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Musée d'Histoire Locale d'Osaka
(Préfecture d'Osaka, Japon)
Heure locale


Mercredi 1er avril 2015

 

J'avais prévu de partir à la montagne aujourd'hui mais le temps ne s'y prêtait pas. La pluie a tombé toute la journée et j'ai préféré me réfugier à l'intérieur du Musée d'histoire locale d'Osaka. Deux époques cohabitent : la période Edo (au neuvième étage) que je vous ferai découvrir aujourd'hui, et les périodes Meiji, Taisho et Showa (que je visiterai lors d'un prochain séjour). Osaka, actuellement troisième ville du Japon, est très dynamique sur le plan économique puisqu'elle dispose de l'un des PIB les plus élevés...au monde ! La fondation de cette ville remonte au IIIème siècle et son port joua un rôle fondamental dans son développement, en lui permettant de nouer de nombreux contacts avec la Chine et la Corée. C'est de cette époque que datent les kofuns, impressionnantes structure funéraires. Osaka se tourna très tôt vers l'industrie et le commerce, puis devint grâce à l'empereur Tenji, sous son ancien nom de Naniwa, la capitale de l'empire entre le milieu du VIIè et le milieu du VIIIè siècle. C'est à cette époque que sera bâti Shi Tenno-ji, le premier temple bouddhique du Japon. Autre événement d'important à Osaka, la décision de Toyotomi Hideyoshi de construire un imposant château, Osaka-jo, en 1583. Ce dernier attirera alors un grand nombre de négociants. En dépit des sièges de 1614 et 1615, la ville retrouvera plus tard la prospérité au point d'être surnommée « le garde-manger de la nation » sous la période Edo, à cause de son rôle central dans le commerce du riz. Outre son économie, Osaka est une ville culturelle richement dotée, laquelle vit le développement du bunraku (théâtre de marionnettes), et du kabuki. La même ville deviendra enfin un haut-lieu de savoir et d'éducation, tout particulièrement dans le domaine de la médecine.


 

Le musée d'histoire locale offre de découvrir, à l'intérieur d'une immense salle, la maquette grandeur nature d'un quartier de la ville à l'époque Edo. On peut ainsi apercevoir une tour d'incendie au-dessus des toits des maisons, des boutiques typiques et des maisons ordinaires aménagées avec force détails. Je fais l'ouverture du musée et suis accompagné par un nombre impressionnants de visiteurs venus de Taïwan, de Hong-Kong et de Corée. Je rencontrerai également quelques visiteurs japonais durant cette visite. Manifestement, l'endroit attire grâce à la fidélité de la reproduction de ce quartier typique qui témoigne de la vie d'antan. La période Edo débutera en effet vers 1600, avec la prise de pouvoir de Tokugawa Ieyasu lors de la bataille de Sekigahara, pour prendre fin vers 1868, avec la restauration Meiji.

A cette époque, le shogunat contrôle le pouvoir politique, administratif, puis économique. Il existe bien sûr un empereur mais celui-ci ne possède alors que des fonctions spirituelles de grand prêtre et est le symbole du « génie national ». Les Tokugawa, suite aux nombreuses guerres féodales qui se sont déroulées précédemment, tentent d'organiser le pays en lui garantissant la paix. Un système très hiérarchisé est alors mis en place et le pays est divisé en fiefs, qui sont gouvernés par des seigneurs (les daïmios) placés sous l'autorité du shogun. Ce dernier mettra en place un système de résidence alternée, le sankin-kotai, afin de maintenir son autorité sur ces seigneurs : chaque daïmio devra en effet résider à Edo, la résidence du shogun, une année sur deux, et les seigneurs, de laisser leurs familles sur place en guise d'otages. Cette époque se caractérise alors par la période sakoku, qui consiste en une fermeture du pays sur lui-même, le Japon ne conservant que quelques liens diplomatiques avec la Chine, la Corée tandis que les Province Unies (Hollande) auront le privilège de poursuivre des relations commerciales avec le pays. Il faudra attendre Matthew Perry, et ses navires de guerre, pour que le shogun signe la convention de Kanagawa, de peur de se retrouver en guerre.


