, 312 Main Street, à Palmerston North. Tél : 022 095 0745. Ouvert du mardi au dimanche de 9h00 à 15h30.



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