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Le Parc National Sanjay Gandhi à Mumbaï
(Etat du Maharashtra, Inde)
Heure locale

Mercredi 15 février 2012

 

L'Inde est un grand pays, qui possède aussi des parcs nationaux. Ces aires protégées sont riches en faune et en flore et sont gérées par le Ministère de l'Environnement des des Forêts . Le premier parc national indien fut le Hailey National Park, appelé aujourd'hui Jim Corbett National Park et fut créé en 1935. L'Inde ne possédait en 1970 que cinq parcs nationaux, puis 92 en 2005. La surface totale de ces parcs atteint désormais 38000 km2 ( soit environ 1,2% du territoire indien).

Je pars aujourd'hui à la découverte du Sanjay Gandhi National Park. De passage à Mumbaï et hébergé dans un hôtel voisin de l'aéroport international, je suis cette fois un peu éloigné de la grande ville indienne.Je me mets donc à chercher un endroit intéressant qui pourrait me servir de thème de reportage. Après une nuit courte, je demande au concierge de notre hôtel de me conseiller et celui-ci me suggère ce parc situé à seulement une demi-heure en voiture. J'envisage d'abord de m'y rendre en rickshaw mais les prix prohibitifs de ces derniers me découragent et j'opte finalement pour un guide avec voiture. Ma promenade me coûtera une trentaine d'euros mais sera plus confortable, et plus intéressante car le guide me commentera les lieux visités au fur et à mesure.


 

Le parc national Sanjay Gandhi est localisé au nord de Mumbaï dans l'état du Maharashtra. Ce parc s'est d'abord appelé Borivali Park. Il couvre une superficie de 104 km2 et est entouré sur trois de ses côtés par la banlieue de la ville indienne la peuplée, Mumbaï. C'est l'un des parcs asiatiques les plus visités. La flore et la faune du Sanjay Gandhi National Park attire en effet plus de deux millions de visiteurs chaque année. Et les grottes de Kanheri, là où me conduit Ramesh, mon guide, sont la curiosité des lieux : Ces grottes ont 2400 ans d'âge et furent sculptées dans les falaises rocheuses qui se trouvent dans le parc. Les terres vallonnées du parc attirent aussi de nombreux jeunes couples indiens. Je les croise, main dans la main, assis au bord de la route intérieure, dans les jardins ou au bord des étangs. Nous sommes mercredi et le parc n'atteint pas sa fréquentation optimale. Mais Ramesh m'affirme que le weekend, l'endroit est bondé. Le parc est réputé pour son effet bénéfique sur l'esprit, le corps et l'âme, d'où son succès.


 

L'histoire du parc Sanjay Gandhi remonte au 4è siècle avant JC. Dans l'Inde ancienne, Sopara et Kalyan étaient deux ports situés non loin de là, qui commerçaient avec les civilisations anciennes de Grèce et de Mésopotamie. Et la route qui reliait ces deux ports traversait en partie la forêt du parc. Et les caves de Kanheri étaient un important centre d'apprentissage bouddhiste et un lieu de pèlerinage qui fut sculpté par des moines bouddhistes, dans un affleurement de roche basaltique. Dans l'ère de pré-indépendance, le parc fut nommé « Krishnagiri » en 1974, lors de sa création, et ne mesurait alors que 21 km2 environ. C'est en 1969 qu'il fut agrandi pour atteindre sa taille actuelle. Il sera rebaptisé plus tard du nom de Borivali avant de prendre son nom actuel ( en 1981) : Sanjay Gandhi National Park , et ce en mémoire de Sanjay Gandhi, le fils de l'ancien Premier ministre Indira Gandhi. Celui-ci disparut en effet dans un accident d'avion en 1980. Le parc est niché à l'intérieur des chaines de collines qui entourent la banlieue de Borivali. A l'ouest se trouvent les cantons de Goregaon, Malad, Kandilavi, Borivali et Dahisar. A l'est, ce sont les cantons de Bhandup et de Mulund. Au sud, on trouve la région laitière d'Aarey. L'altitude des lieux varie de trente à 480 mètres et le parc comprend deux lacs : Le lac Vihar et le lac Tulsi ( qui fournit une bonne partie de l'eau à Mumbaï). C'est aussi le poumon de la ville.

