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Exposition "Hergé"
(Grand Palais, Paris, France)
Heure locale

 

Mercredi 28 septembre 2016

 

Qui ne connait pas Hergé, de son véritable nom, Georges Remi, auteur des célèbres Aventures de Tintin ? En cette rentrée, le Grand Palais (Paris) a justement décidé de consacrer une exposition à l'art développé par cet homme qui usera de tous les moyens dont il disposera sans jamais se priver des autres arts. Hergé sera fasciné par les civilisations anciennes, mais aussi par les grands maitres. Et de se lancer dans la peinture durant les années 1960 tout en se passionnant alors pour les artistes les plus avant-gardistes de son époque comme Warhol, Lichtenstein, Fontana, Dubuffet, ou Raynaud...Ainsi multipliera t-il dans ses cases, au cinéma, en peinture ou en photographie, les plans, cadres et perspectives. Autant de scènes, de séquences et d'images qui marqueront pour toujours les lecteurs de Tintin.

 

L'art d'Hergé se caractérise ainsi par sa faculté de restituer le réel sous une forme inventive mais familière en projetant le lecteur dans un monde pourtant créé de toutes pièces. Le trait du dessinateur est simple, d'une justesse redoutable, et donne naissance à des personnages emblématiques incarnant les grandes valeurs de la société, et se retrouvant confrontés à toutes sortes de situations rocambolesques qui résonnent avec l'histoire du XX ème siècle. Outre l'art d'Hergé, cette exposition révèle également une facette méconnue de l'artiste, celle du brillant graphiste publicitaire qu'il fut, pour preuve les superbes affiches inventives encore visibles de nos jours. Durant les années 1930, notre homme diversifiera son activité artistique en illustrant journaux, romans, cartes et publicités, tout en se consacrant à la bande dessinée. Il travaillera pour le journal Vingtième Siècle, où naitra Tintin, ce jeune reporter, alors sauveur du peuple russe. Parallèlement, Hergé (nom construit à partir de ses initiales R et G) publie des planches de gags pour la revue Boy-Scout, relatant les aventures d'un scout débrouillard souvent reconnu comme l'ancêtre de Tintin. Après son service militaire, il devient illustrateur et reporter-photographe au Vingtième Siècle, puis au Petit Vingtième (supplément hedmodaire du journal, destiné à la jeunesse). C'est ce 10 janvier 1929 que tout commença avec la publication des premières aventures de Tintin. En 1934, la rencontre d'Hergé avec Tchang sera décisive : alors que l'artiste travaille déjà sur l'idée d'un Tintin en Extrême-Orient, cet étudiant chinois l'initiera à la culture de son pays, participant ainsi étroitement à l'élaboration du Lotus Bleu, premier chef-d'oeuvre incontestable d'Hergé. Et l'artiste d'entamer, sans même s'en rendre compte, une fabuleuse carrière d'auteur, jouant à la fois les rôles de dessinateur et de scénariste, tout en créant un style, une ligne et une école. Et son succès d'aller crescendo durant tout le XX ème siècle, en Belgique, en Europe et dans le reste du monde.

 

L'exposition du Grand Palais nous invite à remonter le temps, avec les jeunes années de Georges Remi, gamin bruxellois se nourrissant alors à l'école du cinéma et des images en noir et blanc sur grand écran. Il adorait aussi les romans d'aventures, les histoires illustrées et ces récits « à ballons » provenant de France et des Etats-Unis. Et l'enfant de se passionner pour le dessin et de publier très vite ses premières illustrations dans la presse catholique belge. Indubitablement, la bande dessinée américaine faisant sortir directement les paroles de la bouche des personnages, influera sur les réalisations d'Hergé puisque ce genre atteindra l'Europe occidentale dans les années 1930. Au départ, les dessins de l'artiste belge ne sont que de simples textes mis en images, puis Hergé va peu à peu créer une véritable bande dessinée.

 

Dix salles accueillent l'exposition : la salle 1 permet d'explorer certains aspects plus méconnus de la personnalité de l'artiste, à commencer par ses essais de peinture au début des années 1960. C'est à une sorte de voyage aux sources que le visiteur est convié. Dans la salle suivante, on découvre qu'Hergé, bien avant d'être confronté à l'art moderne, est sensibilisé à des courants artistiques de toutes origines et de diverses époques. Jeune homme, l'artiste a sous les yeux des articles consacrés aux peintures et aux sculptures réalisées par ses contemporains, des reportages qui relatent aussi bien l'art précolombien, Van Gogh ou Toutankhamon. Et Hergé de se constituer au fil des années une réserve d'images documentaires qui lui permettront d'intégrer dans ses cases des références à divers courants artistiques.

 

La troisième salle de l'exposition est consacrée au romancier de l'image qu'est Hergé. Ce dernier explique qu'il a toujours aimé raconter des histoires, puis les accompagner plus tard d'illustrations. Nourri au cinéma muet, puis au noir et blanc avant de découvrir l'expressionisme allemand, il sera influencé dès son enfance par ses lectures, jusqu'à devenir un as dans l'art du découpage, de la mise en scène et de la représentation. L'auteur-dessinateur excellait dans l'art de créer une atmosphère, poser un décor, construire un récit, amorcer une intrigue ou mettre sur pied une galerie de personnages. L'ellipse, le runnin gag, le MacGuffin, les jeux de mots, l'humour, l'alternance de situations tragiques et comiques ou la dimension psychologique des personnages n'ont pas de secrets pour lui.

