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Grandeurs & Décadences du Clan Taira au Musée de Cire de Takamatsu
(Préfecture de Kagawa, Ile de Shikoku, Japon)
Heure locale

 

Lundi 22 juillet 2013

 

De passage à Takamatsu (Ile de Shikoku), je visitais récemment le musée de cire du Conte de Heike. L'endroit se trouve à l'écart du centre ville, dans une zone industrielle, mais le déplacement vaut la peine. Afin de nous replonger dans le contexte, quelques rappels historiques : En 794, Kyoto devenait la capitale du Japon et connut 350 années de paix. Cette période, qui s'écoula de 811 à 1155, restera la plus longue période de paix que connut le pays. Les trente dernières années de ces trois siècles et demi allaient toutefois replonger le Japon dans le chaos. En 1156, une première bataille (la rébellion de Hogen) prit place au cœur de la capitale, bataille qui allait illustrer l'émergence de deux clans, ceux des Minamoto et des Taira. Ils allaient prendre une place de plus en plus importance en politique tout en continuant à se battre mutuellement, et ce, au nom de l'empereur. Trois ans plus tard, en 1159, les Tairas remportèrent temporairement la victoire sur leurs adversaires. Et s'imposèrent durant les vingt années suivantes, en contrôlant la famille impériale et en se mettant à dos prêtres influents, lords et guerriers. Ce clan Taira (également connu sous le nom de Heike) descend du prince Takamune, un petit-fils de l'empereur Kammu (qui reçut lui-même le nom de Taira en 825). D'autres descendants reçurent plus tard ce surnom, chacune des branches du clan portant le nom de l'empereur dont elle descendait, suivi de Heishi (ou Heike) comme, par exemple, la lignée principale qui descend de Kammu, et appelée Kammu Heishi. Cette lignée principale émanait effectivement de Tairo no Takamochi (l'arrière petit-fils de l'empereur Kammu, qui régna de 781 à 806). Ainsi le clan Taira prit-il davantage de place au fil du temps dans le Kanto jusqu'à causer des rébellions contre le pouvoir central.

En 1181, le patriarche du clan, Taira no Kiyomori, décéda au moment où ses troupes devaient faire face à de multiples batailles face au clan adverse, les Minamoto. Ces derniers reprirent progressivement la main sur le clan Taira, jusqu'à ce que le jeune empereur Autoku (alors âgé de 6 ans) et sa mère, quittent Kyoto. En 1185, les Minamoto attaqueront le reste des Taira à Yashima, puis à Dan no Ura (à l'ouest de la mer intérieure de Seto) jusqu'à éradiquer ce clan.


 

Le musée de cire que je visite aujourd'hui accueille quelques 150000 visiteurs chaque année, des visiteurs venus des quatre coins du Japon. Fondé en 1992 par Monsieur Yamaoka, alors Président de la Juki Food Company (lequel dépensa 2,1 milliards de yens pour créer 310 statues de cire ainsi que le bâtiment existant pour les abriter), l'actuel musée ne tardera pas à devenir le plus grand musée de cire du pays. Trois ans après son ouverture, une autre société, la Ishimaru Industry Company, succéda à la première. Le bâtiment (ci-dessus) a une allure extérieure élégante avec ses couleurs grise et blanche, et ce mélange d’architecture à la fois traditionnelle nippone et occidentale. Le rez-de-chaussée offre quarante statues de cire dont des hommes et des femmes qui représentent des célébrités japonaises du monde moderne directement associées à l'île de Shikoku. Celle de Kodo Daishi (ci-dessous) est en bonne place : Celui qu'on surnommait également Kukai est le saint fondateur de l'école bouddhiste Shingon. Figure marquante du Japon, il influencera fortement le pays par son esprit universel. Il fut non seulement un grand religieux mais aussi un éminent homme de lettres, un philosophe, un poète et un calligraphe. Le musée décrit ainsi l'histoire du clan Taira (heike) en berçant le visiteur d'une musique à base d'ocarina que l'on doit à Matsumoto Toshikazu.


 

Le premier étage propose quant à lui plus de 310 statues de cire, à travers 17 scènes reconstituées de façon impressionnante et représentant « le conte de Heike ». Cette histoire est celle des grandeurs et décadences du clan Taira, qui se déroulèrent entre 1165 et 1185. Les personnages vêtus d'habits de coton, ou de soie, dépeignent des moments tristes, dramatiques même aussi comme ces guerriers reconstitués en train de se battre furieusement. Les visages des personnages sont très expressifs, ceux des femmes tout particulièrement. Le conte de Heike est ainsi un récit militaire dont le récit est expliqué par des documents. On estime qu'il a été rédigé durant la période Kamakura. Il comprend douze volumes qu'on peut classer en trois parties : La première relate la monté du clan Taira en détaillant comment Taira no Kiyomori parvint à concentrer tous les pouvoirs. La seconde partie est consacrée à ceux qui combattirent le clan Taira et les batailles conduites par Minamoto no Yoritomo et Kiso Yoshinaka. La dernière partie concerne de l'effondrement du clan Taira et de ses célébrités survivantes. Un autre ouvrage, appelé « Kanjo no Maki », revient sur les événements de ces douze volumes. On y apprend que l'empereur Go Shirakawa rend visite à Kenreimon (dont l'épouse avait été épargnée lors de la bataille de Dan no Ura) à Ohara afin de parler du passé. La gloire des Taira fut de courte durée et ne dura que trente années, à partir des troubles de la rébellion de Hogen, mais le système d'engagement des samouraïs qui fut mis sur pied durant ce règne survivra longtemps après l'effondrement du clan, jusqu'aux périodes Kamakura et Edo.

