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Le Temple du Ciel à Pékin
(Chine)
Heure locale

Samedi 29 octobre 2011

 

Est-il encore besoin de rappeler que la Chine, à l'origine d'inventions comme la boussole, le papier, le billet de banque, les pâtes alimentaires ou la poudre à canon, fut longtemps une civilisation très avancée , foyer de nombreuses innovations dans les sciences et les arts. Sa civilisation reste, depuis 5000 ans, l'une des plus anciennes civilisations au monde. Pendant deux millénaires, la Chine subit différentes influences contradictoires : Lorsque le pouvoir dynastique se délitait, qu'il ne contrôlait plus les famines, les sectes apparaissaient, et les provinces lointaines se retrouvaient sous la coupe de chefs de guerre qui ne reconnaissaient plus l'autorité de l'Empereur. Ils s'autoproclamaient alors Fils du ciel , divisant l'Empire en autant de royaumes rivaux, montrant ainsi que l'Empereur n'avait plus le mandat du ciel, ce concept chinois apparu sous la dynastie Zhou, permettant d'affirmer la légitimité du pouvoir des Empereurs chinois. Ce mandat du ciel était fondé sur l'approbation que le ciel ( s'exprimant plus tard via les éléments naturels) accordait (ou pas) aux dirigeants sages et vertueux. Les catastrophes naturelles apparaîtront ainsi comme un appel du ciel au peuple chinois pour que celui-ci se rebelle et mette en place une dynastie plus vertueuse.


Le Temple du ciel fait partie de cette croyance dans le pouvoir du ciel et est l'un des grands sanctuaires du pays, situé dans la ville chinoise, un quartier de la partie sud de Pékin, dans le district de Xuanwu. Edifié sous la dynastie des Ming, Tiantan (Temple du ciel) est un modèle d'équilibre de de symbolisme architecturaux chinois. C'est à cet endroit que je vous emmène aujourd'hui, dans un parc de 272 hectares. Ce sanctuaire contient plusieurs sites ( les principaux d'entre eux sont reliés à un axe nord-sud par un passage surélevé surnommé le pont de l'escalier rouge ( première photo ci-dessous). L'autel du ciel ( deuxième photo ci-dessous) est constitué d'un nombre de dalles de pierre concentriques multiple de neuf. Le chiffre le plus favorable. Avec sa forme circulaire, le mur de l'écho (troisième photo) permet à deux personnes placées aux deux extrémités de dialoguer sans élever la voix. Lieu étranger que ce sanctuaire, construit du génie de l'homme.


Initialement appelé Monument du ciel et de la terre (sous le règne de l'Empereur Yongle) le Temple du ciel fut agrandi en 1420 et servit d'endroit où les empereurs des dynasties Ming et Qing venaient prier le ciel et offrir des sacrifices afin d'obtenir de bonnes récoltes et de la pluie. Les bâtiments aujourd'hui visibles remontent à l'époque Qing, et sont de fidèles reproductions de ce qui existait sous le règne de l'empereur Jiajing (Ming). L'empereur Jiajing , onzième empereur de la dynastie, sera en effet plus préoccupé par la réforme des grands rites et sacrifices impériaux que par l'exercice du pouvoir (qu'il laissera aux eunuques, précipitant ainsi la fin de la dynastie Ming). Ce lieu, qui se révèle être un grand parc est délimité au nord par un mur d'enceinte en demi-cercle ( avec des tuiles de couleur bleur symbolisant le ciel), puis au sud par un mur en carré (les enceintes carrées sont couvertes de tuiles de couleur verte,symbolisant la Terre). Des parois annulaires viennent compléter la construction qui se divise en deux parties : Une partie interne et une partie externe.

Dans le partie interne se trouvent les bâtiments anciens du sanctuaire : La Salle de la prière pour de bonnes moissons (ci-dessus) située au nord, la Voûte Céleste impériale (première photo ci-dessous), l'autel du ciel ,le Palais de l'abstinence (deuxième photo) ( où les empereurs se rendaient pour faire abstinence avant les périodes de rituels), le Pont de l'escalier rouge, le long couloir ( qui conduit à la Salle de Prière) (troisième photo), les sept météorites et le cyprès du dragon.


La partie externe de ce complexe (interdit au commun des mortels sous les dynasties Ming et Qing) est constituée par le Palais de la musique divine (photo ci-dessous) utilisé autrefois pour enseigner et offrir la musique rituelle lors des cérémonies sacrificielles). Le plus difficile consiste à décider par quoi on va commencer la visite, car l'endroit est immense. Je choisis de me rendre à la Salle de Prière, le site « phare » de ce sanctuaire. Pour ce faire, j'emprunte un long couloir ( passage couvert ci-dessus) qui part de la porte Est jusqu'à la Salle de Prière (deuxième photo ci-dessous). L'endroit est bondé tant il y a de touristes. Des marchands ambulants ont envahi l'endroit et vendent des banalités (jouets, foulards...) aux gogos de passage. Les peintures ornant le plafond de ce corridor sont remarquables. A proximité, on peut apercevoir une allée bordée de vieux cyprès (dont le plus vieux a 800 ans) (troisième photo) : Il s'agit d'une ancienne forêt de cyprès qui symbolise l'objet rond de jade bleu rendant hommage au ciel sous la dynastie Zhou. Les 4000 cyprès qui peuplent le parc sont aujourd'hui de précieuses reliques de ce sanctuaire. Ils furent plantés durant la dynastie Jin, lors de la construction de la capitale.


