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Il était une fois Sydney
(1) (Nouvelle-Galles du Sud, Australie)
Heure locale


Mercredi 6 avril 2016

 

Cela faisait longtemps que je n'avais pas remis les pieds à Sydney.Cette ville toujours aussi séduisante, possède une riche et ancienne histoire que je vous propose de découvrir partiellement aujourd'hui, en nous rendant au musée de Sydney, situé idéalement en centre-ville (voir infos pratiques).

Cette histoire remonte aux temps préhistoriques, à l'époque où les Aborigènes occupaient seuls le continent australien. La première présence humaine remonte en effet entre 40 000 et 60 000 ans avant notre ère. Epoque à laquelle pas moins de huit détroits séparaient Java et l'Australie. Aussi, les premiers hommes durent-ils atteindre ce continent par bateau en accostant au nord. Bien plus tard, les colons s'enfonceront vers le sud pour arriver ensuite à Sydney. A noter qu'il y a 13 000 ans, à la fin de la période glaciaire, Nouvelle-Guinée et Tasmanie se séparèrent du continent australien et les Aborigènes d'Australie d'être ainsi isolés pour un bon moment, car coupés de toute influence extérieure.

On sait que la zone entourant Port Jackson (port de Sydney) fut le territoire de tribus aborigènes pendant plus de 40 000 ans. Mais qui étaient ces Aborigènes ? Premiers humains connus pour avoir peuplé la partie continentale du pays, ils constituent, avec les indigènes du détroit de Torrès, la population autochtone de l'Australie. Le séquençage du génome d'un Aborigène datant du début de ce siècle montre que les ancêtres des Aborigènes seraient arrivés en Asie il y a près de 70 000 ans et seraient isolés en Australie depuis 50 000 ans. L'Océanie (Australie et Nouvelle-Guinée) n'ayant jamais été rattachée à l'Asie, il existe plusieurs théories concernant leur origine. Certains avancent que les Aborigènes seraient venus de l'archipel indonésien sur des embarcations, par le nord, en passant par Timor. D'autres pensent qu'ils seraient venus par un passage situé entre la Nouvelle-Guinée et l'Australie qui formaient alors une partie de l'ensemble continental immergé du Sahul. Ces peuples auraient développé en autarcie une culture qui leur est propre, comme en témoigne le temps du rêve, thème central de la culture des Aborigènes d'Australie, expliquant les origines de leur monde, du pays et de ses habitants. D'après cette tradition, des créatures géantes, comme le Serpent arc-en-ciel seraient sorties de terre, de la mer ou du ciel, pour créer les paysages australiens et la vie sur place. Leurs corps gigantesques auraient constitué fleuves et chaines de montagnes, mais leur esprit demeurerait ancré dans la terre, rendant cette dernière sacrée pour les peuples indigènes. On relève qu'en 1788, le pays était peuplé de 250 tribus qui occupaient tout le continent, chacune avec sa propre langue, ses lois et ses frontières tribales, et formant ainsi la plus ancienne culture survivant sur terre.

Malgré la destruction d'une majorité d'implantations aborigènes par l'urbanisation, Sydney et ses abords offrent encore de nos jours des centaines d'outils en pierre par endroits, collection d'outils anciens la mieux conservée au monde car ils sont faits principalement de grès, matière idéale pour tailler des outils. A la fin des années 1800, le creusement d'un canal à Alexandria (sud-est de la ville de Sydney) mettra en évidence les vestiges d'un campement aborigène remontant à au moins 7000 ans. D'autres découvertes plus récentes, comme ces grottes près de Glenbrook (partie basse des Montagnes bleues, à l'ouest de Sydney) révèlent également des traces d'occupation aborigène datant de plus de 20 000 ans.


 

Vint le jour où les Européens débarquèrent pour la première fois en Australie. Leur intérêt fut accentué à la suite de la découvert de Botany Bay (un des quartiers sud de la ville de Sydney), en 1770, par le capitaine James Cook. C'est ce débarquement qui marquera véritablement l'intérêt des Britanniques pour ce continent du sud. La baie sera d'abord baptisée Stingray Bay à cause de la raie que les marins avaient capturée. L'équipage de Cook insiste alors sur la grande quantité de poissons trouvée sur place, précisant ultérieurement qu'il y poussait aussi une grande quantité de plantes, d'où le nom définitif de la baie, Botany Bay. Aujourd'hui, la baie est surtout connue comme le site de l'aéroport international Kingsford Smith, le plus grand aéroport du pays, tandis que la région située autour des promontoires de la baie est, elle, protégée dans le cadre du parc national de Botany Bay, où se trouve aussi la réserve naturelle de Towra Point. Port Botany fut quant à lui construit en 1930 et est actuellement un terminal à conteneurs. Notons enfin que les navires La Boussole et l'Astrolabe de l'expédition de La Pérouse firent escale à Botany Bay en janvier 1788.

