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Le Jardin Sengan-en et Shoko Shuseikan
(Kagoshima, Préfecture de Kagoshima, Kyushu, Japon)
Heure locale

Dimanche 1er juillet 2012

 

S'il est une famille qui a marqué et qui marque encore la ville de Kagoshima, c'est bien celle des Shimazu. Cette famille régnait autrefois sur les provinces de Satsuma, Osugi et Hyuga. Elle descend de l'Empereur Seiwa et du Shogun Minamoto no Yoritomo par son fils Tadahisa. Elle fut, durant la période Sengoku, l'une des plus puissantes machines de guerre, qui se battit d'abord contre le shogun Toyotomi Hideyoshi car cette famille voulait unifier l'ile Kyushu et avait besoin pour cela de soumettre deux clans, celui des Otomo et celui des Ryuzoji. Cette soumission est remarquée par Hideyoshi qui envahit bientôt Kyushu et combat la famille Shimazu à la bataille d'Okita Nawate en 1584, laquelle eut beaucoup de fil à retordre face aux troupes d'Hideyoshi.

Puis Yoshihiro Shimazu embarqua pour la Corée à bord d'un bateau tortue, premier navire blindé de haute mer. Il livra bataille aux Coréens ( qui avaient les Chinois pour alliés) en 1598, mais se prit une déculottée vu la supériorité numérique des forces adverses et dut battre en retraite.

Vint la bataille de Sekigahara en 1600. Cette bataille qui marquera la fin de l'ère Sengoku permettra à Ieyasu Tokugawa d'accéder au shogunat. Lors de cette bataille, la famille Shimazu combattit aux côtés des troupes d'Hideyoshi face à Tokugawa. La victoire de Tokugawa décimera les forces féodales, ouvrant la voie à une période de paix, c'est à dire l'ère Edo.

 

A la fin de l'ère Edo, arrive une flottille de vaisseaux noirs: Le commodore américain, Matthew Calbraith Perry impose aux Japonais l'ouverture de leurs frontières. Et le règne de Tokugawa verra disparaître les samourais, qui représentaient jusqu'ici une certaine idée du pays du soleil levant. En 1877, le clan familial tentera bien de se révolter afin de faire perdurer cette caste mais en vain.

Parmi les personnages illustres de cette famille, on trouve Shigehide Shimazu, 25 ème Lord qui devint lord de Satsuma en 1755, à l'âge de 11 ans. Jusqu'à la fin de sa vie, il contribuera activement au gouvernement Han, contribuant aux relations internationales du pays et à son développement culturel. Puis le 27 ème Lord fut Narioki Shimazu, qui restructura les finances en instaurant une nouvelle politique durant l'ère Tempo, enrichissant ainsi les Han. Le lord suivant, le 28 ème sera Nariakira Shimazu, l'un des nobles les plus brillants de la fin de la période Edo. Par sa vision globale du monde, il permettra l'ouverture de son pays sur l'extérieur tout en renforçant les moyens militaires, et en développant moyens humains et efforts coloniaux.

Nariakira Shimazu était le plus vieux fils héritier de Narioki Shimazu. Il fut longtemps sous l'influence de Shigehide, son grand-père. Ce dernier, déjà passionné par l'Occident, avait initié son petit fils aux cultures étrangères. Nariakira innovera donc dans la droite ligne de ses descendants, permettant avec d'autres lords féodaux l'union entre la Cour impériale et le shogunat de Tokugawa.

Il est un lieu symbolique avec ce personnage: Le jardin japonais Sengan-en à Kagoshima (photo ci-dessous). Ce jardin fut d'abord conçu pour accueillir la villa de la famille Shimazu, en 1658, à l'initiative de Mitsuhisa Shimazu, le 19 ème lord de la lignée. Le 21 ème lord, Yoshitaka Shimazu y vivra durant sa retraite et confiera la gestion des lieux à un magistrat. Le jardin s'agrandira sous le règne du 27 ème lord, Narioki Shimazu. Quant à Naraikira, il fera construire le Shuseikan situé à côté du jardin Sengan-en.


