Revoir le globe
Top


Les Héros de la France éternelle - Pépin le Bref
(4) (France)
Heure locale

 

Mardi 15 décembre 2020

 

Suite de la saga des héros de cette France qui est la nôtre et que tant d'hommes politiques français et européens tentent de noyer dans l'oubli, avec Pépin le Bref, fils de Charles Martel né en 714, et roi des Francs de 751 à 768. Vaillant guerrier comme son père, il inaugurera la dynastie carolingienne, lui qui descendait d'une noble famille franque, les Pippinides, maires du palais de père en fils et vrais détenteurs du pouvoir sous les dernier Mérovingiens.

 

Une dynastie nouvelle chasse ainsi la précédente lorsque Pépin Le Bref est couronné une première fois comme roi, en novembre 751. C'est le premier maire de palais à être ainsi couronné, alors que la France est, comme aujourd'hui, en pleine décadence et a à sa tête des rois pourtant légitimes mais sans aucune autorité. Les vrais dirigeants du pays sont alors les maires du palais, parmi lesquels se trouveront des hommes énergiques comme par exemple Charles Martel qui repoussera l'invasion des Maures. Et comme l'exige la tradition, à la mort du père de Pépin Le Bref, la charge de maire est partagée entre les deux fils, Carloman (fils ainé qui reçoit l'Austrasie, l'Alémanie et la Thuringe) et Pépin Le Bref (qui devient alors maire du palais de Neustrie tout en héritant la Provence et la Bourgogne). Quant au troisième fils de Charles, prénommé Griffon et hors lignée, il n'obtiendra que quelques comtés. Le pauvre finira emprisonné par ses deux frères, au château de Chèvremont (Liège).

Dans un premier temps, Pépin et Carloman lutteront ensemble pour ramener la paix dans le royaume face aux désirs d'indépendance de certaines provinces (Aquitaine notamment), puis s'attachent à réformer l'église, avec l'aide de l'évêque Boniface de Mayence (lequel déplorait la déchéance dans laquelle l’institution était tombée). Une église qui avait été bouleversée par les sécularisations de Charles Martel. Au fil de deux conciles, les prêtres indignes seront destitués et Pépin appuiera Boniface de Mayence dans ses tentatives d'évangéliser les Germains au-delà du Rhin. Et les deux frères de régler, en 744 et 745, la question des biens ecclésiastiques confisqués par un compromis ayant donné naissance à la vassalité.

 

Ce même année 744, Pépin Le Bref (ainsi appelé à cause de sa petite taille) épousera Bertrade de Laon, alias Berthe au Grand Pied, laquelle donnera au roi plusieurs fils, dont le futur empereur Charlemagne. Trois ans plus tard, Carloman aspirera à la retraite et choisira de rejoindre la vie monastique en Italie, au monastère du Mont-Cassin, cédant ainsi à son fils Drogon la mairie d'Austrasie, sous la régence de Pépin. S'étant débarrassé de Drogon, Pépin fera tout pour agir pareillement envers Childéric III, le souverain mérovingien dont il dépend alors officiellement. Il enverra donc, en 750, une délégation franque auprès du pape Zacharie pour demander au chef de l'église l'autorisation de mettre fin au règne décadent des Mérovingiens et de se faire couronner à la place de Childéric III. Requête accordée. Et Pépin Le Bref de déposer Childéric III, le dernier des rois fainéants pour se faire couronner roi des Francs à Soissons. Le couronnement, qui a lieu en novembre 751, ne repose que sur la reconnaissance du pape Zacharie et non sur une légitimité divine. Dès lors, une nouvelle continuité religieuse s'impose, une continuité qui s'appuie sur le sacre royal, dont la fameuse onction qui puise son symbole dans celle du baptême de Clovis 1er, premier roi franc mérovingien. Pépin Le Bref va ainsi se faire sacrer à son tour par les évêques des Gaules au nom de l'église catholique en recevant l'onction, avec le Saint-Chrême qui lui transmettra l'Esprit Saint. Le premier roi carolingien est désormais investi par Dieu d'une mission de protection envers l'église et il lui revient aussi de diriger politiquement les peuples qui lui sont confiés. Le poids de sa mission ne tardera pas à se rappeler à lui après la disparition du pape Zacharie en 752.

 

Face aux querelles avec l'empereur d'Orient, Constantin V, la papauté désormais menée par Etienne II choisit de s'allier avec les Francs. Et le nouveau pape de demander bientôt à Pépin Le Bref son aide militaire pour affronter les Lombards (peuple germanique) qui menacent Rome. Pépin dépêche aussitôt un émissaire pour conduire le nouveau pape dans le royaume des Francs, puis, le roi Pépin rencontre Etienne II le 6 janvier 754 au palais de Ponthion (Champagne). Le souverain accueille son hôte avec une telle déférence qu'Etienne II propose au représentant du royaume des Francs une alliance destinée à confirmer la grâce divine sur le roi des Francs et sur ses fils lors d'un second sacre qui a lieu en juillet 754, à l'abbaye royale de Saint-Denis. Lors de ce sacre, Pépin Le Bref reçoit les titres de roi des Francs et de patrice des Romains. Quant aux fils, Carloman 1er et Charlemagne, futurs rois, ils sont également sacrés. Ce sacre marque officiellement la fin de la dynastie mérovingienne et l'avènement de la dynastie carolingienne.