On trouve sur place 800 types de plantes à fleurs, 284 espèces d'oiseaux, 5000 espèces d'insectes, 36 espèces de mammifères, 62 reptiles et 150 espèces de papillons. Dans ce nombre, on compte de nombreuses espèces menacées et c'est dans ce parc que fut découvert l'atlas, le plus grand papillon du monde.On trouve aussi sur place karvi, une plante qui ne fleurit que...tous les huit ans ! Ses fleurs tapissent alors le sol de mauve. Pour information, la dernière floraison de cet arbuste eut lieu en 2008. La prochaine aura donc lieu en 2016. Sachez qu'il pousse abondamment dans les collines des Ghâts occidentaux mais aussi à Mumbaï. Des léopards ont choisi eux aussi les lieux comme refuge.


 

La couverture forestière du parc est idéale pour servir d'abri à de nombreuses populations d'animaux sauvages. Ramesh et moi rencontrerons ainsi un chital (cerf tacheté, ci-dessous) mais aussi des macaques rhésus (deuxième photo) et des macaques Bonnet. On peut, plus rarement, rencontré l'antilope hyène ( ou à quatre cornes). Parmi les reptiles, on trouve les crocodiles du lac Tulsi, des pythons, des cobras, des varans, des vipères de Russell...Les papillons les plus spectaculaires sont les Mormons bleus avec leur génial système de camouflage avec la feuille du chêne bleu, mais aussi les papillons monarque et bien d'autres encore. Les oiseaux sont de deux types : Les oiseaux locaux et des oiseaux migrateurs. En 2003, on découvrit les traces d'un tigre du Bengale. Les derniers tigres furent pourtant abattus il y a 80 ans mais la nouvelle entretint la peur et l'excitation dans la population locale vivant à l'intérieur du parc (troisième photo).En juin 2004, ces bêtes furent responsables de la mort d'une vingtaine d'hommes en l'espace d'une semaine seulement. On captura donc quelques léopards afin de les relocaliser plus loin du parc.


 

Pour ceux ou celles qui n'apprécieraient pas les nombreux sentiers de randonnée qui jonchent le parc, un petit train (photo ci-dessous), le train Van Rani (qui signifie Reine de la Jungle), fait le tour de la zone touristique sur une voie étroite, permettant à ses passagers d'apprécier la richesse de la biodiversité. Ce petit train fut abandonné en 2001 à cause du mauvais état de la voie, jusqu'à 2004, date à laquelle on répara la voie. Le voyage, d'une durée de 15 minutes, permet de traverser les contreforts du mémorial Mahatma Gandhi, puis Pavilion Hill, ponts et tunnels. Un peu plus loin, un plan d'eau permet de faire une balade en bateau tandis qu'un mini-zoo, lui, offre aux visiteurs d'observer les animaux de près. Le Lion & Tiger Safari permet aux visiteurs d'embarquer à bord d'un autobus spécialement équipé afin de partir observer, pendant vingt minutes, les lions et les tigres en liberté dans leur milieu naturel, et ce, en toute sécurité.


