Dimanche 30 avril 2017
Pour mon deuxième jour à Montevideo, je pars tôt et à pied de mon hôtel afin de me promener dans le centre historique de la capitale uruguayenne. La journée d'hier fut consacrée à mon installation : je me posais à mon hôtel, effectuais quelques courses et repérais les lieux. J'ai par ailleurs prévu de repasser par Montevideo fin mai pour y terminer ce long séjour. Le beau soleil qui brille m'incite à partir à la découverte des endroits les plus remarquables de la capitale, et la liste de ceux-ci qui m'a été fournie par l'office de tourisme est conséquente. Il me faudra 45 minutes de marche, en passant par le bord de mer (photo ci-dessous) avant d'atteindre le début de ma balade. Les rues arborées sont encore désertes en ce début de matinée et j'apprendrais un peu plus tard que rien n'ouvre avant midi le dimanche. J'erre donc dans cette ville encore endormie en me battant contre l'invasion de moustiques qui déferle actuellement sur le pays, à la suite des fortes pluies de ces derniers jours. Tout comme à Buenos Aires (Argentine), je dois affronter les trottoirs souvent défoncés des rues et me prendrai d'ailleurs une belle flaque d'eau cachée sous une dalle descellée dans la rue Perez Castellanos.
Celle qu'on surnomme communément Montevideo se prénomme en fait San Felipe y Santiago de Montevideo. principale ville d'Uruguay, l'endroit offre également l'une des plus importantes rades des Amériques, celle-ci portant le nom de Rambla. La ville passe pour offrir le niveau de vie le plus élevé d'Amérique latine et fait partie des trente villes les plus sûres au monde. Cela ne m'empêchera pas d'être importuné à plusieurs reprises par des mendiants qui me réclameront de l'argent. Il n'est en effet pas rare d'observer des gens sans domicile fixe, assis dans la rue ou couchant sous un abri de fortune. Voici la rançon du mondialisme que nous connaissons d'ailleurs très largement en Europe. Pour le reste, l'endroit a adopté le rythme de vie latino-américain, avec un esprit de décontraction évident et une gentillesse de tous les instants. Située en bordure du Rio de la Plata, Montevideo fait partie de ces lieux qui font rêver et s'est développée autour d'une baie formant un port naturel. La ville comporte aussi plusieurs plages fort agréables avec souvent des dunes.
La ville fut fondée en 1726 par les Espagnols parmi lesquels Bruno Mauricio de Zabala qui possède aujourd'hui sa place (ci-dessous) et ses perruches, qui caquètent sans discontinuer dans les arbres (deuxième photo). A cet emplacement s'élevait jadis le fort de l'ancienne ville emmurée, fort qui sera détruit sur ordre du Colonel Lorenzo Latorre, afin d'y créer la place actuelle. Cette destruction prit place fin 1878 mais il faudra attendre 1890 pour voir inaugurée la place Zabala. L'endroit offre aux visiteurs de jolis jardins à l'européenne, du style Belle Epoque alors en vogue à Montevideo. Pourquoi avoir donné à cette place le nom de Bruno Mauricio de Zabala ? Sans doute parce que celui-ci fonda la ville de Montevideo. Notre homme fut militaire espagnol et exerça la fonction de gouverneur dans la région entre 1717 et 1734, et fut aussi pendant quelques temps gouverneur du Paraguay, un pays voisin. Né à Durango (Province de Vizcaya, Espagne), il débuta sa brillante carrière militaire dès 19 ans en participant à la Guerre de Succession espagnole, avant d'embarquer pour l'Amérique du Sud. Plusieurs nations étaient alors représentées dans le Rio de la Plata, dont les Français. Et la première tâche de Zabala de consister à repousser tous ces envahisseurs d'une région considérée comme hispanique par la Couronne espagnole. Une flottille de trois navires partit bientôt de Buenos Aires pour atteindre Montevideo afin de déloger la colonie portugaise occupante des lieux depuis la fin de 1723. Devant la supériorité numérique des Espagnols, les Portugais se retirèrent et Zabala lança immédiatement la fortification de cette ville qui allait s'appeler Montevideo.
