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Les Héros de la France éternelle - Louis XV
(33)(France)
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Lundi 26 juin 2023

 

Après le décès de Louis XIV, qui connut un règne exceptionnellement long, c’est son petit-fils qui lui succède et monte sur le trône de France, sous le nom de Louis XV, aussi surnommé « le Bien-Aimé ». Il a aussi la particularité d’être l’unique roi de France à être né et à décéder au Château de Versailles.

 

C’est à l’âge de cinq ans que Louis XV succède à son grand-père, le 1er septembre 1715, et c’est donc le duc d’Orléans qui exercera la régence du royaume, jusqu’au sacre du jeune roi, le 25 octobre 1722, en la cathédrale de Reims. Cette accession de Louis de France au trône est le résultat d’un concours de circonstances : dans l’ordre normal de succession, c’est le Grand Dauphin (fils ainé de Louis XIV) qui aurait du prendre la place, puis le duc de Bourgogne (fils du Grand Dauphin) et enfin son frère ainé, le duc de Bretagne. Or, de 1710 à 1715, la mort frappe durement la famille royale, laquelle voit le Grand Dauphin décéder de la variole en 1711, puis le duc de Bourgogne est décimé à son tour par la maladie, et enfin le duc de Bretagne rend l’âme à son tour.

Le futur roi de France aura pour précepteur l’évêque de Fréjus, André Hercule de Fleury, lequel deviendra cardinal et oeuvrera comme premier ministre du roi à partir de 1726, et avec un certain succès d’ailleurs puisque la France connaitra alors la prospérité et s’enrichira des duchés de Lorraine et de Bar.

 

La bonne image dont bénéficiera Louis XV au début de son règne s’estompera malheureusement au fil du temps : son absolutisme de droit divin se heurte aux parlements jansénistes qui rivalisent avec le souverain en matière d’autorité, ce qui ne facilite pas la tâche au jeune roi. De même, la situation du royaume sur le plan diplomatique va se détériorer face à la montée en puissance de la Prusse de Frédéric II et à celle de la Russie. Quant à la Grande-Bretagne, elle s’impose désormais comme une puissance maritime et coloniale rivale à notre pays.

Sous la régence du royaume, l’une des premières mesures prises par le duc d’Orléans (et contre les volontés du défunt Louis XIV) est de ramener le jeune roi et la cour à Paris, l’intention étant de resserrer les liens entre le peuple de Paris et son nouveau souverain. A Vincennes, de septembre à décembre 1715, Louis XV s’installe donc au Palais des Tuileries, et le Régent, au Palais-Royal. La stratégie fonctionne puisque les Parisiens se prennent d’affection pour Louis XV tandis que la noblesse, dispersée dans les hôtels de la capitale, jouit d’une liberté sans contrainte. Seule ombre au tableau, les critiques des parlementaires qui commencent à agiter le peuple en sous-main, lequel lance désormais injures et projectiles sur le carrosse du Régent, et incite ce dernier à réinstaller le roi à la cour de Versailles le 15 juin 1722, quelques mois seulement avant son sacre.

Les ennuis à venir de Louis XV tiennent en partie de la manière dont la régence s’est déroulée : Louis XIV avait tout organisé de son vivant, mais le duc d’Orléans fait casser le testament du défunt roi par le Parlement, lequel, en contrepartie, est trop content de récupérer le « droit de remontrance » dont Louis XIV l’avait privé en 1673. Sans s’en rendre compte, le Régent ouvre la porte à une ère de contestation parlementaire.

Le jeune Louis XV ne gouverne pas seul, est isolé des membres de la famille royale, des princes de sang et du chancelier, et s’appuie sur un Conseil du roi dont les décisions les plus importantes proviennent du Conseil d’en Haut largement influencé par la polysynodie, un système de gouvernement dans lequel chaque ministre est remplacé par un conseil, une manière pour la noblesse d’épée d’imposer au roi son influence politique.

