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Hakodate et son Histoire
(Hakodate, Hokkaido, Japon)
Heure locale

Dimanche 7 avril 2013

 

Je m'étais promis depuis longtemps de visiter Hakodate (Hokkaido) et m'y voici! Située dans la Préfecture d'Oshima (dont Hakodate est la sous-préfecture), cette cité, fondée en 1741, fut la première ville japonaise à ouvrir son port au commerce extérieur, en 1854, suite à la signature de la Convention de Kanagawa pour devenir un temps la capitale d'Hokkaido. Signée le 31 mars 1854, entre les représentants du shogunat des Tokugawa et le Commodore Matthew Perry (qui représentait alors le président américain Millard Fillmore, et dont nous avons déjà parlé dans d'autres reportages, en photo ci-dessous), ce traité donnait aux Occidentaux l'autorisation d'entrer dans les ports japonais de Shimoda et de Hakodate, pour s'y ravitailler en charbon et en vivres. On y parlait aussi de l'envoi éventuel d'un consul américain au Japon. Cette convention, signée par le Japon dans la crainte de représailles américaines, via la menace constituée par les Navires noirs (bateaux à vapeur occidentaux, flotte du Commodore), ouvrit la voie à la signature du traité d'amitié et de commerce entre les Etats-Unis et le Japon, quatre ans plus tard. Le port de Hakodate devint alors le plus grand port du nord du Japon grâce au développement du commerce. Hakodate deviendra même la plus grande ville d'Hokkaido avant le grand incendie de 1934.

Sa fondation eut lieu en 1454, lorsque Kono Kaganokami Masamichi construit un grand manoir dans le village de pêcheurs de Ainu Usukeshi (baie d'Aïnou). Après la mort de ce dernier, son fils, Kono Suemichi et sa famille furent chassés d'Hakodate jusqu'aux environs de Kameda lors de la rébellion Aïnou en 1512 (il faut rappeler que les Aïnous, population aborigène du nord du Japon et de l’extrême Est de la Russie, occupaient Hokkaido jusqu'à la conquête de cette île par les Japonais). Un siècle s'écoula sans changement notoire dans la région mais avec la persistance d'un conflit larvé dans la péninsule d'Oshima, entre les Aïnous et des familles de marchands (comme par exemple la famille Kono) venues commercer sur place. Ce conflit provoqua un soulèvement des Aïnous (appelée aussi Rébellion de Shakushain), entre 1669 et 1672, qui aboutit d'ailleurs rapidement à l'éradication de cette tribu dans la région.


 

Sous l'ère Hoei (de 1704 à 1711), Hakodate connut une période de prospérité et de nombreux temples furent érigés. De nouvelles fortunes apparurent en 1741 lorsque le clan Matsumae déplaça sa magistrature depuis Kameda jusqu'à cette ville ( Maison des Masamichi). Ce clan japonais tenait alors le fief de Matsumae, situé sur l’île d'Hokkaido et avait reçu d'Hideyoshi Toyotomi, en 1590, la charge d'assurer la défense face aux Aïnous. De part la localisation géographique de ses terres, le clan Matsumae sera le premier à négocier semi-officiellement avec les Russes (à l'occasion notamment de la venue, en 1778, d'un marchand russe à Hokkaido qui demanda courtoisement l'ouverture de relations commerciales avec l'île) mais ce clan ne disposant pas de l'accord du shogunat déclinera cette fois la proposition des Russes (à l'époque, le seul point officiel de commerce avec les étrangers au Japon était alors le port de Nagasaki). Les relations du clan Matsumae avec les Aïnous, elles, s'envenimaient de temps à autre et la dernière révolte aïnou se tint en 1789. Dix ans plus tôt, le shogunat des Tokugawa avait mis définitivement la main sur Hakodate, entrainant dans la foulée l'important développement commercial de la ville. Le marchand Takadaya Kahei sera alors honoré pour avoir fondé le port de la cité, développé les relations commerciales et avoir ouvert une route en direction des îles Kouriles, là où se trouvaient des pêcheries.


 

