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Busselton
(Australie-Occidentale, Australie)
Heure locale


Vendredi 6 mai 2016

 

Une longue journée m'attend. Tandis que je me prépare à quitter mon camp de nuit, une idée me vient : et si je m'arrêtais à nouveau au centre de découverte des dauphins pour déguster une part de ce gâteau à la carotte si délicieux, en guise de petit-déjeuner ? Je prendrai la route de Busselton juste après cette courte pause. Une belle journée démarre, qui se terminera sous des trombes d'eau, mais çà, c'est une autre histoire....

Quarante minutes de route sont nécessaires afin d'atteindre ma première étape, la maison de Wonnerup, à environ dix kilomètres de Busselton. Cette demeure jadis construite par George Layman Ier appartient désormais au National Trust qui l'a restaurée et meublée. En fait, il y a plusieurs maisons : en bord de route, face à l'entrée de la demeure principale s'élèvent deux petites maison en bois (ci-dessous), l'une servit autrefois de salle de classe et l'autre, de chambre pour l'instituteur. C'est en 1873 que George Layman II (fils de George Layman Ier) décida de louer des terres sur lesquelles il fit bâtir ces deux maisons dans le but d'ouvrir une école publique. Un an plus tard, la petite école accueillait ses douze premiers élèves venus des alentours. Elle fonctionnera ainsi jusqu'en 1912, avec, à sa tête, un instituteur unique qui était astreint à un rythme de vie plutôt austère. En effet, les règles à observer étaient à l'époque très strictes et définies dans un code de bonne conduite datant de 1879 dans lequel on rappelait les tâches du maitre : remplir chaque jour les lampes à huile, nettoyer la cheminée avant la classe, apporter un seau d'eau et un seau de charbon pour alimenter le poêle chaque jour, veiller à l'état des mines de crayons, assister régulièrement à la messe et consacrer une soirée par semaine à la vie sociale avec l'extérieur, s'astreindre, après avoir enseigné dix heures, à lire la Bible ou tout autre bon livre. L'institutrice, elle, était immédiatement renvoyée si elle se comportait mal alors qu'elle était mariée ou fiancée. Il était aussi interdit de fumer et de boire de l'alcool. Se rendre aux bains ou à des réunions publiques vous collait aussitôt une image douteuse sur le dos. A partir de 1915, le même règlement imposera à l'instituteur de ne pas se marier lorsqu'il était sous contrat, de ne pas tenir compagnie à des hommes, d'être à demeure entre 20 heures et 6 heures du matin, sauf en cas d'exercice de fonctions scolaires. De toute façon, il lui était interdit de trainer dans les bars ou de franchir les limites de la ville (sauf si l'autorité locale lui en donnait l'autorisation). Il ne devait pas monter non plus à bord d'un attelage ou d'une automobile avec un homme sauf si celui-ci était son père ou son frère. Les vêtements de couleur étaient proscrits et la robe de l'institutrice devait être suffisamment longue. L'instituteur devait balayer la classe au moins une fois par jour, et savonner puis brosser le plancher une fois par semaine. Le tableau, lui, devait être nettoyé tous les jours. Quant au feu, il devait être allumé dès 7 heures pour que la classe soit à bonne température lors de l'arrivée des élèves à 8 heures.

 

Voici maintenant l'histoire de George Layman Ier, qui arriva d'Angleterre avec son frère ainé Charles, en 1827, pour s'établir en Tasmanie. Deux ans plus tard, George embarquait à bord du Orelia et s'établissait dans l'Ouest australien avec tout juste 6 pence en poche. Il trouvera rapidement du travail à Augusta comme ouvrier de bâtiment. C'est en 1837 qu'il déménagera avec sa famille à Wonnerup (nom aborigène signifiant endroit). Son premier fils naitra un an plus tard : Georges Layman allait passer toute sa vie à Wonnerup. Malheureusement, George père fut battu à mort en 1841 par un local et mourra à l'âge de 31 ans, laissant seule sa femme Mary, laquelle épousera peu de temps après Robert Heppingstone. 1858 sera l'année de l'incendie de la petite maison que Georges Layman Ier avait bâtie pour sa famille, mais aussi celle de la disparition par noyade de Robert, le nouvel époux de Mary. Et Georges II (première photo ci-dessous), le fils, de prendre désormais en main le destin de la famille.


