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Hommage Hôtel, l'art à ciel ouvert
(Marigot, Île Saint-Martin, France)
Heure locale

 

Mardi 13 aout 2019

 

Le voyage d'aujourd'hui me conduit sur l'Île Saint-Martin, destination à nouveau desservie par notre compagnie nationale depuis l'ouragan dévastateur Irma d'il y a deux ans. Situé à à 250 km de la Guadeloupe et de Porto Rico, ce morceau de terre est divisé en deux parties, l'une est française et l'autre, néerlandaise. Les Néerlandais débarqueront ici dès 1627, à la recherche de salines naturelles. Puis d'investir l'endroit quatre années plus tard avec une petite garnison de trente hommes et quatre canons positionnés sur une presqu'île de la Grande Baie (l'actuel Philipsburg).

 

Sur place, quelques familles françaises descendant de l'île Saint-Christophe toute proche cultivent alors du tabac sur la partie orientale de l'île. Les attaques espagnoles de 1638 auront raison de la garnison hollandaise et seront suivies de la construction d'un fort à la française. Après l'attaque du célèbre capitaine néerlandais Pieter Stuyvesant, en 1644, les Espagnols quitteront la place en laissant quelques Français et Néerlandais sur l'île, des habitants dont les gouvernements respectifs scinderont l'île en deux parties et signeront la convention de Concordia en 1648. Une convention toujours en vigueur de nos jours.

 

Notre équipage est hébergé à l'Hommage Hôtel de la Baie Nettlé, le seul établissement à n'avoir jamais cessé de fonctionner au lendemain du terrible ouragan qui balaya l'île le jour de mes 56 ans, un certain 6 septembre 2017. Depuis, le territoire ne se remet que très lentement de ses blessures, parmi lesquelles la disparition des ressources économiques de l'île. Historiquement, l'économie locale reposa longtemps sur le tabac, l'indigotier, la canne à sucre, le coton, le sel et l'élevage. Le tourisme, lui, ne fera son apparition qu'à la fin des années 1960, en même temps que le shopping détaxé. Et d'être devenu depuis la première ressource de l'endroit.

Ce 6 septembre 2017, l'ouragan Irma déferla sur l'Île Saint-Martin après avoir dévasté celle de Saint-Barthélémy. Cet ouragan est alors le plus puissant jamais enregistré dans l'océan Atlantique Nord et celui à être resté le plus longtemps classé en catégorie 5 (durant 33 heures) dans le monde, jusqu'à ce jour. La vitesse du vent dépassera même parfois les 300 km/heure, occasionnant de lourds dégâts sur l'île. Météo-France notera ainsi des rafales de 360 km/heure au moment où embruns et déferlantes submergeront les terres littorales les plus basses. Nous en voyons encore les traces ici et là en nous rendant à notre hôtel : bateaux échoués et coulés, bâtiments en ruines...L'oeil de ce phénomène météorologique atteindra 50 kilomètres de diamètre.

Le « Hommage-Hotel », lui, parvint tant bien que mal à maintenir son activité pour accueillir les secours venus prêter main forte après la catastrophe ainsi que les gendarmes et les experts en assurance. Et l'établissement d'avoir été le premier de la partie française à pouvoir accueillir de nouveau les visiteurs, six mois seulement après le passage d'Irma (la « pas Douce! »), tout en jouant la carte de la proximité auprès de la population locale. En ce qui nous concerne, nous ne souffrons pas d'inconfort, bien au contraire. Ma chambre est vaste, propre, et bien équipée. Elle est décorée de quelques tableaux et la vue depuis le balcon laisse voir les jardins luxuriants de l'hôtel, avec au loin, la marina. Baki Arbia, le directeur de l'hôtel met un point d'honneur à recevoir dignement ses clients et l'ensemble du personnel sera aux petits soins durant notre court séjour.

 

Mieux qu'un simple lieu d'hébergement, l'hôtel est également une galerie à ciel ouvert. En effet, la direction, férue d'art, a fait peindre plusieurs fresques sur le mur de 200 mètres qui sépare l'établissement de la route. Et de faire pour cela appel à l'école des Beaux-Arts de Sète (34) dont plusieurs artistes-peintres exerceront leurs talents des jours durant afin de mettre du baume au cœur auprès des habitants et des services de secours. L'école en question, particulièrement réputée dans sa région mais aussi au niveau national, vit passer des artistes devenus célèbres depuis, entre 1970 et 1987. Son bâtiment, érigé en 1830, sera d'abord la propriété de François Léonce Bonjean, et verra se succéder des générations d'artistes dont certains de renommée internationale (Di Rosa, Combas ou Cervera...). On connait bien sûr Antonin Marie Chartinière, auteur de la toile « Retour des champs » et de « Souvenir de Mr et Madame Grange ».