Mon périple m'offrira d'admirer la porte de la Citadelle (ci-dessous), un des seuls vestiges encore debout de cette muraille qui entourait autrefois la vieille cité. Cette porte donne à la fois dans l'axe conduisant à la place de l'Indépendance et sur le boulevard Sarandi. C'est en 1829 que sera détruite la plus grande partie historique de Montevideo, mais il reste encore de nos jours, bien de de jolies choses à découvrir sur place, heureusement pour nous. Le plan fourni par l'office de tourisme m'offre une listes des endroits remarquables, numérotés de 1 à ...64. Je commence donc ma promenade depuis le musée du Carnaval (deuxième photo), haut lieu de la culture carnavalesque qui est apparue ici depuis l'époque des Colons. Les conquistadores apportèrent en effet avec eux traditions et fêtes en tous genres. Et le carnaval en fait partie, qui donne lieu chaque année à un défilé partant de l'Avenue du 18 Juillet et dans lequel sont représentés divers groupes dont des écoles de samba, les reines du carnaval et des chars allégoriques.
Jouxtant ce musée, le marché du port (ci-dessous) vit le jour en 1865 lorsque des âmes entreprenantes créèrent, sous l'égide de Pedro Saenz de Zumaran, une société d'actionnaires dans le but de bâtir un marché à Montevideo. Le projet d'une construction métallique fut bientôt confié à l'architecte britannique R.H.Mesures, type de construction alors inconnu dans cette partie du globe. Et Gustave Eiffel d'avoir malgré lui influencé l'adoption de cette construction avec sa Tour Eiffel. Si l'ingénieur anglais fut le maitre d'oeuvre de l'édification de ce marché, le Français Eugène Penot, lui, se vit confier les travaux de maçonnerie, travaux qui durèrent trois années. C'est finalement en 1868 que le marché sera inauguré en présence du Président uruguayen Lorenzo Batlle. Le marché avait alors pour fonction d'approvisionner les bateaux en fruits, légumes et viande, à destination des populations des environs qui venaient faire leurs achats à la capitale. Les charpentes métalliques de l'endroit pourraient raconter les belles rencontres dont elles furent témoins... si seulement elles pouvaient parler : Carlos Gardel et Enrico Caruso traversèrent ainsi les allées du fameux marché tandis que José Enrique Rodo, écrivain et homme politique uruguayen célèbre, venait s'y désaltérer. Quant à Pedro Figari, entre autres peintre de son état, il trouvera sur place l'inspiration nécessaire à plusieurs de ses œuvres. Aujourd'hui, le marché du port s'est reconverti en un lieu de restauration où l'on propose une cuisine traditionnelle et des grillades en tous genres. Et les convives de se mélanger avec les artisans locaux, les peintres du coin, et les musiciens pour échanger, tout simplement et en toute convivialité. Je vous conseille tout particulièrement de vous y rendre le samedi, jour privilégié pour ce type de rencontres. A noter qu'un autre marché, celui des artisans se dresse non loin de là, sur la rue piétonne Perez Castellanos.
Il est 10 heures et je n'ai encore trouvé aucun café ouvert sur mon chemin. Des habitants me conseillent de me rendre dans la rue Cerrito. Là se tient en effet un petit établissement de restauration, tenu depuis quelques mois seulement par une chef cuisinier uruguayen, Richard, qui a fait entre temps un détour par Boston (Etats-Unis). Richard me propose aussitôt un cappuccino et quelques toasts...avec la simple intention de me faire plaisir. Après avoir refusé d'être payé en retour, il acceptera finalement un billet. Voici une adresse à ne pas manquer lors de vos prochains déplacements (voir infos pratiques ci-dessous).
L'Eglise Saint François, elle, se profile à l'horizon (ci-dessous) alors que je parcoure la Calle Solis. De style éclectique, cet édifice religieux actuellement en cours de restauration (travaux rendus indispensables à cause de l'humidité ambiante) fut converti en église en remplacement d'un précédent temple antique. Ceci remonte à longtemps puisque cette église reste le premier culte religieux de la ville, élevé par les Jésuites dès 1724, puis transmis aux Franciscains en 1740. Bâti en 1864, ce bâtiment compte trois nefs et, chose peu commune, une tour peu ordinaire équipée de cinq cloches. Cette tour fut achevée en 1895, l'année où fut habilitée la crypte du Seigneur de la Patience, alors très populaire au sein de la vie religieuse locale.
