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Georges Island
(Boston, Etat du Massachusetts, Etats-Unis)
Heure locale

Mardi 12 aout 2014

 

Pour cette nouvelle escale bostonienne, j'embarque sur un bateau de croisière pour me rendre à Georges Island, l'une des nombreuses îles qui occupent la baie de Boston (Massachusetts). Georges Island ne se trouve qu'à onze kilomètres du centre de Boston. D'une superficie de 160000 m2 seulement, plus une zone littorale de 57000 m2, elle ne se trouve qu'à quinze mètres au-dessus du niveau de la mer. La curiosité du site est le Fort Warren. Et la desserte de l'endroit par bateau a fait de cette île une destination populaire d'autant plus qu'il est facile de s'y rendre en peu de temps. Trente minutes seulement seront nécessaire pour arriver à destination. Georges Island fait partie du parc national des îles du port de Boston. Celui-ci comprend plus d'une vingtaine d' îles et une péninsule, ouvertes au public pour les loisirs et la découverte de la faune sauvage. Le parc date de 1970, et est desservi quotidiennement par plusieurs bateaux, qui permettent aussi de se rendre d'îles en îles. L'accès à certaines îles (comme l'île Thompson )ne sont toutefois ouvertes au public qu'en été et le dimanche. Les bateaux privés peuvent aussi accéder à ces morceaux de terre sous certaines conditions. Notre arrivée se fera au petit port de Georges Island (ci-dessous), autrefois bâti pour permettre le débarquement des énormes blocs de pierres ayant servi à la construction du Fort Warren. Le bâtiment en briques se trouvant face au port date de 1906 et servait autrefois à l'entretien des mines sous-marines déployées autour des îles pour protéger les accès au port. Il abrite aujourd'hui un centre touristique avec son petit musée.


 

A l'époque de la colonisation américano européenne, l'île de Georges Island étaient composée de deux collines. L'endroit servit de zone agricole jusqu'en 1825, et ce, durant deux siècles. A cette date, le gouvernement américain en fit une zone de défense, et ce furent les Français qui, les premiers, fortifieront cette île. Les vingt années suivantes, l'île fut plus ou moins abandonnée puis on y construisit le Fort Warren, inauguré en 1847. Ce Fort dont la construction débutera en 1833, était déjà obsolète lors de son achèvement et ne sera, du reste, jamais attaqué. Il sera alors utilisé, dès 1858, comme terrain d'entrainement, point de patrouilles, et prison lors de la Guerre de Sécession (à partir de 1862). Le fort vécut ainsi durant un siècle au service de l'armée américaine, avant d'être déclassé en 1947 et d'être repris par par le district en tant que monument historique en 1958.

Depuis lors, tout le monde vous dira que les couloirs du fort sont hantés par le fantôme d'une jeune femme vêtue de noir, The Lady in Black. Ce fantôme serait celui de l'épouse d'un prisonnier confédéré qui aurait été condamnée à mort, après avoir favorisé la fuite d'un prisonnier en s'étant elle-même en soldat. Elle sera pendue, revêtue d'une robe noire. C'était la dernière requête de la condamnée. A l'origine de cette légende, une lettre de Samuel Lanier, prisonnier au Fort, à sa femme Mélanie. Celle-ci parvint quelques semaines plus tard à atteindre l'île, habillée en soldat, et à rejoindre son époux. Elle avait emporté avec elle un petit pistolet de poche ancien. Ayant ensemble décidé de creuser le chemin de leur évasion, c'est le bruit de pioche contre le granit qui alertera les gardiens. Le Commandant du fort, le Colonel Justin Dimmick, se rendit sur les lieux. Mélanie tenta alors de le tuer à l'aide de son vieux pistolet. Ce dernier explosa, tuant son mari sur le coup. Je n'ai malheureusement pas eu la chance de croiser cette dame lors de ma visite...


