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Musée d'Histoire Locale d'Osaka
(2) (Osaka, Préfecture d'Osaka, Japon)
Heure locale

 

Vendredi 9 septembre 2016

 

Lors d'une précédente visite, je m'étais attardé au musée d'histoire locale d'Osaka, en visitant la section consacrée à la période Edo. Cette fois, je vous invite à découvrir la ville du temps des périodes Meiji, Taisho et Showa. Souvenez-vous , du temps d'Edo, on surnommait Osaka « le garde-manger de la nation » à cause du rôle central de l'endroit dans le commerce du riz. Outre son économie florissante, la ville était alors un centre culturel en plein développement, comme avec le bunraku (théâtre de marionnettes), et le kabuki (théâtre), mais aussi un lieu de savoir et d'éducation, tout particulièrement dans le domaine de la médecine.

L'ère Meiji, elle, s'étala de 1868 à 1912 et fut comprise entre l'ère Keio (fin de l'époque Edo) et l'ère Taisho. Cette page de l'histoire japonaise fut initiée par la restauration de Meiji et symbolisa la fin de la politique d'isolement volontaire appelée sasoku et le début de politique de la modernisation du Japon. Pourtant, le pays sera en perpétuelle crise car il recherchait alors un certain équilibre extérieur difficile à acquérir face à la complexité du monde extérieur et à la nostalgie du temps écoulé. Des bouleversements sociaux, politiques et culturels eurent lieu pendant de longues années, en réalisant toutefois de grandes entreprises, des avancées dans les domaine de l'industrie, de l'économie, de l'agriculture et en matière d'échanges commerciaux. Fermé avant l'ère Meiji, le Japon n'avait que quelques rares points (ports) d'entrée accessibles aux étrangers. Cet isolationnisme coincida avec 250 ans de paix intérieure et de relative prospérité économique. L'empereur symbolisait alors le pays spirituel en tant que descendant d'Amaretsu, la déesse du soleil, tandis que le shogun détenait le pouvoir réel. Le Japon, bientôt contraint par des puissances étrangères d'ouvrir ses frontières, abandonna bientôt son pouvoir féodal tout en traitant d'égal à égal avec l'étranger pour éviter la domination extérieure (tout comme en Chine). La première réforme d'importance sera promulguée par la Charte du Serment en 1868 avec la mise en place d'assemblées délibérantes, la participation de toutes les classes dans les affaires politiques, l'abrogation des lois somptuaires et des restrictions de classe sur l'emploi, le remplacement des mauvaises coutumes du passé par de justes lois naturelles, et la recherche de la connaissance internationale dans le but de renforcer les bases de la domination impériale. Autre réforme importante : l'abolition de la classe guerrière des samouraïs. Les Han furent ainsi remplacés par des préfectures dès 1871 et un certain nombre de samouraïs furent invités à abandonner leurs anciennes taches militaires pour se reconvertir dans le monde des affaires. Et d'être ainsi placés à la tête d'entreprises créées par le pouvoir impérial, devenant ainsi des acteurs importants dans les prémices de l'industrialisation naissante du pays. D'autres se mettront au service de l'Etat en entrant en politique ou en participant à la création de l'Armée impériale japonaise (dont les instructeurs seront britanniques, français et allemands). Tout n'ira pas de soi et une révolte éclatera en 1877, sous le nom de rébellion de Satsuma, alimentée par la xénophobie et les réflexes conservateurs de l'époque. Cette dernière sera matée en six mois par l'armée impériale.