Voici donc le récit de quelques-unes des 17 scènes les plus marquantes de cette visite au musée de cire :


 

Scène 2 (en photo ci-dessus) « Hors du clan Heike, point de salut ». Taira no Kiyomori, l'architecte du clan Taira réussit en seulement huit années à gagner toutes les batailles, à commencer par les rébellions de Hogen et de Heiji dans les années 1150. Il parvint ainsi à se hisser au poste d'un simple conseiller de gouvernement pour plus tard atteindre celui de chancelier du royaume. Les membres de son clan connurent une ascension parallèle, à l'intérieur même du gouvernement et pouvaient ainsi exercer des responsabilités militaires, en contrôlant plus de trente provinces du Japon, dont Aki (qui constituait à elle seule plus de la moitié des territoires nippons de l'époque).


 

Scène 6 (ci-dessus) « Esprits démoniaques ». En juin 1180, Kiyomori imposa le transfert de la capitale, de Kyoto à...Fukuhara. C'est alors qu'un énorme visage horrible apparut sur le mur de sa chambre tandis que des tas de crânes envahirent son jardin pour former une forme géante en forme de crâne. D'autres phénomènes étranges se seraient aussi produits. Les habitants de Kyoto interprétèrent ces signes comme l'expression du démon qui habitait Kiyomori et le présage de la fin du clan Taira.


 

Scène 10 (en photo ci-dessus) « La bataille de Ichi no Tani ». En 1183, les armées de Kiso Yoshinaka marchèrent sur Kyoto et le clan Taira conduisit le jeune empereur Antoku hors de la ville. Ils se rendirent d'abord à Dazaifu (sur l'île de Kyushu) avant de retourner à Yashima (province de Sanuki), puis de faire route en direction de Fukuhara pour y construire des fortifications, y constituer des forces armées basées à Ichi no Tani. Mais l'année suivante, le clan Taira pliera une fois de plus devant son adversaire à cette bataille appelée Ichi no Tani.


 

Scène 12 (ci-dessus) «Nasu no Yoichi tire sur le cerf-volant». En février 1185, Yoshitsune mena ses armées à Sanuki dans le but d'attaquer par surprise à Yashima. Les armées du clan Taira embarquèrent sur leurs bateaux afin de s'enfuir par la mer, mais le clan Genji, bien qu'inférieur numériquement, les poursuivit et les décima. Lors d'une accalmie au cours de la bataille, un navire se fit remarquer surmonté d'un cerf-volant. Sur l'ordre de Yoshitsune en personne, le célèbre archer Nasu tira sur le cerf-volant à l'aide d'une flèche enflammée. Voyant cet exploit, les armées des deux camps poussèrent un cri de ralliement et louèrent Yoichi.


 

Scène 13 (ci-dessus) «L'empereur Antoku se jetant à l'eau ». Après la bataille de Yashima, le clan Taira fila vers l'ouest, sur la mer intérieure de Seto puis rassembla sa flotte à Hiroshima près du détroit de Kanmon. Tôt ce matin du 24 mars 1185, débuta la bataille finale de Dan no Ura. Le clan Taira donna d'abord l'impression d'avoir l'avantage mais une succession de trahisons venues du camp de Genji (allié au clan Taira) de Shikoku et de Kyushu, provoqua la défaite du clan Taira. Et l'empereur Antoku et Nil no Ama de se jeter dans la mer en signe de désespoir.


 

Scène 17 (photo ci-dessus) «Le prêtre qui jouait du luth ». Le luth japonais émet un son triste. Le Conte de Heike a été brillamment transmis par celui-ci. Au début de l'ère Muromachi, il y avait plusieurs centaines de prêtres bouddhistes à Kyoto qui erraient sans savoir quand avait été rédigé ce conte et par qui. Le mystère reste entier.

 

 

INFOS PRATIQUES :

 


  • Musée de Cire Heike Monogatari, 3-6-38 Asahi-machi à Takamatsu. Tel:(087) 823 8400. Ouvert tous les jours de la semaine de 9h00 à 17h30. Droit d'entrée : 1200 yens. Photos autorisées. Site internet : http://www.heike-rekishikan.jp/index1.htm

 












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