Revoir le globe
Top


Exposition "Légendes du Japon"
(Saint-Gervais Mont Blanc, Haute-Savoie, France)
Heure locale


 

Lundi 21 mars 2022

 

Jusqu'au 8 mai prochain, la commune de Saint-Gervais présente une étonnante exposition de collections particulières d'art japonais, « Légendes du Japon ». On peut y admirer des figures humaines appelées ningyo, des estampes japonaises mêlant paysages et personnages de l'ère Edo, et des kimonos aux décors somptueux rappelant la nature et les paysages de montagne. Autant d'objets et d'oeuvres à découvrir qui invitent le visiteur à s'immerger dans cet univers du monde flottant. Cette exposition est un voyage au pays du soleil levant entre récits, paysages et savoir-faire d'une culture aux multiples facettes, dans un parcours en deux temps, à la Maison forte de Hautetour et au Musée d'art Sacré de Saint-Nicolas de Véroce.

 

Les collections privées qui sont exposées ici racontent les légendes et mythes du Japon à travers des œuvres de l'ère Edo.Ces objets inédits et emblématiques japonais, créés par des artistes et des ateliers reconnus mondialement, livrent un véritable témoignage sur les traditions et les croyances de la culture nippone. L'exposition met également à l'honneur ces personnages et paysages extraordinaires mis en scène lors des pièces de Kabuki, une forme théâtrale mêlant le chant, la danse et la parole, mais aussi lors des fêtes traditionnelles comme Hina Matsuri (fête des poupées) et Tango no Sekku (fête des garçons).

Le parcours de l'exposition « Légendes du Japon » est divisé en cinq thématiques invitant tout un chacun à découvrir les personnages et paysages des légendes du Japon tout en apprenant à mieux connaître certains objets emblématiques nippons.

Ainsi le terme ningyo signifie t-il figure humaine en langue japonaise. Celui-ci sert de talisman de fertilité, d'amulette pour protéger les enfants, de rituel funéraire, de source de divertissement, d'objet d'admiration ou de présent officiel lors d'un échange diplomatique. Ce monde des Nyngyo, méconnu mais néanmoins fascinant, permet au néophyte d'explorer de façon ludique la culture, les mythes fondateurs ou personnages historiques du Japon, les traditions populaires, sans oublier le prestigieux savoir-faire artisanal, relayé par des générations de familles.

Dans la mythologie japonaise, une ningyo (sirène) est une créature des mers qu'il fallait mieux éviter de prendre dans ses filets car celle-ci pouvait déclencher des tempêtes et provoquer la malchance. Il est aussi dit qu'une ningyo échouée sur une plage est source de guerre ou de calamité. Autre ningyo mythique : la wara ningyo, petite poupée de paille effrayante à forme humaine censée représenter une personne aux croyances mystérieuses. Proche du vaudou occidental, la wara-ningyo sert en réalité à faire souffrir une personne tout en étant distant de celle-ci. Cette poupée vaudou est traditionnellement utilisée la nuit, surtout vers deux heures du matin. On cloue alors la wara ningyo sur un tronc d'arbre, à l'aide d'un clou planté dans la tête. Une prière est alors récitée en pensant très fort à la personne à qui on veut nuire, et qui souffre alors de fortes douleurs. Plus généralement, les ningyo sont des poupées traditionnelles japonaises : il en existe plusieurs types, certaines représentant des enfants et des bébés, d'autres des membres de la cour impériale, ou bien des guerriers et héros, ou encore des personnages de contes de fée, ou tout simplement des Japonais.


 

L'exposition aborde également les fêtes traditionnelles : on parle ainsi de Hina Matsuri (ou fête des poupées), une tradition japonaise qui célèbre les petites fille chaque 3 mars. Jadis, cette fête portait le nom de Momo no Sekku et célébrait les fleurs de pêcher qui s'ouvrent à la même époque et auxquelles on conférait le pouvoir d'éloigner les mauvais esprits. C'est vers 1630 que cette fête changea de vocation, lorsque la fille de l'empereur Go-Mizunoo (et future impératrice Meisho) se vit offrir des poupées (et accessoires) en guise de jouets. A Edo, la tradition se perpétua et l'habitude fut prise d'offrir des poupées aux princesses le 3 mars de chaque année. C'est alors que Momo no Sekku devint Hina Matsuri en 1687. Et cette fête de se populariser au 18ème siècle pour s'étendre à toute la population nippone. Chez les Japonais, ces poupées ont la réputation d'éloigner le malheur et de protéger les enfants.

