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Exposition "Héros de l'ORTF, la Télévision Française en jouets des années 60 aux années 80"
(Musée de la Poupée, Paris, France)
Heure locale

 

Lundi 5 octobre 2015

 

Ces personnages sont ineffaçables de ma mémoire. Il faut dire qu'ils ont habité ma jeunesse alors que je m'attardais comme tous les mômes devant les trois chaines de télévision de l'époque. Et encore ! La troisième chaine couleurs n'arrivera que tardivement sur nos petits écrans et nous l'attendions alors comme le Messie. Oui, je l'avoue, j'ai connu la télé en noir et blanc, les programmes de la première chaine qui débutaient à midi pour prendre fin vers 14h00 (sauf pendant les vacances scolaires ou les jours de pluie, car on nous diffusait alors un film pour la jeunesse). Oui, j'ai regardé Nounours avant d'aller au dodo, comme bien des gamins de ma génération. Pom Pom Pom Pom...Le Musée de la Poupée a eu l'heureuse idée de se pencher sur ces héros des émissions de la jeunesse de l'ORTF des années soixante aux années 80. Cette exposition, présentée pour la première fois au public à partir du 8 octobre 2015 (et jusqu'au 5 mars 2016) se nourrit de l'exceptionnelle collection de Christophe Mourthé, un passionné de cette époque mais aussi photographe de renom, et fils de Claude Mourthé, écrivain et producteur à la télévision française et à France Culture, du temps de l'ORTF. Christophe a, depuis son enfance, toujours été plongé dans la culture cathodique de sa génération et a ainsi constitué une collection unique de produits dérivés et de documents représentant les héros de notre enfance. L'ORTF règne alors sur l'audiovisuel français : créé le 27 juin 1964 pour remplacer la RTF (Radiodiffusion Télévision Française), cet organisme offre alors deux chaines en noir et blanc, diffuse et produit des programmes pour la radio et le télévision dont des programmes pour la jeunesse. Je me souviens que, jusqu'en 1972, le jeudi était alors jour de congé pour l'écolier que j'étais et les programmes de la jeunesse étaient diffusés ce jour-là. En 1967 (j'avais alors six ans), la deuxième chaine se mit à émettre en couleur et deux ans plus tard, la RFP (Régie Française de Publicité) est créée. Nous découvrirons la troisième chaine couleur à la fin de 1972, trois ans avant la disparition de l'ORTF. Combien de fois aurai-je contemplé l'horloge escargot, attendant avec impatience la suite du programme. Je restais parfois même figé devant les mires, ces images fixes diffusées entre les plages de programmes .

 

Depuis soixante ans, les émissions pour la jeunesse diffusées à la télévision sont nombreuses et variées. Et l'on se souvient aisément des personnages, des chansons, des dialogues des feuilletons, des dessins animés et des émissions cultes et emblématiques qui marquèrent l'histoire de cette télévision française. Il ne reste aujourd'hui, outre les archives de l'INA, que des livres, des jouets, des déguisements, des poupées et de nombreux objets dérivés ou publicitaires qui sont visibles dans la nouvelle exposition du Musée de la Poupée. Cette invitation à vous replonger dans vos souvenirs de jeunesse est inespérée. Un parcours vous offre ainsi de (re)découvrir la poupée Claire (ci-dessous) de « La séquence du Spectateur », émission de cinéma pour la jeunesse qui débuta en mars 1961 (six mois avant ma naissance!). Les marionnettes Claire et son chat Bigoudi y présentaient alors les extraits des dessins animés et des films. Les enfants passent alors « commande » des films qu'ils souhaitent voir diffuser en adressant un dessin à l'émission. Et Claire de choisir chaque semaine les plus beaux dessins et de les présenter juste avant l'extrait de film auquel ils se rapportent.


 

Autre point fort de cette exposition : le Manège enchanté (ci-dessous). Qui ne se souvient pas de Pollux, Margote, ou Zébulon ? Cette émission de 750 épisodes de cinq minutes chacun fut créée par Serge Danot, et diffusée à partir du 5 octobre 1964 sur la première chaine. Sa diffusion sera suspendue en 1967 mais une seconde série de cent épisodes sera diffusée en 1973, puis 250 autres en 1990. On peut toujours voir Le Manège enchanté de temps à autre grâce à la société AB Productions qui a repris l'émission. Ce programme met en scène le manège du Père Pivoine sur lequel s'amuse la petite Margote. Et Zébulon, monté sur ressort, de la transporter grâce à une formule magique, « Tournicoti Tournicoton... » au pays du Bois-Joli. Margote a des amis comme Pollux le chien, Azalée la vache, Ambroise l'escargot, Flappy le lapin et le Bonhomme Jouvence, un jardinier qui commence ses phrasses par « Hep, hep, hep ». Dans le monde, ce sont à ce jour 98 chaînes de télévision qui ont diffusé cette série hexagonale en passant par les Etats-Unis, l'Iran ou le Japon, série traduite en 28 langues !