La Salle 4 nous transporte aux années 1930, lorsque les Allemands occupent la Belgique. Le Vingtième Siècle et son supplément, le Petit Vingtième disparaissent et Hergé n'a plus de journal où publier ses dessins. Il travaille alors pour le quotidien Le Soir. Et de créer bientôt Le Soir Jeunesse, supplément hebdomadaire du quotidien destiné au jeune public. Cette collaboration au journal Le Soir lui attirera quelques ennuis lors de la Libération, et il sera arrêté à plusieurs reprises afin d'être interrogé sur ses occupations professionnelles durant la guerre, mais il sera blanchi en mai 1946. Il est vrai que ce deuxième conflit mondial coincidera avec l'explosion du tirage de ses albums publiés chez Casterman, suscitant sans doute une certaine jalousie. Ca sera surtout pour l'artiste une période de maturité graphique, avec toujours les mêmes principes de simplicité et de lisibilité qui seront les siens. Et Hergé d'adopter la couleur dans l'album L'étoile Mystérieuse. La conversion de ses albums noir et blanc en couleurs requerra un immense travail, pour lequel notre homme se fera aider apr Edgar Pierre Jacobs. Cette période est enfin marquée par l'entrée en scène du capitaine Haddock, dans Le Crabe aux pinces d'or. A la fois bourru au grand cœur, soupe au lait et grand sentimental, ce nouveau personnage ne cessera d'étonner par son indéfectible sens de l'amitié.

 

Les douze planches crayonnées qui sont présentées dans la salle 5 témoignent de la grande maitrise d'Hergé dans l'art du portrait. Il y exprime à la fois sa sensibilité, et son expertise du genre, tout en observant et en reproduisant souvent d'après nature, avec, à la fin, un résultat magistral. Incontestablement, Hergé fera de cet art considéré jadis comme mineur une œuvre à part entière. La relation entre le dessinateur et ses personnages est profonde, voire intime et durable, avant tout dans la série des aventures de Tintin et Milou. Hergé se réjouira d'être très tôt publié en France, en Suisse et au Portugal mais déchantera face au manque de qualité des versions imprimées (non respect des critères qualitatifs présents dans les publications d'origine). L'art de la réclame, lui, est décliné dans la salle 7, un terme pas choisi au hasard, car il fait directement référence au mot alors utilisé dans les années 1930, à la place du mot publicité. A cette époque, on assiste à la naissance de l'Atelier Hergé-Publicité, qui donnera naissance à de belles et grandes affiches conçues par l'artiste et son associé d'alors, José Delaunoit. Le père de Tintin fera preuve d'un réel talent dans le domaine de la publicité et des messages à vocation publicitaire. A travers les documents exposés, c'est à une véritable leçon de graphisme que l'on assiste : simplicité du message délivré, lettrage, distribution, répartition des espaces et mise en couleurs sont à l'honneur. Ces mêmes principes valent d'ailleurs pour les illustrations de couvertures, les dépliants publicitaires ou autres documents similaires.

 

L'évènement majeur des années 1930 reste pour Hergé, la sortie de l'album Le Lotus Bleu. C'est à cette époque de l'artiste rencontre Tchang Tchong-jen, jeune artiste chinois. Les deux hommes se trouvent immédiatement des points communs : l'art (peinture, sculpture, dessin et bande dessinée), la religion (Tchang et Hergé sont catholiques) et la langue (Tchang pratique la langue française). Et cette rencontre de déboucher sur une collaboration concernant une nouvelle aventure de Tintin dotée d'une nouvelle sensibilité et d'humanité. La salle 8 de l'exposition offre de nombreux documents relatifs à cette collaboration, avec planches à l'encre de Chine, illustrations de couvertures du Petit Vingtième en rapport aves Le Lotus Bleu, feuillets de documentation, objets personnels de Tchang...Un mur de fascicules Le Petit Vingtième évoque aussi l'intense activité d'Hergé en tant que dessinateur et illustrateur dans les années 1930. Le visiteur assiste à la naissance du mythe Hergé dans la salle suivante, avec la création de Tintin en janvier 1929, et découvre l'élaboration du processus créatif qui transformera Georges Remi en Hergé, devenu le père de la bande dessinée européenne. Des cases remarquables extraites de Tintin au pays des Soviets, sont offertes à notre regard, tout en noir et blanc. Terminons cette visite par la salle 10 qui évoque Hergé et sa passion pour le dessin. Dessiner, dessiner encore et toujours, exercer l'oeil, observer le monde, les choses et les personnes, toujours être à l'affût de tout, d''où le totem du jeune Hergé lorqu'il était chez les scouts : Renard Curieux. L'endroit nous entraine une dernière fois dans un voyage avec Georges Remi à travers divers croquis remontant à son adolescence, lors de ses expéditions avec les membre de sa patrouille. Pas besoin de vous faire un dessin, l'exposition Hergé est incontournable pour qui veut percer les secrets du père de Tintin !

INFOS PRATIQUES :


  • Exposition « Hergé », du 28 septembre 2016 au 15 janvier 2017, au Grand Palais, 3 Avenue du Général Eisenhower à Paris (8è). Tél : 01 44 13 17 17. Entrée par le square Jean Perrin. Ouverte du jeudi au lundi, de 10h00 à 20h00, nocturne le mercredi de 10h00 à 22h00. Entrée : 13€. Accès par le métro Champs Elysées-Clémenceau ou Franklin-Roosevelt.Attention ! Valises et sacs de voyage sont interdits au Grand Palais, et votre bagage à main doit être contenu dans le format A3 (40 cm X 29,7 cm). Site internet : http://www.grandpalais.fr/

  • Un grand merci au service de presse pour son aide

 

 


 



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