 

Dès 1870, les chemins de fer se développeront grâce à l'aide d'ingénieurs britanniques. Et le Japon de posséder 3380 km de voies en exploitation en 1894, et 4524 kilomètres treize ans plus tard. La marine militaire et civile se développera également avec l'achat de navires auprès de l'étranger et la construction de nouveaux ports. Une première monnaie étatique, le yen, sera créée par une loi du 10 mai 1871 pour remplacer le ryo, permettant ainsi la mise en place d'un système de taxes à l'échelon national pour alimenter le budget national nippon. Autre réforme spectaculaire, celle de l'Education nationale, qui trouva son inspiration auprès des Américains. Le Japon rejoignit aussi en 1885 une convention internationale sur le système métrique avant d'adopter ce système qui deviendra obligatoire et officiel durant les années 1950. Dans le même temps, le pays développera d'étroits contacts avec d'autres pays, conduisant ainsi à un traité des frontières avec la Russie en 1875 (Traité de Saint Pétersbourg) réglant provisoirement le problème de l'île de Sakhaline et des îles Kouriles, et signant un traité d'égalité avec la Grande-Bretagne en 1894. L'ère Meiji autorisera enfin le christianisme jusque là confiné à Nagasaki, avant d'être interdit dans cette même ville en 1614. De même, le shintoisme deviendra religion d'Etat : l'empereur devint alors le grand prêtre du shinto d'Etat et chaque citoyen devra adhérer à un sanctuaire shinto.

 

L'empereur Meiji invitera d'ailleurs de nombreux spécialistes européens dans différents domaines tels l'armée, la chimie, la médecine, mais aussi des fonctionnaires, des juristes, des géomètres (souvent allemands), des recenseurs et des ingénieurs navals français, des ingénieurs industriels britanniques et des agronomes néerlandais. Sous l'ère Meiji, la langue japonaise s'enrichira de nouveaux mots désignant essentiellement des termes, objets et concepts occidentaux. Ces nouveaux mots seront créés à partir des racines chinoises et des kanjis.

 

L'ère Taisho, elle, couvrira la période allant du 30 juillet 1912 au 25 décembre 1926, et ira de pair avec le règne de l'empereur Taisho Tenno . Cette page d'histoire sera considérée comme la période du mouvement libéral connue sous le nom de « démocratie Taisho », avec le déplacement du pouvoir vers la Diète du Japon et les partis démocratiques. A cette époque, l'influence de la culture occidentale vécue sous l'ère Meiji continuera à s'étendre. Dans le domaine artistique, le pays adopte alors les styles de peinture occidentaux tout en continuant à peindre des ukiyo-e, tandis que la peinture traditionnelle japonaise cohabite bientôt avec d'autres peintures offrant au pays une vision plus moderne de l'existence. Le début de l'ère Taisho sera toutefois marqué par la crise politique Taisho de 1912 à 1913, mettant un terme à la politique de compromis jusqu'à présent suivie. Bientôt, le Japon déclare la guerre à l'Allemagne et occupe les territoires chinois sous contrôle allemand dans la région du Shandong (Chine) ainsi que les îles Mariannes, Carolines et Marshall dans le Pacifique. Le Japon cherchera ainsi à consolider ses positions en Chine, utilisant les accords internationaux pour imposer son hégémonie dans le nord de la Chine et dans d'autres parties de l'Asie. Et la puissance nippone de s'accroitre considérablement suite à la chute du régime tsariste en Russie, et aux désordres liés à la Révolution d'Octobre en 1917. Le Japon a ainsi joué finement en soutenant le camp occidental contre l'Allemagne lors de cette première guerre mondiale, reprenant ainsi à son compte plusieurs colonies allemandes de Micronésie par exemple. L'après-guerre apportera au pays une prospérité sans précédent et permettra au Japon d'être reconnu comme l'un des cinq grands pays par le nouvel ordre international. C'est l'époque de la démocratie Taisho, avec un système à deux partis politiques. Mais les défis à relever sont nombreux à la suite de la première guerre mondiale : augmentation de l'inflation, mouvement ouvrier naissant, dette nationale croissante, nouvelles lois électorales donnant bientôt lieu à de grandes manifestations publiques en faveur du suffrage universel, en 1919-1920. L'instabilité politique régnera bientôt, affectant le parti au pouvoir, tandis que le pays sera confronté à un mécontentement populaire grandissant. Au cours des années 1920, le Japon évoluera ainsi vers un système démocratique de gouvernement malgré un régime parlementaire insuffisamment enraciné pour faire face aux pressions économiques et politiques des années 1930.

