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Exposition "Anatomie comparée des Espèces imaginaires
(Musée du Château des Ducs de Wurtemberg, Montbéliard, Doubs, France))
Heure locale

 

Lundi 19 décembre 2022

 

Jusqu’au 12 mars 2023, le musée du château des ducs de Wurtemberg (à Montbéliard) présente l’exposition « Anatomie comparée des Espèces imaginaires ».

 

Les dragons sont-ils des dinosaures ?

Dans quel groupe de mammifères classer le Big-foot ? Ou comment Totoro fait-il pour voler ?

 

Apparemment saugrenues, ces questions sont pourtant cruciales pour quiconque veut se mettre à la place d’un biologiste, ou paléontologue afin de mieux comprendre l’évolution des espèces.

 

Films, BD, comics...les univers de fiction passionnent et regorgent d’être imaginaires qui empruntent leurs caractéristiques fantastiques à des espèces bien réelles. De ce point de vue, l’actuelle exposition qui mêle esprit scientifique et culture des mondes imaginaires, offre la possibilité de découvrir l’anatomie comparée et les sciences de l’évolution à travers l’analyse rigoureuse mais amusante d’espèces fantastiques.

 

Certaines bestioles possèdent quatre pattes, tandis que d’autres présentent un squelette externe. Ces observations bien que parcellaires, permettent d’esquisser une classification du monde vivant en mettant ensemble les êtres en fonction de leurs caractéristiques communes.

Un cheminement logique qui constitue la base de l’anatomie comparée, une discipline sublimée par le naturaliste Georges Cuvier, natif de Montbéliard. C’est à lui que l’on doit les bases de notre classification actuelle.

L’exposition qui est présentée aujourd’hui applique cette démarche scientifique à des espèces imaginaires en posant des questions pas si saugrenues qu’elles n’y paraissent. Et de présenter sur 200 m2 de grandes planches anatomiques d’Arnaud Rafaélian, des sculptures volumiques originales réalisées par Ophys et des textes de Jean-Sébastien Steyer.

 

Le visiteur découvre une exposition divisée en trois parties :

 

- L’anatomie comparée, socle des sciences naturelles

 

A l’heure actuelle, les systématiciens (ces biologistes qui étudient la diversité du monde vivant) ont déjà recensé près de 2,3 millions d’espèces vivantes, et il en resterait encore trois fois plus à décrire.

 

Le groupe des vertébrés (qui possèdent une colonne vertébrale) compte 70298 espèces et les spécimens présentés dans l’introduction de l’exposition ne représentent qu’une infime partie de ceux-ci même s’ils témoignent d’une grande variété de formes.

 

Comment interpréter cette disparité ?

 

Cette première partie livre au visiteur les clefs de l’anatomie comparée en réunissant différents squelettes d’animaux sur un mur : un tapir, un crâne de rhinocéros, un autre d’hippopotame...On distingue ainsi tantôt un animal volant, tantôt un animal aquatique, tandis qu’un examen plus attentif de la mâchoire de chaque spécimen permet de distinguer les carnivores des herbivores. Enfin, les membres renseignent aussi sur le mode de locomotion des animaux (sauteur, coureur, volant).

 

En analysant avec minutie les différentes parties de ces êtres vivants, le naturaliste Georges Cuvier formalisa les principes de l’anatomie comparée, c’est à dire la comparaison d’organes de même composition (membres antérieurs, vertèbres cervicales, crânes, etc), livrant ainsi de précieuses informations sur le mode de vie des organismes.

Le naturaliste (dont un panneau décrit à la fois l’existence et les découvertes durant ce parcours) proposera dans un second temps sa fameuse «loi de corrélation des formes » : posséder de larges dents broyeuses d’herbivore implique une mâchoire inférieure très haute pour les actionner.

Cette « correspondance » entre les différentes parties d’un même organisme est toujours utilisée de nos jours par les paléontologues pour reconstituer les espèces disparues à partir de fossiles souvent fragmentaires.

 

- Folklore et mythologie

 

Une fois équipé des clefs de compréhension des bases de l’anatomie comparée, le visiteur découvre les animaux emblématiques du folklore et des mythes, dans cette deuxième partie de l’exposition : dragon, vouivre, loup-garou, yéti...

 

Sculptures grandeur nature et planches de dessins font alors entrer le spectateur dans ce monde imaginaire.

 

Un zoom est fait sur le dragon, dont on pensait au Moyen-Âge que les « os » étaient semblables à ceux des dinosaures, rhinocéros laineux et autres mammouths.

De leur côté, les Slovènes du 17ème siècle considéraient le protée (salamandre cavernicole à peau claire) comme une larve de ce monstre.

 

C’est que le dragon peuple notre imaginaire collectif depuis la nuit des temps.

 

Reptile maléfique aux ailes de chauves-souris en Occident, il est bienveillant et est couvert d’écailles de poisson au Japon, ou de plumes au Mexique. Le monstre arbore donc différentes morphologies.

 

Dans la vraie vie, l’ornithorynque fait partie de ces animaux aux morphologies composites, avec sa mâchoire en forme de bec de canard, sa queue de castor et sa faculté de pondre des œufs. Dans ce cas, les biologistes parlent de mosaïque de caractères.