 

« Bonne Nuit les Petits »(ci-dessous) est une autre émission de la jeunesse, dont les protagonistes sont Nounours,, le Marchand de sable, Pimprenelle et Nicolas. Cette série en noir et blanc fut créée par Claude Laydu et diffusée à la télévision française pour la première fois le 10 décembre 1962. 568 épisodes de cinq minutes se succéderont avant d'accéder aux séries en couleur à partir de février 1976. L'objectif est alors de créer une coupure pour les enfants en leur indiquant qu'il est vint heures et qu'il est temps d'aller au lit avant que leurs parents ne regardent le journal télévisé. Chaque soir, le marchand de sable vient sur son nuage rendre visite aux enfants accompagné d'un ours, qui, grâce à son échelle, descend jouer un dernier instant avec eux avant de regagner son nuage en souhaitant « Bonne Nuit les petits, et faites de beaux rêves ! » à Pimprenelle et Nicolas. Et le marchand de sable de lancer une poignée de sable doré qui tombe en pluie sur les enfants. A noter qu'au tout début de cette émission, les enfants s'appelaient P'tit Louis et Mirabelle, et l'ours, Gros Ours. Ceux-ci deviendront plus tard, Nicolas, Pimprenelle et Nounours.


 

L'exposition nous permet également de retrouver Babar (ci-dessous), personnage de littérature jeunesse de Jean de Brunhoff de 1931, inspiré par un éléphant héros d'histoires créées par son épouse pour leurs enfants. Il y a trois ans, les Arts décoratifs consacraient une exposition à ce personnage mythique et je saisissais l'occasion d'écrire l'article « Les Histoires de Babar » que vous pouvez retrouver sur ce site. La série télévisée des Aventures de Babar fut diffusée à partir du 24 décembre 1968. Il s'agit là d'une adaptation théâtrale où des comédiens déguisés évoluent dans des décors réels ou peints. Cette série comprend 78 épisodes de cinq minutes. Et sera reprise plus tard dans l'album « L'histoire de Babar », qui débute après que sa mère ait été tuée par un chasseur. Notre éléphanteau quitte alors la jungle et arrive dans une grande ville, où il se lie d'amitié avec la vieille dame qui pourvoira à son éducation. Puis, notre Babar rejoindra plus tard le clan des éléphants qui fuit les chasseurs. C'est là, qu'à la suite de la mort du roi causée par des champignons vénéneux,que notre héros sera à son tour couronné roi, puis se mariera avec sa cousine Céleste, restaurera la paix et fondera la ville de Célesteville dans laquelle chaque peuple animal construira sa maison avec sa propre architecture et vivra selon ses propres coutumes.


 

Que dire des Shadoks (ci-dessous) série d'animation de 208 épisodes de 2 à 3 minutes qui fut créée par Jacques Rouxel ? Celle-ci fut diffusée de 1968 à 1973 en trois saisons et sera suivie d'une quatrième. Elle relate les histoires et les mésaventures des Shadoks, des êtres anthropomorphes aux apparences d'oiseaux et leurs opposés, les Gibis. Ces Shadoks possèdent quatre mots de vocabulaire monosyllabiques, Ga, Bu, Zo, et Meu, sont méchants et idiots et construisent des machines improbables qui ne fonctionnent pas. D'abord dessinée par un animographe, puis au dessin industriel dans le même style, cette série bénéficiera de la voix incomparable de son narrateur, Claude Piéplu. Elle constituera l'un des premiers sujets importants polémiques de la télévision française, en divisant la France entre Shadokophiles et Shadokophobes.


 

L'île aux enfants est bien sûr aussi présente au Musée de la Poupée. Emission diffusée de 1974 au 3 janvier 1975 sur la troisième chaine de l'ORTF, puis, plus tard, sur TF1 jusqu'au 30 juin 1982, marquera toute une génération de bambins avant de se retrouver en concurrence avec RécréA2 à la fin des années 70. En septembre 1974, Casimir (ci-dessous), le gentil monstre, et l'île aux enfants, apparaissent dans une séquence de quatre minutes seulement, à la suite de l'émission américaine Sésame Street (Bonjour Sésame). Elle deviendra deux ans plus tard une vraie émission de 20 minutes, à travers la production de 968 épisodes imaginés par Christophe Izard, épaulé par Yves Brunier, lequel réalisera bon nombre des déguisements et des marionnettes, dont Casimir qu'il jouera d'ailleurs lui-même. Les enfants s'amuseront beaucoup de cette alternance entre séquences de marionnettes et personnes réelles. L'objectif, qui était alors d'éveiller les jeunes téléspectateurs en les instruisant grâce à des petites aventures pleines de morales, mais entrecoupées de séquences animées ( souvenez-vous de la Noiraude, de la Lineay, d'Antivol, de Gribouille, de Pinkie Pou , de Téléchat ou de Watoo Watoo..). Casimir vit ainsi entouré d'enfants et d'amis et apprend les rudiments de la vie auprès de François l'étudiant, de Julie la marchande de bonbons, du facteur Emile, et de l'artiste exubérant Monsieur Du Snob, sans oublier Hyppolite, son cousin naïf. C'est Roger Pouly qui composera le célèbre générique de l'émission, chanson interprétée par Anne Germain sur des paroles de Christophe Izard.


 

L'exposition présentée offre donc une multitude d'objets réunis pour quelques mois et pour le plus grand plaisir des grands et des petits, sur plusieurs générations. Certains personnages comme Babar, Barbapapa, Maya ou Scoubidou sont encore connus des jeunes d'aujourd'hui. Ces derniers se replongeront sans aucun doute dans ce retour en enfance.

 

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