 

Je m'arrête aussi au temple Jain, fermé au moment de mon passage, mais qu'un gardien bien intentionné me permettra de visiter tout de même. Ce temple , appelé Trimurti, est largement investi par la secte Digambara, de la communauté Jain. On y voit trois grandes statues (photo ci-dessous) représentant Adinath et ses deux fils, Bahubali et Bharat. De nombreux saint Jain viennent ici pour se recueillir avant de partir prêcher dans tout le pays. La religion jaïne est l'une des plus anciennes du monde. Elle n'est pas une ramification d'une autre croyance mais bel et bien une religion indépendante, connue au cours des temps sous différents noms. Elle fut enseignée par les Tirthankaras, appelés aussi Jinas. Le disciple d'un Jina est appelé Jaïn et la religion pratiquée par les Jaïns est appelée le Jaïnisme. Quant à la secte Digambara, elle est le résultat de la division de la religion jaïna en deux sections : Les Digambara et les Svetâmbara. Les trois sectes majeures Digambara sont le Bisapantha, le Terâpantha et le Târanapantha. Les deux sectes mineures sont le Gumânapantha et le Totâpantha. Ces sectes interprètent avec des nuances différentes la religion jaïna, les testes religieux et l'observance des pratiques.


 

Ramesh et moi nous rendons maintenant aux caves de Kanheri, le véritable but de notre visite au parc. Le mot Kanheri provient du mot sanskrit qui signifie « de couleur noire ». Khaneri signifie aussi la montagne noire. Les grottes que je vais vous montrer datent du 1er siècle avant JC jusqu'au 9è siècle après JC. La plupart de ces grottes servirent de lieux de résidence, d'étude et de méditation aux moines bouddhistes Viharas. Elles sont situées au nord de Borivali, plus exactement à l'ouest de Mumbaï au cœur des forêts du Parc National Sanjay Gandhi.Elles permettent de prendre conscience de l'influence du bouddhisme sur l'art et la culture indiennes. Les grottes de Kanheri sont sculptées dans un massif de roches basaltiques.


 

Les grottes consistent en un ensemble de près de 110 cellules taillées dans la roche à flanc de colline. Ce sont des grottes simples et sans aucune décoration. Chaque cellule dispose d'un rebord de pierre qui fait office de lit. Une vaste salle aux énormes piliers de pierre contient la stupa, le sanctuaire bouddhiste,comme sur cette photo de la cave N°3 (ci-dessous). Le stupa (deuxième photo) est une structure architecturale bouddhiste et jaïna que l'on rencontre dans le sous-continent indien. C'est une représentation aniconique (c'est à dire sobre) du Bouddha et aussi un monument commémorant sa mort. En haut de la colline, on trouve les restes d'un ancien système d'alimentation en eau, avec canaux et citernes qui permettaient de collecter l'eau dans d'immenses réservoirs (troisième photo).


 

Les grottes devinrent bientôt des monastères et furent taillées dans la roche en décorant celle-ci de reliefs complexes représentant Bouddha et les Bodhisattva gravés sur les parois (photo ci-dessous). Au III ème siècle, Kanheri devint en effet un important centre bouddhiste sur la côte de Konkan. La plupart de ces grottes sont des vihara, c'est à dire des monastères bouddhistes où l'on vit, où l'on étudie et où l'on médite. A l'origine, le vihara désignait un simple refuge utilisé comme résidence à la saison des pluies par les premiers moines bouddhistes qui étaient des nomades. Les premiers vihara furent des constructions en bois ou en bambou, érigés sur des terrains offerts ou mis à la disposition de la communauté par des nobles ou de riches marchands à la recherche de mérite. Le vihara est constitué d'une salle de méditation (photo ci-dessus) entourée de cellules, abritant souvent un autel portant une représentation de Bouddha. Un arbre de la bodhi (appelé aussi figuier des pagodes) est souvent à proximité du vihara. Les grottes les plus grandes sont appelées chaitya et sont de grandes salles destinées à l'adoration en commun, décorées de sculptures bouddhistes complexes, de bas-reliefs, de colonnes, et contenant des stupa pour l'adoration des fidèles. Dans ce lieu, Avalokitesvara, le bodhisattva de la compassion, est le personnage principal.

