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Exposition "Face aux épidémies. De la Peste noire à nos jours"
(Archives nationales, Paris, France)
Heure locale

 

Lundi 16 janvier 2023

 

Plus que quelques jours pour découvrir l’exposition « Face aux épidémies. De la Peste noire à nos jours », qui est proposée par les Archives nationales jusqu’au 6 février prochain, à l’hôtel de Soubise (Paris 3ème). Celle-ci retrace l’impact des grandes épidémies sur la société française et l’évolution des politiques de santé. Elle souligne également les liens forts entre phénomène épidémique et questions sociales, économiques, culturelles, voire morales à travers les réactions des sociétés.

 

Cet événement est divisé en trois parties : Le fléau (endurer l’épidémie (XIVème- XVIIIème siècle), Contrer l’épidémie (1750-1914) et Nouvelles pandémies, nouvelles luttes (1914-2020). Quant au parcours de l’exposition, il est centré sur quelques maladies marquantes et, bien que concentré sur la France métropolitaine, aborde le contexte européen et international et la gestion des épidémies dans les anciennes colonies.

 

Le fléau : endurer l’épidémie (XIVème-XVIIIème siècle)

 

C’est au milieu du XIV ème siècle que la peste réapparait en Europe. Celle-ci constitue un fléau majeur en éprouvant sérieusement les sociétés humaines, en manifestant la fragilité de l’existence de chacun et en inspirant une peur sans pareil. Elle est à l’origine des plus grands épisodes de mortalité depuis l’effroyable pandémie de Peste noire au XIVème siècle (qui sévit en Europe de 1347 à 1353) jusqu’à l’épidémie qui décime près de la moitié des habitants de Marseille et de la Provence en 1720-1722. Entre ces deux épisodes majeurs, surviennent d’autres atteintes de la peste avec une fréquence élevée (c’est à dire trois à six années sur dix dans toute l’Europe).

 

Le navire « Le Grand Saint-Antoine » sera finalement à l’origine de l’épidémie de peste de 1720 : alors que le bâtiment est chargé d’une cargaison d’étoffes précieuses au retour de Syrie, la peste se déclare à bord mais la marchandise est tout de même débarquée. Plus tard, sera publié un arrêt royal portant règlement sur les précautions à prendre dans les ports du royaume, durant la peste de Provence, à l’égard des bâtiments étrangers.

 

A l’époque, il est vrai que les épidémies arrivent souvent par la mer.C’est pourquoi les autorités portuaires délivrent des patentes de santé, sorte de passeports constatant l’état sanitaire d’un navire à son port de départ.

 

Contrer l’épidémie (1750-1914)

 

A la fin du XVIIIème siècle sévit la variole (ou petite vérole) qui défigure les malades quand elle ne les tue pas. Très redoutée, on estime que cette maladie cause le décès d’une personne sur sept en Europe jusqu’au début du XIXème. Le roi Louis XV lui-même meurt de la variole le 10 mai 1774, à l’âge de 64 ans. Son corps est alors enfermé, sans embaumement , dans un cercueil de plomb, lui-même placé dans un cercueil en bois. Le cérémonial est réduit à l’essentiel pour éviter la contagion mais des services sont organisés dans les églises de Paris.

 

Bientôt, de nouvelles pandémies font irruption aux frontières européennes, à la suite notamment de la révolution des transports, de la fièvre jaune et du choléra (dont la première éruption européenne a lieu en 1802). Cette dernière maladie prendra alors le relais de la peste avec six vagues épidémiques en un siècle.

 

Les moyens de lutte s’intensifient : on relie d’abord la maladie à un environnement malsain et on encourage de nouvelles mesures d’hygiène publique, comme, par exemple, l’interdiction des inhumations dans les églises ou le curage des fosses d’aisance. Côté médical, l’inoculation, puis la vaccination antivariolique (le médecin anglais Edward Jenner procède à la première vaccination en 1796) sont instaurées dès la fin du XVIIIème siècle, jusqu’à ce que la découverte de la théorie des germes bouleverse l’interprétation des maladies infectieuses (avec la guerre livrée aux microbes) dans le dernier tiers du XIXème. Cependant, la population anglaise redoute les effets secondaires de cette inoculation comme le montre une caricature intitulée « La variole des vaches et les merveilleux effets secondaires du vaccin »

 

Cette théorie des germes est issue des laboratoires de Louis Pasteur et de Robert Koch. Elle ouvre des perspectives prometteuses dans la lutte contre les maladies dont on sait désormais qu’elles peuvent être évitées grâce à des mesures de prophylaxie et d’hygiène. L’exposition évoque d’ailleurs le laboratoire Pasteur en plongeant le visiteur dans la période féconde où toutes les découvertes biologiques et médicales s’accélèrent. L’Institut Pasteur est quant à lui inauguré à Paris le 14 novembre 1888, grâce au succès d’une souscription internationale, pour permettre à Louis Pasteur d’étendre la vaccination contre la rage, de développer l’étude des maladies infectieuses et de transmettre les connaissance qui en sont issues (ci-dessous).

