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Ross
(Tasmanie, Australie)
Heure locale


Jeudi 8 décembre 2016

 

A une encablure de Campbell Town, et plus au sud, se trouve le charmant petit village de Ross, sur la rivière Macquarie. Ce cours d'eau était jadis surnommé Wambool par le peuple aborigène Wiradjuri, et les Européens le découvriront pour la première fois en 1813, lui donnant alors le nom du gouverneur de la Nouvelle Galles du Sud de l'époque, Lachlan Macquarie. Ce même gouverneur sera impressionné par les travaux de l’arpenteur Charles Grimes qui tracera les sections de cette rivière dès 1807, et sera également l'instigateur du projet de route Hobart-Launceston, toujours d'actualité aujourd'hui puisque la Midland Highway actuelle suit peu ou prou le tracé originaire de Charles Grimes.

Dès 1812, un détachement de l'armée avait été positionné à Ross afin d'assurer la protection de la petite cité naissante. Des édifices furent peu à peu construits et l'endroit fut déclaré ville de Ross en 1821, par le gouverneur Macquarie lui-même. Pour l'anecdote, Ross était le nom du siège parlementaire de H.M Buchanan de Loch Lomond (Ecosse), alors ami du Lieutenant-Colonel. Ross était alors idéalement placé, juste sur l'axe nord-sud convoité par le gouvernement d'alors. La plaine qui l'entourait était parfaite pour l'agriculture et la rivière Macquarie irriguait parfaitement l'endroit. Et les Européens sur place de délimiter une zone agricole de plus de 20 000 acres de terres consacrée à l'agriculture et à l'élevage de bœufs de trait, jusqu'à 1830, date à laquelle le terrain sera revendu par lots à des propriétaires privés.


 

A l'origine, c'est à gué qu'on traversait la rivière. Un premier pont sera donc construit dès 1821, fait de simples traverses de bois disposées sur des contreforts en pierre, le tout recouvert de terre et de gravier. Puis on remplaça cette construction précaire en 1836 par un pont de pierre (ci-dessus). Ce pont fut bâti par les bagnards et figure comme étant le troisième plus ancien pont d'Australie. C'est le gouverneur Arthur qui en exigera l'érection et c'est l'architecte John Lee Archer qui en traça les plans et en surveilla la construction. L'équipe de détenus comprenait alors deux tailleurs de pierre, James Colbeck et Daniel Herbert (deuxième photo ci-dessus), ce dernier ayant semble t-il été l'auteur des sculptures complexes visibles de part et d'autre de l'ouvrage. Accusé à l'origine de vol, notre homme vit sa peine de mort commuée en déportation définitive en 1827. Et d'oeuvrer en Tasmanie dans l’ingénierie civile, d'abord en tant que surveillant de tailleurs de pierre lors de la construction d'une maison de douanes en 1835, puis comme superviseur de la construction du pont de Ross.


 

La présence de la soldatesque dans Ross se ressent encore aujourd'hui car elle se retrouve dans l'architecture de nombreux bâtiments : plusieurs édifices furent en effet bâtis pour les militaires, comme par exemple le quartier général du corps d'artillerie (ci-dessus) qui date de 1836 et trône encore à côté de l'office du tourisme de la petite ville. Mieux vaut vous munir d'un plan de la ville incluant la liste des lieux remarquables numérotés, car on ne trouve sur place aucun panneau d'information en face de telle ou telle construction. De même, certaines rues de Ross portent le nom de tel ou tel événement remontant aux guerres napoléoniennes. Tenez, mon plan m'indique Badajos Street. Un nom à consonance hispanique qui, à priori, n'a pas de raison d'être ici. En fait, ce nom correspond au Siège de Badajoz, qui eut lieu en 1812, et qui mit en présence, au Portugal, les armées anglo-portugaises alors conduites par Arthur Wellesley, Premier Duc de Wellington, et Luis do Rego Barreto, et la garnison française napoléonienne (qui fut encerclée, puis poussée à la reddition). Ce siège sera l'un des plus sanglants des guerres napoléoniennes et vaudra aux Britanniques une victoire couteuse en vies humaines (4800 soldats anglais périront lors des combats). Notons enfin que certains soldats ayant stationné à Ross auront été des vétérans de certaines de ces campagnes napoléoniennes. Tout un symbole.

 

Au fil du temps, Ross devint aussi une ville-étape où l'on changeait les chevaux des diligences de la route nord-sud. On trouvait aussi sur place un important marché aux bestiaux, et l'agriculture était si prépondérante localement qu'en 1826, Ross accueillera le premier salon agricole de la région des Midlands. Cette manifestation sera déterminante par la suite dans le développement de la ville, puisqu'on assistera à l'édification de plusieurs auberges d'étape et autres propriétés foncières alentour. Ross, ainsi située au cœur des Midlands, deviendra la première région productrice de laine de la Tasmanie. Et le reste encore de nos jours. Dès l'établissement des premiers camps européens sur place, des troupeaux de moutons mérinos furent constitués et se mirent à produire une laine à la fibre extrêmement fine (au diamètre de 15 à 19 microns), laine exportée notamment vers le Japon et l'Italie. Les propriétés agricoles mesurent quant à elles de 80 à...8000 hectares et le nombre de moutons à l'hectare est variable (de 5 à ...25 selon les endroits). Et l'île de Tasmanie de compter pas moins de quatre millions de moutons, dont une bonne partie es présente dans les Midlands. Le climat se prête bien à ce type d'élevage avec un temps relativement sec, une pluviométrie annuelle de 500 millimètres d'eau, et des hivers frais. Et l'agriculture locale, de faire de cet élevage de moutons mérinos sa principale activité, comme dans l'ancien temps. D'autre fermiers se sont malgré tout tournés vers les cultures de céréales, de fleurs ou de légumes, grâce au développement de l'irrigation. L'agneau est également élevé pour sa production de viande.

