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Tokaïdo, la Route de la Mer de l'Est - Yoshida
(Préfecture d'Aichi, Japon)
Heure locale


Mercredi 24 février 2016

 

Située dans la préfecture d'Aichi, Toyohashi fut fondée le 1er août 1906. Soit dit en passant, le 16 mars de la même année, le gouvernement japonais nationalisait les chemins de fer alors que la gare ferroviaire de Toyohashi, elle, était déjà en service depuis...1888. La préfecture d'Aichi ne manque certainement pas non plus d'intérêt. Celle-ci est située dans la région de Chubu, plus exactement dans la région du Tokai (signifiant littéralement la région de la mer de l'est). Le Tokai est coincée entre le Kanto (nord) et le Kansai (sud) mais reste une région extrêmement active du point de vue économique puisqu'on considère que son PIB annuel équivaut presque (tout de même) à celui d'un pays comme le Canada. Pourtant, comme on le dit ici, c'est la campagne....

La région de Toyohashi fut habitée bien avant la route Tokaido, il y a de cela des milliers d'années. Les archéologues ont en effet trouvé des restes de corps humains remontant à l'époque du Paléolithique, il y a 10 000 ans avant J.C. On retrouva même des restes d'éléphants Naumann, du nom d'Heinrich Edmund Naumann, qui mit à jour pour la première fois ce grand éléphant d'Asie qui vécut entre 500 000 et...15 000 ans de cela. Durant l'époque Nara, la cité prospéra en tant que relais postier. Sous l'ère Sengoku, la zone fut convoitée à la fois par le clan Imagawa (basé dans la province de Suruga) et d'autres chefs de guerre, ce qui donna lieu à l'érection de fortifications, dont le château Yoshida. Il faudra attendre l'influence dominante du clan Matsudaira et de son allié Oda Nobunaga, pour contrer la menace des Imagawa, jusqu'à ce que Ieyasu Tokugawa prenne possession de l'endroit. Après la bataille d'Odawara en 1590, Toyotomi Hideyoshi exigea le départ de Ieyasu Tokugawa et confia le château Yoshida à Ikeda Terumasa. Ce dernier développera une ville autour du château tout en agrandissant le château lui-même. On sait ce qu'il advint à la suite de la bataille de Sekigahara, puisque Ieyasu Tokugawa, vainqueur, établira son shogunat. Et le château Yoshida d'être intégré au domaine du même nom. Domaine qui fut partagé entre plusieurs daïmios avant que le clan Matsudaira ne se réinstalle en 1752 au château et y reste jusqu'à la restauration Meiji.


 

Je me promène sur une portion de cette fameuse route Tokaido, qui traverse le centre-ville de Toyohashi, pour atteindre la large rivière Toyogawa. Il ne reste guère plus de traces du passé si ce n'est la marque de l'endroit où se dressaient jadis les portes Est (ci-dessous) et Ouest de la ville-étape de Yoshida (depuis incluse dans la ville de Toyohashi). Plus de honjin non plus, mais il reste tout de même la matérialisation des restes d'une des deux honjins que comptait alors Yoshida dans les années 1800. Une veilleuse en pierre se dresse enfin face à l'ancienne porte Est, au carrefour Higashi haccho.

Yoshida-juku fut créée en 1601, et devient rapidement une station d'étape de la route Tokaido. La station s'étendait alors sur 2,6 kilomètres et était à la fois une ville fortifiée du château de Yoshida et une ville portuaire. L'endroit deviendra l'une des plus importantes stations du Tokaido au fil des ans, tout particulièrement réputée pour ses meshimori onna, ces femmes embauchées par les hatago (gites) dans les shukuba. Au début, simples servantes employées par les auberges, elles se livreront peu à peu à la prostitution face à l'augmentation de la fréquentation de la route shogunale et à la concurrence de plus en plus forte entre les différentes auberges. Bon nombre d'entre elles embauchaient des prostituées pour attirer les clients, à tel point qu'en 1718, Tokugawa éditera une loi visant à restreindre les effectifs des meshimori onna, à deux par auberge. Ces femmes ont désormais leur lieu de repos éternel dans l'enceinte du temple Eisho-ji de Fujisawa, ville située dans la Préfecture de Kanagawa (deuxième photo ci-dessous). Ces tombes furent édifiées par le propriétaire de l'hôtel Komatsuya durant l'époque Edo.

