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Uwajima l'inattendue
(Préfecture d'Ehime, Ile de Shikoku, Japon)
Heure locale

Lundi 8 juillet 2013

 

Comme chaque matin, je prends le train pour partir à la découverte d'un lieu, d'une ville. Aujourd'hui, je pars pour Uwajima, petite ville de la Préfecture d'Ehime, née du simple village d'Itajima (nom de l'endroit en 1595). Il nous faut une heure trente avant d'arriver à cette gare terminus qui nous attend sous une chaleur écrasante. Un minuscule office de tourisme nous attend, Soraya et moi. J'ai heureusement déjà glané quelques informations sur cette ville et j'ai bien fait: Aucune information n'est disponible en langue anglaise et je mesure le handicap subi par ce pays à cause de l'incapacité de son peuple de pratiquer ne serait-ce que l'anglais. Nous nous arrêtons un petit moment dans un café jouxtant la gare afin de nous restaurer puis nous nous mettons en route pour notre première attraction. Uwajima a une spécialité: Le jakoten (en photo ci-dessous). Ce produit qui est fabriqué localement a une longue histoire et est consommé depuis la période Edo. Il est constitué de petits poissons d'abord mixés puis frits. Ce mets daterait de 1614 et on le devrait à Hidemune Date, daimyo d'Uwajima et membre du clan Date. Celui-ci aurait en effet donné l'ordre à ses artisans de préparer une pâte de poisson bouilli. Notre daimyo aimait consommer ce genre de pâte à Sendai lorsqu'il vivait là-bas et souhaitait retrouver le même produit à Ehime. De petits poissons blancs (dont on retire préalablement têtes, viscères et écailles) sont souvent utilisés pour préparer le jakoten. On ajoute un assaisonnement puis on mélange le tout jusqu'à en faire une pâte que l'on fait ensuite frire. Une fois grillé (de couleur brune), on consomme le produit avec une sauce de soja et du daikon (radis) râpé. On l'utilise également avec les pâtes udon et il se marie très bien avec les boissons alcoolisées.


 

A quinze minutes de marche de la gare se trouve le sanctuaire Warei: Situé le long de la rivière Suka, celui-ci (en photo ci-dessous) organise chaque année le festival Warei et trois sanctuaires portables sont portés à dos d'hommes depuis le port jusqu'à l'embouchure de la rivière Suka. Une fois arrivé devant le sanctuaire Warei, le cortège danse autour des bambous sacrés et des vœux sont accrochés aux branches de ces bambous. On assiste alors à une ferveur grandissante de la jeunesse tétanisée au son des tambours. Je rencontre un prêtre qui tient un stand d'objets souvenirs mais celui-ci ne dispose d'aucune information supplémentaire en anglais. J'en resterai donc là pour aujourd'hui. Je remarque toutefois un grand masque d'une créature semblant être un lion (deuxième photo). Le prêtre me répond qu'il s'agit de Ushi Oni (vache ogresse). Cette « divinité » donne lieu chaque année au mois de juillet à un festival: Ce fête de purification se déroule effectivement le 24 juillet et tire ses origines (incertaines) de l'époque où Toyotomi Hideyoshi décida d'envahir la Corée, guerre durant laquelle des soldats se seraient protégés des flèches de l'ennemi sous de fausses carapces de tortues reconstituées avec...de la peau de vache! (d'où le nom de vache ogresse!). Le festival donne lieu à un défilé avec les monstres (troisième photo), la reconstitution des combats entre le Japon et la Corée, des danses et des feux d'artifice. Les monstres mesurent 5 à 6 mètres de haut, possèdent un très long cou et une tête d'ogre. Cet animal est sensé purifier les habitations qu'il visite, d'où l'engouement de nombreux habitants de la région pour cette cérémonie. Il faut remonter à 1950 pour voir le début du festival alors nommé « Sokyo Festival » (Fête du commerce et de l'industrie), changé dès 1966 pour « Ushi Oni Festival ». La parade de Ushi Oni, elle, débuta en 1967, au son des enfants jouant de la flûte de bambou.


 

A quelques centaines de mètres du sanctuaire Warei, sur la même rive de la rivière, nous nous arrêtons au sanctuaire Taga (ci-dessous) , lieu dédié à la fertilité. L'endroit est inattendu puisqu'on peut y observer d'emblée des sexes d'hommes de manière plus qu'explicite. Un musée du sexe est accessible et rassemble sur trois étages objets phalliques, estampes et statues consacrées à la fertilité. A l'issue de cette visite, vous connaitrez tout du kamasoutra et vous pourrez même acheter les petits souvenirs qui ne manqueront pas de surprendre vos amis...Je me délecte personnellement de ces estampes japonaises osées dans un pays d'accoutumée très réservé sur la question. Voilà au moins un sujet qui ne manque pas d'originalité!