Autre fête traditionnelle : Tango no sekku (ou Ayameno sekku) consistait autrefois à accrocher des iris ou de l'armoise devant sa demeure afin de conjurer le mauvais sort et permettre des récoltes abondantes.Plus tard, sous l'ère Kamakura, cette tradition évolua jusqu'à ce que les familles de samouraïs ne décident d'en faire la Journée des petits garçons. Ce jour-là, ils recevaient une partie de leur future armure. Durant l'ère Edo, les Koïnobori, manches à air en forme de carpes colorées chaque 5 mai, jour férié au Japon qui se transforma en Kodomo no Hi (Fête des Enfants) depuis 1948.

 

Troisième thème de l'exposition : l'estampe japonaise. La gravure sur bois et en relief restera longtemps la technique d'impression favorite (aussi appelée xylographie), venue de Chine, pour promouvoir portraits de célébrités, annonces de pièces de théâtre, publicités pour des objets de luxe, textiles et saké ou pour orner les cartons d'invitations évènementiels de clubs privés...La xylographie fut donc utilisée dès le 8ème siècle, d'abord pour l'écriture des livres et la copie de sûtras (canons bouddhiques). Il faudra attendre le 12ème siècle pour que les premières images pieuses soient imprimées grâce à ce procédé. Puis l'ère Edo pour que l'ukiyo-e n'en fasse un art à part entière. Un mouvement artistique japonais de l'époque Edo qui comprend non seulement une peinture populaire et narrative originale, mais aussi (et surtout) les fameuses estampes japonaises gravées sur bois.

L'ukiyo-e apparaît dans un contexte favorable, après des siècles de déliquescence du pouvoir central suivis de guerres civiles. Sous l'autorité puissante du shogunat Tokugawa,, le Japon connait bientôt une longue période de paix et de prospérité se traduisant par l'émergence d'une bourgeoisie urbaine et marchande. Celle-là même qui aura pour centre d'intérêt l'ukiyo-e et ses différents thèmes : les jolies femmes et les oiran (courtisanes) célèbres, les shunga (scènes érotiques), le théâtre kabuki et les lutteurs de sumo, les yokai (créatures fantastiques), les egoyomi (calendriers) et les surimono (cartes de vœux), et enfin le spectacle de la nature et des meisho-e (lieux célèbres).

Notons que les estampes présentées dans cette exposition datent de la seconde moitié du 19ème siècle, ultime période de l'art ukiyo-e (monde flottant).

 

Intéressons-nous maintenant au théâtre japonais, lui-même issu de deux genres de divertissements populaire : ce théâtre prend d'abord la forme du nô avant celle du kabuki. Et consiste avant tout en un art de la scène mêlant chant et danse autour d'un drame.

Le théâtre nô a pris forme sous son apparence actuelle entre les 14ème et 16ème siècles. Ecrits dans une langue très littéraire, souvent inspirés de légendes ou de grandes œuvres littéraires classiques tout en recourant à de fréquentes citations poétiques, les livrets de nô développent une dramaturgie autour d'une personne revenue du passé pour revivre un événement sous la forme d'un fantôme.

Le kabuki, lui, apparut au 17ème siècle et consiste en une forme théâtrale aux codes multiples : ka (chant), bu (danse) ki (habileté technique) en résume le sens, même si, à l'origine, il s'agit seulement de danses plus tard enrichies de chants et de dialogues, pour constituer au final un spectacle complet. Si la tradition veut que le kabuki ait été créé par la prêtresse Okuni, les femmes seront rapidement chassées de la scène afin de laisser la place libre aux hommes pour occuper tous les rôles. Et les acteurs tenant les rôles féminins (aussi appelés onnagata) sont de véritables figures populaires magnifiées par les estampes.