D'après un recensement de 1802, les voyageurs de passage à Yoshida trouvaient à leur disposition deux honjin, une annexe de honjin, et 65 hatago. La petite ville comprenait alors quelques mille bâtiments et une population de 5000 à 7000 habitants. Sous l'ère Meiji, une petite station surnommée Toyohashi sera bâtie dans un village avoisinant, qui permit à la zone de se développer économiquement en tant que ville. On voit le résultat aujourd'hui.


 

Parmi les curiosités de la ville de Toyohashi se trouve le château de Yoshida (ci-dessous). Il fut, à la fin de la période Edo, le siège du clan Inaba, alors daïmio du domaine de Tateyama, puis la forteresse sera successivement connue sous le nom de château d'Imahashi, puis de Toyohashi. Le clan Inaba formait alors un groupe de samouraï qui fut prédominant pendant les périodes Sengoku et Edo. Sous la période Edo, on les identifiait comme un des clans fudai daïmio (c'est à dire des vassaux héréditaires de Tokugawa occupant notamment les rangs de l'administration). On trouve pour la première fois le clan Inaba au XVI ème siècle, dans la province de Mino. Ils prétendaient alors descendre de Kono Michitaka (lui même soi-disant descendant de l'empereur Kammu). On dénombre dans ce clan une branche principale, puis une branche secondaire. Une autre branche secondaire apparaitra plus tard, plus exactement en 1781. De 1785 à 1868, celle-ci vécut dans le domaine de Tateyama (d'une valeur de 10 000 koku) dans la province d'Awa. Domaine féodal de la période Edo, le domaine de Tateyama possède une longue histoire: Son château sera construit et reconstruit à plusieurs reprises en fonction des conflits locaux. Puis, Tateyama sera envahie par la marine de Takeaki Enomoto qui s'en servira comme base pour attaquer les forces de l'alliance Satcho dans la province de Kazusa. A la fin du conflit, en 1871, le domaine de Tateyama devient la préfecture du même nom.


 

Ce château est un château de plaine bâti sur la rive occidentale de la rivière Toyogawa. La principale motte castrale (ouvrage de défense ancien) était entourée d'une douve avec trois poivrières (tourelle, ou guérite placée en encorbellement à l'angle d'un bastion), une poivrière de deux étages et trois portes. Il ne reste aujourd'hui que quelques pierres des anciennes douves tandis que les structures originales ont disparu. L'actuel château est une reconstruction moderne d'une des trois yaguras (poivrières) de trois étages qui abrite désormais un musée retraçant (brièvement et en japonais!) l'histoire locale. Un premier château fut érigé au bord de la rivière Toyogawa en 1505 par Makino Kohaku, alors obligé d'Ujichika Imagawa (daïmio du clan Imagawa) dans l'intention de sécuriser son ancrage à l'est de la province de Mikawa, face au pouvoir grandissant du clan Matsudaira, à l'ouest de cette même province. Ce château se trouvant à la confluence de deux rivières fut impliqué dans plusieurs batailles à l'époque Sengoku et changera de mains plusieurs fois. Il sera détruit puis reconstruit également plusieurs fois. C'est Tokugawa Ieyasu qui en prendra le contrôle à partir de 1565. Après le siège d'Odawara en 1590, Toyotomi Hideyoshi ordonnera au clan Tokugawa de se réinstaller dans le Kanto et attribuera ledit château à Terumasa Ikeda, lequel développera la ville autour du château et se lancera dans une reconstruction ambitieuse de la bâtisse. Il ne verra pas le château achevé puisqu'à la suite de la bataille de Sekigahara, on le renverra à Himeji alors que le donjon n'était pas encore achevé. Une fois le shogunat Tokugawa installé, le château de Yoshida devint le centre du domaine de Yoshida, domaine féodal occupant alors une position stratégique entre Edo et Nagoya, et situé sur le Tokaido (route de la mer de l'est). C'est à ce moment que plusieurs vassaux de Tokugawa en prirent la direction jusqu'à ce que le clan Matsudaira s'en saisisse en 1752. Il en restera d'ailleurs le résident jusqu'à la restauration Meiji, puisque le dernier daïmio de Yoshida, Nobuhisa Matsudaira, cédera le château sans résistance au gouvernement de Meiji en 1868. La jeune Armée impériale japonaise en prendra livraison en 1871 mais la bâtisse périra dans les flammes deux ans plus tard. Et une grande partie du parc du château disparu restera entre les mains des militaires japonais jusqu'à la fin de la seconde guerre mondiale. Après la guerre, une partie du terrain servit à restaurer le parc puis à la construction de la mairie de Toyohashi (ci-dessous). Il faudra attendre 1954 pour que soit construite la poivrière à trois étages à l'aide de béton armé.