A l'extrémité du corridor, il me faut montrer mon ticket multientrées afin de pouvoir pénétrer sur la place où se trouve la Salle de Prière. On y accède par une porte monumentale. La Salle de prière apparaît majestueuse, comme sur les photos. Tout autour, se dressent des piliers de pierre avec des sculptures d'animaux (photo ci-dessous). A la fin des sacrifices réalisés afin d'implorer le ciel pour obtenir de bonnes récoltes, on préparait les animaux sacrifiés dans la cuisine divine, avant d'être apportés à cette Salle de Prière, en passant par le long couloir.

La Salle de Prière est surnommée Qinian Dian. Construite en 1420, elle est souvent surnommée, à tort, le Temple du ciel mais aucun temple ne porte en réalité ce nom à Tiantan (autel du ciel), le site où je me trouve.

Le toit circulaire de Qinian Dian attire mon attention : Celui-ci symbolise le ciel et est naturellement de couleur bleue. Il est coiffé en son sommet par un fleuron d'or, perché à 38 mètres du sol et dont le rôle est d'attirer la foudre. La couleur des piliers de l'édifice est rouge ( couleur impériale). A l'intérieur ( première photo ci-dessous), j'admire les hauts piliers du puits du Dragon. Ceux-ci, au nombre de 28, soutiennent les toits de la salle et sont richement décorés. Au centre, quatre immenses colonnes appelées piliers du puits du Dragon illustrent les saisons tandis que les 24 autres petits piliers symbolisent les mois de l'année plus les deux fois douze heures de la journée. A ne pas manquer : Le spectaculaire plafond à caissons (deuxième photo). De forme circulaire, il est orné en son centre d'un dragon et d'un phénix dorés. On retrouve d'ailleurs ces mêmes motifs à plusieurs autres endroits dans le Qinian Dian et ces deux animaux représentent l'empereur (dragon) et l'impératrice (phénix). La salle a été entièrement construite en bois et...sans un seul clou ! Au centre, on aperçoit les tablettes à la mémoire des ancêtres de l'Empereur. Lui seul, en tant que fils du ciel, pouvait intercéder auprès des dieux qui étaient incarnés par ces mêmes tablettes, et au nom de son peuple, afin d'obtenir de bonnes récoltes pour l'année à venir. Enfin, toujours à l'intérieur de cette salle, se trouve un tertre circulaire de marbre (troisième photo) , composé de trois terrasses de marbre formant un cercle de 90 mètres de diamètre et de 6 mètres de hauteur. Là avaient lieu les offrandes symboliques. A l'étage supérieur, les balustrades sont décorées de sculptures de dragons illustrant la nature impériale de l'édifice. A l 'extérieur, une plaque nominative est fixée sur le Qinian Dian. Ces plaques sont souvent écrites selon la calligraphie d'un empereur.


Sur la place, de chaque côté du Qinian Dian, j'observe deux salles : Les salles annexes Ouest et Est (photo ci-dessous). Toutes deux érigées en 1420 ( durant la 18è année de règne de l'Empereur Yongle des Ming), leurs façades originales offrent une double couloir. A l'intérieur de la salle annexe Est, on peut découvrir une exposition sur l'histoire et la culture de la Salle de Prière (Qinian Dian). Le Hall d'entrée accueille les tablettes divines des dieux accompagnateurs.


 

Je m'aperçois rapidement que j'ai débuté le circuit à l'envers. En réalité, Qinian Dian est l'aboutissement du site , la destination finale d'un empereur qui vient implorer le ciel. Celui-ci accédait autrefois au Qinian Dian par la porte principale (Porte des prières pour de bonnes moissons) que je franchis maintenant (photo ci-dessous) : La porte du milieu était à l'usage exclusif du dieu du ciel, la porte Est (à droite) était celle empruntée par l'empereur tandis que la porte Ouest ( à gauche) était l'accès réservé aux personnalités officielles. Cette porte monumentale est construite sur une grande terrasse entourée de balustrades et dispose d'un toit carré. Elle était la plus grande porte existante du temps de la Chine ancienne.