 

L'ère Showa, elle, sera surnommée l'ère de paix éclairée et s'étalera du 25 décembre 1926 au 7 janvier 1989. Cette période sera la plus longue de l'histoire japonaise, et aussi le plus long règne d'un empereur japonais. Le début de cette page de l'histoire nippone sera marqué par le nationalisme japonais suivi de l'expansion de l'empire. Le pays connaitra alors les tragiques bombardements d'Hiroshima et de Nagasaki, puis la reddition du pays, puis l'occupation américaine jusqu'en 1952 (c'est le traité de San Francisco de septembre 1951 qui restaurera la souveraineté du Japon).

Les débuts de l'ère Showa seront affectés par la crise monétaire internationale de 1931, imposant une politique déflationniste au pays du soleil levant : baisse des prix, des salaires des fonctionnaires et hausse du chomâge avec son cortège d'inégalités. Le salaire moyen pour une famille d'agriculteurs n'excédait par 20 dollars américains par an. Sous l'impulsion de l'Etat, l'industrie va se restructurer avec une baisse de la part de l'industrie textile et la croissance des industries mécaniques et métallurgique. On assiste aussi au renforcement des zaibatsu (formes de concentration japonaise à base de capital familial et à vocation à la fois industrielle et bancaire). Et Nissan de bientôt naitre de cette structure, le chomâge de baisser et l'économie de redresser la tête puisque les exportations japonaises augmentent alors, malgré la mauvaise image des produits bas de gamme du Fait Japon. Mais bientôt, le pays choisit basculer dans la voie allemande, c'est à dire dans l'économie de guerre, et la mobilisation de l'appareil industriel et économique pour la conquête forcée de marchés a alors lieu, option cynique qui apparaitra viable à la bourgeoise japonaise de l'époque. Cette politique agressive supposera cependant la mobilisation de la population et le sacrifice de la consommation populaire, avec une nette préférence pour le développement de l'industrie lourde, base de l'industrie d'armement.

 

Les Japonais assisteront à plusieurs tentatives de coups d'Etat durant les années 1930. Et le budget d'armement de progresser constamment. 1936 voit l'aboutissement, le 26 février, d'un coup d'Etat militaire avec la prise contrôle des ministères et l'assassinat de Korekiyo Takahashi, ministre des finances. Après cet événement, le lobby militaro-industriel s'mpose une fois pour toutes, et l'empereur Hirohito autorise l'invasion de la Chine en 1937. Cette « guerre sainte » constituera ainsi la première étape de la politique impérialiste du Japon. Quatre ans plus tard, l'empereur autorisera la conquête de l'Asie du sud-est avec pour objectif, la création de la Sphère de coprospérité de la grande Asie orientale. La guerre du Pacifique, elle, se poursuivra jusqu'en 1945, avec au final la défaite des forces showa et l'occupation du Japon.

INFOS PRATIQUES :

 

  • Musée d'histoire locale, 6-4-20 Tenjinbashi, à Osaka. Tèl : 06 6242 1170. Ce musée est situé au 8è étage d'un grand immeuble situé au pied de la station Tenjimbashisuji (sortie 3). Ouvert tous les jours (sauf le mardi) de 10h00 à 17h00. Entrée : 600 yens. L'exposition est composée de deux parties: la période Edo aux 10è et 9è étages, et les périodes Meiji, Taisho et Showa au 8è étage. Déposer son sac à la consigne (en face de la réception) et prévoir 100 yens pour permettre à la clé de fonctionner (on récupère les 100 yens en rouvrant son casier). Photos autorisées. Site internet : http://konjyakukan.com/info_e.html

 

 

 

 








 



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