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Le Mont Taranaki
(Région de Taranaki, Nouvelle-Zélande)
Heure locale

 

Samedi 25 mai 2019

 

Il est temps pour moi de prendre de la hauteur et de grimper au Mont Taranaki, qui domine la côte ouest de l'Île du nord avec ses 2308 mètres. Certains l'appellent Taranaki et d'autres Egmont, mais le résultat est le même : ce mont cache un stratovolcan actif, endormi depuis sa dernière éruption en 1854. Ce volcan, généalogiquement jeune, a débuté son activité il y a environ 135000 ans. Se réveillera t-il un jour ? Nul ne le sait.

 

Je profite du beau soleil qui inonde ce matin la région pour « faire irruption » au Mont Taranaki. C'est ainsi que les Maoris le surnomment depuis maintenant des siècles. Ce qui donne « sommet brillant » (Tara, signifiant sommet, et Naki, ce qui brille). Certaines tribus très anciennes lui donneront même les noms de Pukehaupapa ou Pukeonaki. En partant d'Oakura, le plus simple est de prendre la direction de Egmont Village d'où part la route conduisant à la face nord du volcan. Moins de vingt kilomètres me séparent de cette jonction et je devrais contourner la ville de New Plymouth. Je suis le seul camping-car à emprunter la petite route qui conduit au centre d'information de la face nord du Mont Taranaki et je m'en réjouis, car la route est étroite et permet tout juste de croiser un véhicule venant en sens inverse. Un conseil : roulez au pas et gardez votre gauche ! Comble de malchance, une panne d'alimentation électrique affecte ce matin le centre et il ne me sera possible ni de m'offrir un café ni de regarder les deux films de présentation du volcan en question. Une guide me parlera brièvement de l'endroit tout en m'orientant vers le site internet pour plus d'information.

 

Pour l'instant, le géant endormi se présente sous son plus beau jour (en photo ci-dessus). Ce ne sera pas le cas entre 1755 et 1800, lorsqu'une éruption laissera échapper un écoulement pyroclastique sur le flanc nord-est du volcan, crachant alors avec autant d'intensité que l'activité volcanique de 1995/1996 au Mont Ruapehu (situé non loin de Taupo). Rien de bien méchant en réalité depuis la violente éruption de 1655. D'autres soubresauts affecteront le mont dans les années 1850 et 1860, ne provoquant à chaque fois qu'un effondrement de son cône. Dans le cas du Mont Taranaki, cela arriva plus de cinq fois. Et les environs d'être sous la menace de torrents de boue (lahar) pouvant alors déferler un jour de prochaine éruption.

Aujourd'hui, le guide m'informe que les randonnées sont possibles, sauf l'ascension jusqu'au sommet car le sol est glacé en cette période hivernale. Le meilleur moment pour effectuer cette ascension sont les mois de janvier et de février, en plein été. Cinq heures sont alors nécessaires pour atteindre le sommet, et autant pour redescendre. Des randonnées plus modestes comme celle de la Tahurangi Translator Tower (1h30 pour grimper jusqu'à la tour) prolongée pour les plus courageux jusqu'au Tahurangi Lodge et d'anciens torrents de lave (4h00 de marche au total), celle conduisant à la cabane de Maketawa (1h30 pour l'aller, 3h00 au total) ou la boucle Véronica (2h00 de marche). Pour ma part, je me contenterai d'une marche d'une demi-heure dans la forêt primaire qui offre toujours une végétation fascinante (ci-dessous). Une autre balade, la Connett Loop Walk (40 minutes de marche) donne également un bel aperçu de la forêt tropicale avec ses mousses et ses lichens.


 

L'Egmont National Park n'offre pas (ou peu) de panneaux d'information là où je suis passé ce matin. Des panneaux indicateurs (deuxième photo ci-dessus) indiquent bien les directions à prendre pour telle ou telle randonnée mais rien sur l'histoire du lieu, excepté une modeste plaque représentant le mont avec un descriptif des différents sites remarquables et une brève information sur le volcan. Là encore, il vous faudra trouver l'information ailleurs si, comme moi, vous ne vous contentez pas de beaux paysages.