De là, je redescend le Pont de l'Escalier rouge ( que l'Empereur remontait pour se rendre via cette grande porte à Qinian Dian). Ce pont ( du moins c'est ainsi qu'on surnomme ce passage) relie ainsi le triple portique de l'Empereur ( au sud) tout près de la Voûte Céleste impériale, au Qinian Dian ( au nord, et situé en hauteur)(photo ci-dessous). Ce pont mesure 360 mètres de longueur, 30 mètres de large et 4 mètres de haut. C'est le plus vieux passage de la ville de Pékin. La pierre qui se trouve dans sa travée centrale symbolisait la route divine et était construite à l'usage exclusif de l'empereur. Une autre route ( dite la route du Roi) était réservée aux aristocrates et aux officiels de haut rang qui accompagnaient l'empereur à la cérémonie sacrificielle. Sur ce pont, se trouve le « dressing Terrace » (deuxième photo ci-dessous), l'endroit où l'empereur attendait que débute la cérémonie. De forme carrée, elle est entourée d'une balustrade en marbre. Là, l'empereur se lavait les mains, se changeait pour revêtir la robe de cérémonie et l'on dressait pour l 'occasion une « Salle du petit trône ». Après la cérémonie, l'empereur revenait au même endroit pour se changer.


Une autre curiosité du sanctuaire du Temple du ciel réside dans le mur des échos (première photo ci-dessous). Celui-ci permet à deux personnes placées aux deux extrémités de dialoguer sans élever la voix. Les phénomènes d'écho sont inhérents à la géométrie du mur. L'écho est un phénomène que l'on rencontre avant tout dans la nature, et on lui attribuait autrefois des effets fastes ou néfastes. On considérait que les bâtiments sacrés devaient contenir ce qui, pour les ancêtres, apparaissaient comme un effet surnaturel. A proximité de ce mur, je me rends à l'autel du tertre circulaire : Celui-ci fut construit en 1530 (la 9è année de règne de l'empereur Jiajing).A deux pas de là, la Voûte Céleste impériale est l'endroit où l'on conservait les tablettes du ciel (deuxième photo) servant aux cérémonies. Construite en 1530, entièrement en bois, puis reconstruite en 1752 , elle fut d'abord appelée Salle des Dieux de la paix, puis prendra son nom actuel en 1538. Ce bâtiment mesure 19,5 mètres de haut pour un diamètre de 15,6 mètres. Les touristes font la queue pour s'approcher de l'intérieur de cette Voûte (troisième photo) et je m'approche afin d'en photographier l'intérieur. Juste à côté, se trouve la salle annexe Est, recouverte de tuiles bleues (quatrième photo) où sont conservées désormais les tablettes divines des dieux (dieu du soleil, des étoiles polaires, Vénus,Jupiter, et autres...). En face, la salle annexe Ouest reçoit les tablettes d'autres dieux : Dieux de la lune, des nuages, de la pluie, du vent et du tonnerre.


 

Un peu à l'écart du reste du sanctuaire, je termine ma visite en me rendant au Palais de la musique divine (première photo), endroit servant autrefois à l'enseignement et à l’exécution de la musique rituelle qui servait aux cérémonies. Construit en 1420, il contient plusieurs salles (Nixi, Xianyou, Zhaoxiu, Muxiu, Linren) et un entrepôt à costumes. Sur mon chemin, je passe devant la Palais de l'Abstinence (deuxième photo), grande bâtisse austère.


 

Arpenter en long et en large le sanctuaire du Temple du ciel est fatigant et , fourbu, je m'apprête à rebrousser chemin alors que de longues queues de touristes se sont formées devant les guichets de la porte Est. Un dernier regard sur ce grand parc de 272 hectares, haut lieu de l'histoire chinoise : Sept grosses pierres pacificatrices furent placées au sud-est de la grande salle sacrificielle : Les pierres des sept étoiles. Celles-ci ont la forme de montagnes et représentent les sept sommets de la montagne Tai. Le Tai Shan ( dit aussi Mont Tai) est situé au nord de la ville de Tai'An dans la province du Shandong. Son point culminant est le pic de l'Empereur de Jade (à 1545 mètres). C'est l'une des cinq montagnes sacrées de Chine et les premières traces humaines qui y furent retrouvées datent du paléolithique. Ses pratiques religieuses sont anciennes et remontent à 3000 ans. Avec le temps, un culte impérial officiel apparut et le Mont Tai devint ainsi l'un des principaux lieux où l'empereur rendait hommage au ciel lors de sacrifices.

L'empereur Qianlong souhaita durant son règne qu'une autre pierre soit rajoutée au nord-est de la grande salle, afin de montrer que la Chine est un seul et même pays unifié.


 

 

INFOS PRATIQUES :


  • Temple du Ciel, Tantian Donglu (Porte Est) Chongwen à Pékin. Tel : 6702 2617. Métro : Qian Men. Site ouvert de 8h00 à 21h00. Ticket multientrées : 35 Yuans ( un ticket supplémentaire de 10 yuans doit être acheté pour pénétrer dans le Palais de la musique divine).

    Aucun plan ni brochure ne sont proposés aux touristes. Seuls des panneaux d'informations traduits ici et là en anglais permettent d'en apprendre un peu plus sur ce site durant la visite.

    Audioguides disponibles à la location pour 40 Yuans dans plusieurs langues (Français, anglais, allemand, espagnol, italien, russe, japonais, portugais, tchèque...) de 8h30 à 17h00.




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