 

De nos jours, l'île sert de centre de loisirs. On y trouve un bar restaurant, mais aussi un quai qui accueille les bateaux dans leur ordre d'arrivée. L'île Georges Island accueille aussi des personnels du parc national, dont des rangers (photo ci-dessus) qui apportent l'aide nécessaire aux visiteurs de passage.

Dès la descente du bateau, je me dirige vers l'imposant fort Warren : cette construction, d'une surface de 110000 m2, est de forme de pentagone, et est faite de pierre et de granit. Elle fut bâtie entre 1833 et 1861, et achevé peu de temps après le début de la Guerre de Sécession. Le fort servit à défendre le port de Boston de 1861 à la fin de la seconde guerre mondiale, et, nous l'avons vu, fut aussi utilisé comme prison. L'endroit connaitra une importante activité durant la Guerre hispanoaméricaine et la Première guerre mondiale, avant d'être réactivé lors de la seconde guerre mondiale. Déclassé en 1947, il est devenu depuis un monument historique mais aussi un site touristique. Ce fort original porte le nom d'un héros de la guerre révolutionnaire, Docteur Joseph Warren, l'homme qui désigna Paul Revere pour sa fameuse balade à cheval destinée à prévenir les soldats américains de l'arrivée d'une garnison britannique à Boston. Ce médecin de profession jouera en effet un rôle important en tant que patriote dans les premiers jours de la révolution américaine. Il participa également aux batailles de Concord et de Lexington, considérées comme essentielles à cette guerre américaine. Dr Joseph Warren sera nommé Général de la milice coloniale, le 17 juin 1775, juste avant la bataille de Bunker Hill. Au lieu de tenir son rang, Joseph Warren combattit en tant que simple soldat et mourut au combat alors que les troupes anglaises prenaient d'assaut Breed's Hill. Une peinture, « La mort du Général Warren à la bataille de Bunker's Hill », de John Trumbull, immortalise sa disparition et l'on retrouve désormais le nom de cet homme illustre dans de nombreux endroits aux Etats-Unis.

Ma visite débute en passant devant la maison des gardiens (ci-dessous) bâtie à l'intérieur d'un contrefort. Je franchis ensuite l'entrée du Fort Warren et découvre quelques mètres plus loin les défenses extérieures (deuxième photo). Celles-ci font face aux îles Gallops et Lovells et protège les murs épais des front II et III. Les tirs de canons depuis le chenal ne permettaient pas alors d'endommager le fort. Ces défenses étaient coiffées d'une puissante batterie de canons.


 

Je franchis la forteresse par une porte appelée Sallyport (ci-dessous), autrefois protégée par un pont basculant. Les soldats ennemis, une fois avoir franchi la première ligne de défense, auraient du franchir ce pont, puis se seraient retrouvés en face d'un terrain en pente, devant affronter les tirs de fusils depuis les meurtrières avant de s'attaquer à une autre porte à herse. L'entrée de cette place forte me permet ensuite de découvrir le front III où étaient hébergés les prisonniers politiques (deuxième photo ci-dessous). De longs murs abritent en effet les cellules et forment ce qu'on appelle alors un front, tandis que les angles, eux, constituent des bastions (troisième photo). Entre 1860 et 1890, cet ensemble abritait non seulement les chambres des prisonniers mais aussi un parloir et une cuisine. Vers 1900, les officiers détenus profiteront dans d'autres quartiers, plus aérés et à l'extérieur du fort. Les locaux antérieus étant désormais utilisés comme bureaux administratifs. Quant au bastion C, il hébergera non seulement un four à pain (quatrième photo) mais aussi un mess (durant le Seconde guerre mondiale). Il sera également utilisé comme grenier à provisions. Une tour d'observation complète l'ensemble. Elle sera construite dans les années 1900 et devra permettre de localiser les bateaux ennemis pour les mettre à la portée de la batterie Stevenson dissimulée non loin de là. Je profite de la vue dégagée pour faire quelques clichés des environs (à découvrir dans l'album photos). Durant la Seconde guerre mondiale, cette tour sera utilisée pour coordonner les mouvements des bateaux alliés à travers les champs de mines immergés dans les chenaux Narrows et Nantasket. On hissait alors plusieurs pavillons en son sommet.


