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Exposition "En Vadrouille avec Louis de Funès"
(Musée national de l'Automobile, Mulhouse, Haut-Rhin, France)
Heure locale

 

Lundi 3 juillet 2023

 

Et si nous partions en vadrouille avec Louis de Funès, à l’invitation du Musée National de l’Automobile de Mulhouse (68) qui propose jusqu’au 5 novembre prochain une exposition temporaire consacrée à l’acteur français et ses voitures de légende. L’occasion de (re) découvrir les voitures emblématiques des films de Louis de Funès, disparu il y a tout juste quarante ans.

 

On se souvient encore de la 2 CV du Corniaud, la DS d’Hibernatus et de Rabbi Jacob et de la Méhari des Gendarmes...Dans ces films, ces voitures emblématiques des années 1960 et 1970 sont des personnages à part entière qui ont marqué l’imaginaire de toute une génération de spectateurs.

C’est que Louis de Funès représente l’histoire alternative de la France, la vie et la filmographie de cet artiste s’étant largement entremêlées avec divers épisodes de l’histoire de son siècle, sociaux, culturels, économiques ou politiques.

 

Au cours des Trente Glorieuses, la voiture devient peu à peu un symbole de liberté et de réussite sociale pour un bon nombre de Français. A cette époque, l’émergence des classes moyennes permet aux familles d’accéder à la propriété, faisant au passage exploser le parc automobile, qui passe de 6,7 millions de voitures en circulation en 1960 à 13,7 millions dix ans plus tard.

Dans le même temps, la télévision entre dans les foyers : 23 % d’entre eux possèdent un téléviseur en 1962, et 62 % en 1968. Nos compatriotes découvrent ainsi ce cinéma qui popularise les belles anglaises comme l’Aston Martin DB5 de James Bond, et les muscle cars à l’image de la Ford Mustang de Bullit.

Dans ses films, Louis de Funès roulera souvent en Citroën DS, l’archétype idéal de la glorification de l’image de notre pays dans le monde. L’acteur voyagera aussi à bord du paquebot « Le France », dans Le Gendarme à New York, brocardant au passage la jeunesse qui connaitra bientôt la crise estudiantine de 1968.

Juste incarnation des personnages les plus injustes, Louis de Funès se plait souvent à jouer les conducteurs irascibles derrière le volant de la 2 CV démantibulée du film Le Corniaud, la DS de Fantômas ou la Méhari des Gendarmes. Et certains de ces véhicules deviendront si emblématiques qu’ils renforceront l’expression et les attitudes de l’acteur, sous les traits du personnage odieux, autoritaire et caractériel qui lui ont fait connaître le succès, jusqu’à rester aux yeux des Français un pur génie comique.

 

En route vers les années 1960 avec le film de Gérard Oury (1965), « Le Corniaud ». Les deux voitures exposées sont deux modèles originaux du film, la 2 CV démantibulée et la Cadillac : une Rolls-Royce Silver Ghost, une Rolls-Royce Silver Cloud et une Bianchina Cabriolet.

Deux hommes, deux voitures et une rencontre déterminante pour cette scène d’ouverture de film devenue culte, une scène reconstituée pour la toute première fois dans le cadre de l’exposition. Filmée à la fin du tournage le 7 décembre 1964, derrière le Panthéon, la scène est certainement la plus célèbre du film que l’on doit notamment à Pierre Durin, l’un des plus grands spécialistes en trucages, qui imagina une 2 CV s’éventrant après avoir été percutée par une Rolls. Une Citroën en pièces détachées réassemblées et maintenue entière grâce à 250 boulons d’explosifs mis en œuvre par de petits appareils électriques qui désolidarisaient les morceaux de la 2 CV au moment opportun à l’aide d’une télécommande, et sur une durée totale de...quatre secondes !

Pour ce passage, Gérard Oury fit appel à deux grands comiques, Louis de Funès et Bourvil, qui improvisèrent chacun une réplique lors du tournage de la scène culte.

L’exposition rappelle les origines de la 2 CV, conçue en 1934 par Pierre Jules Boulanger pour être « la voiture de tous, la voiture pour tous ». La seconde guerre mondiale contrarie sa mise en production et les essais sur route du véhicule se font dans le plus grand secret afin que l’idée de la deudeuche de Citroën ne soit reprise par l’occupant. Présentée au grand public le 7 octobre 1948, la 2CV qui connait un succès immédiat, requerra un délai d’attente de sept années avant d’être livrée.