Une visite au musée s'avère fort instructive en ce qui concerne le développement de la production de laine mérinos dans la région (un classeur en libre service permet d'en apprendre plus sur l'industrie lainière australienne), mais également sur l’histoire de la ville : on y aborde l'origine de la Terre de Diemen, les détenus et leur rôle dans la production lainière de l'époque, la construction du pont de Ross qui reste l'attraction majeure de la ville, mais aussi l'ANZAC et le souvenir de la Bataille de Gallipoli qui fit plusieurs victimes originaires de Ross.


 

Il existe les quatre coins de Ross, qui correspondent au croisement de Church Street et Bridge Street, qui accueille en son centre le monument aux morts. La tentation est représentée par l'hôtel Man O'Ross (première photo ci-dessus). C'est William Sadler qui construisit l'établissement en 1835, avec ses pignons et sa grande véranda qui seront rajoutés au début du XX ème siècle. Allez faire un tour dans ses jardins et vous apercevrez des bornes kilométriques en pierre indiquant en chiffres romains la distance restante jusqu'à Launceston. Le salut est symbolisé par l'église catholique romaine qui se trouve de l'autre côté de Church Street, en face de l'hôtel (deuxième photo ci-dessus). D'abord occupé par un magasin ayant appartenu à la famille Bacon, une résidence privée et une boulangerie, l'endroit a laissé la place à cette église en 1920 mais celle-ci est généralement fermée (demander la clef auprès de Ross Newsagency pour en visiter l'intérieur). La damnation est quant à elle représentée par l'ancienne prison (ci-dessous), construite ici dans les années 1830 mais devenue depuis une résidence privée. La toute petite maison de pierre qui jouxte cette prison correspond à l'ancien bureau de police. Enfin, le plaisir, est décrit par la mairie (deuxième photo ci-dessous) qui constitua autrefois l'unique lieu où se tenaient les divertissements de la commune. La façade du Conseil municipal (jouxtant la mairie) faisait à l'origine partie de la résidence du gouverneur de la prison et date des années 1830. Certains suggérèrent avec raison qu'il faudrait créer un cinquième coin, celui de la commémoration : le monument aux morts (troisième photo) célèbre en effet la mémoire des victimes de guerres. L'une d'entre elles fut Albert Edward Fitzallen, forgeron et enfant de Ross, qui périt en 1902, à la guerre des Boers, âgé de 20 ans seulement. Le canon exposé date d'ailleurs de cette même guerre, tandis qu'une stèle symbolise la Première guerre mondiale et est coiffée par un fantassin. D'autres plaques rendent hommage aux habitants de la ville ayant participé à la Seconde guerre mondiale et à la guerre de Corée.


 

Un autre bâtiment retiendra mon attention lors de ma balade : le lieu de détention pour femmes (ci-dessous). Cet endroit fut d'abord occupé par les détenus hommes qui oeuvrèrent à la construction du fameux pont de Ross, puis à celle de la route Hobart-Launceston. Puis, le bâtiment servit de refuge pour les détenues femmes avec leurs bébés entre 1848 et 1854. Là, les détenues se livraient au cardage et au filage de la laine, ainsi qu'à la couture et au tricot, avant d'être plus tard employées comme servantes dans des familles. Le lieu comprenait également une cellule d'isolement pour les femmes s'étant livrées à de nouveaux méfaits. On contraignait alors celles-ci à travailler à la lingerie ou on les isolait en cellule. Il existait aussi une chapelle sur place. Ce qui reste du bâtiment actuellement visible représentait jadis le lieu d'habitation de l'assistant du super intendant et des surveillants de la prison.


 

Autre façade remarquable, celle du bureau de poste (ci-dessous) construite en 1896, avec sa balustrade en fer et ses colonnes qui supportent un avant-toit. Détail qui passe inaperçu : à l'extérieur se trouvent deux marches en pierre qui aidaient autrefois les cavaliers à grimper sur leur cheval. On trouve enfin sur place un vieux distributeur de timbres et de vieilles boites postales.

 

INFOS PRATIQUES :

  • Ross Visitor Information Center, au Tasmanian Wool Centre, Church Street, Ross. Tél : 03 6381 5466. Site internet : http://www.taswoolcentre.com.au
  • Un musée d'histoire (dont la première salle est consacrée à la production lainière locale) est accessible gratuitement par l'office du tourisme. Prise de photos possible sans flash.

  • Demandez le plan de Ross et la brochure Ross Information Guide (qui décrit chacune des constructions remarquables de la ville)

  • Site internet sur Ross : http://www.visitross.com.au

  • Bakery 31, 31 Church Street, Ross. Tél : 03 6381 5422. Ouvert tous les jours. Spécialiste de la tourte aux coquillages. Pas d'accès WiFi sur place. Accueil très sympathique. Confitures maison et vente de produits locaux. Http://www.tasmanianscalloppiecompany.com.au

  • Hôtel-restaurant Man O'Ross, 35, Church Street, Ross. Tél : 03 6381 5445. Accueil très sympathique, bonne cuisine et accès internet WiFi performant. http://www.rosshotel.com.au/

 

 






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