Revoir le globe
Top


Promenade à Hobart
(Tasmanie, Australie)
Heure locale


Vendredi 4 novembre 2016

 

Partons aujourd'hui à la découverte de Hobart. Et explorons d'où vient ce terme de Hobart. La ville, d'abord appelée Hobarttown, ou Hobarton, tient son nom d'un certain Robert Hobart, ancien secrétaire d'Etat à la guerre et aux Colonies, mais avant tout 4ème comte du Buckinghamshire et homme politique britannique de 1793 à 1804 . La ville est entourée de montagnes (Mont Wellington à l'ouest et Mont Nelson à l'est) et est située à l'embouchure de la rivière Derwent. Plus récemment, c'est là que naquirent l'acteur Errol Flynn (en 1909) puis Mary Donaldson, Princesse Mary du Danemark (en 1972).

C'est à Redmoon Mouheneer que fut établie la première colonie pénitentiaire, sur la rive est de la rivière, en 1803, avant d'être transférée ici, à Hobart même, un an plus tard. La Derwent offrant l'un des meilleurs ports en eau profonde d'Australie, il n'est pas étonnant que la cité se soit développée autour de la pêche au phoque et à la baleine. Les animaux étaient alors pêchés dans les mers du Sud, puis écoulés en Tasmanie.

Je gare mon véhicule sur le parking de Dunn Place, face au port. Pas vraiment bon marché, cet endroit a surtout l'avantage d'être central et de pouvoir m'acquitter du droit de parking en payant par carte bancaire. Ce matin, un grand soleil brille au-dessus de ma tête. Il en deviendra même gênant par endroits pour la prise de photos, mais ne boudons pas notre plaisir car il ne fait pas beau tous les jours dans ce coin de la planète et les éclaircies sont les bienvenues. Hobart bénéficie en effet d'un des taux d'ensoleillement les plus faibles du pays, avec moins de six heures par jour. Son climat est océanique et caractérisé par une importante humidité tout au long de l'année. Je découvrirai par hasard que la ville est jumelée à Brest (France). Il est vrai que les deux cités ont des points communs côté temps.

Je n'ai pas trouvé de guide en français sur la Tasmanie avant mon départ de France et me suis rabattu sur un guide Lonely Planète en langue anglaise. Je ne suis pas amateur de cette collection car je trouve que les plans qui y sont mentionnés sont peu clairs, que les textes sont trop denses et qu'il manque des photos. Une promenade m'est proposée et je vais donc tenter l'expérience. Il me faudra presque deux heures pour boucler ce circuit qui démarre place Salamanque. Les maisons qui s'y dressent sont le parfait exemple de l'architecture coloniale australienne, qui remonte aux années 1830, à l'époque de la chasse à la baleine. Promises à la démolition il y a encore 40 ans, ces maisons ont depuis été restaurées et ont souvent été transformées en restaurants ou en magasins. On trouve sur place le Salamanca Arts Centre qui accueille plus de 75 organisations artistiques et à but non lucratif.


 

Il est un escalier discret, situé dans un impasse (ci-dessous) qui conduit directement de cette place à Battery Point. L'impasse se trouve entre deux anciens entrepôts et conduit à cet escalier qui fut construit en 1839 par le Capitaine James Kelly, un aventurier qui fit fortune en chassant la baleine. Les « marches de Kelly » telles qu'on les surnomme encore de nos jours survivent à leur créateur qui fit banqueroute en 1842, à la suite du décès de sa femme et de sept de ses enfants. La chance avait tourné. Une fois arrivé au sommet de cet escalier, je débouche directement dans une rue qui porte également le nom de l'ancien capitaine et qui est bordée de ravissantes petites maisons. Ici, tout est propre et bien entretenu, et les passants, toujours prêts à rendre service. Au bout de cette rue, je débouche sur Hampden Road et trouve sur ma droite une boulangerie-pâtisserie très appréciée : Jackman & McRoss (deuxième photo). On s'y arrête entre autres pour y déguster un gâteau autour d'une tasse de café. Juste à côté, se dresse le minuscule bureau de poste de Battery Point, où j'achèterai des timbres.


 

Le quartier de Battery Point tire son nom de l'installation d'une batterie d'artillerie au sommet de la colline en 1818, batterie qui faisait partie des défenses militaires de l'endroit. Inutile de chercher sa trace, elle a disparu depuis belle lurette. En revanche, de jolis cottages (ci-dessous) survivent admirablement au temps sur la place Arthur Circus. Ces maisons furent construites en arc de cercle autour de cette petite place pour abriter les officiers de garnisons, au tout début de l'occupation européenne. A noter que la Place Arthur Circus est unique en son genre en Australie. Non loin de là se dresse l'église anglicane Saint Georges, bâtie par l'architecte John Lee Archer.


