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Le Pays d'Iroise, de la Pointe Saint-Mathieu à Portsall
(Finistère, France)
Heure locale

 

Mercredi 29 août 2020

 

Arrivé hier chez mon amie Marie, à Lampaul-Plouarzel (29), il fait pour une fois un temps radieux sur le Finistère et nous partons à la découverte de la côte sauvage, de la Pointe Saint-Mathieu à Portsall. Une superbe promenade qui nous conduira successivement à la pointe de Corsen, au Conquet, et à la Pointe Saint-Mathieu, avant de rebrousser chemin pour nous arrêter aux menhirs de Kergadiou (à Plourin), à la chapelle Saint-Samson (à Landunvez), puis à Portsall, tristement célèbre pour le naufrage du pétrolier « Amoco Cadiz ».

 

Pointer son doigt sur le Pays d'Iroise n'est pas évident. L'Iroise n'est pas connue de tous, sauf peut être le Parc naturel marin d'Iroise qui fut créé en 2007 et dont le nom notoire se remarque peut être plus facilement. Ce pays est le plus à l'Ouest de la France continentale, mais également le plus court chemin vers...l'Amérique ! Et le Pays d'Iroise de se trouver à l'ouest de Brest, et de déverser sa riche histoire au rythme des vingt communes qui la composent et qui portent souvent des noms évoquant le passage d'évangélisateurs venus d'Outre Manche dès la fin du 5e siècle. Ici, ont lieu chaque année pardons et fêtes de saints patrons, des évènements qui rassemblent encore les foules. Pour celles et ceux qui prennent le temps, plusieurs itinéraires pédestres sont disponibles localement, sous le nom de GR et matérialisés par des marques blanc-rouge.


 

Notre parcours (surligné en orange sur la carte ci-dessus, à gauche de l'image ci-dessus) nous conduit d'abord au Cross Corsen, à la Pointe de Corsen.

Le Centre Régional Opérationnel de Surveillance et de Sauvetage fut construit après le naufrage tragique de l'Amoco Cadiz en 1978. Sa compétence s'étend de la baie du Mont Saint-Michel à la Pointe de Penmarc'h, grâce aux satellites qui surveillent cette zone 24 heures sur 24, la sécurité du trafic maritime, la coordination du sauvetage en mer et de la police des pêches, et bien sûr, les informations relatives à la pollution. Un œil particulièrement avisé ne quitte pas une seconde l'état du trafic d'Ouessant du regard. A ce dispositif, s'ajoutent les navires de sauvetage, et le remorqueur de haute-mer, « Abeille Bourbon », prêt à intervenir dès que le vent franchit les 25 nœuds. Cap situé sur la commune de Plouarzel, la pointe de Corsen est le point le plus à l'ouest de la France métropolitaine continentale. De là, on aperçoit le phare de Trézien, et, par beau temps, les îles alentours.


 

Nous nous rendons ensuite au charmant petit port du Conquet (ci-dessous en photo), dont les origines remontent à la Préhistoire. Une promenade consiste à parcourir les différents points de vue de la cité, puis de se rendre au chenal du Four et à la plage des Blancs Sablons. Il y a très longtemps, ce port romain portait le nom de Porsliogan, puis Saint Tugdual et ses moines débarquèrent ici au 6e siècle, avant que Le Conquet ne soit le témoin de nombreux faits guerriers entre le Moyen-Âge et le début du 17e siècle. Véritable petite citadelle, l'endroit est doté d'un château, de remparts, de maisons fortes et d'un réseau de profondes caves, jusqu'au jour de juillet 1558 où un corps expéditionnaire anglo-flamand ne débarque pour incendier la cité. Aujourd'hui, la Maison des Seigneurs se dresse toujours, intacte depuis sa restauration en 1510, avec ses tours et ses échauguettes dominant le port, tout comme la Maison des Anglais, ou l'Hôtel du Lion d'Or. La ville prospérera jusqu'au 18e siècle grâce au commerce maritime (sel et vins), puis grâce à la pêche à partir du milieu du 19e siècle.


 

Cap sur la pointe Saint-Mathieu, non loin du Conquet. Bordée de falaises d'une vingtaine de mètres de hauteur, cette pointe fait face à l'île de Béniguet (qui appartient à l'archipel de Molène). De nos jours, seules quelques maisons sont regroupées autour des ruines de l'abbaye, mais ce lieu ne se limitait pas à cette abbaye et à ses dépendances autrefois. Très tôt, une bourgade naquit sur cette pointe, grâce aux possibilités commerciales et les richesses de bris d'épaves. L'abbé de Saint-Mathieu qui vit le jour sur place fera bâtir une abbaye sur place, fort des nombreux privilèges dont il disposait alors. La chapelle Notre-Dame de Grâce, l'ancienne église paroissiale de la trève de « Loc Mazé Pen ar Bed » s'élève encore de nos jours, avec son magnifique portail.

