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Le Setsubun, Fête du Printemps
(Tokyo, Kanto, Japon)
Heure locale

Vendredi 3 février 2012

 

Le 3 février, au Japon, on célèbre l'arrivée du printemps ( risshun). Celui-ci commence le 3 ou le 4 février et la nuit ( la journée) qui précède est l'occasion d'une fête, Setsubun, dans le cadre du Festival du printemps . Au Japon, on associe au printemps le nouvel an lunaire. Un rite s'est donc développé autour de cet événement afin de chasser les mauvaises choses de l'année écoulée et les maladies à venir. Je me rends donc dans l'un des plus célèbres temples de Tokyo, à Gokokuji, sur les conseils de Yumi, mon professeur de japonais. Lorsque j'arrive sur place, en début d'après_-midi, une foule nombreuse se tient déjà là, en train d'écouter une chanteuse (photo ci-dessous). Le Sebutsun est l'occasion pour le temple d'organiser un concert avec des chanteurs. Je profite à la fois de la journée ensoleillée d'aujourd'hui ( le soleil a décidément décidé de fêter le printemps!) et de chanteurs que je n'aurais pas forcément l'opportunité d'entendre en d'autres circonstances. Le Temple Gokokuji est un temple bouddhiste Shingon situé à Bunkyo-ku, l'un des 23 arrondissements de Tokyo, dans le quartier Otsuka. C'est en 1681 qu'il fut fondé, sur une colline par le Shogun Tokugawa Tsunayoshi (5è shogun de la dynastie des Tokugawa) sur la demande de sa mère Keishoin. En 1873, l'Empereur Meiji déclara le Temple Gokokuji comme mausolée impérial et plusieurs de ses enfants y sont d'ailleurs enterrés ainsi que l'Empereur lui-même. Le Temple contient de nombreux trésors nationaux, biens culturels et statues de Bouddha, et ne peut être photographié de l'intérieur. Il sera plusieurs fois détruit ( notamment pendant la deuxième Guerre mondiale) mais sera toujours reconstruit ce qui fait aujourd'hui du Temple Gokokuji l'une des plus anciennes structures en bois de Tokyo. C'est à cet endroit ( et dans bien d'autres encore) que va se dérouler le rituel du Sebutsu . Ce rituel, appelé mame-maki, est pratiqué par les Japonais ce jour-là. Le mame-maki consiste à lancer des haricots pour chasser les démons durant l'année qui s'annonce. Ce rituel vient de la Chine qui l'introduisit au Japon au VIII ème siècle. La coutume fit ainsi sa première apparition durant la période Muromachi. Le lancer de haricots est généralement pratiqué par le toshiotoko ( le mâle de la maison né durant l'année zodiacale chinoise correspondante) ou bien par le chef du foyer. Dans la région du Tohoku (nord de Honshu), le chef de famille (le père) s'en va prier à l'autel familial avec ses grains torréfiés puis jette les haricots sanctifiés en dehors de la maison. Aujourd'hui, il arrive que d'autres arachides ( crues ou enrobées dans une pâte sucrée et croustillante) soient utilisés pour cette cérémonie. Le lancer de haricots a rassemblé beaucoup de monde au Temple Gokokuji (deuxième photo ci-dessous). J'en profite pour filmer la scène le moment venu. Le spectacle vaut la peine d'être vu.

 

On jette des haricots de soja grillés (appelés grains de la fortune) à l'extérieur de la maison, ou encore sur le membre de la famille portant ce jour-là un Oni( c'est à dire un masque d'ogre ou de démon) pour faire venir la fortune et pour éloigner la malchance , en criant « Oni wa soto » (dehors les démons!) et « Fuku wa uchi » ( dedans la fortune!).

L'occasion est belle pour se déguiser lors de cette fête. Les enfants préparent des costumes à l'école et certains commerçants vendent même la panoplie du parfait démon.