 

Revenu sur mes pas, je redescends la Hampden Road en admirant ici et là de superbes cottages (ci-dessous). En face la chez Jackman & McRoss, se trouve un ancien cottage de marin entouré d'un petit jardin. L'endroit abrite désormais un antiquaire, Annick's Antiques. Un peu plus bas, dans la même rue (au niveau de James Street), je découvrirai le Narryna Heritage Museum (deuxième photo) qui se trouve à l'intérieur d'une superbe demeure géorgienne bâtie entre 1835 et 1840. Le musée abrite une collection d'objets retraçant la vie maritime et le commerce autour de la place Salamanque et de Battery Point. On peut admirer peintures et meubles dans cette grande maison qui fut jadis bâtie par le capitaine Andrew Haig, marchand de son état. Notre homme commerçait alors entre Calcutta et Canton, et échangeait l'opium chinois contre des cargaisons de porcelaines, soies, thé et meubles laqués. Le nom de Narryna provient de la langue indienne et signifie refuge du dieu de la mer.


 

Poursuivant ma promenade le long de Hampden Road, je prends à droite au carrefour pour m'engager dans Sandy Bay Road. A cinq minutes de marche, se trouve St David's Park (ci-dessous) qui fut autrefois le premier cimetière de la ville. L'endroit sera transformé en parc en 1926 mais on peut toujours y observer d'immenses arbres et quelques tombes datant du début de la colonisation européenne. Une fois traversé le parc, je tombe en arrêt devant une magnifique maison qui s'avère être le Club Athenaeum (deuxième photo), sur Davey Street. Ce club très chic est réservé aux hommes dans la pure tradition britannique depuis 1889.

 

Donnant sur la Place Salamanque que j'atteins en redescendant Davey Street, puis en tournant à droite, quelques dizaines de mètres après le club Athenaeum, la Maison du Parlement arbore fièrement sur son fronton la devise « Dieu et mon droit » (ci-dessous). A l'origine, ce bâtiment abritait les douanes, avant que cette institution ne soit relocalisée ailleurs, entre 1841 et 1904. Et l'endroit d'accueillir désormais le Conseil législatif de Tasmanie, composé de 15 membres élus entourés d'un président. Autrefois dirigée par le gouverneur de la Nouvelle Galles du Sud, la Tasmanie gagna son indépendance en tant que colonie britannique en 1825, et cessa de dépendre de la Nouvelle Galles. Un Conseil législatif fut alors formé pour conseiller le lieutenant gouverneur de ce qu'on appelait encore à l'époque la Terre de Van Diemen. En 1850, le Parlement britannique vota une loi sur la gouvernance des colonies australiennes qui donna à la Tasmanie le droit d'élire son premier gouvernement local. Le Conseil législatif comportait alors 24 membres (et non six comme précédemment). Huit de ces membres étaient nommés par le gouverneur et 16, élus par les propriétaires terriens. Ce nouveau Conseil se réunit en 1852, puis vota la Constitution de Tasmanie deux ans plus tard. L'ancienne bâtisse des Douanes fut alors rénovée en 1856 afin d'en faire la Maison du Parlement. Détail intéressant : la construction du bâtiment fut réalisée par l'architecte John Lee Archer, en 1830. Cet Irlandais s'illustrera dans l'érection de plusieurs bâtiments à Hobart (chapelle pénitentiaire, Angleseas Barracks, plusieurs ponts, ...et la Maison du Parlement). L'institution peut être visitée quotidiennement (voir infos pratiques) et ce, gratuitement.


 

