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Exposition "Aimez la Vie, Aimez Paris"
(Musée Matsuoka, Tokyo, Japon)
Heure locale

 

Samedi 30 aout 2014

 

Il y a quelques jours, je découvre une page internet vantant une exposition sur la France. Celle-ci se tient encore pour quelques semaines à Tokyo, au musée des Arts Matsuoka. Comme je passais dans le quartier, j'ai décidé de visiter cette exposition consacrée aux plaisirs de la vie parisienne. En réalité, il s'agit de l'exposition d'oeuvres de peintres, en grande majorité française. A l'origine de ce musée, un homme : Seijiro Matsuoka (en photo ci-dessous), l'ainé de trois frères d'une même famille. Né à Tsukiji (Tokyo) le 8 janvier 1894, d'un père négociant en riz, il rejoint après ses études la Yazawa Shouten Trading Company à Ginza en 1912. Avant de monter sa propre entreprise, Matsuoka Shouten, cinq années plus tard. Son entreprise investira dans de nombreux secteurs économiques (immobilier, entreposage frigorifique...). Mr Matsuoka décèdera le 20 mars 1988, à 95 ans, laissant sur terre de nombreuses collections d'oeuvres artistiques.

Quinze ans avant de quitter ce monde, Seijiro Matsuoka avait émis le souhait de partager ses collections. Et créait en 1975 le musée Matsuoka, à Shinbashi (Tokyo). Vu l'importance de ces collections, il lui faudra trouver un lieu plus vaste, jusqu'à s'installer à l'adresse actuelle, opération initiée plus tard par sa famille qui décidera de rapatrier le musée dans la résidence de Seijiro, à Shirokanedai. Mr Matsuoka adorait sa maison qui, semble t-il, lui rappelait Hakone. C'est ainsi que le musée Matsuoka ouvrit ses portes à Shirokane en avril 2000.


 

Quelle belle idée d'organiser cette exposition « Let's enjoy life in Paris » (Aimez la vie, aimez Paris !) pour le 120è anniversaire de la naissance de Mr Matsuoka ! Plus d'un an après sa naissance, notre bébé aurait sans doute été épouvanté par cette locomotive qui traversa la façade de la gare Montparnasse (à l'époque Gare de l'Ouest) ce 22 octobre 1895. Ce train express N°56 arrivait alors de Granville avec 131 passagers à son bord. Guillaume Marie, le conducteur, était pourtant expérimenté. Le train étant parti en retard, celui-ci n'aurait pas freiné à temps pour tenter d'arriver à l'heure à Paris. Et boum ! Dans le décor ! Cette même année, Louis et Auguste Lumière déposent le brevet de cinématographe. Une grande invention est née et cette date est d'ailleurs considérée comme la naissance du cinéma. Leur machine, mise au point avec Charles Moisson, utilise déjà une pellicule photographique ressemblant à celle du Kinétographe d'Edison. Elle sert à la fois de caméra de prise de vue et de projecteur de cinéma. Une première projection publique aura lieu au Salon indien du Grand café de Paris le 28 décembre. Titre du film : la sortie de l'usine Lumière à Lyon. Un clin d'oeil à Marcel Pagnol, né dix mois plus tôt, et futur cinéaste.

Louis Pasteur, lui, rendra l'âme le 28 septembre 1895, après avoir mis au point un vaccin contre la rage. On lui offrira des obsèques nationales le 1er octobre.

 

Ces années 1890 couvrent la période de la Belle Epoque, déjà abordée dans un précédent reportage. Cette décennie verra l'apogée de la machine à vapeur alimentée au charbon, laquelle sera bientôt détrônée par le moteur à explosion. 1890 verra aussi le début de l'aviation avec ce premier vol réalisé par l 'ingénieur français Clément Ader. L'année 1896 verra l'adoption, par le conseil municipal de Paris, du projet de réseau de chemin de fer métropolitain de Fulgence Bienvenue et d'Edmond Huet. La première ligne de métro de la capitale sera construite à l'occasion de l'Exposition universelle de 1900. Le réseau se développera ensuite rapidement jusqu'à la Seconde guerre mondiale. Inspecteur général des Ponts et Chaussées, Fulgence Bienvenue, sera considéré, avec Edmond Huet, comme la père de ce métro. Breton, il tombera amoureux de Paris et y montera pour y travailler, jusqu'à faire aboutir ce projet de métropolitain, pourtant sur le tapis de longue date (en 1851, puis 1871, 1877 et 1883) à cause de l'opposition permanente des grandes compagnies ferroviaires de l'époque. Le saviez-vous ? Cette même année 1896, une tornade affectera le cœur de Paris ce 10 septembre peu avant 15 heures, causant la mort d'au moins cinq personnes et faisant une trentaine de blessés. Le phénomène météorologique se déplaça en ligne droite sur une longueur de 6 kilomètres (et une largeur de 300 mètres), atteignant la Place Saint Sulpice, le quai des Grands-Augustins, les Ponts au Change et Saint Michel, l'Opéra Comique, le Châtelet, la Place de la République, le canal Saint Martin le boulevard de la Villette et le parc des Buttes-Chaumont avec arbres déracinés, boites de bouquinistes et toitures arrachées, chutes de cheminées et de branches d'arbres. On connaitra heureusement des évènements plus réjouissants cette année-là, avec la création par la joaillerie française de la maison Van Cleef & Arpels. Quant à Nicolas II de Russie, il visitera notre capitale en octobre 1896.