Mais cette fête se pratique de moins en moins chez soi et il est courant pour les Japonais de se rendre au temple où l'on pratique cette cérémonie. C'est ce que j'observe ce vendredi au Temple Gokokuji où je croise deux bons diables qui se prêteront volontiers à la photographie (ci-dessous). Les enfants, eux, sont impatients et tendent déjà leurs sacs, prêts à les remplir avec toutes les bonnes choses qui tomberont du ciel durant le mame-maki (deuxième photo ci-dessous).

 

Chacun mange ensuite, en guise de porte-bonheur, un nombre de haricots correspondant à son âge. Cela lui procurera une protection contre les maladies l'année durant. On peut comparer le mame-maki à ce geste occidental consistant à jeter des poignées de riz sur les jeunes mariés.

La nuit du Setsubun, certains habitants décorent un houx devant leur domicile avec une tête de sardine, un oignon et une gousse d'ail. Des talismans destinés à tenir les démons à bonne distance...

Tous les temples bouddhistes et shintoïstes célèbrent cette tradition. Les prêtres et les invités se jettent ainsi les grains de soja grillés ( certains sont même enveloppés parfois dans du papier d'or ou d'argent) mais aussi de petites enveloppes contenant de l'argent, des bonbons ou d'autres surprises. Dans certains sanctuaires, on invite aussi les sumos et des célébrités. L'évènement est bien entendu diffusé à la télévision dans tout le pays. Peu de temps avant l'arrivée des prêtres au temple et du début de la cérémonie, on dresse sur l'esplanade devant le temple une magnifique sculpture qui sera garnie de branches de cerisiers et de bien d'autres fleurs encore. C'est qu'ici, on fête le retour du printemps avec toute l'importance qu'il se doit! (photo ci-dessous)

Le moment venu, un défilé part de l'entrée du temple Gokokuji pour se diriger vers celui-ci (photos ci-dessous). Puis les prêtres se rassembleront à l'intérieur du temple pour la cérémonie qui durera environ trente minutes. Pendant ce temps, le public se presse le long d'une longue estrade qui a été dressé pour le Sebutsun. C'est du haut de cette estrade que les prêtres arroseront littéralement les visiteurs d'haricots mais aussi d'autres sucreries comme cela vous a été expliqué plus haut (vidéo). C'est à celui qui en récoltera le plus, et le tout dans une ambiance joyeuse et conviviale. Durant le sebutsun, il est aussi de coutume d'avaler tout entier un makisushi (surnommé porte chance) et de boire le saké au gingembre. La pratique du makisushi provient originellement de la région du Kansai mais s'est ensuite étendue dans tout le Japon.

 

Le Nouvel An, ici comme ailleurs, signifie que les esprits sont présents physiquement des êtres vivants . Il est donc indispensable de pratiquer le mame-maki afin de chasser les esprits malfaisants qui pourraient errer dans l'entourage. D'autres coutumes sont pratiquées pour l'occasion, comme des danses religieuses, ou encore la pratique du jeûne ou la démarche consistant à laisser à l'extérieur de la maison des outils qu'on rentre normalement ( pour éviter que les démons puissent en faire usage contre soi).

 

Setsubun étant, par certains, considéré comme un moment peu ordinaire, il arrive que des jeunes filles fassent par exemple les choses à l'envers, comme se coiffer dans le style des vieilles femmes, se déguiser ou se travestir. Les geishas ainsi que leurs clients pratiquent encore de nos jours cette coutume.,Les saltimbanques, eux, qu'on chassait en temps normal car il étaient considérés comme malsains, sont invités lors du Setsubun afin de s'illustrer dans des actes de bonne société. Ce jour-là leur est favorable car leur style de vie errant n'a pas permis aux esprits de les envahir. D'où leur acceptation par les populations.

Lorsque le mame-maki est terminé, la procession des prêtres emprunte le chemin inverse, vers la sortie du temple. J'y aperçois des prêtres bien sûr, mais aussi quelques sumos (photos ci-dessous)

 

D'autres photos du mame-maki sont disponibles sur la Médiathéque du site!

 

 

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