En face du Parlement, se trouve le port de Hobart, lieu stratégique de la cité. De là partent les bateaux de croisière et de pêche, chacun ayant son point d'attache. Je distingue la jetée Brooke Street qui consiste en un gigantesque bâtiment d'architecture moderne monté sur caissons flottants. Un peu plus loin, se trouve la jetée Elizabeth Street (ci-dessous) avec ses cafés, boutiques et restaurants. Non loin de là, j'observe le Constitution Dock, où mouillent quelques restaurants flottants bon marché (deuxième photo), des fish & ships pour la plupart. Le restaurant Mures Lower Deck se dresse quant à lui sur le quai Victoria, face aux bateaux de pêche. Le premier quai des pêcheurs verra le jour dans les années 1840 et demeurera le point d'ancrage de la profession. Jadis, on y mettait les filets à sécher dehors, et le poisson était vendu à même le sol, à bord des bateaux ou dans des brouettes. Un marché au poisson sera bien construit en 1856 mais fermera quelques années plus tard suite à la désaffection des pêcheurs trop attachés à leurs traditions. Au plus fort de l'activité, on dénombrait ici plus de cent navires de pêche. Le port connaîtra aussi sur une courte période l'existence des fumoirs à poisson qui empesteront l'air alentour et disparaitront bientôt, laissant la place aux premières unités de congélation, dont les produits étaient revendus aux bateaux de croisière et aux bâtiments militaires.


 

Ma visite s'achève à Hunter Street, célèbre pour ses anciens entrepôts (ci-dessous). Au départ, les premiers marchands furent les militaires qui contrôlaient l'entrée du port. Abusant de leur position, ils monopolisèrent ainsi le trafic de marchandises, y compris les biens de première nécessité. 1813 vit apparaître capitaines et armateurs qui prirent le relais. La construction d'une première chaussée en 1820/21, l'érection des premiers entrepôts sur ce qui était alors l’île Hunter et l'abondante main d'oeuvre fournie par les bagnards permettront à cette nouvelle classe entrepreneuriale de faire fortune et d'acheter de riches propriétés. Ces nouveaux marchands acquerront d'importantes flottilles et développeront leurs affaires bien au-delà de la Tasmanie, à tel point que le vieux quai sera vite saturé par l'activité baleinière. Sans compter le développement des stocks de blé, de laine et de bois, destinés à Sydney, à Djakarta, à la Chine, aux Indes ou à l'Angleterre. L'influence de ces nouveaux maitres s'accroîtra en même temps que leurs fortunes et certains d'entre eux deviendront banquiers, juges ou conseillers. Ils domineront la vie locale à partir du début du XX ème siècle et seront souvent conservateurs. Pendant ce temps, Hunter Street offrait un style de vie à l'anglaise. On y importait soies, tissus, meubles et vaisselle pour les riches familles vivant sur place. Et Hobart d'offrir l'image d'une cité cultivée et prospère dans les années 1840.


 

Il avait suffit que des hommes comme William Bunster construisent des entrepôts vingt ans auparavant pour que l'activité économique prenne de l'ampleur. Aux N° 31 à 33 de la rue Hunter, William Bunster faisait le commerce de la soie depuis l'île de Macquarie et celui du sel et des peaux de phoques depuis l'île Kangourou. Cette activité florissante permettra à notre homme, qui était parti de rien, de racheter bientôt le N°35 de la rue ainsi que d'autres propriétés. Entre 1869 et 1882, un certain George Peacock prendra le relais en faisant l'acquisition des N° 27 à 33 de cette rue. Fabricant de confitures, il mènera son entreprise de main de maitre, imposant à son personnel prières du matin, hymnes et sermons et abstinence d'alcool, jusqu'en 1892, date à laquelle son entreprise sera renflouée par son fils et quelques employés dont le plus célèbre, Henry Jones. La confiture collait bien avec ce personnage et Henry, qui avait commencé à travailler dès l'âge de 13 ans, de s'atteler à la tâche et de gagner beaucoup d'argent. Il atteindra son apogée dans les années 1920, avec sa grande usine moderne, et innovante pour l'époque, qui accueillait en haute saison jusqu'à 1100 employés. Et les confitures d'être exportées depuis la jetée Ocean Pier vers le monde entier. De naturel optimiste, battant et bosseur, Henry Jones s'imposera la même discipline que celle qu'il demandait à son personnel, en étant juste et équitable. Bon gestionnaire, il contrôlait toute la chaine de production, de A à Z. Et se fera une réputation bien au-delà de la Tasmanie. Sa réussite sera célébrée en 1919 en signe de reconnaissance pour ce qu'il avait fait pour l'île. Il mourra en 1926. La société Elders prendra le relais en 1973 jusqu'à ce que les entrepôts ne soient rachetés par le gouvernement quatre ans plus tard. Aujourd'hui, se dresse le Henry Jones Art Hotel (ci-dessous) comme un clin d'oeil à la performance d'un homme peu commun.


 

INFOS PRATIQUES :

 

 





 



Retour aux reportages







Qui Suis Je - Reportages - Médiathèque - Calendrier - Pays - La lettre - Contact
Site réalisé par Kevin LABECOT
Disclaimer - Version mobile