 

Ce dernier fera bâtir une seconde maison en 1859 (deuxième photo ci-dessus), juste après avoir épousé Amelia Curtis. Cette maison comportait quatre pièces et une petite entrée seulement. La cuisine sera rajoutée en 1862, la salle de bains et les toilettes, bien plus tard. Le couple vivra très longtemps dans cette maison au milieu de leurs ...onze enfants (dont sept filles). Mary, veuve de George Layman Ier décédera le 19 juin 1870, près de Wonnerup. George II se lancera bientôt dans la construction de la petite école décrite plus haut. Homme d'entreprise, il disposera en 1887 d'un patrimoine non négligeable : mille acres de terres (un hectare équivaut à 2,2 acres) en nom propre, 7000 autres acres de terres en gérance, 200 têtes de bétail ainsi que des chevaux. Il possédait également quarante vaches laitières qui lui fournissaient le lait deux fois par jour, une aubaine, lui qui écoulait facilement son beurre sur le marché de Perth. En 1909, George et Amelia célébrèrent leurs noces d'or. On peut les apercevoir en arrière-plan sur cette vieille photographie ci-dessous. Sept ans plus Amelia mourut, suivi par George en 1921. George avait alors 83 ans. C'est un neveu, Ivan Webster, qui reprendra les rênes de la propriété au cours des années 1940, avant que la maison et son domaine ne soient cédés à la mort de la dernière sœur, Stella Layman, en 1962. Longue épopée pour cette famille pionnière et pour la maison de Wonnerup qui débuta en 1971 une nouvelle vie sous l'égide du National Trust.


 

Je me dirige à présent vers Busselton, qui ne se situe qu'à une dizaine de minutes de Wonnerup. Deux choses à ne pas manquer dans cette ville située sur la Baie de Géographe : la jetée en bois de deux kilomètres et l'ancien tribunal de la cité. Je garerai ma maison roulante à l'écart de Busselton un parking gratuit pour caravanes se trouve le long des jardins et du cours d'eau bordant la route principale) puis me rendrai à pied jusqu'à la jetée. Busselton est une station balnéaire qui possède plus de trente kilomètres de plages de sable fin et offre un large choix d'activités subaquatiques, dont la plongée sous-marine, la pêche et l'observation des baleines. La jetée (ci-dessous) longue de deux kilomètres est faite en bois et servait jadis à l'embarquement du bois que Busselton vendait à l'extérieur, denrée précieuse qui apportera les premières ressources à la petite ville.


 

A l'entrée de Busselton se dresse un musée laitier, the Butter Factory: cette unité de fabrication de beurre ouvrit ses portes en 1918, usine dont l'Etat australien et le ministère de l'Agriculture en deviendront les propriétaires jusqu'à ce que la société coopérative South West Dairy n'en fasse l'acquisition en 1926. Mais un bon nombre des 735 fermes de Busselton disparaitront avec le temps sans parler de la grave dépression de 1930 qui secoua le pays tout entier, puis la Seconde guerre mondiale, sans oublier plus tard l'amélioration considérable des moyens de transport et des infrastructures qui auront raison de cette petite laiterie reconvertie aujourd'hui en musée.