 

La chaleur est pesante une fois encore et nous nous aménageons une courte pause avant de poursuivre notre visite. La ville est étonnamment endormie en ce début d'après-midi et nous nous dirigeons bientôt vers le parc Shiroyama, un gigantesque îlot de verdure au milieu d'Uwajima. Là, se trouve la château d'Uwajima (ci-dessous), surnommé « Date Jumangoku no Jokamachi » et appelé « hirayamashiro (château en hauteur). C'est l 'un des douze châteaux japonais à encore posséder son propre donjon original qui fut construit sous la période Edo. Le château fut érigé en 1596 par Takatora Todo, un daimyo qui avait reçu de Toyotomi Hideyoshi un fief un an plus tôt. Ce samouraï né dans la province d'Omi se retrouva au service du demi-frère de Toyotomi Hideyoshi, avant de s'allier à Ieyasu Tokugawa sous l'étendard duquel il participa à la bataille de Sekigahara, en 1600. Ce fut, malgré sa petitesse, une place forte importante dans le sud-ouest de Shikoku. La famille Date prendra possession de la forteresse en 1615 et y entreprendra d'importants travaux mais la bâtisse conservera toujours l'esprit du lord Takatora Todo. De nos jours la totalité des douves a été comblée et 280 000 m² environ de la surface du château ont disparu. Il ne reste à ce jour que 100 000 m² sur le haut de la colline (laquelle offre par ailleurs une superbe vue panoramique sur la baie environnante)(deuxième photo). Ce qu'on peut observer aujourd'hui correspond à la forteresse principale et à la seconde forteresse ( la troisième forteresse, elle, a depuis disparu) qui sont devenues site historique national depuis 1937. Le château a dans son ensemble été classé comme bien culturel important depuis 1934. Le parc Shiroyama abrite quant à lui 400 sortes de plantes qui poussent autour de la forteresse. La bâtisse, constituée d'une tour à trois étages aura été restaurée en 1666 par le lord Munetoshi Date. Les pignons décoratifs de chaque étage représentent les périodes de paix. L'architecture de l'ensemble attire toujours beaucoup de monde ici, à cause de son originalité. La porte Noboritachi s'élève devant l'entrée de Karametemichi (entrée sud) et est bâtie dans le style Yakuimon. Elle représentait la porte d'entrée d'un maison de samouraï. Construite durant la période Keicho, cette porte, loin d'être la plus imposante, reste la plus ancienne du Japon. Une autre porte, celle du chef samouraï Koori, se tien à l'entrée nord-est du château. La famille Koori en fit don à la ville en 1952 et la porte fut alors transférée sur son emplacement actuel. La pote actuelle n'est pas complète mais heureusement, il en reste l'essentiel, c'est à dire la partie authentique d'une demeure de samouraï, ce qui n'est pas si courant à Uwajima. Nous passons Soraya et moi près de l'entrepôt Yamazato Soko qui servit jadis à entreposer les armes de la troisième forteresse en 1845. Les entrepôts encore préservés au Japon ne sont pas légion et celui-ci fut remis à la ville par la famille Date avant d'être transféré à son emplacement actuel, en 1966.


 

Lors de notre arrivée au parc Shiroyama, nous rencontrâmes un vieux monsieur (un gamin de 84 ans!) qui gravissait allègrement les marches d'un escalier conduisant au château. Guide volontaire, Uchimazu (c'est son nom) nous offrit de nous accompagner sur place et nous fit visiter l'endroit. J'ai été très impressionné par l'état physique d'Uchimazu (en photo ci-dessous) qui grimpa la colline avec une aisance incroyable, et ce, sous un soleil de plomb. Nous l'invitâmes à nous accompagner dans un bar de l'arcade commerciale de la ville pour se désaltérer un instant. Quel exemple pour nous tous!

 

Une autre curiosité d'Uwajima sont les traditionnels combats de taureaux qui s'y déroulent les 2 janvier, le premier dimanche d'avril, le 24 juillet, le 14 août et le dernier dimanche d'octobre. Ces combats se déroulent entre deux taureaux et sans toréador. Tout comme à Okinawa, cette discipline de lutte qui oppose deux taureaux de gabarit important laisse d'abord la place aux taureaux les plus légers qui s'élancent les premiers dans l'arène. Le premier taureau au sol perd le round. Et le tournoi fonctionne à l'aide de deux tours éliminatoires. Les taureaux sont quant à eux entourés de leurs maitres qui veillent à leur éviter au maximum les blessures.


 

 

INFOS PRATIQUES:

 



  • Office de tourisme d'Uwajima. Tel:(0895) 22 3934.

  • Café Ecrin TAO, situé dans l'arcade commerciale (près de la gare JR) à Uwajima. Endroit agréable et personnel attentionné.










 



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