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Exposition "Et Julien Viaud devint Pierre Loti. Le voyage de La Flore dans le Pacifique, 1872"
(Musée Hèbre, Rochefort, Charente-Maritime, France)
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Lundi 21 août 2023

 

Dans le cadre de l’année Loti à Rochefort, les musées de la ville présentent l’exposition « Et Julien Viaud devint Pierre Loti. Le Voyage de la Flore dans le Pacifique, 1872 », visible jusqu’au 30 septembre 2023. Cet événement, offert par le Musée Hèbre, permet de découvrir le périple du jeune aspirant de Marine dans le Pacifique.

 

Cette exposition évoque en effet un épisode essentiel dans la vie de Pierre Loti, avec son premier voyage aux antipodes. Mais qui est Pierre Loti ?

L’homme nait le 14 janvier 1850 dans une famille huguenote bourgeoise de Rochefort, sous le nom de Julien Viaud. Troisième enfant tardif de Théodore Viaud, d’origine catholique, modeste secrétaire de mairie, et de Nadine Texier, épouse et mère exemplaires, issue de la bourgeoisie protestante de l’Île d’Oléron. Le petit Julien a été précédé de sa sœur ainée, Marie, âgée de 19ans, et d’un frère, Gustave, 14 ans.

Toute la famille vit dans la maison de la grand-mère maternelle Henriette Texier, une maison dominée par les femmes. Julien est alors choyé par ses trois tantes, toutes « vieilles filles », lesquelles, au moment de sa naissance, vivent encore aux côtés de leur propre mère alors âgée de 62 ans. La grand-mère paternelle, elle, Marie-Anne Morillon, a 72 ans, et est le membre le plus âgé de la famille, veillant à tout au sein de cette maisonnée.

 

Dernier né de cette famille nombreuse, Julien concentre sur lui toute son affection. Un sentiment qu’il décrira plus tard, dans « Le Roman d’un enfant », dont Julien est l’auteur sus le nom d’écrivain Pierre Loti. Toutes les attentions se portent sur lui, on lui interdit de sortir seul et on le garde à la maison jusqu’à l’âge de douze ans afin d’assurer son instruction.Une emprise familiale qui se révèle étouffante et le prive de liberté. Julien se construit pourtant son propre univers dans sa chambre, entouré de vitrines et d’étagères emplies d’oiseaux empaillés, de papillons, de coquillages et de divers objets polynésiens rapportés des colonies.Cet environnement le conduit à imaginer des pays lointains que son métier de marin lui permettra de découvrir.

 

Son frère Gustave, chirurgien de Marine, lui écrit des lettres détaillées lui parlant de la mer, du soleil, de la nature et des colonies. De retour à Rochefort en 1862, il lui offre une pirogue miniature, un cadeau que Julien conservera toute sa vie, au milieu d’autres bibelots, révélant l’attachement de l’homme au passé. Un passé qui sera pour lui source éternelle de collections. Pierre Loti conserve en effet les souvenirs d’enfance, de jeunesse, de voyage et de guerre. C’est donc ce petit musée qui sera à l’origine du parcours que le romancier empruntera par la suite.

Faute de pouvoir s’évader, l’enfant feuillette ses journaux favoris, « Magasin pittoresque » et « Messager » et s’enfonce dans les rêves. Julien se passionne également pour les récits de voyages tels que « Le Voyage en Orient »de Lamartine, « Paul et Virginie » de Bernardin de Saint-Pierre ou « Salammbô » de Flaubert. Et découvre aussi par ses lectures l’Orient, le Nouveau Monde, la Polynésie et l’Afrique. Rien qu’à Rochefort, il croise déjà marins, explorateurs, voyageurs et marchands qui rapportent objets et contes exotiques de ces lointaines contrées et nourrissent l’envie d’ailleurs de l’enfant.

 

1872 est donc l’année de son premier grand voyage. Les six premiers mois de ce périple, Loti sillonne le Pacifique et visite l’Île de Pâques, les Marquises et Tahiti. Et s’étonne en constatant que les Occidentaux précipitent la disparition d’antiques cultures. Il en sera tellement bouleversé que l’acculturation des sociétés traditionnelles sous emprise occidentale constituera pour lui une préoccupation constante.