L'ancien tribunal de la petite ville est quant à lui accessible gratuitement tous les jours de la semaine et nous apprend beaucoup de choses sur l'histoire de cette municipalité. Lors de la fondation de Busselton par les pionniers venus d'Angleterre, l'endroit jouera le rôle de plaque tournante, servant à la fois de tribunal, d'entrepôt (Bond Store), de prison, de poste de police, d'agence postale et même de banque de dépôts. 1860 vit la construction de la Courthouse, comme on l'appelle ici et du Bond Store, une sorte d'entrepôt par où transitaient les marchandises importées depuis la jetée de bois (photo ci-dessus) jusqu'à ce que les taxes dues soient payées. Certaines marchandises étaient en effet sujettes à l'impôt comme par exemple le tabac, la bière, le vin, les fruits secs, les pommes de terre, le riz et le sel. Ces denrées étaient déposées au Bond Store dont le sol est encore aujourd'hui formé par d'étranges pavés en bois de jarrah (photo ci-dessous) de quinze centimètres d'épaisseur.


 

Le tribunal fut quant à lui érigé par David Fothergill Earnshaw, qui fut à la fois fermier, bâtisseur et l'un des premiers agents de police de Busselton. Il sera même le geôlier de la ville après avoir bâti, dès 1853, une pièce qui servira de prison en attendant la construction de celle-ci en 1861. Le bureau de poste, lui, n'ouvrira qu'en 1873. Et l'actuelle salle de tribunal (deuxième photo ci-dessus) en 1897.

A l'origine du nom de la ville, un homme, John Garrett Bussell, venu d'Angleterre fin 1829 avec d'autres familles pionnières pour alimenter la sous colonie mise sur pied par le Gouverneur James Stirling, près du cap Leeuwin, en 1830. Les quatre premières années furent éprouvantes pour ces migrants qui subirent tout à tour la famine, les pertes de récoltes et de bétails, sans parler de l'incendie de leurs maisons par certains qui les considéraient comme des intrus. Les nouveaux arrivants s'étaient d'abord installés près d'Augusta. Puis John Garrett Bussel prospecta d'autres terres plus accueillantes et découvrit Vasse (près de l'actuel Busselton) en 1832.

Le peuple aborigène Noongar occupait déjà ces terres bien avant l'arrivée des colons anglais et les relations entre les deux populations étaient à géométrie variable. La botaniste Georgiana Molloy recevra quant à elle le soutien des aborigènes qui l'aideront dans ses recherches sur la flore naturelle locale.

Les aborigènes constituaient alors un peuple de nomades, se déplaçant dans les vastes plaines fertiles de Wonnerup vers les côtes, depuis la Baie de Géographe jusqu'à la côte ouest, au-delà du cap naturaliste. Ils vivaient, selon les saison, de chasse ou de cueillette. L'arrivée de l'homme blanc ne décima pas ce peuple ni ne perturbera leur mode de vie, du moins dans un premier temps. On connait la suite.

 

INFOS PRATIQUES :


  • Maison de Wonnerup, Layman Road à Wonnerup. Tél:08 9752 2039. Ouvert du jeudi au lundi, de 10h00 à 16h00. Entrée : 5 AUD. Site internet : http://www.ntwa.com.au

  • Musée The Butter Factory, Peel Terrace, à Busselton. Tél : 08 9754 2166. Ouvert tous les jours (sauf le mardi) de 10h00 à 16h00. Site internet : http://www.busseltonmuseum.org.au

  • Caves dans la région de Busselton, ouvertes tous les jours de 9h00 à 17h00. Tél : 08 9757 7411. Tarifs : adulte 22,50AUD, enfant 12AUD et famille 58AUD. Site internet : http://www.margaretriver.com

  • L'ancienne caserne des pompiers de Busselton est désormais devenue le Bar Fire Station, 68 Queen Street à Busselton. Site internet : http://www.firestation.com.au

  • Ancienne Courthouse (tribunal) de Busselton, 4-7 Queen Street, à Busselton. Tél : 08 9751 4651. Entrée libre. Ouverte tous les jours de 10h00 à 16h00. Prise de photos autorisée. Dans l'ancien bureau de poste (jouxtant le tribunal), un salon de thé accueille les visiteurs. Le tribunal et le Bond Store abritent désormais des galeries d'art à découvrir. Site internet : http://www.artgeo.com.au

  • N'oubliez pas de consulter les autres photos de cette visite en cliquant en haut de cet article, sur l’icône de droite « photos disponibles »

     











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