Non loin de là, se dresse le Palais de Taranco (ci-dessous), situé sur la place de Zabala, mais qui donne également sur la rue 25 de Mayo. Le bâtiment abrite désormais le musée des arts décoratifs, et ce, depuis 1972. Mais l'endroit connut une longue et élogieuse histoire puisqu'il abrita jadis le deuxième théâtre de Montevideo, la Casa de Comedias. On doit le lieu aux frères Félix, José et Hermenegildo Ortiz de Taranco qui débarquèrent en Uruguay à la fin du XIX ème siècle, achetèrent le terrain sur lequel s'était dressé jadis le théâtre San Felipe puis confièrent le chantier de leur future résidence aux architectes français Charles Louis Girault et Jules Léon Chifflot, en 1907. Pas moins de 72 plans des lieux furent tracés pour l'occasion par les architectes, accompagnés de 29 aquarelles. Les travaux de restauration en cours d'une part, et le puissant ensoleillement ne me permirent pas ce matin de prendre une photo meilleure que celle-ci. C'est dommage car le bâtiment vaut le coup d'oeil et servit aussi à la signature, en 1979, de l'acte de Montevideo, qui fut le fruit de la médiation papale conduisant à un accord après les différents territoriaux entre l'Argentine et le Chili concernant le canal de Beagle.
Les bâtiments du centre historique de la capitale uruguayenne attirent franchement l'oeil : ainsi, l'ancien siège de la Compagnie des eaux de Montevideo (ci-dessous), de style néo-classique, a t-il depuis cédé la place à une banque. Cette compagnie d'origine britannique gérait alors la concession des eaux uruguayennes en développant un réseau de conduites d'eau de 550 km dans la capitale, et en pompant le précieux liquide dans la rivière Santa Lucia, à 34 kilomètres de là. La compagnie fournissait ainsi l'eau à près de ...35000 maisons, et utilisait treize réservoirs et neuf filtres à sable. C'est en 1948 que les avoirs de cette compagnie des eaux seront vendus au gouvernement uruguayen.
Un autre édifice, qui abrite désormais le musée d'histoire national de l'Uruguay (sur la deuxième photo ci-dessous) : ce musée, dont l'entrée est gratuite, fut autrefois la résidence du Général Fructuoso Rivera. Edifice de style néo-classique, l'ensemble fut construit au tout début du XIXè siècle. C'est en 1834 que le général en fera l'acquisition, demeure qu'il occupera avec son épouse Dona Bernardina. Et l'endroit d'être transformé en musée en 1942, afin d'y exposer des collections historiques et archéologiques. Le bâtiment comporte un étage et est surmonté d'un mirador bâti en 1852. Le musée permet au visiteur d'approfondir ses connaissances sur le passé indigène de l'Uruguay et de découvrir le développement de ce pays jusqu'à aujourd'hui.
En face du musée historique national, se dresse l'ancien édifice de la banque de Montevideo (troisième photo ci-dessous). De style plateresque, l'ensemble date de 1928-29.
Ainsi s'achève pour aujourd'hui cette première balade dans Montevideo...
INFOS PRATIQUES :
- Musée du carnaval, Rambla 25 de Agosto 218, Montevideo. Tél : (598) 916 5493. Ouvert tous les jours de 11h00 à 17h00. Entrée : 100 pesos uruguayens. Site internet : http://museodelcarnaval.org/
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Marché du port à Montevideo : http://www.mercadodelpuerto.com/
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Pizzeria BOSSA, Calle Cerrito 257, ouverte tous les jours depuis l'aube. Tél : 291 59 786. Accès WiFi. Demander Richard.
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Eglise Saint François, Calle Solis 1469, à Montevideo.
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Palais Taranco, 25 de Mayo 376, Montevideo. Tél : 915 1101. Abrite désormais le musée des arts décoratifs : http://www.mec.gub.uy/innovaportal/v/90141/2/mecweb/museo-de-artes-decorativas?breadid=null&3colid=310
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Ancien siège de la Montevideo Waterworks Company, angle des rues Rincon et Zabala.
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Musée historique national, Rue Rincon 437, Montevideo. Tél : 915 1051. Ouvert du mercredi au dimanche, de 11h00 à 16h45. Entrée gratuite. Prise de photos autorisée sans flash. Site internet : http://www.museohistorico.gub.uy/
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Pharmacie ouverte H24, Rue 18 de Julio 841, à Montevideo
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Vélos en libre service MOVETE (http://movete.montevideo.gub.uy/
) . Tél : 0800 8855 ou le (598) 2914 7174. Service fonctionnant tous les jours de 7h00 à 20h00.
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Visite de Montevideo avec des habitants amoureux de leur cité : Curioso Free Tour (http://www.curiosofreetour.com.uy) vous propose des visites guidées gratuites du lundi au vendredi à 15h00 et le samedi à 11h00. Durée : 2h30. Langues pratiquées : anglais et espagnol