Revoir le globe
Top


Les Zones Humides de Sierpe-Terraba
(Sierpe de Osa, Province de Puntarenas, Costa Rica)
Heure locale


Dimanche 25 mai 2014

J'ai décidé de visiter ce matin la réserve humide nationale de Sierpe-Terraba. Celle-ci se trouve sur la côte sud Pacifique, près de la Péninsule de Osa, et est riche de diversités naturelles grâce à sa mangrove qui s'étend sur presque 17000 hectares. Depuis Uvita, je me dirige vers Palmar Norte puis prends la direction de Sierpe de Osa. Ce petit village n'est situé qu'à une quinzaine de kilomètres. Je traverse de grandes palmeraies car, ici, l'huile de palme est reine. On m'a parlé d'un hôtel sur place, d'où partiraient les croisières. Je le trouve sans difficultés et me renseigne sur la possibilité d'embarquer pour découvrir la mangrove. Jorge Uribe Marine m'accueille avec beaucoup de gentillesse et met gracieusement à ma disposition un bateau et son capitaine-guide, José (en photo ci-dessous). Nous embarquons ainsi pour trois bonnes heures de balade au milieu d'un monde riche et merveilleux, la mangrove : la mangrove est un écosystème maritime qui inclut un groupement de végétaux principalement ligneux qui ne se développe que dans la zone de balancement des marées appelée l'estran des côtes basses des régions tropicales. Ces milieux particuliers procurent d'importantes ressources forestières et halieutiques pour ces populations vivant sur place. Je découvre ainsi des habitants du cru qui vivent de la culture du riz ou d'autres plantes, ou de l'élevage du bétail. J'apercevrai même des cochons sur une rive voisine. La mangrove fait partie des écosystèmes les plus productifs en biomasse de la planète. José ma présente plusieurs plantes comme la mangrove rouge (deuxième photo) appelée ainsi car la sève de l'arbre est rouge. Son autre nom est cahuita (cela me rappelle le parc du même nom du côté de Puerto Viejo). D'autres arbres défileront sous mes yeux comme les mangroves noire, blanche, pina, mora ou gatiador...Ces plantes possèdent pour se reproduire des graine pouvant, pour certaines d'entre elles, peser jusqu'à un kilo et demi ! D'autres ont des graines de taille plus modestes, en forme de fœtus (troisième photo).

 

Il est huit heures du matin et la lumière est encore douce. Nous longeons les rives, et croisons des jacinthes d'eau (en photo ci-dessous). Cette fleur, appelée également camalote, est une plante aquatique des rivières, canaux et lacs des régions tropicales. On pense qu'elle tient ses origines de la cuvette amazonienne et des grands lacs et marais de la région du Pantanal (Brésil). Pour l'heure, elle flotte abondamment sur les eaux de la mangrove de Sierpe-Terraba, formant des tapis flottants denses. Ses feuilles sont épaisses, cireuses, arrondies et lustrées. Ses fleurs ont six pétales, bleu violacé à rosâtres, et laissent apparaître en leur sommet une tâche jaune. La croissance de cette plante est l'une des plus rapides du règne végétal. Les jacinthes d'eau peuvent en effet croitre de 2 à 5 mètres par jour selon les endroits. Plante invasive, cette fleur peut devenir envahissante au point de modifier sensiblement l'écosystème local. Elle a cependant un rôle positif : elle épure les eaux polluées.


 

Les rives des canaux que nous parcourons bruissent de vie : le crabe bleu (ci-dessous), très craintif, joue à cache-cache dans la vase et est très difficile à photographier. Plus loin, un crocodile américain (deuxième photo) régule sa température en maintenant sa gueule ouverte. Soudain, à un mètre de lui, passe en trombe un lézard basilisk femelle qui marche sur l'eau pour rejoindre la rive, laissant sur sa faim notre crocodile. La mangrove de Sierpe-Terraba en compterait environ 800. Mieux vaut faire attention où l'on marche car, non loin de l'hôtel, il y en a un qui a récemment avalé trois chiens en deux jours. Nous poursuivons notre promenade dans cet endroit reposant. De temps à autre, j'aperçois des oiseaux sur la cime des arbres. La mangrove abrite une foule d'animaux, dont des serpents comme ce boa constricteur arboricole (troisième photo), blotti dans le creux d'un tronc d'arbre et que l'on réveillera pour la photo. Serpent primitif à deux poumons,il ne possède pas de crochets ni de système venimeux. Son corps musclé lui permet d'étouffer ses proies en les empêchant de respirer et en stoppant leur circulation sanguine. Il avale ensuite celles-ci, la tête la première, mais mettra parfois un certain temps à les digérer.


 

D'autres animaux occupent aussi la place : un caïman (ci-dessous) a été repéré dans les roseaux de la rive, par José (celui-ci a un œil très exercé), notre capitaine. On rencontre le caïman en Amérique centrale et en Amérique du sud. Animal proche des alligators, il est plus petit qu'un crocodile. Grâce au bateau à fond plat de José, nous avons pu nous approcher à moins de deux mètres de lui, mais notre caïman reste immobile. José m'affirme qu'il est en mode veille, un peu endormi. Je n'y mettrai pas la main pour vérifier...Nous rencontrerons aussi, plusieurs lézards mais aussi des iguanes (deuxième photo) qui prennent le soleil mais s'échappent à notre arrivée.