 

A Osaka, on trouve alors plusieurs échoppes dont celle de l'atelier de l'ébéniste. Juste à côté, j'aperçois l'échoppe qui vend les produits de beauté comme les peignes servant aux femmes pour se coiffer ainsi que d'autres accessoires de maquillage. Ces produits qu'on appelait komamonoya, étaient vendus par le maruya, ce marchand qui opérait à Osaka durant la période Edo. Ces articles étaient vendus à la boutique mais aussi sur place, directement au domicile des riches familles. Les peignes étaient alors confectionnés en écaille de tortue, tandis que le buis servait aussi d' accessoire d'ornement pour les coiffures des femmes. Celles-ci maintenaient alors leurs cheveux à l'aide d'un cordon appelé motoyui, cordon confectionné à partir de jolis papiers.

Le terme Karamonoya se réfère quant à lui aux marchandises venues de Chine à cette époque. Ces marchandises (karamono) étaient vendues dans la boutique portant le nom de Karamonoya. On pouvait y acquérir des objets exotiques, dont des céramiques chinoises, des meubles, des tapis, des calligraphies, des plumes de paon d'Asie du Sud-Est et de la vaisselle importée d'Europe. A Osaka, cette boutique était aussi surnommée Hikitaya.


 

Un peu plus loin, je découvre une boutique d'apothicaire (ci-dessus). Des médicaments étaient alors vendus au Japon, et en Chine depuis des décennies. C'est lors de la période Edo que le Japon commença à vendre ses remèdes dans des boutiques semblables à nos pharmacies. Bon nombre de ceux-ci étaient alors dérivés des remèdes chinois, mais aussi des médicaments issus de la Hollande. Les herbes médicinales faisaient alors partie intégrante de la pharmacopée en vigueur. La médecine Kampo était déjà une science japonaise dérivée de la médecine chinoise. Et c'est ainsi que le Japon créa sa propre médecine à base de 165 herbes. Le médicament uruyusu, lui, qu'on peut voir sur l'enseigne de l'apothicaire, permettait alors de soigner 38 maux différents et était vendu à Osaka.

Les quartiers de la ville disposaient également d'une salle de réunion, qui permettait aux résidents de se rencontrer et d'échanger sous la période Edo. Cet endroit servait à conserver d'importants documents comme le registre des familles, le livre des cadastres et les textes des lois locales. C'est là que se réunissaient les habitants le 2 de chaque mois et cette salle de réunions ressemblait à s'y méprendre aux associations d'accueil actuelles. Au-dessus de cette salle, se dressait une tour de vigie conçue pour prévenir les incendies, nombreux à l'époque, à cause des constructions en bois.

En me promenant d'une rue à l'autre, je tombe sur une cuisine traditionnelle, appelée daidokoro (en photo ci-dessous). C'est là qu'étaient préparés quotidiennement les plats servis aux familles. Cette cuisine faisait partie intégrante de la maison à l'époque Edo. Elle ne comportait pas de plancher et l'on pouvait garder ses chaussures. On y trouvait aussi un four, un évier, de l'eau potable, des bouteilles et des placards appelés mizuya, placards qui servaient à ranger assiettes et ustensiles de cuisine. Le four, lui, était fait de terre compactée. Le feu dégageait de la fumée qui était directement évacuée à l'extérieur car il n 'y avait pas de plafond au-dessus du four. On trouvait aussi parfois un extracteur d'air sur le toit afin d'extraire la fumée. L'eau, elle, était tirée d'un puits collectif. L'eau puisée dans les nappes souterraines d'Osaka contenait trop de fer et n'était pas potable. On remplissait alors des bouteilles d'eau au bord des rivières, car celle-ci était consommable.