En consacrant ainsi Pépin Le Bref, le nouveau pape Etienne II prend de la distance avec l'empereur régnant à Byzance (lequel, en mauvaise posture, n'avait pu venir en aide à Etienne II) tout en s'en remettant au roi des Francs pour assurer la protection du Saint-Siège. Fort du pouvoir divin dont il est détenteur, Pépin Le Bref contribuera à ancrer durablement dans le pays la royauté de droit divin (qui durera 1100 ans) jusqu'au règne de Philippe le Bel.

Il faut maintenant offrir son aide concrète au Saint-Siège car les Lombards restent menaçants. Pépin Le Bref envoie don une délégation auprès du peuple germanique le 14 octobre 754, en vain. Une première expédition militaire affronte avec succès les Lombards, mais ceux-ci assiègent Rome en 755, et trois autres expéditions franques seront nécessaires pour repousser durablement l'ennemi : Pépin Le Bref confie alors au pape Etienne II vingt-deux villes italiennes, Rome, et les provinces d'Emilie et de la Pentapole, territoires conquis lors des combats contre les Lombards. C'est cet ensemble qui formera bientôt le noyau des Etats pontificaux.

 

Tout en multipliant les efforts diplomatiques afin de rétablir une certaine entente en Rome et les Lombards, Pépin Le Bref remet de l'ordre dans son royaume : il étend ainsi les rapports vassaliques par des serments de fidélité avec les grands seigneurs, entreprend de chasser une fois pour toutes les Arabes de Septimanie, cette province méridionale du royaume franc (à ce titre, la prise de Narbonne en 759 sera déterminante) et reprend l'Aquitaine au terme d'une longue série de campagnes contre le duc d'Aquitaine, entre 761 et 768.

Pépin Le Bref luttera également pour asseoir son autorité aux frontières, tout particulièrement en Germanie (où il est confronté à l'hostilité de son demi-frère Griffon devenu duc de Bavière). Ce dernier une fois vaincu, est nommé duc du Maine et se voit confier la Bretagne par le roi des Francs, dans l'espoir de calmer ses velléités de révolte. En vain, Griffon cherche à rallier une nouvelle fois les Lombards et Pépin le liquide.

Autre réforme du souverain : la réforme monétaire, avec l'uniformisation du poids et de l'aspect du denier d'argent par l'édit de Ver-sur-Launette (Oise) le 11 juillet 755. Et d'instaurer aussi la dime en 756.

Pépin Le Bref s'intéresse enfin à la culture et au savoir grecs en demandant au pape Paul 1er de lui fournir des livres en grec destinés à l'éducation de sa fille, Gisèle, ainsi qu'au monastère de Saint-Denis, centre d'une culture carolingienne naissante. Nous sommes alors entre 758 et 763 et le pape adresse ainsi des livres liturgiques, des manuels de grammaire, d'orthographe, de géométrie et des œuvres d'Aristote et du Pseudo-Denys.

 

En 768, Pépin Le Bref tombe malade à Saintes et se fait rapatrier à Saint-Denis où il convoque les grands du royaume afin d'obtenir le partage du royaume entre ses deux fils, Carloman 1er et Charles (futur Charlemagne). Et le roi des Francs de mourir d'hydropisie (oedème) le 24 septembre de cette même année. Pépin est alors inhumé face contre terre sous le porche de l’abbatiale de l'abbaye de Saint-Denis, en attendant d'être rejoint, en 783, par son épouse la reine Berthe.

Dix-sept années seulement au pouvoir et tant de choses réalisées pour notre pays : cela devrait faire réfléchir nos dirigeants contemporains !

 

INFOS PRATIQUES :

  • « Pépin le Bref » ouvrage d'Ivan Gobry (Pygmalion) : Ivan Gobry est docteur ès Lettres. Il a enseigné pendant 27 ans à l'Université de Reims et parallèlement à l'Institut catholique de Paris. Auteur de plus de cent ouvrages, il a reçu de très nombreux prix, dont cinq de l'Académie française. C'est un grand spécialiste de l'histoire du Moyen-Âge.





 



Retour aux reportages







Qui Suis Je - Reportages - Médiathèque - Calendrier - Pays - La lettre - Contact
Site réalisé par Kevin LABECOT
Disclaimer - Version mobile