 

Une histoire d’amour naitra entre Louis de Funès et la DS (dont deux modèles sont exposés, celui de Fantômas et celui de Rabbi Jacob) :

La DS, gravée dans la mémoire collective, doit aussi sa renommée à ses nombreuses apparitions cinématographiques durant les années 1960. Elle est probablement la voiture que l’on aperçoit le plus dans les films de Louis de Funès, même si elle ne devient une véritable star que dans le film « Fantômas se déchaine », grâce au génie du chef décorateur Max Douy qui réalise le fantasme de la voiture volante.

 

La célèbre « déesse » sera la principale attraction du Salon de l’automobile de 1955 au Grand Palais : sa ligne pure et audacieuse, son confort inoubliable rendu possible grâce à une suspension hydraulique spécifique à la marque, et ses nombreuses innovations techniques (direction assistée, boite de vitesse automatique, freins à disque et phares pivotants) en feront le véhicule chouchou des cadres supérieurs, des notables, des stars et des élus de la République, jusqu’au général de Gaulle qui en fera la voiture officielle de la présidence. Dans les années 1960, la DS participera également à des rallyes, remportant à deux reprises le rallye de Monte-Carlo (en 1959 et en 1966) et le Tour de Corse (en 1961 et 1963).

Enfin, l’attentat du Petit-Clamart, hissera la voiture au rang de véhicule de sûreté ayant sauvé la vie au couple présidentiel.

 

La série des Gendarmes fera le triomphe de la Méhari (dont deux modèles sont exposés, la Ford Mustang et la Oldsmobile).

Ce véhicule est sans conteste l’un des emblèmes des films de Louis de Funès. On imagine aisément l’acteur engoncé dans son uniforme, les bras tendus bien raides sur le volant. Et le gendarme le plus connu au monde de conduire une version kaki militaire de cette voiture dans « Le Gendarme et les Extra-terrestres » et « Le Gendarme et les Gendarmettes ».

C’est lors d’une mésaventure, lors du vol de sa caméra, que Richard Balducci, scénariste, réalisateur et auteur, imagina le scénario du Gendarme de Saint-Tropez, après avoir été dans l’impossibilité de déposer plainte pour vol dans cette même gendarmerie, les gendarmes ne recevant pas les plaintes entre 12h et 14h. D’où l’idée d’un scénario de film basé sur une bande de gendarmes incompétents.

 

Récompensé d’une Victoire du cinéma pour son interprétation, Louis de Funès voit sa notoriété exploser à la sortie du film. Intervenant à plusieurs reprises sur le scénario, c’est lui qui aurait eu l’idée du personnage de Clotilde, la religieuse roulant en 2 CV, dont la conduite a marqué tous les esprits.

Avec plus de 8 millions de spectateurs dans le monde, « Le Gendarme de Saint-Tropez » reste le plus grand succès de 1964. Aujourd’hui encore, on ne compte pas les touristes qui se rendent encore à la vraie gendarmerie de cette station balnéaire, alors que celle qui a servi au tournage du film est depuis devenue un musée consacré au film ainsi qu’au cinéma à Saint-Tropez.

 

Quant à l’histoire de la Méhari, elle débute en 1968. Produite de 1969 à 1987, à 144 953 exemplaires, elle ne subit que quelques modifications mineures tout au long de sa carrière (clignotants, feux, calandre ,tableau de bord et compteur). Précurseur des monospaces, ce véhicule offrait une large vue sur l’extérieur une fois la capote-bâche déposée, la possibilité de retirer la banquette arrière et le plancher plat (une fois la banquette repliée). De plus, sa tenue de route était excellente et son poids léger lui permettait d’être à l’aise en tout-chemin.

 

En 1967, « Les Grandes Vacances » film de Jean Girault, nous entraine vers la Simca (également exposée dans cette exposition).

Cette année-là, la France parle déjà beaucoup des revendications de la jeunesse et du conflit des générations. Dans le film, Charles Bosquier, directeur de collège (interprété par Louis de Funès) décide de surveiller son fils Philippe recalé au bac à cause de son niveau d’anglais. Ce dernie , qui accueille une charmante étudiante anglaise, est suivi en DS par Charles Bosquier. Les deux enfants, eux, circulent à bord d’une Austin Mini. Cette filature pour le moins cocasse permettra à Louis de Funès de déployer tout son génie comique.