 

Plus tard, durant la période Meiji, le 29 ème lord, Tadayoshi Shimazu ainsi que son fils, Tadashige Shimazu (30 ème lord) vivront à cet endroit. Le jardin s'étend sur une superficie de 50 000 m² et offre une superbe vue sur l'île de Sakurajima. Il décrocha d'ailleurs le titre de site scénique en 1958. La résidence Iso, qui se trouve au centre du jardin (ci-dessous) fut reconstruite en 1884 avant que Tadayoshi n'en fasse sa résidence principale pendant environ une dizaine d'années, à partir de 1888. Elle était toutefois devenue la résidence principale de la famille dès 1871. Les portes de cette résidence sont désormais ouvertes au public et l'on peut y voir la chambre de Tadayoshi ou bien celle de Tadashige enfant.


 

Le temps est incertain mais je débute rapidement ma promenade par un gros canon (ci-dessous) qui fut produit par un four à réverbère dont les restes se trouvent toujours dans Sengan-en. Cette arme, construite en 1857 fut d'une redoutable efficacité lors de la bataille contre l'armée anglais en 1863. C'est Nariakira qui en avait dessiné les plans. Quant au four à réverbère, envisagé dès 1851, il fut mis au point à partir de plans allemands et servit à couler de nombreux canons. C'est que Nariakira se révéla un génial inventeur, mettant au point, outre ce four, des usines d'armement, de nouveaux instruments agricoles, créant une verrerie, de la céramique, développant les domaines de la chimie, du tissage et de la filature, exploitant des mines, travaillant le cuir, mettant au point des moyens d'imprimerie.


 

La porte principale actuelle (ci-dessous) du jardin comporte le nom des Shimazu gravé dans sa partie haute. Mais elle ne fut pas toujours porte principale. Jusqu'à la fin du XIX ème siècle, celle-ci était une porte plus modeste, appelée porte d'étain (deuxième photo) à cause de son toit réalisé avec ce métal. La couleur rouge n'était alors autorisée que pour les riches familles, ce qui était le cas des Shimazu. Cette porte se trouve à proximité immédiate de la plus grande lanterne de pierre du jardin, une lanterne d'une surface de treize mètres carrés coiffée par un lion imaginaire surnommé shishi.


 

Un bassin se trouve près de la résidence Iso (photo). De là, les Shimazu pouvaient admirer l'ile de Sakurajima, en venant se reposer au pavillon Bogakuro (deuxième photo) appelé aussi azumaya en japonais et qui surplombe le jardin. Ce pavillon fut un cadeau du roi Ryukyu au début du XVII ème siècle.


 

Un peu plus loin, j'aperçois la maison aux trésors (ci-dessous), un entrepôt qui servait autrefois à la famille pour entreposer ses richesses. De nos jours, nombreuses sont celles qui ont rejoint depuis le musée tout proche. Ce bâtiment fut érigé à la fin du XIX ème siècle. Voisin de cette maison, le monument du lotus Senyoren (deuxième photo) se dresse fièrement. L'inscription figurant sur la pierre mentionne l'histoire de ce lotus Senyoren qui fut ramené de Corée, au XVII ème siècle par Yoshihiro Shimazu et qui fut planté dans ce jardin. Le lotus a depuis disparu et il ne reste plus que la pierre.


 

L'inventivité des Shimazu était sans limites. Ainsi cette machine Takamasu qui servait à distribuer l'eau dans le jardin (première photo ci-dessous), puis ce bassin de filtration des eaux du sous-sol (deuxième photo), construit en 1907, mais qui n'a plus aucun usage de nos jours. Je m'arrête enfin quelques instants devant les ruines de ce barrage hydroélectrique qui fut mis au point pour les besoins de la famille Shimazu (troisième photo). Construit en 1892, il fut l'un des premiers barrages du genre au Japon. Il reste d'ailleurs dans le jardin la partie supérieure d'une ancienne maison ayant accueilli jadis la station électrique Suiten buchi. Celle-ci avait été érigée à la fin du XIX ème siècle pour alimenter la mine, toute proche en énergie électrique.