Au cours de ma promenade, je me rendrai au monument Ambury (ci-dessous) érigé en hommage à Arthur Hamilton Ambury, qui donnera sa vie pour sauver W.E Gourlay, un randonneur qui avait glissé sur la glace à 1940 mètres d'altitude le 3 juin 1918. L'endroit où se passa le drame a été depuis rebaptisé « Escarpement Ambury ». Aucun des deux hommes ne s'en sortira vivant.

 

A ceux qui se demandent pourquoi le volcan est aussi surnommé Mont Egmont, je réponds que c'est le capitaine James Cook qui le nomma ainsi le 11 janvier 1770, en hommage à John Perceval, alors Second comte d'Egmont, et ancien Lord de l'Amirauté, qui apportera son soutien à l'expédition tentant de découvrir les terres australes inconnues. Et le Français Marc-Joseph Marion du Fresne (explorateur breton, né comme moi à Saint-Malo, mais en 1724) qui passera au même endroit deux années plus tard, d'appeler à son tour le Mont « Pic Mascarin ». On dit alors qu'il ignorait à ce moment-là la venue de James Cook deux ans auparavant.

Ce mont est fortement ancré dans la mythologie maorie et cet endroit est sacré. Malgré cela, le gouvernement néo-zélandais confisquera le volcan en 1865 dans l'espoir de calmer le jeu lors de la deuxième guerre de Taranaki, qui opposera Maoris et gouvernement, entre 1863 et 1866. Ce conflit fut le résultat de plusieurs causes (rancoeur des Maoris après la vente de terres à Waitara en 1860 et montée du mouvement extrémiste maori « HauHau » dénonçant la spoliation des Maoris par les Britanniques...) et sera traité autrement que lors du conflit de 1860/61. Cette fois, les troupes armées étant plus nombreuses, le gouvernement confisqua systématiquement à leurs habitants les terres de la zone, pratiquant au passage la politique de la terre brûlée. Et derrière elle, l'armée de construire un vaste front de redoutes tout en autorisant ensuite les colons à reprendre les terres vacantes et à s'y installer. Ce furent ainsi 4000 km2 de terres qui seront confisquées par les Britanniques à cette époque.

 

Le docteur et naturaliste suisse Ernst Dieffenbach sera le premier à faire l'ascension du Mont Taranaki. Alors employé par la New-Zealand Company, il apportera son conseil sur le réel potentiel des terres explorées sur l'Île nord du pays, entre 1839 et 1840.

Le Mont, lui, sera rendu au peuple de Taranaki en 1978, en vertu du Mount Egmont Vesting Act de la même année, et à travers un trust détenu par les Maoris de Taranaki. Et, chose incroyable, ce même Mont Taranaki d'être immédiatement rendu par les Maoris au gouvernement néo-zélandais sous la forme de ….cadeau (forcé?) à la nation. Le tribunal de Waitangi, dans un rapport de 1996, conclura qu'aucune preuve ne fut apportée que les Maoris aient alors librement consenti à ce « cadeau ». Une sortie honorable sera finalement trouvée en 2017 en transformant le Mont Taranaki en « personnalité juridique », à l'instar de ce qui avait été fait avec la région de Te Urewera et la rivière Whanganui. Peu à peu, le Egmont National Park prendra forme : dès 1881, une zone de dix kilomètres autour du Mont sera déclarée en tant que réserve forestière, puis le parc actuel verra le jour en 1900, se classant depuis comme le deuxième plus grand parc de Nouvelle-Zélande. Sans aucun doute un endroit à ne pas manquer !

 

INFOS PRATIQUES :

  • Egmont National Park Visitor Centre, 2879 Egmont Road. Tél : 06 756 0990. Ouvert 7 jours sur 7 de 8h30 à 16h00 en hiver, et de 8h00 à 16h30 en été. Lorsqu'il y a de l'électricité, deux films vous permettent d'en apprendre davantage : l'un raconte l'histoire du volcan, et l'autre explique comment gravir le mont en toute sérénité. Site internet : http://www.doc.govt.nz
  • « The Story of Egmont National Park » n'est malheureusement plus édité mais on peut encore le trouver chez Amazon (en cliquant sur l’icône Livre en haut de cet article). L'ouvrage, en langue anglaise est très riche. J'ai pu en consulter un dernier exemplaire à l'office de tourisme de Stratford.








 



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