 

Sur un tronc d'arbre flottant, il y en a une qui profite de sa matinée dominicale. La tortue d'eau (ci-dessous) possède une carapace nettement moins bombée que sa consoeur terrestre ainsi que des pattes plus ou moins palmées. Elle est également carnivore (alors que les tortues terrestres sont herbivores). Relativement timide, elle aussi disparaît dans l'eau lorsque nous l’approchons de trop près. Au loin, dans un arbre, nous découvrons un héron vert (deuxième photo). Il s'agit d'un petit héron (les adultes mesurent 44 cm de long) avec le dos et les ailes bleues, un cou noisette avec des lignes blanches qui descendent du menton, tandis que sa cape est noire. Ses pattes sont jaunes orange et son bec, noir. Cet oiseau vit près des zones boisées qui bordent les cours d'eau douce, saumâtre ou salée d'Amérique centrale. Il se trouve fréquemment dans les mangroves, où il se nourrit de petits poissons, d'amphibiens ou d'insectes aquatiques. Il lui arrive même de ruser en laissant tomber de la nourriture à la surface de l'eau pour attirer les poissons. Le héron vert niche dans un nid fait de brindilles dans un arbre ou même parfois au sol. Mais souvent près de l'eau. La femelle pond 3 à 5 œufs, qui sont couverts par les deux parents. Sa plus importante menace : la destruction de son habitat par le drainage des zones humides.


 

José me conduit maintenant à l'estuaire des tigres (ci-dessous), un canal de mangrove plus petit qui porte ce nom car, autrefois, on y trouvait quelques tigres qui vivaient sur place. C'est aussi l'habitat du lys araignée (deuxième photo), plante herbacée qui vit le long des cours d'eau. La mangrove se développe sur le littoral dans des zones calmes et peu profondes. José prétend qu'il n'y a guère plus de deux mètres d'eau sous notre embarcation. Compte tenu du nombre de crocodiles qui s'y trouve, je n'y glisserai de toute façon pas un orteil...La côte Pacifique du Costa Rica possède environ 41300 hectares de mangrove (dont près de 17000 dans les zones humides de Sierpe-Terraba, constituées par 'l'embouchure des Rios Terraba et Sierpe). La mangrove où je me trouve aujourd'hui est la plus dense de la zone Pacifique d'Amérique centrale. On y trouve une multitude de mollusques, poissons, plantes et animaux. La présence de la vie humaine fut observée à partir du III è siècle avant J.C. Les habitants alors sur place subsistaient grâce à une agriculture basée sur la culture du maïs et de tubercules, sur l'élevage, la pêche et le ramassage des coquillages. Ils vécurent ainsi jusqu'aux années 1930 lorsqu'arriva l'industrie bananière : les premiers colons défrichèrent des terrains, pour y faire pousser la banane. Ils plantèrent aussi des bambous importés pour servir de pare-vent face aux tempêtes littorales. La vie de la mangrove s'en trouva complètement changée. De 1930 à 1960, il n'existait pas de toute panaméricaine et les colons ne se déplaçaient qu'en bateau depuis les canaux ou par la mer. 1970 vit l'augmentation de la population de Palmar. Puis, la compagnie bananière abandonna partiellement l'endroit entre 1973 et 1984, faisant baisser sensiblement la population du canton d'Osa (la surface occupée par cette industrie grimpera tout de même jusqu'à 2800 hectares en 1999). Longtemps, la zone ne disposa pas de l'électricité. A cause de la déforestation, on rencontre aujourd'hui de superbes villas, souvent construites par des Américains et des hôtels se sont installés sur certaines rives. Autant de menaces futures pour cette mangrove et les équilibres de sa biodiversité. A l'intérieur de celle-ci, on trouve environ 1000 hectares de surfaces consacrées au bétail mais aussi à l'agriculture de subsistance. Autre menace : un projet du gouvernement d'un barrage hydroélectrique Boruca : cette construction ferait disparaître sous les eaux de nombreuses zones boisées et sept réserves indigènes.


 

Nous empruntons maintenant un autre bras de la mangrove, et repérons un bébé paresseux (en photo ci-dessous) en train de dormir. Cet unau est un animal arboricole, fréquemment rencontré dans la canopée tropicale. Lorsqu'il a deux doigts, il est réputé être l'animal le plus lent du monde. Son poids adulte est de 4 à 8 kilos pour la taille d'un petit chien. Son corps est recouvert de longs poils brunâtres. Cette fourrure a la particularité d'héberger des algues microscopiques qui favorisent un meilleur camouflage. En effet, à la saison des pluies, sa fourrure devient verdâtre alors qu'elle tourne au jaune lors de la saison sèche. Celle-ci sert également de refuge pour bien des insectes (papillons, scarabées...).


 

J'entends soudain un cri qui ne m'est pas inconnu : le singe hurleur (ci-dessous) n'est pas très loin, et c'est toute une famille que nous apercevons bientôt dans de grands arbres. José imite leur cri, et on dirait que ces singes lui répondent. Le plus important n'est-il pas de trouver les mots adéquats ? Alors que je m'y attendais pas, un ouistiti me passe sous le nez. Pris au dépourvu, je prends quelques photos (malheureusement ratées!) de cet animal en perpétuel mouvement. On trouve de nombreuses espèces de ce petit singe au regard irrésistible (il était à un mètre de moi) et ne pesant que 120 à 400 grammes. Tant pis, çà sera pour une autre fois !


 

 

INFOS PRATIQUES :

 







 



Retour aux reportages







Qui Suis Je - Reportages - Médiathèque - Calendrier - Pays - La lettre - Contact
Site réalisé par Kevin LABECOT
Disclaimer - Version mobile