En 1902, est votée la première loi générale sur la santé publique en France.


 

 

Nouvelles pandémies, nouvelles luttes (1914-2020)

 

A la fin de la Première Guerre mondiale, l’apparition soudaine de la grippe espagnole (en 1918-1919) met l’accent sur le risque pandémique grippal, caractéristique du XXème siècle. Peu à peu, s’impose l’internationalisation des questions sanitaires et, à partir des années 1920, l’accent est mis sur le développement de l’éducation à la santé et de la médecine préventive, jusqu’à la mise en place d’un système de sécurité sociale.

On retiendra aussi 1920, année de création du premier ministère de l’Hygiène (qui deviendra ministère de la Santé dix ans plus tard)

Les grandes campagnes de vaccination initiées par l’OMS (Organisation mondiale de la santé), parallèlement au développement des antibiotiques, permettent la réduction sensible des épidémies dans les pays occidentaux et même l’éradication de la variole en 1980. Malheureusement, l’apparition, en 1981, du VIH/sida semble mettre un point d’arrêt à ces progrès et suscite de nouvelles formes de mobilisation des parents, du monde de la recherche et des pouvoirs publics.

 

Le VIH/sida, c’est quarante ans de pandémie et la fin de l’utopie d’une fin de l’histoire épidémique. Pendant les premières années, médecins et chercheurs sont d’abord démunis face à ce virus inconnu et les réponses politiques se font attendre. Les malades s’organisent alors en associations, voire deviennent experts de leur maladie en participant aux essais cliniques. 1987 marque un tournant en France avec l’instauration du premier Plan sida et une première grande campagne de communication puis le lancement du programme de l’OMS à l’échelle mondiale.

Menace majeure pour des millions de personnes, notamment en Afrique, la prévention, le combat contre les discriminations et pour l’accès aux traitements constituent les principaux enjeux.

 

Les archives exposées proviennent de toutes les administrations centrales de l’Etat et des collectivités, des rois de France aux présidents, des administrations de police sanitaire au ministère de la Santé et des organismes de bienfaisance à la Caisse nationale de l’assurance maladie. Des fonds d’archives privées viennent compléter ces archives publiques tandis que de nombreuses institutions octroient des prêts exceptionnels, à l’image de la commune de Givry (Saône-et-Loire) qui permet au visiteur, et ce pour la première fois, de voir le plus ancien registre paroissial conservé en France, document qui permet de comprendre l’impact démographique du fléau, ou encore la Ville de Paris et l’église Saint-Eustache dont le retable de Keith Haring,  « La Vie du Christ», également exposé, permet d’honorer la mémoire des victimes du VIH/sida. Dès 1988, cet artiste de rue et plasticien s’engage dans la lutte contre le sida à travers son art et sa fondation. En 1990, et deux mois avant son décès des suites de cette maladie, il entreprend la création d’un retable. Sur un total de neuf exemplaires, trois d’entre eux furent remis, conformément à ses souhaits, dans des lieux qui ont marqué l’artiste. L’Eglise Saint-Eustache est l’un de ces endroits : cette paroisse fut l’une des seules à avoir à l’époque accueilli les funérailles de personnes décédées du virus.

Le retable présente le Christ sous les traits d’un enfant tenu dans de multiples bras et acclamé par la foule.

 

 

INFOS PRATIQUES :

 

  • Exposition « Face aux épidémies. De la Peste noire à nos jours», jusqu’au 6 février 2023, à l’hôtel de Soubise, 60 rue des Francs-Bourgeois à Paris (3ème). Entrée gratuite.
  • Un parcours est dédié au jeune public. Deux livrets pour une visite en autonomie peuvent être remis sur place ou préalablement téléchargés : un livret pour enfant 7-12 ans, pour une visite en famille, et un livret « enseignant » pour les visites scolaires.

  • Un ouvrage, coédité par les Archives nationales et les Editions Michel Lafon accompagne et prolonge l’exposition. 208 pages, 29€.










 



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