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Le Musée de l'astronomie Jantar Mantar de New Delhi
(Inde)
Heure locale



Lundi 30 avril 2012

 

Me voici aujourd'hui à New Delhi, capitale de l'Inde, située sur la Yamuna. A la fois siège des gouvernements du territoire de Delhi et de l'Inde, la ville est administrée par son propre gouvernement municipal. J'ai déjà eu l'occasion de vous faire découvrir quelques lieux d'intérêt de cette capital. Je vous propose maintenant de partir à la découverte du Musée de l'astronomie , appelé aussi le Jantra Mantra ( qui signifie l'instrument et la formule). Situé dans la partie moderne de New Delhi, ce musée représente 13 instruments d'astronomie , qui furent construits par le Maharaja Jai Singh II de Jaïpur en 1724. Le Maharaja en érigea en fait cinq tandis que l'Empereur moghol, Muhammad Shah, lui avait confié la lourde tâche de remanier le calendrier ainsi que les tables d'astronomie.


 

Né à Amber, le Maharaja Jaï Singh II monta sur le trône à l'âge de 11 ans. Il étudiera tout au long de sa vie, faisant des recherches et développant ses connaissances en religion , philosophie, dans les arts, l’astrologie et ...l'astronomie. Il s'intéresse particulièrement aux astronomies des écoles hindoues, grecques, musulmanes et européennes. Il fait ainsi traduire en sanskrit puis étudie l'Almageste de Ptolémée, les éléments d'Euclide et recalcule les tables astronomiques d'Ulugh Beg. En 1719, le Maharaja assiste à une discussion animée à la cour de l'Empereur Moghol, Muhammad Shâh concernant les calculs astronomiques à effectuer pour déterminer une date propice au début d'un voyage de l'empereur. Ces calculs sont en effet d'une importance cruciale dans la culture indienne, que ce soit pour les fêtes hindoues ou musulmanes ou bien pour des évènements particuliers. Jaï Singh considère qu'un effort important doit être réalisé en faveur du développement de l'astronomie dans l'Empire indien et il planifie la construction de grands observatoires astronomiques, les yantra, dans cinq villes du nord : Delhi, Jaïpur, Mathurâ, Ujjain et Varanasi.

C'est ainsi qu'est achevée, en 1724, la construction de l'observatoire de Delhi. L'objectif de cet observatoire ? Lire l'avenir dans les mouvements des astres et fixer à l'avance des dates favorables d'un mariage ou d'une campagne militaire.

 

L'observatoire Jantar Mantar offre quatre instruments distincts : Le Samrat Yantra, le Ram Yantra, le Jayaprakash et le Mishra yantra. Afin de limiter au maximum les erreurs de lecture dues surtout aux dimensions réduites des instruments existants, le Maharaja ordonna la construction d'instruments géants de pierre et de marbre. Jaï Singh II inventera au total une quinzaine de dispositifs, réalisés souvent en deux moitiés séparées pour permettre des passages destinés à l'observation. Ces instruments furent cependant obsolètes à la date de leur construction dans la mesure où, en Europe, au XVIII ème siècle, les astronomes savaient déjà déterminer les mouvements des astres grâce aux lunettes astronomiques et aux télescopes.Mais revenons au yantra. Celui-ci est à l'origine un support graphique issu de la tradition hindoue, qui fut ensuite emprunté par le bouddhisme, puis par le taoisme. Les yantras sont réputés révéler les concepts et les aspects du monde, symboliser une vérité, une qualité du monde (comme l'amour universel ou la vérité suprême..). Dans l'hindouisme, yantra signifie une figure géométrique tracée matériellement ou mentalement afin de dompter le mental et de maitriser les forces cosmiques. C'est aussi un moyen mnémotechnique mais peut aussi représenter un engin ou une machine.

Ainsi les quatre instruments que je découvre sont des figures géométriques. Tenez, le Samrat Yantra par exemple : On l 'appelle l'instrument suprême. Surnommé le « roi des instruments », c'est un triangle géant qui offre une hypoténuse de 39 mètres de long, parallèle à l'axe de la Terre et tourné vers le pôle nord.Cette hypoténuse possède aussi une graduation permettant de trouver l'altitude du soleil. Dans le sens opposé au pôle nord, se trouve un cadran dont le centre est situé dans l'angle du mur (ce mur est aussi agrémenté de niches pour que les tempêtes ne puissent ainsi pas endommager l'ouvrage). De l'autre côté du triangle, ce cadran gradué indique les heures, les minutes et les secondes ( une minute fut divisée en 30 parties). Du temps de la construction de cet instrument, les cadrans solaires existaient déjà mais le Samrat Yantra a permis de transformer le cadran solaire de base en un outil de précision servant à mesurer les déclinaisons et autres coordonnées de corps célestes. Il permettait entre autre de déterminer l'heure de Jaïpur avec une précision de deux secondes. Des marches furent construites afin de permettre aux astronomes d'atteindre aisément les résultats et de les lire avec précision.


