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Ryuku Mura, Village Traditionnel du Royaume des Ryukyu
(Onna, Okinawa, Préfecture d'Okinawa, Japon)
Heure locale


Vendredi 31 janvier 2014.

Notre excursion me conduit cette fois au Ryukyu Mura, un parc d'attractions consacré au mode de vie des habitants d'Okinawa et à leur habitat traditionnel. J'y découvrirai les différentes habitations et activités qui caractérisaient l'ancien royaume des Ryukyu. C'est que la culture de ces îles est un savant mélange d'échanges commerciaux avec des pays comme la Chine, le Japon et la Corée, mais aussi d'autres pays d'Asie du sud-est. Depuis les temps anciens, différentes cultures s'installèrent aux îles d'Okinawa, en apportant à chaque fois leur artisanat, leur mode de vie, et même le karaté (dont on dit qu'il fut inventé ici). Le karaté justement, parlons-en : on prétend en effet que cet art martial serait le fruit d'arts martiaux okinawaien et chinois, bien avant l'existence du royaume des Ryukyu. Ce mélange d'art martial traditionnel des îles, appelé Ti, et le Kung Fu venu de Chine, aurait donné l'art martial qu'on connait aujourd'hui. La volonté politique de la dynastie Ryukyu de récupérer les sabres chez les habitants des îles aurait poussé ces derniers à trouver un autre moyen de se défendre. Cette politique de récupération des armes sera poursuivie sous la période Edo. C'est ainsi que le karaté moderne gagna ses lettres de noblesse.


 

La longue histoire de l'archipel commence à l'ère préhistorique, il y a 10 000 ans. Une histoire influencée par ses voisins, mais il faudra attendre le XIV è siècle pour que se dégage une unité de ces îles grâce à l'établissement du royaume des Ryukyu en 1429. Les échanges commerciaux avec les autres pays prirent alors toute leur dimension. Puis, le royaume subit l'invasion du clan Satsuma en 1609 et il passa sous la domination du Japon. Jusqu'à devenir l'une des préfectures du Japon moderne, en 1879.

Les maisons que je vais découvrir lors de ma promenade dans ce parc d'attractions me permettront de me faire une idée de ce qu'était la vie des habitants du temps des Ryukyu. Cette terre, empreinte de traditions, a aussi ses fêtes : une reconstitution de la fête Michi Junee vient juste de débuter sur la place centrale (ci-dessous). Le roi, la reine et les officiels de la cour de Sanji sont rassemblés pour assister à la danse de cour Yotsudake qui fut créée du temps du royaume des Ryukyu (deuxième photo). Les danseuses portent un large chapeau en forme de fleur, appelé hanagasa, et le costume traditionnel à motifs fleuris. Il y a plusieurs festivals à Okinawa, et la plupart sont dédiées aux dieux de la nature et des ancêtres, dans le but d'obtenir la santé et de bonnes récoltes. Par exemple, la fête HA-RI est dédiée au dieu de l'océan, Niraikanai. Elle a lieu chaque année dans chaque port de pêche de l'île. Il y a aussi OOTUNAHIKI : cette lutte à la corde entre deux camps (chaque groupe essayant de tirer la corde à elle) est connue hors des frontières de l'archipel et l'une des grosses cordes utilisées figure même au livre Guinness des records. EISA est enfin une fête mettant en scène des danses Shanshin, au son de la guitare okinawaienne et des tambours. Chaque région de l'île a sa propre danse. La musique et les instruments varient aussi en fonction des villages.