 

Rapidement, et sur instruction du gouvernement britannique, Arthur Phillip créera sur place un établissement pénitentiaire cette même année 1788, avec l'arrivée de la First Fleet, le 28 janvier. On nomma First Fleet la flotte constituée des onze premiers navires qui partirent d'Angleterre en mai 1787 pour établir la première colonie européenne en Nouvelle-Galles-du-Sud. Arthur Phillip était alors le capitaine de cette flotte : ayant rejoint la Royal Navy dès l'âge de quinze ans, il guerroiera en Europe avant de conduire une flotte de navires transportant des prisonniers du Portugal au Brésil, en n'occasionnant qu'un très faible taux de mortalité, ce qui lui vaudra sans doute d'être choisi pour partir en Australie. Le voyage depuis l'Angleterre était le plus long jamais réalisé par un groupe aussi nombreux. Au début, la flotte connaitra un taux de mortalité élevé parmi les arrivants. Arthur Phillip s'installera d'abord à Botany Bay, jusqu'à ce qu'il découvre Sydney Cove dans Port Jackson. L'endroit, d'abord appelé Nouvelle Albion, sera rebaptisé Sydney, en 1789, par Thomas Townhend, 1er Vicomte de Sydney. Homme politique britannique plusieurs fois ministre dans la seconde moitié du XVIII ème siècle, notre homme aurait choisi le nom de Sydney pour rappeler sa descendance de Robert Sydney, second marquis de Leicester, lui-même descendant d'un secrétaire militaire du Surrey, John de Sydenie dont le nom venait d'un village de Saint-Denis en Normandie. Surprenant, non ?


 

Les premières années de présence européenne seront surnommées années de famine, car les habitants manquaient de compétence en agriculture. De plus, on manquait d'outils de bonne qualité et les quantités de nourriture disponibles étaient peu importantes. La première ferme du continent australien fut créée à Farm Cove en 1788, sans grand succès. Les occupants finirent tout de même par trouver les moyens de fertiliser suffisamment cette terre sur laquelle seront établis en 1816 les Jardins botaniques royaux de Sydney, par le gouverneur Macquarie. Ces jardins sont le fruit d'une longue collecte et étude de plantes, épopée qui débuta par la nomination du premier botaniste colonial, Charles Fraser, en 1817. Botaniste d'origine écossaise, notre homme collectera et mettra en catalogue de nombreuses espèces de plantes australiennes, puis participera à des expéditions, dont celle de Stirling (1827). Son rapport sur la qualité du sol jouera d'ailleurs un rôle fondamental dans l'établissement de la colonie de la rivière Swan (côte ouest du pays). Et les Jardins botaniques de Sydney de demeurer la plus ancienne institution scientifique d'Australie.


 

Autre britannique arrivé à bord de la First Fleet, l'officer Watkin Tench est de nos jours connu pour ses récits sur la fondation de Sydney. Il mènera plusieurs expéditions exploratoires et découvrira la Nepean River. Il s'intéressera enfin aux Aborigènes qu'il traitera en amis. L'installation des Européens sur le continent aura des effets désastreux sur la santé des Aborigènes, ces derniers étant rapidement contaminés par la rougeole, la variole ou la varicelle, maladies contre lesquelles ces tribus ne disposaient d'aucun défense immunitaire. Rajoutons à cela les effets de l'alcool et les effets de l'expansion coloniale, et on comprendra pourquoi la population aborigène sera décimée en l'espace de quelques années seulement. Malgré tout, le gouverneur Arthur Phillip avait pourtant été chargé d'établir avec les populations locales les meilleurs rapports, en s'attachant la confiance de certains Aborigènes comme, par exemple, Bennelong. Aborigène d'Eora (région de Port Jackson), Bennelong sera d'abord enlevé par les colons afin de servir de premier intermédiaire entre occupants britanniques et Aborigènes. Il sera le premier Aborigène à écrire en anglais et se rendra même avec le premier gouverneur Arthur Phillip en Angleterre, en 1792. Il sera à ce titre l'un des premiers Aborigènes à fouler le sol européen. Bungaree (en photo ci-dessous), lui aussi Aborigène, sera aussi médiateur : connu comme explorateur et diplomate, il s'illustrera aussi en tant qu'artiste dans les territoires coloniaux de Sydney, en se donnant en spectacle vêtu d'uniformes militaires marins de toutes sortes. Ses tenues originales, sa notoriété au sein de la société coloniale, ses dons humoristiques et son art mimique, tout particulièrement pour imiter les gouverneurs coloniaux, feront de lui un sujet populaire pour bien des portraitistes. Bungaree fera ses débuts en 1798 lorsqu'il accompagnera Matthew Flinders dans une enquête côtière, en tant qu'interprète, guide et négociateur avec les groupes autochtones locaux. Flinders, cartographe de la première carte complète d'Australie, fera appel à ses services à plusieurs reprises, trouvant l'homme digne et courageux. Et Bungaree d'être couronné en 1815 comme chef de la tribu de Bay Broken, par le gouverneur Lachlan Macquarie. Il recevra pour l'occasion 15 acres de terres à Georges's Head. On le connaissait sous le nom de Roi de Port Jackson, ou Roi des Noirs. Il passera le restant de sa vie à accueillir les nouveaux arrivants dans la colonie, à enseigner le lancer de boomerang et à faire la mendicité.