 

Un entrepôt se dresse dans une rue en retrait, et des maisons à un seul niveau sont blotties les unes contre les autres dans une rue adjacente (ci-dessous). Ces maisons qu'on appelait immeubles de rapport étaient souvent constituées d'une seule pièce. Les gens pauvres y vivaient alors les uns sur les autres, et à même le sol car ces maisons ne possédaient pas de plancher. Les toilettes (tout comme le puits) étaient collectives et se trouvaient au bout de la rangée de maisons. A l'autre extrémité de cette rangée d'habitations, on trouvait enfin une petit sanctuaire.


 

Osaka, qui était surnommée le garde-manger du pays comportait 80000 machiya, ces maisons en bois typique des centre-villes japonais, qui servaient déjà à l’époque à la fois d'habitation et d'atelier aux habitants. Les Japonais les surnomment unagi no nedoko (chambres à coucher des anguilles) à cause de leur forme longue et étroite. Accolées les unes aux autres, ces machiya formaient des groupes homogènes d'une quarantaine d'unités familiales appelées cho (bourgs). Chaque cho était rattaché à un temple ou à un sanctuaire et regroupait une corporation particulière d'artisans et de marchands. Toutes ces constructions en bois étaient très inflammables en cas d'incendie et étaient bâties sur le même modèle : les commerces et les appartements occupaient l'avant de la maison tandis qu'un long couloir, où logeait la cuisine, desservait les entrepôts ainsi qu'un petit jardin situé dans la partie arrière.

Durant la période Edo, on ne mesurait pas le temps avec précision et la journée était divisée en six parties, du lever au coucher du soleil. La machiya ouvrait ainsi ses portes au lever du soleil, et l'on prenait son déjeuner à midi (surnommée l'heure du cheval). A Osaka, ce repas était composé de riz fraichement cuit accompagné de la soupe miso ou de légumes mijotés. Les restes étaient consommés au repas du soir ou le lendemain, au petit-déjeuner. Le Yatsu-cha (ou thé de la huitième heure) correspondait à une collation prise en fin d'après-midi. La vie nocturne débutait après le coucher du soleil (l'heure du coq). La ville fermait quant à elle ses portes à l'heure du verrat et tous ses habitants allaient rapidement se coucher.


 

A Osaka, les bains nippons étaient non seulement un lieu où l'on se lavait mais également un lieu de distraction. Selon Sir Rutherford Alcock, le premier Consul général britannique arrivé au Japon à la fin de la période Edo, ces endroits ressemblaient à de superbes lieux récréatifs, bien plus attrayants, selon lui, que les bains romains ou, dans un autre domaine, que les cafés français. On y répandait tous les potins de la ville si bien que les bains japonais conciliaient hygiène , santé mentale, vie sociale et divertissement. Ces bains publics prirent de l'ampleur dès le XVIIIè siècle et Osaka en possédait 119. L'entrée principale donnait sur la rue et l'on pénétrait immédiatement dans la pièce qui servait à se changer et qu'on appelait itanoma (ci-dessus). La salle des ablutions disposait d'un sol fait de dalles de pierres. On payait son droit d'entrée, on se changeait, puis on se rendait dans la salle des ablutions avant de pénétrer ensuite dans le bain (dont l'entrée était étroite afin d'éviter la déperdition de chaleur). Après le bain, il était courant d'échanger avec ses voisins, autour d'une tasse de thé, tout en jouant au jeu de Go ou au Shohgi dans le vestiaire.

 

 

INFOS PRATIQUES :


  • Musée d'histoire locale, 6-4-20 Tenjinbashi, à Osaka. Tèl : 06 6242 1170. Ce musée est situé au 8è étage d'un grand immeuble situé au pied de la station Tenjimbashisuji (sortie 3). Ouvert tous les jours (sauf le mardi) de 10h00 à 17h00. Entrée : 600 yens. L'exposition est composée de deux parties: la période Edo aux 10è et 9è étages, et les périodes Meiji, Taisho et Showa au 8è étage. Déposer son sac à la consigne (en face de la réception) et prévoir 100 yens pour permettre à la clé de fonctionner (on récupère les 100 yens en rouvrant son casier). Photos autorisées. Site internet : http://konjyakukan.com/info_e.html

 

 










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