A l'origine, Christian Jurand, agent artistique de métier, et durablement attaché à l'île Saint Martin, cherchera à aider à la reconstruction avec les moyens dont il dispose. Et de sensibiliser les artistes de son entourage, dont certains se prêteront sans tarder à la réalisation de ce projet généreux : le mur de fresques du Hommage Hôtel. L'oeuvre picturale prendra ainsi forme entre novembre et décembre 2017, et redonnera le moral aux habitants de l'île. Baki Arbia, le directeur de l'hôtel et amoureux des arts proposait déjà à ses clients un jardin d'oeuvres qui fait de l'endroit un musée à ciel ouvert (ci-dessous). Et les fresques peintes sur le mur extérieur de l'établissement d'offrir pour leur part un accès à l'art pour la population locale. Lorsque les artistes sétois achevèrent leurs oeuvres, un concert de klaxons salua leur prouesse et les habitants ne tarirent pas d'éloge sur les réalisations picturales.


 

Avant leur arrivée à Saint Martin, les artistes avaient déjà des idées plein la tête, mais il n'est pas toujours aisé de deviner ou d'apprécier les peintures à leur juste valeur. Julia Collaro a par exemple participé à la fresque participative intitulée « Flow of Life »(au portail d'entrée de l'hôtel). Un arbre de vie qui suggère que toutes les formes proviennent d'une même source et offrent la saveur de l'unique. « Irma dans tous ses états » est l'oeuvre de Jean- Jacques François, qui a choisi de représenter désolation et dommages subis par l'île lors de l'ouragan Irma. Une magnifique sirène symbolise l'océan sur la droite tandis que la partie gauche représente le futur et la résurrection de l'île grâce aux efforts de la population. De son côté, Christophe Cosentino a choisi de peindre « Petite faune au fruit de la passion amoureuse «  (ci-dessous), avec les faunes féminines qui vivent en totale liberté et en pleine nature, jusqu'à ce que la passion amoureuse ne vienne un jour se saisir de l'une d'elles.


 

Autre fresque, autre talent : « Un jour Charlou Biascamano a tiré la traine tout seul », œuvre d'Aldo Biascamano qui a ainsi transporté la mythologie sétoise jusqu'à l'île Saint Martin, avec, en toile de fond, le Mont Saint-Clair et une scène pêche au premier plan. Philippe Loubat a pour sa part choisi de faire référence à Saint-Exupéry et à son Petit Prince. Sa fresque « Long courrier vers le pic du Paradis » se décompose en trois parties : dans le ciel, les oiseaux évoquent paix et légèreté tandis qu'au sol, les maisons multicolores dansent avec au fond les montagnes de Saint-Martin. L'important n'est-il pas de redonner du bonheur et le sens de la fête aux Saint-Martinois ? L'artiste Lucas Mancione, lui, est parisien d'origine sétoise et a choisi de réaliser sa fresque « No Ananas »(ci-dessous). Celle-ci intègre dès le départ cinq soleils, avant que l'inspiration des lieux n'oriente le peintre vers le ciel et les montagnes, éléments marquants du paysage local. Histoire de surprendre le spectateur, Lucas rajouta ensuite quelques ovnis. Marc Duran a peint de son côté « Le Printemps » avec des fleurs multicolores et des petits textes qui s'entremêlent dans une même danse. Pour Frédéric Périmon, c'est le mur du son qui est franchi, avec « Wall of sound » représentant haut-parleurs, baffles et enceintes. En hommage à la musique caribéenne qu'il aime tant. Terminons ce tour d'horizon non-exhaustif avec « Pause Tendresse » (deuxième photo ci-dessous), œuvre de Sliman Ismaili Alaoui (dit Nascio) qui exprime un moment de détente après ce terrible ouragan. Le naturel reprend le dessus avec convivialité, joie et bonheur ainsi que ces trois couples de danseurs.

 

INFOS PRATIQUES :

 

  • Hommage Hotel et Résidence, 173 rue de la Baie Nettlé, à Marigot (Île Saint-Martin). Tél : +590 590 87 54 54. A la fois hôtel et musée à ciel ouvert pour amateurs d'art. Site internet : https://hommagehotel.com/
  • Vous danserez sur les rythmes endiablés de Rudy Issorat (+590 690 48 28 28), le DJ de l'établissement

  • Vous mettrez dans vos bagages une bonne bouteille de rhum Neisson (

    http://www.neisson.fr) mais attention à l'abus d'alcool !

  • A l'Ecole des Beaux Arts de Sète (https://beauxarts.sete.fr) arrêtez-vous saluer nos artistes-peintres !








 



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