Tous les Aborigènes n'étaient pas tendres avec l'occupant. Pemulwuy fera partie de ces résistants de la première heure, en tuant le colon John McIntyre en 1790. Aborigène du peuple bidjigal, il mènera, à partir de 1792, des attaques répétées contre les colons britanniques, sera fait prisonnier en 1797 lors d'un raid sur une ferme mais réussira à s'échapper malgré ses chaines, jusqu'à être finalement abattu en 1802. Sa tête tranchée sera envoyée à Londres, accompagnée d'une lettre du gouverneur Philip King soulignant sa bravoure. Né vers 1750 dans la région de Botany Bay, Pemulwuy reste une figure emblématique de la résistance aborigène à la colonisation britannique. Une banlieue de Sydney porte aujourd'hui son nom, tout comme également un parc de la ville.


 

L'Australie étant devenue une terre de destination pour les bagnards, les colonies pénitentiaires accueillirent des dizaines de milliers de condamnés. Chaque centre avait sa spécialité (enfermement punitif, rééducation par le travail) et les sites de bagnes australiens toujours survivants de présenter les meilleurs exemples de déportation de criminels à grande échelle et de l'expansion colonisatrice des puissances européennes par la présence et le travail des bagnards, comme, par exemple, Hyde Park Barracks (ci-dessous, à Sydney). Situé à l'extrémité sud de Macquarie Street, ce site fait partie des anciens bagnes australiens et est inscrit depuis 2010 sur la liste du patrimoine mondial. Construite par les détenus au début du XIX ème siècle, cette caserne est l'oeuvre la plus connue de Francis Greenway, architecte australien du début de l'ère coloniale, et reçut les condamnés qui travaillaient dans l'emploi public autour de Sydney jusqu'à sa fermeture en 1848.


 

Old Government House (ci-dessous en photo) fut, elle, la résidence des dix premiers gouverneurs de Nouvelle Galles du Sud, et est situé à Parramata (quartier de Sydney). Bâtie sur les cent hectares du parc de Parramata, cette construction est le plus ancien bâtiment public australien, exemple d'adaptation directe de bâtiments anglais en Australie représentant la menuiserie anglaise du XVIII ème siècle. La maison est inscrite depuis 2010 au patrimoine mondial. A l'époque, chaque gouverneur détenait pratiquement un pouvoir autocratique compte tenu de la distance avec la Grande-Bretagne et de la pauvreté des communications. Le premier Sydney fut l'oeuvre des premiers colons, qui travaillaient extrêmement dur malgré la sécheresse et les maladies. A l'époque, le gouvernement militaire local était confiant dans son armée, le Corps de Nouvelle Galles du Sud (Rhum Corps) qui était aussi détenteur du monopole d'importation de l'alcool. Il n'empêche que des conflits ouverts éclataient parfois entre gouverneurs et officiers (dont beaucoup étaient propriétaires de terres comme par exemple John Macarthur). En 1808, ces heurts se transformeront en « rébellion du Rhum » lors de laquelle l'armée chassa le gouverneur William Bligh (plus connue sous le nom de l'affaire de la mutinerie du Bounty). Quelle était cette rébellion ? Elle fut d'abord le seul cas de renversement d'un gouvernement par des militaires dans l'histoire du pays. Et fut déclenchée lorsque William Bligh, alors gouverneur de la Nouvelle Galles du Sud, tenta de normaliser les échanges commerciaux en interdisant l'usage des spiritueux comme monnaie d'échange pour le paiement des produits. Administrateur colonial et officier de la Royal Navy, William Bligh est surtout connu pour la mutinerie qu'il subit alors qu'il commandait le Bounty. Bligh fut arrêté par le New South Wales Corps, corps d'infanterie installé dans la région et impliqué directement dans ce commerce, puis détenu pendant près d'une année, jusqu'à ce qu'il accepte de repartir pour l'Angleterre. C'est Lachlan Macquarie (deuxième photo ci-dessous) qui le remplacera en tant que gouverneur, de 1810 à 1821, jouant un grand rôle dans la transformation de la colonie pénitentiaire en une nouvelle base de peuplement civil. Il décidera en effet que les bagnards ayant accompli leurs peines devaient être réintégrés dans la société civile, au rang qu'ils occupaient avant leur condamnation. A la même époque, d'importants échanges seront établis avec l'Europe, notamment dans le commerce de la laine, tandis que de grands bâtiments publics seront érigés par l'architecte Francis Greenway, précisément ancien bagnard, ce qui ne l'empêchera pas de devenir le premier architecte notable de Sydney. Macquarie ordonnera également la construction d'une route de Sydney à la rivière Nepean, route mise en service en avril 1811. Six ans plus tard, était inaugurée une autre route reliant Parramata à Penrith, bientôt prolongée par une route conduisant aux Montagnes bleues. La première pierre de la Cathédrale catholique Sainte Marie de Sydney sera quant à elle posée en 1821 par le gouverneur Macquarie. Située au cœur de la ville, celle-ci fut bâtie sous l'impulsion du père John Joseph Therry, arrivé sur place un an auparavant. L'édifice fut érigé dans le style gothique, avant d'être modifié en 1851 d’après les plans de l'architecte Augustus Pugin. Malheureusement, la cathédrale sera détruite par un incendie le 29 juin 1865.