 

Entre temps, j'ai pu observer quelques demeures comme la maison des Nakasone, qui accueille un atelier de tissage. Les échanges commerciaux avec la Chine, l'Asie du sud-est et l'Inde entre les XIV è et XVI è siècles favoriseront l'arrivée à Okinawa de nombreuses techniques déjà répandues sur le continent asiatique, comme le tissage ou la teinture des textiles. Celles-ci bénéficieront d'une protection royale et connaitront un essor nouveau sur l'île, avec des évolutions purement locales. C'est ainsi que naquirent les impressions bingata aux motifs décoratifs et aux couleurs vives qui rendent si bien l'atmosphère chaude du sud, avec de nombreuses variantes selon les régions et les matériaux disponibles localement. Cette maison fut construite dans le village de Yomitan à la fin des années 1800 puis, rebâtie en 1904 à Gima, avant d'être démontée et remontée ici en 1984. Elle fait partie des sept maisons originales témoignant du patrimoine de Zakimi. La maison surélevée des Kijimuna est un autre exemple d'architecture (ci-dessous).


 

Autrefois, on conservait les vivres dans des entrepôts. Celui de la photo ci-dessous était semblable à ceux qu'il était courant de rencontrer dans les mers du sud. Un système de ventilation naturelle permettait une bonne conservation des biens, dont le grain, qui y était stocké. La surélévation de l'entrepôt évitait aussi la venue des rongeurs.


 

La maison des Higa, elle, fut bâtie à Tamagusuku Hyakuna dans le sud d'Okinawa, en 1877. Et fut remontée à cet endroit en 1982. On y vendait, semble t-il, du saké et autres marchandises (photo ci-dessous). C'était aussi l'endroit où l'on préparait le riz. On peut aussi y trouver un grand choix d'herbes. Une autre demeure, la maison des Nishiishigaki tient ses origines de l'ère Taisho. Erigée il y a 85 ans environ dans la ville d'Ishigaki, sur l'île portant le même nom, dans l'archipel Yaeyama. L'ère Taisho,aussi appelée période de grande justice, par les Japonais, court de 1912 à 1926 et coïncide avec le règne de l'empereur Taisho. L'ère précédente, la période Meiji, fut plus chaotique. Quant à Ishigaki, elle subit le tsunami de Yaeyama le 24 avril 1771, suite à un puissant séisme dans l'archipel de Yaeyama, et dénombra 8439 victimes.


 

Une autre maison, celle des Hanashiro, est originaire du village de Nakazato, sur l'île de Kume, et date de 1897. Kume, d'une superficie de 59 km2 compte 8700 habitants et fait partie de l'archipel Okinawa situé dans l'océan Pacifique.

L'Utaki est un terme de la langue okinawaienne pour désigner un endroit sacré, celui où l'on vénère l'ancêtre ou le gardien du village par exemple. Chaque village d'Okinawa en possède un. Sur les îles voisines, il en va de même mais le lieu porte un autre nom. On pratique ici la religion ryukyu, un système indigène de croyance. Légendes et traditions peuvent, elles aussi, varier selon les lieux, mais cette religion se caractérise par le culte des ancêtres et le respect des relations entre les vivants, les morts, les dieux et les esprits du monde naturel. Avec le temps, ces pratiques religieuses ont été influencées par les religions chinoises, le bouddhisme, le shinto et le christianisme dans une moindre mesure. Une des caractéristiques les plus anciennes de la religion ryukyu est sans doute la croyance en l'onarigami, la supériorité spirituelle de la femme, qui a permis le développement du culte des noro (prêtresses) et une importante reconnaissance des yuta (femmes médium). Au centre de l'utaki, on trouve de grosses pierres au pied desquelles on brûle de l'encens. Kuba est l'arbre sacré (un palmier), qui croit en abondance dans ces lieux sacrés. On appelle ibi l'endroit où les dieux descendent du ciel et seules les femmes chamanes peuvent y pénétrer. Les rituels ont lieu dans un sanctuaire appelé kami ashagi (photo ci-dessous).


 

Ma visite me conduit maintenant aux ateliers de céramiques, une des activités artisanales de l'île. Cet art serait arrivé à Okinawa il y a 500 ans, en provenance de la Chine et de l'Asie du sud-est où il était déjà très répandu. Des fours (ci-dessous) s'installèrent d'abord à Naha, près du château de Shuri, à l'initiative des princes du royaume. Le village de Yomitan est un haut-lieu de la poterie yachimun (nom donné à la poterie locale en okinawaien).