 

A l’issue de la Régence, Louis XV renouvelle sa confiance au duc d’Orléans pour diriger les conseils. A la mort de ce dernier en décembre 1723, le souverain hérite d’un royaume en paix avec les autres nations européennes, et d’une situation économique en voie de redressement. Plus inquiétante est l’émergence d’une opposition gallicano-janséniste et la renaissance des parlements. Sans parler de la rivalité avec les Bourbons d’Espagne.

Opportuniste, le duc de Bourbon se présente au roi pour lui proposer d’être son premier ministre, ce que le souverain accepte, sur les conseils d’André Hercule de Fleury, précepteur de Louis XV. L’arrivée du duc de Bourbon, réputé pour son intelligence limitée, laisse Fleury imaginer qu’il pourra gouverner dans l’ombre.

L’extension du « Code noir » pour la Louisiane et les Îles Mascareignes reste l’une des décisions de ce gouvernement de Louis de Bourbon qui officia de la fin 1723 à mi 1726. Compilation de deux ordonnances de Louis XIV (1685), ce Code noir se trouve renforcé à la suite de cette extension.

La fin de ce gouvernement intervient en 1726 dans un contexte économique détérioré : les tornades de 1725 ont détruit les récoltes de grain et le pain commence à manquer .De plus, les caisses de l’Etat sont vides à la suite de l’effondrement du système de Law (mis en place par le duc d’Orléans dans le but de liquider la dette laissée par Louis XIV) consistant à développer l’utilisation du papier-monnaie à la place des espèces métalliques, pour faciliter le commerce et l’investissement.Il est alors décidé de promulguer une nouvelle taxe appelée « cinquantième » applicable à tous. Branle-bas de combat chez la noblesse et chez le clergé. Le parlement, lui, refuse de signer un édit permettant de réduire les dépenses mais un lit de justice lui impose l’enregistrement tandis que l’opinion se retourne.

 

Le gouvernement suivant a à sa tête le cardinal de Fleury. Même si le roi a décidé de supprimer dorénavant le poste de premier ministre, le nouvel arrivant, âgé de 73 ans, l’exerce de fait : durant son mandat, Fleury, aidé des contrôleurs généraux des finances, parvient à stabiliser la monnaie française et à gérer la fin du système de Law. Mieux, le budget de 1738 sera même à l’équilibre. Pour favoriser l’expansion économique, on améliore les voies de communications (canal de Saint Quentin, achevé en 1738) et on développe le réseau routier sur tout le territoire. Militairement, Louis XV réalise l’idée de son arrière grand père, qui est de ne plus dépendre des importations d’armes et crée une manufacture d’armes blanches installée en Alsace. Côté commerce, on privilégie les productions du royaume et le commerce maritime extérieur de la France bondit de 80 à 308 Millions de livres entre 1716 et 1748. Mais le cardinal vieillissant, bien qu’accroché à sa fonction, aura de plus en plus de mal à remplir cette immense tache qui lui a été confiée. Ce vieux serviteur de Sa Majesté s’éteint en 1743, laissant désormais la voie libre à Louis XV pour exercer seul le pouvoir.

Si le souverain de 33 ans promet d’être fidèle à son bisaïeul Louis XIV, il en est très différent en terme de personnalité : Louis XV ne mélange pas vie publique et vie privée, doute de ses capacités et de son écoute malgré une vive intelligence, et sa timidité lui fait préférer l’écrit à l’oral. En revanche, il se tient informé via son cabinet noir, la diplomatie secrète et le lieutenant général de Police de Paris sur tout ce qui se passe dans le royaume.

La dette préoccupe le roi qui décide de supprimer l’impôt du dixième en 1749 pour le remplacer par l’impôt du vingtième. Cette taxe, qui s’impose à tous les sujets, financera la Caisse générale des amortissements dédiée au remboursement de la dette, mais fait réagir le clergé et la noblesse habituellement dispensés d’impôts. Les premiers paieront leur dû sous la forme de don gratuit (en s’occupant des pauvres et de l’enseignement) et les seconds en s’acquittant de l’impôt du sang sur les champs de bataille.