 

La politique du gouverneur Macquarie sera bienveillance à l'égard des Aborigènes. Il leur fera ainsi aménager une école pour leurs enfants, un village et une ferme pour la tribu de Sydney, et organisera une réunion annuelle pour eux à Parramatta. De même, il accordera des Ordres du mérite à leurs chefs, tout en étant capable de les châtier lorsque les Aborigènes montraient des signes d'hostilité. Le même gouverneur créera enfin le salon royal de l'agriculture de Pâques, en 1823, manifestation qui a encore lieu aujourd'hui.

Le quartier le plus ancien de la ville reste The Rocks. Ses premiers bâtiments furent construits en 1788, en grès, d'où le nom du quartier. A l'origine fréquenté par les marins et les prostituées, puis par des gangs à la fin des années 1800, il subit plusieurs projets de reconstruction, entre temps interrompus par les deux guerres mondiales. Depuis, la pression des habitants du quartier permit de conserver et de restaurer plusieurs bâtiments anciens. Et The Rocks d'être devenu depuis un quartier touristique prisé de Sydney, connu tout particulièrement pour son marché ouvert en fin de semaine, pour ses pubs et ses magasins de souvenirs. Mais ceci est une autre histoire.

Le musée de Sydney a quant à lui ouvert en 1995 et est un musée moderne construit sur un site historique, puisqu'il a été bâti sur les restes des toutes premières fondations de la colonisation britannique en Australie. Côté contenu, j'ai toutefois été déçu par le manque d'informations sur le sujet qui m'intéresse. L'endroit propose certes une exposition permanente sur l'histoire de la ville, mais également une exposition sur Lego, et une autre sur un peintre australien. Plus qu'une exposition complète et développée du Sydney historique, j'ai assisté à un survol de la ville d'antan. Certes, on vous remet un document rédigé en français qui explique l'ergonomie du musée, la description étage par étage des expositions présentées avec le détail des œuvres présentées. Sur place, les textes sont présentés en anglais, et le nombre de photos est relativement limité. La prise de photos est autorisée, excepté pour certaines œuvres (l'interdiction est clairement indiquée) et dans certaines expositions.

 

 

INFOS PRATIQUES :


  • Musée de Sydney, sur le site de la première résidence du Gouverneur, à l'angle des rues Bridge Street et Philip Street, à Sydney. Tél : 02 9251 5988. Ouvert tous les jours de 9h30 à 17h00. Entrée : 10 AUD. Site internet : http://sydneylivingmuseums.com.au/museum-of-sydney

  • Un ticket commun, valable pour quatre musées, est disponible pour 18 AUD. Par ailleurs, il vous est possible de transformer votre ticket du musée de Sydney en un laisser-passer pour les autres musées moyennant la somme de 8 AUD. Renseignements sur le site internet ci-dessus et à l'accueil.

 

 

 

 








 



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