 

En 1892, Tadayoshi Shimazu érigea une usine (ci-dessous) appelée Shuseijo qui servit à la fabrication de balles, d'épées et de poteries, jusqu'en 1915. Vint ensuite le complexe Shuseikan (deuxième photo), le premier modèle du genre dans le pays. 1200 ouvriers travaillaient alors sur place. Ce complexe fut bâti par Nariakira Shimazu et fut utilisé dans différents domaines de l'industrie (construction navale, industrie métallurgique, filature, fabrique de canons, verrerie, industrie du télégraphe, développement de soins médicaux, chimie...). On peut aujourd'hui visiter ce bâtiment mais aucune photo intérieure ne peut être prise. Je découvre sur place l'histoire de la famille shimazu, le récit du développement des relations avec l'Occident, l'expédition armée vers la Corée, le système éducatif Goju, des vitrines contenant palanquins, armures, canons, armes et poteries de l'époque. Une galerie de photos nous montre la famille Shimazu et dans une autre partie du bâtiment sont rassemblées plusieurs machines industrielles utilisées autrefois.


 

Je grimpe dans la partie supérieure du jardin où le calme règne. Une forêt de bambous y a poussé depuis 1736. A l'origine, deux pieds du bambou moso, très répandu en Chine, et rapportés du royaume de Ryukyu furent plantés et s'acclimatèrent si bien ici qu'ils prolifèrent depuis (photo). Un monument commémoratif y fut érigé en 1837 (photo).


 

Tout proche se trouve la jardin Kyokusui (ci-dessous) qui est l'endroit où se tient la cérémonie du poème Kyokusui no En (originaire de Chine). Un ruisseau traverse ce jardin et chaque participant doit, lors de cette cérémonie, composer un poème avant qu'une des tasses de saké flottant à la surface de ce ruisseau ne le rattrape. Ce type de jardin est âgé de plus de deux siècles et est le plus vieux jardin de ce type au Japon.


 

Je passe bientôt devant le sanctuaire Oniwa (première photo), puis m'arrête un instant au sanctuaire du chat (deuxième photo). Ce sanctuaire est l'un des rares de ce type visibles au Japon. A la fin du XVI ème siècle, Yoshihiro Shimazu partit pour son expédition vers la Corée et emmena avec lui sept chats. Deux seulement survécurent au voyage. Ils furent enterrés ici et un sanctuaire fut bâti pour leur rendre hommage. Des tablettes Ema permettent aux gens qui possèdent des chats d'inscrire des messages dédicacés (troisième photo). Un autre sanctuaire, plus grand celui-là, fut construit en 1869, en l'honneur de la famille Shimazu et de ses descendants. Il s'agit du sanctuaire Tsurugame.


 

 

INFOS PRATIQUES:

 


  • Jardin Sengan-en et Shoko-Shuseikan, Yoshino-cho à Kagoshima. Tel: 099 247 1551. Ouvert toute l'année, de 8h30 à 17h30. Droit d'entrée: 1000 yens ( en cash). Comptez environ une heure trente pour la visite du jardin. Empruntez depuis le centre ville les petis autobus touristiques qui desservent l'endroit (coût: 160 yens). Site internet: http://www.senganen.jp/en/senganen/index.html

 

  • Fêtes et célébrations au Sengan-en:

 

Au printemps, se déroulent la célébration du Nouvel an (dégustation de la soupe Zo-ni et des crevettes grillées), la fête des poupées flottantes et la cérémonie Kyokusui on En.

 

En été, on assiste à une exposition d'iris, et à la fête des étoiles.

 

En automne, on célèbre le festival des chrysanthèmes, la cérémonie des archers traditionnels

 

 

En hiver, une exposition de pivoines est proposée

 

 

 

 

 

 

 








 



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