Quelques cent inscriptions gravées en différentes écritures (brahmi,devanagari et pahlari)ont été retrouvées à Kanheri. Le nombre important de vihara prouve l'existence d'une communauté monacale bouddhiste bien organisée, en contact avec plusieurs centres de commerce, comme les ports de Sopara, Kalyan, Nasik, Paithan et Ujjain. Kanheri était alors un centre universitaire à l'époque où la région se trouvait sous le contrôle des empires Maurya (jusqu'en -187) et Kushan ( entre les 1er et 3è siècles de l'ère chrétienne).


 

Certaines grottes sont plus remarquables que d'autres. Par exemple, la grotte N°1 est un vihara, ou monastère bouddhiste dont l'entrée est encadrée par deux piliers taillés à même le roc, qui possède deux niveaux et dont la construction est restée inachevée.

La grotte N°3 est une chaitya ( ou salle de prières) comportant une colonnade de 34 piliers et une stupa mesurant 5 mètres de haut et taillée à même la roche. C'est la plus grande grotte du site, puisque ses dimensions sont de 13 mètres de large et de 28 mètres de profondeur. Elle fut creusée entre le II ème et le VI ème siècle.Le porche d'entrée est encadré de deux bouddhas hauts de sept mètres (ci-dessus).Ramesh me conduit ensuite à la grotte N°11 (ci-dessous) qui servit certainement de lieu de conférence. Cette grotte contient tout autour des petites cellules dont une contient une sculpture de bouddha (deuxième photo). Certains piliers présentent également des sculptures (troisième photo). La restauration et l'entretien de ce site archéologique est toujours en cours car j'aperçois, en me promenant des ouvriers qui travaillent (quatrième photo). Les grottes se succèdent, nombreuse, et j'y surprends souvent des couples de jeunes amoureux indiens qui sont venus trouver ici un peu d'intimité, tandis qu'au loin, des macaques rhésus se promènent tranquillement sur les rochers. En contrebas, les forêts luxuriantes du parc national Sanjay Gandhi s'étendent à perte de vue. Je ne regrette pas mon déplacement.


 

 

 

 

INFOS PRATIQUES :

 


  • La communauté Jain : http://www.multilingualarchive.com/ma/enwiki/fr/Jain_community

    et http://www.jainworld.com/JWFrench/jainworld/jainsects.asp

  • Le Parc national Sanjay Gandhi :http://www.mahaforest.nic.in/place_detail.php?place_id=7

     

    Entrée : Pour les touristes sans voiture : 30 roupies par jour ( pour une personne de plus de 12 ans), 15 roupies par jour ( pour un enfant de 5 à 12 ans). Ticket voiture : 100 roupies. Photos : pas de taxe à payer pour les photos non commerciales. Droit de prise de vidéo : 500 roupies. Petit train : 25 roupies(adulte) et 10 roupies(enfant).Durée du voyages : 15 minutes. Safari Lions & Tigres, de 9h00 à 12h30 et de 14h00 à 17h20. Ticket : 50 roupies (adulte) et 20 roupies (enfant), tous les jours sauf le lundi.

  • Caves de Kanheri : Droit d'entrée : 100 roupies. Droit de filmer:25 roupies. Ouvert de 9h00 à 17h00. Panneau d'information en anglais situé à l'entrée ( près du guichet).http://www.wondermondo.com/Countries/As/India/Maharashtra/Kanheri.htm

  • Pour vous rendre au Parc national Sanjay Gandhi et aux caves de Kanheri, je vous suggère d'utiliser les services de Ramesh Tiwari, taxi guide. Celui-ci vous emmènera sur place dans son véhicule climatisé et commentera pour vous, en anglais les différents lieux visités. Réserver en le contactant 24 heures avant au 982 011 94 72 (portable) ou 283 98 055 ( ligne fixe). Email:Roomey009@yahoo.co.uk

     

    Prix de l'escapade : 1600 roupies + entrées au parc et aux caves en sus (ce qui revient en tout à 30 $ environ).

  • Histoire des Kushan : http://www.kushan.org/












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