 

Le front II est composé d'un terre-plein (ci-dessous) supportant une ligne de canons Rodman. Ces puissants canons avaient été conçus par l'artilleur Thomas Jackson Rodman. Celui-ci servira en tant que général de l'armée américaine lors de la Guerre de Sécession et ses inventions contribueront nettement à la victoire de l'artillerie. Ce canon Rodman, de tailles différentes, contribuera lui aussi activement à la défense côtière. En contrebas de ce terre-plein se trouvaient les batteries Plunkett (deuxième photo ci-dessous) et Stevenson. Pendant la guerre hispano américaine, la batterie Plunkett protégeait les champs de mines immergées. Ses canons étaient conçus pour atteindre des bateaux rapides. Quant à la batterie Stevenson, elle fut achevée à la fin de 1902. Ses tirs pouvaient atteindre une distance de...10 kilomètres. Tout près de ces deux batteries, se trouvaient les lieux de vie pour une trentaine de soldats mais aussi des entrepôts d'armes et de munitions. A l'autre extrémité, le bastion A accueillait la batterie Bartlett (troisième photo). Ce bastion sera recouvert dans les années 1870 afin de permettre l'installation de nouveaux pas de tirs sur son toit. Et offrait des chambres pour les soldats. Dans les années 1940, ce bastion servira de terrain de jeux, de cinéma et d'espace de stockage.

 

Au centre du Fort Warren, se trouve un immense terrain qui servait jadis aux défilés des troupes. Il accueille également le magasin à poudre (ci-dessous) et abrita aussi les camps de tentes en temps de guerre. Cet endroit servait tantôt de lieu d'entrainement pour l'infanterie, tantôt de terrain récréatif. Le magasin à poudre est une construction de style gothique qui fut achevée en 1863. Il était le plus grand magasin à poudre du fort. D'autres magasins, plus petits, existaient ici et là dans l'enceinte.


 

Je termine cette visite en m'arrêtant quelques instants au vieil hôpital du Fort Warren (ci-dessous). Celui-ci, situé au Bastion D abrita cet hôpital jusqu'en 1906. Une grande salle (deuxième photo) accueillait les malades tandis que consultations et interventions chirurgicales avaient lieu dans des pièces adjacentes. Un nouvel hôpital sera plus tard construit, permettant de faire de l'ancien hôpital du fort une bibliothèque. Dans les années 1940, ce lieu deviendra un magasin fournissant provisions, effets personnels et souvenirs pour les soldats de la garnison.

 

Revenons quelques instants sur la construction du Fort Warren : l'ingénieur de l'armée américaine, le Colonel Sylvanus Thayer, plus connu pour son mandat de super intendant de l'Académie militaire des Etats-Unis, sera chargé de la construction de ce fort. Lors de la guerre de Sécession, les prisonniers qui y furent incarcérés étaient des soldats de l'armée confédérée, des personnels de la Marine, des fonctionnaires civils de l'Etat du Maryland, et des prisonniers politiques du nord. On y retrouve ainsi les noms de James M.Mason, John Slidell, Alexander H.Stephens ou John Henninger Reagan. Les conditions de détention y étaient si humaines que lorsque le fils du commandant du camp, le lieutenant Justin E.Dimick quitta le fort pour partir au service actif, les officiers confédérés incarcérés lui adressèrent une lettre lui demandant de prendre soin de lui. Le pauvre homme mourra finalement en mai 1863, à Chancellorsville. La célèbre chanson de la Marche pour l'union, John Brown, fut aussi écrite au fort à partir d'un vieux chant ce camp méthodiste. Cette chanson fut adoptée par le 12è régiment d 'infanterie du Massachusetts de l'armée du Potomac, par les hommes du Régiment Webster qui s'étaient rassemblés au Fort Warren. Julia Ward Howe, abolitionniste américaine, activiste et poète, entendit cette chanson alors qu'elle visitait Washington DC, et , sur la suggestion de son ministre, écrivit The Battle Hymn of the Republic, qui était à l'origine un poème. Ce chant, en compétition avec la chanson de John Brown, deviendra l'un des chants symboliques de la Guerre civile.