 

L'économie dominante fut autrefois fondée sur l'exploitation du sucre de canne, puis, plus tard, de la patate douce. Cette dernière apparut à la faveur de Noguni Soukan en 1605. Celui-ci apporte des semis de cette plante à Chatan et à Gima Shinjo, puis répand avec succès la consommation de ce légume. D'autres cultures sont également répandues comme celles de la goyave, de la banane, de l'ananas, de la papaye et du tabac. Jusqu'au début de l'ère Showa, il existait dans les fermes des villages des petites unités de production destinées à travailler la canne à sucre brun. On utilisait alors un buffle ou un cheval pour faire tourner le moulin à sucre et tirer le jus de la canne. Le premier atelier de ce type apparut à Okinawa en 1623, plus exactement à l'initiative d'un lord local, Gima Shinjo, qui envoya ses ouvriers en Chine afin d'étudier la technique de l'exploitation de la canne : on faisait bouillir le jus de canne à 120°C durant cinq heures dans un grand pot. Cela permettait de faire disparaître l'amertume du jus. Puis on laissait refroidir à l'air libre.


 

Mon rapide tour d'horizon du parc Ryukyu Mura se termine avec la maison Ooshiro (ci-dessous) qui fut bâtie à Syuri, du temps du royaume des Ryukyu, par la famille Yonabaru, alors fonctionnaire du roi. En 1879, lorsque le royaume fut remplacé par la préfecture d'Okinawa, la maison fut rachetée puis transportée à Itoman, avant d'être transférée ici, depuis 1982.


 

Le parc offre également un centre où l'on peut s'intéresser au habu, le serpent local. On y présente le mode de vie de ce reptile ainsi que son principal adversaire sur l'île, la mangouste. D'autres serpents sont aussi exposés. Une porcherie est aussi présentée car le porc est longtemps resté la principale production de viande d'Okinawa. Comme toujours dans les parcs d'attractions, on me fait sortir en traversant une zone commerçante avec boutiques et restaurants. Sans grand intérêt.

 

 

INFOS PRATIQUES :


  • Ryukyu Mura, le village ryukyu, 1130 Yamada, à Onna. Tel : 098 965 1234. A 15 minutes de la ville d'Ishikawa. Ouvert tous les jours de 8h30 à 17h30. Entrée : 840 yens. Spectacle Michi Junee à 10h00 et 16h00. Spectacle Eisa à 9h00 et 13h00. Guide audio disponible à la location pour 500 yens (dépôt garantie de 1000 yens demandé au bureau de location). CB acceptées dans les commerces mais ticket d'entrée payable en cash uniquement.

     

    Spectacle du serpent habu : 420 yens.

  • Site internet : http://www.ryukyumura.co.jp/

  • Parc naturel BIOS no Oka, 961-30 Ishikawa Kadekaru, à Uruma. Tel : 098 965 3400. Ce grand parc naturel est ouvert toute l'année de 9h00 à 18h00. Entrée : 690 yens. Balade en bateau (580 yens) tous les trente minutes. Canoë disponible pour deux personnes (1500 yens) durant trente minutes. Promenade en attelage tirée par un buffle (580 yens, pour 25 minutes). Site internet : http://www.bios-hill.co.jp/ (photos de cette visite disponible en haut à droite de cet article)

  • Cette visite fait partie de l'excursion consacrée à l'ouest d'Okinawa (coût : 5500 yens, repas inclus). Départ de l'excursion à 9h00 et retour à 16h00. Accès WiFi gratuit à l'agence.

    Okinawa Bus Tour (excursions) (en japonais) : http://okinawabus.com/

    Izumizaki 1-10-16, Naha-shi ( à deux minutes de marche du terminal de bus de Naha), Naha. Tel : 098 861 0083. On parle anglais à l'accueil. Mèl : kankou@okinawabus.com

     

 

 





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