C'est là qu'Hakodate va aborder la période Meïji : En 1854, la ville est visitée par une flotte de cinq navires américains. La Convention de Kanagawa venait d'être signée. Hakodate accueillit les bâtiments étrangers pour leurs approvisionnements au cours des années qui suivirent, puis s'ouvrit entièrement au commerce extérieur le 2 juin 1859. Cela n'empêcha pas un marin imprudent de la flotte du Commodore Matthew Perry d'être accidentellement tué à Hakodate. Il git depuis dans le cimetière de la ville. A l'été 1861, Thomas Blakiston, un marchand britannique, mais aussi naturaliste et espion, s'établit à Hakodate dans le but d'y fonder une scierie. Il y restera jusqu'en 1884, développant sur place la connaissance de la culture occidentale ainsi que ses connaissances du milieu naturel de l'île. Il érigea aussi la première station météorologique de la ville et fournit des armes aux rebelles de la Guerre des Boshin. Hakodate joua en effet un rôle central dans cette guerre civile japonaise qui opposa d'une part les armées des clans de Satsuma, de Chosu, de Tosa et leurs alliés proches de l'Empereur Meiji et, d'autre part, les troupes appartenant au gouvernement shogunal d'Edo et les clans qui lui restaient fidèles. Enomoto Takeaki, rebelle du shogunat, s'y réfugia durant l'hiver 1866, avec le reste de sa flotte et une poignée de conseillers français, dont Jules Brunet. Avant d'établir officiellement la République d'Ezo le 25 décembre 1868. Cette république indépendante tentera vainement d'obtenir une reconnaissance internationale, de la part notamment de la France, des Etats-Unis et de la Russie, pays qui disposaient déjà de consulats en ville car Hakodate, faisant partie des rares ports ouverts aux étrangers, accueillait déjà plusieurs consulats , dont le consulat russe qui agrémenta ses bâtiments de la Chapelle Saint Nicolas (on tient Nicolas pour responsable de l'introduction de la chrétienté orthodoxe au Japon en 1861). Les rebelles occupèrent ainsi le fameux fort Goryokaku, de style européen, afin d'assurer leurs défenses sur la partie sud de l'île de Hokkaido. Enomoto Takeaki, alors amiral de la marine impériale japonaise sous le shogunat Tokugawa, partira aux Pays-Bas à l'âge de 26 ans afin d'apprendre le néerlandais et d'y parfaire ses connaissances des techniques de combat naval. Revenu dans son pays, et investi du plus haut rang de la marine, il s'engage dans la Guerre de Boshin aux côtés des Tokugawa, les futurs perdants. Il deviendra le président de l'éphémère république d'Ezo (ancien nom Hokkaido). Celle-ci est dès lors constituée par plusieurs milliers de soldats accompagnés par le Français Jules Brunet, chargé de moderniser l'armée du shogun. Les commandants de cette armée sont Jules Brunet et Keisuke Otori. Cette armée composée de quatre brigades (chacune étant commandée par un officier français). Cette nouvelle république est fondée sur le modèle constitutionnel américain, et son territoire comprend Ezo (l'île de Hokkaido), sa capitale, Hakodate et la forteresse de Goryokaku. Son drapeau était de couleur azur avec une fleur de chrysanthème (symbole de l'Empereur) frappée d'une étoile rouge à sept branches, symbolisant la nouvelle république qui remplaçait l'Empire.


 

Les forces impériales, pour leur part, consolidaient leurs positions au nord de l'île de Honshu en plaçant 7000 hommes prêts à combattre. Celles-ci progresseront rapidement vers Ezo et la bataille de la baie d'Hakodate se déroula du 4 au 10 mai 1869, entre les restes de la marine du Shogunat Tokugawa (huit navires à vapeur) et la récente flotte impériale japonaise (six navires), tout près d'Hakodate. Un combat naval eut lieu, au cours duquel la république d'Ezo perdit deux bâtiments dans une tempête au large d'Esashi puis se vit confisquer un autre navire par les forces impériales. La flotte impériale débarqua bientôt ses troupes sur l'île d'Hokkaido et détruisit les fortifications terrestres tout en attaquant les bateaux rebelles. La capture des navires rebelles conduisit rapidement la jeune république à la reddition, fin mai 1869. Durant cette bataille navale, deux autres bâtiments étrangers, le HMS Pearl britannique et le Coetlogon français restèrent neutres. C'est sur ce dernier bateau que Jules Brunet prit définitivement le large le 8 juin 1869. Etonnant personnage que ce Jules Brunet : Né à Belfort en 1838, cet officier militaire français sorti de Polytechnique commencera sa carrière dans l'expédition mexicaine si chère à Napoléon III. A son retour, il reçoit la Légion d'honneur puis embarque pour le Japon dès novembre 1866 pour atteindre Yokohama début janvier. Sa mission est alors d'instruire l'armée du shogun Yoshinobu Tokugawa, qui est conscient du retard pris dans la modernisation de son pays. Le capitaine Brunet est décrit comme un personnage affable, communicatif et très intelligent, qui s'adaptera rapidement aux subtilités du Japon. Sa stature imposante (1m85) impressionne et sa façon de s'exprimer séduit. Les samouraïs sont, pour leur part, séduits par ses talents artistiques et une solide fraternité d'armes se crée entre eux. A l'issue de la bataille d'Hakodate, Takeaki Enomoto, lui, se rendit le 30 juin et fut fait prisonnier. Il sera libéré trois ans plus tard et deviendra ambassadeur en Russie. Cette bataille d'Hakodate marqua ainsi la fin du vieux régime féodal du Japon et l'extinction de la résistance armée à la restauration de Meiji.


 

Hakodate reçut son statut de ville le 1er août 1922. Celle-ci échappera heureusement à la plupart des ravages de la seconde guerre mondiale. Les environs de la cité étaient alors fortifiés et l'accès, restreint. De nombreux prisonniers y furent entassés et la ville compta jusqu'à dix camps. Toutefois, Hakodate subit deux bombardements alliés les 14 et 15 juillet 1945 au cours desquels un navire desservant Aomori fut attaqué et déplora la mort de 400 passagers. Sur la côte ouest de la Préfecture d'Hakodate, 400 maisons furent aussi détruites. Un autre événement marquant fait partie de l'histoire de la ville : Le grand incendie de 1934. Celui-ci débuta dans une maison située dans la zone de Sumiyoshi. Deux jours durant, les braises, poussées par des vents violents, mirent le feu aux quartiers voisins, y compris au tribunal, à un grand magasin, à une école et à un hôpital. On estime à 2166 personnes les pertes humaines lors de cette incendie et à 9485 blessés. Ce sinistre laissera également 145 500 personnes sans abri et on dénombrera 11055 bâtiments perdus.


 

 

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