 

Le Fort Warren restera actif jusqu'à la fin de la Première guerre mondiale. Puis, il sera modifié à la fin des années 1890 et au début du XX è siècle, afin de l'adapter aux nouvelles munitions utilisées. Pendant la Deuxième guerre mondiale, on l'utilisa comme centre de contrôle des champs de mines au sud du port de Boston, car on craignait des attaques potentielles de sous-marins allemands. Le fort était alors géré par du personnel du 241 è Régiment d'artillerie responsable de la sécurité du port bostonien, régiment qui rejoindra la fédération américaine en septembre 1940. Le fort sera quant à lui démilitarisé après 1950. Le gouvernement fédéral le conservera jusqu'en 1958. Et le Fort Warren de rouvrir au public en 1961 après des travaux de restauration.

Désormais, c'est au département de conservation de l'Etat du Massachusetts qu'il revient de gérer le fort, cette pièce maitresse du parc national des îles du port de Boston. On peut atteindre la forteresse par bateau, depuis le port de Boston (Long Wharf), Hingham, ou Hull. Des correspondances existent à Georges Island pour ceux qui souhaiteraient se rendre sur les autres îles. On peut visiter le Fort Warren à partir du mois de mai jusqu'au 13 octobre (Columbus Day). Sur place, des rangers offrent aux visiteurs des visites guidées, mais il est aussi possible de visiter l'endroit librement. Un bureau d'information, situé à l'entrée du fort, permet de s'informer sur les diverses activités disponibles sur place. On trouve aussi sur place un bar où il est possible de se restaurer, plusieurs fontaines à eau, et de nombreuses toilettes sèches. On trouve enfin un petit musée à l'intérieur du centre touristique (bâtiment de briques rouges de l'autre côté du quai des ferries), en photo ci-dessous. On y trouve notamment le fameux missile sol/air Nike Ajax qui sera déployé à partir de 1953 pour protéger le fort. Cette visite au musée me permettra de découvrir les dures conditions de vie observées au Fort Warren. Une vitrine décrit la journée type d'un soldat. Des photos d'archives offrent de voir les différentes batteries du Fort Warren, en action. On peut même observer des soldats américains en train de s'entrainer au fort durant la Première guerre mondiale, pour être ensuite envoyés sur le front européen.

 

 

 

INFOS PRATIQUES :


  • Pour vous rendre à Georges Island : Rendez-vous au port de Boston (Long Wharf), achetez votre billet aller/retour à 15$ (les billets peuvent aussi être achetés en ligne) puis embarquez : http://www.bostonharborcruises.com/harbor-islands/?gclid=CIrerrGMhMACFamWtAodM2AA8w

  • Fort Warren : prévoir un peu moins d'une heure pour la visite

  • Parc National des Iles du Port de Boston : http://www.nps.gov/boha/index.htm

  • Guide du Parc National des Iles du Port de Boston : http://www.bostonharborislands.org/

  • Le centre touristique de Georges Island est ouvert tous les jours de 9h30 à 16h00. Boutique de souvenirs. Accès gratuit au musée et au Fort Warren. Une cafétéria jouxte le centre.

  • En photo ci-dessous, de gauche à droite, le volontaire Charles Boyer, vétéran de la Seconde guerre mondiale et le ranger Mike Doyle.

 





 



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