 

N’oublions pas qu’il y a 70 millions d’années, les reptiles géants ailés, les ptérosaures, pesant environ 100 kg et mesurant dix mètres d’envergure, volaient grâce à des os creux, de larges poumons, des pectoraux hyper-développés et de nombreux sacs aériens à l’intérieur du corps.

 

Sur le parcours, le visiteur peut admirer une planche anatomique de dragon dessinée par Arnaud Rafaelan, ainsi qu’un crâne de dragon grandeur nature conçu par Emmanuel Janssens, sculpté à partir d’un moulage de Spinosaurus, l’un des plus grands dinosaures carnivores au monde.

 

Autre zoom effectué sur un animal mythique : la vouivre.

 

Un terrible serpent volant qui hanterait les marécages d’Europe, du Morvan au Jura Suisse.

Selon les auteurs,sa description varie puisque, cousine du dragon, la créature est souvent dotée d’ailes de chauves-souris et d’un unique œil de grenat.

 

Dans la réalité, les serpents volants existent vraiment, sous la forme de couleuvres asiatiques qui se jettent des arbres en rentrant le ventre et en ondulant dans les airs pour voler sur leurs proies sur une distance pouvant atteindre parfois plus de cent mètres à l’horizontal.

 

L’oeil unique de la vouivre, sorte de gemme aussi appelé escarboucle, brille de mille feux dans les airs et attire les convoitises même si on est encore loin d’en trouver l’origine et la composition.

Cet énorme serpent peut vous dévorer tout entier grâce à sa mâchoire qui s’ouvre de haut en bas et de droite à gauche (comme pour certains serpents réels). Ses immenses ailes de chauve-souris sont, quant à elles, dotées de griffes acérées et mieux vaut se tenir à distance de son habitat situé dans les milieux humides et souterrains.

 

- Les espèces du monde animé

 

Dans cette troisième partie, le visiteur poursuit sa découverte de ce bestiaire imaginaire peuplé de super-héros aux griffes acérées , de prédateurs terrifiants ou de gros monstres protecteurs, et d’espèces issues du monde animé (Gremlins, Totoro, Marsupilami...).

 

Et de basculer tantôt dans un monde post-apocalyptique avec Alien, tantôt dans un univers d’adolescence avec Wolverine, super-héros solitaire à la force surhumaine de l’univers Marvel.

 

Attardons-nous un instant sur le Totoro de Mr Miyazaki : l’exposition nous invite en effet à redécouvrir cette star emblématique de la culture japonaise à travers une dissection virtuelle décrivant diverses adaptations au vol, poumons volumineux et sacs aériens, autant de caractéristiques propres aux oiseaux ou aux reptiles volants du temps des dinosaures.

 

Ce grand nounours aux allures de hibou, de lapin ou de panda, réveille notre âme d’enfant. Sa fourrure grise, son torse beige et sa queue touffue témoignent de son pedigree mammalien. Rajoutons sa truffe noire, sa moustache et son ronronnement, et le personnage a tout l’air d’un félin.

 

Par contre, lorsqu’il baille aux corneilles, sa gueule laisse entrevoir l’absence de canines, comme le tatou, le lapin ou le aye-aye (un lémurien) et certains autres ruminants.

La nuit , Totoro vole en virevoltant d’arbre en arbre. Equipé de sacs aériens et d’os creux, il est aussi aérophage et sa digestion génère du méthane, un gaz plus léger que l’air.

Totoro niche dans un camphrier géant, arbre symbolique au Japon car c’est le premier arbre, avec le Gingko, à avoir repoussé après le bombardement d’Hiroshima.

 

D’où la qualification de kaiju (bête étrange en japonais) poétique et écologique attribué au personnage.

 

 

INFOS PRATIQUES :

  • Exposition « Anatomie comparée des Espèces imaginaires », au musée du château des Ducs de Wurtemberg, Cour du château, à Montbéliard (25), jusqu’au 12 mars 2023. https://www.montbeliard.fr/mes-sorties-mes-activites/musees-de-montbeliard.html

     

  • Livre « Anatomie comparée des Espèces imaginaires » de Jean-Sébastien Steyer. L’ouvrage rassemble 15 figures emblématiques de la fiction, richement illustrées et méthodiquement analysées. Une invitation à découvrir la science autrement.

     

  • Escape game « La Cabinet Secret », jusqu’au 12 mars 2023, le mercredi, samedi et dimanche (du mercredi au dimanche durant les vacances scolaires) à 10h, 14h et 16h. Saurez-vous découvrir le secret de Georges Cuvier, célèbre paléontologue à l’origine de l’anatomie comparée ? Curiosités, légendes régionales, vieilles pierres... êtes-vous prêts à vous perdre dans les méandres du château et découvrir ce secret trop bien caché ? Tarif : 50 € par groupe – 5 personnes maximum À partir de 6 ans accompagné d’un adulte. Durée : 45 minutes. Réservation au 03 81 99 22 61 ou 03 81 99 22 57.








 



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