 

Dernier volet de cette exposition : le kimono. Ce terme vient de kiru et mono, littéralement « chose que l'on porte sur soi ». Le kimono n'est pas seulement un vêtement mais un art en soi. Le monde complexe et codifié du kitsuke (ou l'art de se vêtir d'un kimono avec tous ses accessoires) est un univers fascinant fait de décors, de pliages et de rituels. Au Japon, l'ajustement d'un kimono se fait par pliage et superposition comme pour l'origami. Autant de pliages et de nœuds qui constituent la principale complexité du kitsuke et nécessitent un certain savoir-faire.

Même si aujourd’hui, le port du kimono n’est plus aussi fréquent que dans le passé, l’enseignement de cet art est en plein essor au Japon et les établissements de formation au kitsuke se multiplient et donnent droit à la délivrance d’un diplôme officiel en fin de cursus. Hommes, femmes ou enfants, les kimono sont portés par tous dans l’archipel mais ce sont bien les kimono féminins qui nous séduisent le plus tant ils sont raffinés et variés.

Quand on est une femme, on choisit son kimono en fonction de son âge, de son statut marital et de l’importance de l’évènement auquel on se rend : mariage, fête, visite de courtoisie .... Une fois le kimono sélectionné, il vous faudra mettre en place toute une ribambelle d’accessoires qui assureront à votre kimono un maintien parfait. Ces dessous dévoilés du kimono portent un nom : komono. En voici les détails :

 

  • Le sarashi qui maintient et comprime la poitrine (aujourd’hui remplacé par une brassière, plus confortable !)

  • Le yumoji, un tissu carré qui se noue fermement sur les hanches (aujourd’hui remplacé par un Wasou pantsu, semble-t-il l’équivalent de notre bonne vieille culotte de grand-mère !)

  • Le hosei hadagi, un ensemble de coussinets qui rembourrent les parties creuses du corps pour lui donner une forme de tube. On les place donc dans le bas du dos et à l’avant des épaules.

  • Le hadajuban, sorte de petit haut en coton et/ou en synthétique qui protège le kimono et le sous-kimono de la transpiration.

  • Le susoyoke, un rectangle de tissu qui se noue autour de la taille avec deux cordelettes et qu’on associe à l’hadajuban.

  • Le nagajuban ou juban est le sous-kimono qui se porte sur l’hadajuban. Il possède un col et peut être constitué d’une ou de deux pièces de tissu.

  • Le koshi himo, une ceinture qui vient fermer le nagajuban. Elle mesure 3cm de large mais 2 mètres de long ! Elle sert principalement à maintenir le pli autour de la taille réalisé pour ajuster la longueur du kimono.

  • Deux Korin belt, sorte de bretelles qui se clipsent sur le col du kimono en passant par le dos et qui permettent aux pans du kimono de rester bien en place.

  • Le Eri shin, un col rigide qui se glisse dans l’ourlet du col du sous-kimono.

  • Le Date jime, encore une ceinture mais plus large, 10 cm et tout aussi longue (de deux mètres) que le koshi himo. Il sert à fermer les pans du sous-kimono et du kimono en les aplatissant correctement.

  • Le Obi ita, une plaque souple qui se glisse dans le obi (la dernière ceinture que l’on noue par dessus le kimono). Elle évite que le nœud du obi ne glisse et qu’il fasse des plis quand le corps est en mouvement.

  • Le Obi makura, un petit coussin en forme de haricot qui se place dans le dos et qui permet de donner une forme particulière au nœud du obi.

  • Le Obidome kanagu, une pince qui maintient le obi.

 

INFOS PRATIQUES :

 

  • Exposition « Légendes du Japon », jusqu'au 8 mai 2022, à la Maison forte de Hautecour et au Musée d'art Sacré de Saint-Nicolas de Véroce, à Saint-Gervais les Bains (74).

  • Visites guidées les vendredi 22 avril et 6 mai 2022 à 15h au Musée d'art Sacré, et les mardis 12, 19, 26 avril et 3 mai 2022 à 16h30 à la Maison forte de Hautetour. Prix d'une entrée , sur réservation.









 



Retour aux reportages







Qui Suis Je - Reportages - Médiathèque - Calendrier - Pays - La lettre - Contact
Site réalisé par Kevin LABECOT
Disclaimer - Version mobile