L'abbaye celtique, elle, apparut dès le 6e siècle, dit-on ici, sur décision de Saint Tanguy. Puis l'abbaye, d'abord de style roman, puis gothique, sera dès le début placée sous la protection de Saint Mathieu, s'élèvera plus tard par la volonté des moines bénédictins de la Congrégation de Saint-Maur, aidés de bienfaiteurs. Des moines qui vécurent sur place selon la règle de Saint Benoit jusqu'à la Révolution française, date à laquelle l'abbaye sera abandonnée puis classée Monument historique en 1867. Quant à l'église abbatiale, elle arborera longtemps, et dès 1720, un fanal accroché en haut du clocher et destiné à diriger les navires, fanal remplacé par un phare qui sera construit en 1835. D'une hauteur de 37 mètres, celui-ci possède un feu tournant qui offre une portée de 24 km que l'on atteint après avoir franchi les 163 marches permettant d'atteindre son sommet. Voisin, un sémaphore bâti en 1906 permet d'avoir une vue sur le chenal du Four et sur l'entrée du Goulet de Brest. Enfin, un cénotaphe (monument aux marins morts pour la France) s'élève non loin de là et est agrémenté d'un « chemin de mémoire » depuis décembre 2017.


 

A nous les menhirs (mystérieux) de la sorcière à Kergadiou (Plourin) : une légende raconte que le menhir debout fut volé à une sorcière en Ecosse. Celle-ci, furieuse, jura alors de l'abattre, en utilisant un deuxième menhir qu'elle lança en direction de Kergadiou. Mais son jet, trop court d'une soixantaine de mètres, atterrit sans endommager le menhir toujours debout. Et le second menhir, de rester couché, d'où son nom. Le menhir debout mesure 8,75 mètres de haut et est le deuxième plus haut menhir de Bretagne après celui de Kerloas.

 

Saint-Samson, lui, est né en Galles du Sud, en 480. Débarqué en Armorique en 548, près de Cancale (35) avec ses compagnons, il est accueilli par un homme désespéré par la lèpre de son épouse et la démence de sa fille. Et Saint Samson d'exercer ses pouvoirs sur les deux femmes qui guérissent aussitôt. Pour le remercier, l'homme offrit au saint un morceau de terre sur laquelle Saint Samson aurait édifié son évêché, le premier de Dol de Bretagne. Le saint fera ensuite ériger d'autres monastères tandis que de nombreuses chapelles (dont celle ci-dessous) verront le jour pour vénérer le saint homme. Ainsi, le jour du pardon de Landunvez, trempait-on dans une fontaine proche de la chapelle les enfants en manque de vigueur.


 

Marie et moi ne nous trouvons désormais qu'à quelques encablures de Portsall, dont nous allons découvrir l'allée couverte du Guilligui (première photo ci-dessous). Outre le dolmen, c'est surtout le site surmonté d'une croix surplombant le port qui offre une superbe vue sur la côte. Cette croix provient du cimetière de Saint-Usven aujourd'hui disparu, dont la chapelle dominait autrefois l'anse de Kersaint. Le mégalithe à entrée latérale daterait de 6000 ans avant J.C et est l'un des plus anciens en Bretagne.

Portsall, joli petit port breton, va connaître un effroyable drame le 16 mars 1978 lorsqu'un pétrolier géant de 334 mètres de long , l'Amoco Cadiz, contenant 220 000 tonnes de pétrole brut longe cette dangereuse côte finistérienne d'un peu trop près. Pour gagner du temps, le tanker s'est en effet écarté du couloir de navigation habituel (non obligatoire à l'époque). C'est alors que survient une avarie rendant soudainement la barre du pétrolier inopérante (le gouvernail est bloqué à gauche toute). Hors de contrôle, le mastodonte dérivera peu à peu vers la côte, poussé par les vents et les courants. Tractation de gros sous oblige, les opérations de remorquage prendront du retard et un malheureux concours de circonstances (rupture d'amarre, remorquage trop tardif...) aboutiront à l'éventrement de l'Amoco Cadiz sur les rochers de Portsall entrainant une marée noire de plusieurs centaines de kilomètres due à l'écoulement de l'hydrocarbure hors des cuves du navire dans une zone abritant le plus grand champ de laminaires (algues) de France. Les Bretons vécurent alors leur quatrième marée noire en...onze ans !


 

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