 

Une fois sur place, il y a plusieurs façons de visiter Toyohashi. Je m'en remets pour une fois à une brochure touristique qui m'a été remise par l'hôtel. Celle-ci propose des circuits réalisables sur une demi-journée. Pour commencer, je choisis de me rendre en tramway (ci-dessous) à la station Shiyakushomae qui se trouve tout près du parc de Toyohashi. Il me faut une dizaine de minutes pour arriver à destination à partir de la gare JR, mon lieu de départ. Le tramway est à taille humaine et confortable. A cinq minutes de là, se trouve l'église orthodoxe de la ville, située à côté d'un sanctuaire. L'église est fermée mais le beau soleil présent ce matin sur la région me permet d'apprécier le bâtiment à sa juste valeur: Entièrement construite en bois, cet édifice fut transféré à l'endroit actuel lorsqu'on observa une recrudescence du nombre de russes croyants orthodoxes à Toyohashi, en 1913. L'église survécut à la seconde guerre mondiale, avec à l'intérieur, et bien à l'abri, ses icônes, documents et autres objets de valeur. C'est la plus vieille église orthodoxe de la préfecture d'Aichi. Il m'arrive de croiser des églises orthodoxes dans ce pays (la dernière que j'ai vue se trouvait à Hakodate, sur l'île de Hokkaido) et il faut savoir que l'église orthodoxe du Japon est une juridiction autonome du pouvoir de celle qui est rattachée canoniquement au Patriarcat de Moscou et de toute la Russie. Son chef porte le titre d'archevêque (de Tokyo) , métropolite (évêque de l'église d'orient) pour tout le pays. En plus de l'archevêché de la capitale nippone, il existe deux évêchés (à Kyoto et à Sendaï)


 

Le sanctuaire Akumi Kanbe Shinmeisha ne présente à priori aucune particularité si ce n'est d'héberger une figure de taille (ci-dessous) ainsi qu'un festival annuel (qui se déroule les 10 et 11 février), le Oni (Ogre en photo) Matsuri Festival. La fête est l'occasion de prier pour de fructueuses récoltes à venir et d'assister au combat entre cet ogre rouge et le tengu (dieu) au long nez. L'ogre rouge court dans les rues en lançant des sucreries aux enfants (dans des petits sacs rouges) ainsi qu'une mystérieuse poudre blanche dont on dit que celui qui en est recouvert ne tombera pas malade l'été suivant. On danse alors au son d'une chanson nippone traditionnelle, la « dengaku », et sur la danse « Kagura », ode dédiée aux dieux conformément aux coutumes des ancêtres. A la boutique du sanctuaire, on peut se procurer des petites figurines en terre qui représentent le tengu (dieu de la guerre, avec son long nez) et le démon (tout rouge). Vous pourrez vous en servir pour vous purifier et vous prémunir de tous les risques de malheur à venir, en les mettant dans votre maison.


 

INFOS PRATIQUES :


  • Site officiel de Toyohashi: http://www.city.toyohashi.lg.jp/

  • Château de Yoshida:

    http://www.jcastle.info/castle/profile/101-Yoshida-Castle

     

     

     entrée libre dans la poivrière reconstituée, qui est située à l'intérieur du parc de la ville.

  • Office de tourisme disponible en gare de Toyohashi, tous les jours de 9h00 à 18hOO

  • Se déplacer en tram comporte des avantages: Billet journée à 400 yens.

  • Toyohashi Public Hall, 3-8 Hachodori à Toyohashi. Tel: 0532 51 3077. Site internet (en japonais): http://www.bunzai.or.jp/

  • Eglise orthodoxe, 3-15 Hacchodori à Toyohashi. Tel 0532 54 0434. Entrée libre (mais prendre rendez-vous en téléphonant à l'avance)

  • Sanctuaire Akumi Kanbe Shinmeisha, 3 Hacchodori à Toyohashi. Tel 0532 52 5257.

  • Musée des Arts et d'Histoire, 3-1 Imahashi-cho à Toyohashi (dans le parc de la ville). Tel: 0532 51 2882. Ouvert tous les jours (sauf le lundi) de 9h00 à 17h00. Entrée libre (y compris pour les expositions temporaires)

  • Temple Myosen-ji, 101-1 Higashimachi à Futagawa. Tel 0532 41 0807.

  • Temple Daigan-ji, 65 Togonai, à Oiwa-cho. Tel 0532 41 0896.

 











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