Le cadeau de son frère Gustave, un grand livre doré intitulé « Voyage en Polynésie » lui fera découvrir un Tahiti fantasmé rempli d’images exotiques dont ce portrait de S.M Pomaré IV, reine de Tahiti, ou encore ces jeunes filles tahitiennes sur une plage, couronnées de fleurs et la poitrine nue.

Et le rêve de devenir réalité lorsque le marin Julien Viaud débarque à son tour à Tahiti dans le cadre de l’apprentissage de son métier: son séjour lui donne l’occasion de faire connaissance de la reine en personne. Ce vécu permettra à l’écrivain Pierre Loti de relater ces expériences exotiques dans l’un de ses plus célèbres romans, « le Mariage de Loti » en 1880, l’année où Tahiti devient une colonie française. L’histoire retrace l’aventure amoureuse d’un officier anglais avec une héroïne polynésienne, Rarahu, un personnage tout droit sorti de l’imaginaire de Pierre Loti (lequel n’a jamais vécu d’aventure amoureuse sur l’île).

C’est aussi à cette époque que notre homme se lance en littérature, en publiant une série de textes accompagnés de dessins dans la revue L’Illustration. Des articles devenus aujourd’hui de précieux témoignages ethnographiques.

 

L’exposition insiste également sur les liens de Loti avec l’île de Pâques, que l’écrivain décrit avec force détails à travers ses dessins, des écrits, et sa collection, permettant ainsi de mieux connaître cette terre lointaine dont les seuls témoignages émanaient jusqu’à présent de James Cook et La Pérouse. Certains des objets pascuans rapportés de son voyage là-bas seront plus tard acquis par les surréalistes dont André Breton, fascinés par Rapa Nui (nom pascuan de l’Île de Pâques) malgré leur dédain pour Loti. Conférences, visites guidées et visites contées permettent aux visiteurs d’en apprendre davantage sur cette aventure initiatique pour l’écrivain.

 

C’est à l’âge de 22 ans que l’aspirant Julien Viaud embarque sur le « Vaudreuil », un aviso à hélice. Le navire quitte Lorient le 18 mai 1871, puis fait escale à Montevideo (Uruguay) entre le 28 août et le 6 septembre de la même année, avant de franchir les passes du détroit de Magellan et d’atteindre Valparaiso (Chili) le 11 octobre.

Julien reste alors à Valparaiso pendant deux mois puis embarque sur la frégate à voiles « la Flore », laquelle appareille le 19 décembre 1871 pour l’Île de Pâques qu’elle atteindra le 3 janvier 1872. Cette escale, qui durera quatre jours, permet à Julien de naître à la littérature en écrivant le journal de l’aspirant de « La Flore » accompagné de dessins. Il est au milieu de nulle part, dans une région où l’on ne passe jamais, sur une île mystérieuse et isolée. Aucune autre terre environnante ne surgit du Pacifique. Et Julien est cerné par l’Île de Pâques plantée de hautes statues monstrueuses, dont on ne sait précisément d’où elles viennent.

La frégate poursuit allègrement son voyage et atteint Nuku Hiva (archipel des Marquises) le 19 janvier 1872, pour repartir en direction de Tahiti (où le navire fera escale jusqu’au 23 mars). Le merveilleux périple emmène maintenant Julien Viaud mouiller à Woahoo (port de Honolulu) du 9 au 18 avril. Puis, le navire lève à nouveau l’ancre le 8 mai pour mettre le cap sur San Francisco où l’équipage fera relâche jusqu’au 1er juin. Une dernière escale à Tahiti aura lieu du 26 juin au 4 juillet, avant que navire n’appareille à nouveau pour Valparaiso.

 

 

INFOS PRATIQUES :


  • Exposition « Et Julien Viaud devint Pierre Loti. Le Voyage de La Flore dans le Pacifique, 1872 », jusqu’au 30 septembre 2023, au Musée Hèbre, 63-65 Avenue Charles de Gaulle, à Rochefort (17).

  • Catalogue de l’exposition en vente sur place au prix de 25€.

  • Livret de découverte de l’exposition à disposition gratuitement à l’accueil du musée.









 



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