 

Le Jayaprakash (ci-dessous) yantra, lui, représente des hémisphères creux en marbre encastrés dans une plate-forme, avec des marques finement graduées sur leurs surfaces concaves pour permettre de connaître le parcours du soleil dans le zodiaque grâce à un petit disque percé suspendu au centre géométrique exact du dispositif, à l'aide de fils tendus de part et d'autre à partir de points sur les bords des hémisphères. En effet, durant sa course, le soleil dessine une petite tâche de lumière qui évolue sur les coupes de marbre. L'observateur peut ainsi aligner la position des étoiles mais aussi repérer le méridien. Les parties sombres de l'instrument, elles, correspondent aux endroits aménagés pour l'observation.


 

Les Mishra yantras (ci-dessous) étaient capables d'indiquer le moment de midi dans différents villes du monde et restent les seules structures de l'observatoire à ne pas avoir été conçues par le Maharaja Jaï Singh II. Les deux piliers au sud-ouest de Mishra yantra servaient à déterminer les jours les plus courts et les plus longs de l'année. En décembre, l'un des piliers recouvre entièrement l'autre avec son ombre alors qu'en juin, il n'y a aucune ombre.


 

Le Ram yantra (ci-dessous) est un instrument destiné à aider les astronomes dans leur recherche de la distance zénithale et de l'altitude du soleil. Son intérêt est qu'il permet une lecture directe des résultats obtenus. Le Ram yantra est constitué de deux bâtiments semi circulaires en pierre. Une fois rassemblés, ils ne forme plus qu’un seul et même instrument, et une partie complète l'autre. Les deux bâtiments furent construits à distance respectable. Au centre de l'instrument, on trouve une barre perpendiculaire, mesurant exactement la même hauteur que les bâtiments. Douze triangles de pierre sont fixés sur le sol, chacune de ces plaques étant graduées de 90° à 45° alors que la graduation de 45° à 0° ,elle, se trouve sur le mur circulaire. On étudie ainsi le mouvement des étoiles.


 

Revenons quelques instants sur l'astronomie de l'Inde ancienne, pour terminer cette visite. Plusieurs périodes doivent être distinguées : Avant 400 ans avant J.C, les concepts d'astronomie indiens demeurent très primitifs. On confond en effet astrologie et astronomie. Un peu plus tard, les idées grecques feront leur apparition (en raison des expéditions notamment d'Alexandre le Grand) et seront aussitôt adoptées en Inde. Il faudra cependant attendre le V ème siècle pour qu'apparaissent dans ce pays de grands astronomes et que l'Inde atteigne un niveau comparable à celui de la Grèce. Le Surya-Siddhanta constitue ainsi le plus ancien traité d'astronomie connu en Inde. Datant du V ème siècle, il consiste en une succession de règles numériques, de moyens mnémotechniques et de codes en vers dont les disciples devaient sans cesse s'imprégner sans en omettre aucun, s'ils voulaient parvenir à déterminer la position d'un astre. A cette époque, on connaissait déjà le phénomène de déplacement dû aux équinoxes mais il était représenté différemment car le degré d'observation indienne permettait juste d'aboutir à une description qualitative des phénomènes célestes. Ce qui n'empêchera pas l'astronome Aryabhata d'écrire, dès le V ème siècle, un traité dans lequel il prétendait que la Terre était ronde et tournait sur son axe, provoquant de cette manière le mouvement diurne de la voute céleste.

L'oeuvre de Varaha-Mihira datant du VI ème siècle aborde le phénomène des tâches solaires assimilé à l'apparition de comètes. Il peut en avoir 33 sortes. Lorsque celles-ci apparaissent sur le disque solaire, Varaha-Mihira prévoit des tempêtes avec des vents forts possiblement dévastateurs. Des inondations sont aussi à prévoir. Mais notre découvreur a aussi des idées précises sur la Lune : Celle-ci est plus proche de la Terre que le Soleil et a une forme sphérique. Une seule moitié est éclairée par le soleil et l'autre est dans l'ombre. Il ne s'intéresse pas à son mouvement dans l'espace mais uniquement à sa trajectoire. Sa forme accidentée est, selon lui, capable de causer des tremblements de terre, des mouvements de panique et la mort des princes ou des gouvernants. Un grand intérêt pour l'observation des phénomènes se fait jour en Inde. Les savants ne manifesteront par contre que peu d'intérêt pour l'étude physique des mouvements des astres, ne pratiquant (comme les Egyptiens et les Chinois) qu'une astronomie purement observationnelle.

C'est le Maharaja Jaï Singh II qui bouleversera les choses avec la construction du Jantar Mantar, ce site composé de 18 éléments de grande dimension permettant de déterminer l'heure solaire (à deux secondes près!) mais aussi la position du soleil, des planètes et des étoiles.

 

 

 

INFOS PRATIQUES :

 


  • Musée de l'astronomie Jantar Mantar , Parliament Street, Connaught Place à New Delhi : http://www.jantarmantar.org/

     

    Ouvert de 7h30 à 18h30, tous les jours. Métro : Patel Chowk. Droit d'entrée : 100 roupies. Droit de filmer : 25 roupies (photos permises). Petit livret disponible en anglais pour 25 roupies.

  • Office de Tourisme de New Delhi : http://www.delhitourism.gov.in/delhitourism/index.jsp

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 










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