 

L'année 1897 commencera bien pour ces dames : les femmes sont en effet désormais admises à l'Ecole des beaux-arts de Paris à compter du 26 avril. Ecole d'art prestigieuse, reconnue dans le monde entier, celle-ci rassemble alors la peinture, la gravure, la sculpture et l'architecture. Quelques jours plus tard, le 4 mai, a lieu l 'incendie du Bazar de la Charité, à Paris, faisant 121 victimes. Vente de bienfaisance créée par Henri Blount et présidée par le Baron de Mackau, ce bazar avait pour principe de vendre des objets au profit des plus démunis. Ce 4 mai, rue Jean-Goujon, l'incendie semble avoir été causé par la combustion des vapeurs de l'éther utilisée pour une projection de...cinématographe ! La plupart des victimes seront des femmes charitables issues de la haute société parisienne. Cette catastrophe choqua beaucoup les Parisiens au point de remettre en question le développement du cinématographe jugé dangereux.

Le cru 1898 de la vie parisienne verra naitre le premier Salon automobile de Paris, le 13 juin : celui-ci se tiendra au jardin des Tuileries sur une surface de 2500 m2, jusqu'au 3 juillet. 232 modèles, provenant de plus de 200 constructeurs, seront alors exposés. Cette même année, la France connaîtra d'ailleurs la création de la firme automobile Renault, le 1er octobre. Jeune homme passionné d'automobile, Louis Renault convertit alors son tricycle en voiturette. Puis l'équipe de la première boite à vitesses en prise directe. C'est le début d'une grande aventure.

1899 débutera de manière moins faste, avec, le 16 février, le décès du Président Félix Faure, au palais présidentiel, et dans des circonstances originales : Félix Faure avait ce jour-là rendez-vous avec Marguerite Steinheil (qu'il avait précédemment rencontré à Chamonix deux ans plus tôt). Le président aura t-il (ou pas) absorbé une dose trop importante d'aphrodisiaque, il mourra, dit-on, dans les bras de sa maitresse. Comment voulez-vous qu'après cela notre pays ne soit pas réputé pour l'amour ? Événement plus heureux le 4 juillet de cette année-là, la naissance de Marcel Achard, futur dramaturge, auteur de comédies légères et de pièces de boulevard, acteur et homme de cinéma.

 

Bien qu'il fut encore jeune pour avoir vécu ces évènements, Seijiro Matsuoka aurait peut être apprécié cette vie parisienne qui sera encore plus passionnante à partir de 1900. Mais çà, c'est une autre histoire, déjà décrite dans deux autres reportages, Paris 1900, Ville spectacle, et l'exposition Paris 1900 au Petit Palais (Paris). Reportages que vous retrouverez sur le site LeGlobeFlyer.com. Esthète, notre homme s'intéressait aussi à d'autres formes d'art. On peut en effet admirer au rez-de-chaussée des œuvres de l'art ancien oriental qui concerne l'époque romane. Les amateurs admireront des sculptures en pierre de l'Egypte ancienne. Le musée présente alternativement dans cette même salle, des expositions consacrées à des œuvres culturelles de la Rome ancienne, de la Grèce, de la Mésopotamie ou de la Perse.

Toujours au rez-de-chaussée, une autre salle présente,elle ,des sculptures modernes : l'un des rêves de Mr Matsuoka était de créer un musée à ciel ouvert destiné aux familles et à leurs enfants. Dans cette optique, il collectionna donc d'immenses sculptures en bronze, œuvres de Bourdelle, ou de Henry Moore. Il n'aura malheureusement pas le temps de mener à bien son projet mais une salle accueille désormais ces œuvres.

Les sculptures anciennes asiatiques trouvent également leur place dans ce musée. Mr Matsuoka s'intéressait beaucoup aux statues des pays d'Asie et nous offre aujourd'hui la possibilité d'admirer des représentations de Bodhisattva ou du Bouddha de la région du Gandhara (les actuels pays Afghanistan et Pakistan). De superbes statues de déesses et de dieux hindous sont aussi présentées en alternance avec des œuvres de la Chine ancienne et de l'Empire Khmer.

D'autres pièces accueillent des expositions temporaires au premier étage : près de 1800 œuvres de Seijiro Matsuoka sont ainsi présentées en alternance. Les céramiques représentent à elles seules un tiers de ces œuvres. Mr Matsuoka adorait effectivement celles-ci (les vases en particulier) et y était très attaché.

 

 

INFOS PRATIQUES :


  • Exposition « Aimez la Vie, Aimez Paris », jusqu'au 28 septembre 2014, au Musée Matsuoka, 5-12-6 Shirokanedai, Minato-ku, à Tokyo. Tel : 03 5449 0251. Le musée est ouvert tous les jours (sauf le lundi) de 10h00 à 17h00. Entrée : 800 yens. Pour vous y rendre, descendre à la station de métro Meguro, emprunter la sortie Est puis marcher 15 minutes. Vous pouvez aussi descendre à la station Shirokanedai (ligne Mita), emprunter la sortie 1, tourner à gauche en haut des escaliers, puis à droite aux feux tricolores. Le musée se trouve sur la droite à 10 minutes de marche.

 













 



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