Dans une autre scène, le célèbre acteur s’improvise livreur de charbon, bien décidé à livrer tous ses sacs en un temps record, enchainant ainsi les virages nerveusement au volant d’une Renault Galion, peu adaptée à la conduite sportive.

 

En route vers les années 70, l’exposition nous conduit cette fois vers deux autres films et deux voitures différentes :

 

- « L’Homme orchestre » (Serge Kober, 1970) dévoile, dès le générique Louis de Funès au volant d’une FIAT 124 coupé, qui affronte aux feux rouges des Ford Mustang, Alfa Romeo Giulia et autres voitures sportives. Vient alors une Lamborghini Miura qui vient le déchoir de son statut de meilleur starter. Je vous laisse imaginer la suite.

 

Avoir l’oeil à tout, était l’obsession de l’acteur dans ce film. Cette production est un « tournant » du cinéma français où Louis de Funès évolue dans de somptueux décors sur une musique de François de Roubaix. Reste la compagnie de danse contemporaine d’Evan Evans, qui tétanise notre homme. On replonge ainsi dans les années de la mode et du design, avec Courrèges pour les femmes et Cardin pour les hommes. Les cols roulés aux teintes flamboyantes que revêtent Louis de Funès et son fils, et la décoration de l’hôtel à Rome ancrent cette comédie dans les années débridées de la création.


 

- Les Aventures de Rabbi Jacob (Gérard Oury, 1973) affiche la couleur : Un certain Victor Pivert, chef d’entreprise réac et raciste est pris pour un rabbin orthodoxe new-yorkais de passage à Paris, qui se retrouve avec les mêmes tueurs à ses trousses que ceux du dirigeant en exil d’un pays arabe. Le scénario idéal pour apprendre à découvrir l’autre et initier en accéléré aux principes de tolérance.

La très célèbre réplique « Salomon vous êtes juif ??? » de Louis de Funès à son chauffeur Henry Guibet reste l’une des répliques les plus simples et les plus efficaces pour dénoncer l’antisémitisme. Et ce moment spécial se déroule à bord d’une DS. Notre acteur national devient de fait le héros d’un vrai film d’aventures au tempo américain, à savoir une course-poursuite d’une heure quarante pleine de quiproquos et de rebondissements, qui débute à New-York, et qui se poursuit entre Deauville et Paris dans une DS avec une barque, passe par le café des Deux Magots et une usine de chewing-gum pour s’envoler sur la rue des Rosiers et finir avec un hélicoptère.


 

Il est un homme à qui l’on doit beaucoup pour son talent : Rémy Julienne, champion de France de moto-cross, va s’illustrer à travers les cascades de plus de 400 films dont la Grande Vadrouille, le Grand Restaurant, Les Grandes Vacances, Sur un Arbre perché, Les Aventures de Rabbi Jacob, L’Aile ou la Cuisse et bien sûr la série Les Gendarmes.

Tout au long de ses 46 ans de carrière, le « Einstein des cascades » collaborera avec les plus grands noms du 7ème Art. Son nom apparaitra dans plus de 1400 génériques, dont une dizaine de films de « Bébel », et six volets de la franchise James Bond.

 

En guise de conclusion, l’exposition aborde les liens que Louis de Funès entretenait avec les voitures en dehors des plateaux de tournage. Collectionneur, il possédait d’ailleurs quelques modèles incontournables dont la Renault 6, présentée ici.

Après le tournage du Petit Baigneur, Robert Dhéry encouragea Louis de Funès à « se faire plaisir » en s’offrant une Jaguar Mark 2 bleue. Mais ce dernier la trouva trop luxueuse pour lui et s’offrit une Renault 6, plus pratique au quotidien, avant d’en acquérir une deuxième pour sa femme.

Louis de Funès possédait aussi une 4CV, une traction II légère, mais aussi une Versailles ID19, une DS 19, la fameuse Jaguar, la R6 et une FIAT 650 pour aller au théâtre.

 

 

 

INFOS PRATIQUES :

  • Exposition « En vadrouille avec Louis de Funès », jusqu’au 5 novembre 2023, au Musée National de l’Automobile, 17 rue de la Mertzau, à Mulhouse (68).
  • Catalogue d’exposition « En Vadrouille avec Louis de Funès », en vente sur place.











 



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