De 1747 à 1748, les mauvaises récoltes génèrent des problèmes d’approvisionnement et occasionnent un afflux de mendiants et d’affamés sur Paris, lesquels sont immédiatement arrêtés et enfermés dans des « maisons de force ». Les excès se multipliant, les rumeurs vont bon train et l’image du roi en pâtit.

 

Attardons-nous un instant sur le portrait de ce roi surnommé le « Bien Aimé » : physiquement, il a la taille cambrée et le port majestueux, un beau visage recouvert d’un masque d’impassibilité difficile à percer. Le roi adore dissimuler sa pensée, sans doute à cause de sa timidité.Il est également sujet à des accès de neurasthénie lors desquels il s’enferme dans un mutisme complet.

 

Il possède une excellente mémoire et se rappelle avec précision d’une foule de détails. C’est un lecteur assidu, qui possède des bibliothèques dans toutes ses résidences royales. Curieux, il s’intéresse tout particulièrement aux sciences et aux techniques, à l’astronomie, à la médecine, à la géographie et à la botanique.

 

Grand chasseur,il pratique la chasse quatre à six fois par semaine et est attentif à ne pas causer de dégâts aux cultures. Il connait tous les chiens de sa meute pour lesquels il fait aménager dans les appartements du château de Versailles le cabinet des chiens (une salle qui leur est réservée).

 

Louis XV confiera avoir connu des années heureuses aux côtés des siens : la reine Marie Leszcynska jouera parfaitement son rôle de représentation et donnera au roi un enfant presque chaque année. Le couple royal aura ainsi dix enfants, dont une majorité de filles (que le roi aime par-dessus tout).

 

Vie de famille ou pas, le roi a des maitresses, les premières maitresses et les petites maitresses. Les plus célèbres de toutes furent Madame de Pompadour et la comtesse du Barry :

 

- Madame de Pompadour est introduite à la cour par relations, est remarquée par Louis XV puis devient sa maitresse-en-titre pendant six années, de 1745 à 1751. Le roi lui fera construire le Petit Trianon et le château de Bellevue et lui offrira aussi le domaine de Pompadour qui la fera accéder à la noblesse en tant que marquise. Après 1751, elle demeurera confidente et amie du roi, le conseillant au passage sur l’aménagement de la place Louis XV (Place de la Concorde) ou sur la création de la manufacture de porcelaine de Sèvres.

 

- Dernière favorite de Louis XV, la comtesse du Barry mourra tragiquement, guillotinée à Paris le 9 décembre 1793. Sa grande beauté lui vaudra de devenir une personnalité importante du demi-monde parisien.Plusieurs nobles seront ses amants et lui enseigneront les manières de la cour pour l’introduire ensuite auprès du roi et en tirer eux-mêmes avantages. Appréciée pour son esprit et son mécénat, elle reste détestée pour ses origines de roturière et jalousée pour son statut de maitresse royale.

 

Les dernières années de règne de Louis XV ne sont pas très joyeuses : Marie-Antoinette, l’épouse de son héritier ne cache pas son antipathie contre Madame du Barry, mais le roi, imperturbable, poursuit la construction de l’opéra-théâtre du palais de Versailles (qui sera achevé pour les fiançailles du Dauphin et de Marie-Antoinette) et de la place Louis XV.

Atteint de la petite vérole, Louis XV meurt en quinze jours, et s’éteint le 10 mai 1774 à 15h30. Chose stupéfiante, l’impopularité accumulée du roi est telle que sa mort est accueillie par une foule en liesse dans les rues de la capitale. La détestation sera si forte que le cortège funèbre contournera Paris de nuit afin d’éviter les insultes du peuple sur la route menant à la basilique Saint-Denis.

Notons toutefois que cette détestation des Parisiens tranche avec la profonde tristesse des Français de province, qui organiseront des offices dans toutes les villes et gros bourgs du royaume de France et de Navarre pour le repos de l’âme du roi.

 

 

INFOS PRATIQUES :


  • Livre « Louis XV : passions d’un roi » de Yves Carlier et Hélène Delalec (In Fine éditions d’art)











 



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