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Saint-Jean-de-Maurienne et son Histoire
(Savoie, France)
Heure locale

 

Mardi 8 octobre 2019

 

Il était une fois Saint-Jean-de-Maurienne, capitale historique de la Maurienne située sur la principale voie de passage des Alpes depuis le Moyen-Âge. On compte un peu moins de 8000 Saint-Jeannais à vivre dans cette cité, sous le climat montagnard généré par le Massif alpin, tterre d'accueil de l'une des plus grandes usines de traitement d'aluminum au monde mais aussi, par le passé, lieu vivant et très fréquenté avec ses foires, marchés et auberges. Logé dans un hôtel du centre-ville, je m'aperçois que la petite ville tient dans un mouchoir de poche et que j'aurai rapidement parcouru la balade patrimoniale que l'Office du tourisme local me propose judicieusement. En route sur les traces de Saint-Jean-Baptiste...en suivant les petits clous (ci-dessous) fixés à intervalles réguliers sur le parcours pour me guider tout au long de cette promenade.

Jean le Baptiste, le prophète qui annonça la venue de Jésus à Nazareth, est ici surnommé le précurseur et est le saint patron de la ville. La Cathédrale lui est d'ailleurs dédiée mais nous y reviendrons. Suivez le guide ! Me conseille inlassablement le (grand) plan détaillé de la ville sur lequel est indiqué le « parcours des p'tits clous » pour partir à la découverte de quelques lieux significatifs l'histoire de la cité. Le circuit débute au Palais épiscopal (ci-dessous en photo), lieu de résidence de l'évêque de Maurienne depuis le 6è siècle. L'édifice tel qu'on le voit aujourd'hui n'a pas changé depuis sa rénovation du temps de Monseigneur de Martiniana au 18è siècle. Le dernier religieux à l'avoir occupé fut l'évêque Mgr Rosset, décédé en 1902. Depuis, l'endroit abrite l'Office du tourisme et le Musée des Costumes, des Arts et des Traditions populaires. On peut à l'occasion pénétrer dans le Grand salon, rare exemple d'art baroque civil en Maurienne. Celui-ci (deuxième photo) est accessible par un escalier monumental qui vaut aussi le coup d'oeil.


 

La création d'un diocèse dans cette ville au 6è siècle fera de l'endroit la capitale de la vallée de la Maurienne et son chef en sera l'évêque. Celui-ci ne sera pas seulement le chef spirituel de la communauté mais également l'autorité politique locale jusqu'en 1034, lorsque la dynastie des comtes de Savoie s'imposera à son tour. Et Saint-Jean-de-Maurienne de demeurer cité épiscopale jusqu'en 1966, ce qui implique un important patrimoine religieux qui a depuis conservé son plan initial : face au Palais, se dresse la Cathédrale Saint-Jean-Baptiste, flanquée de l'église Notre-Dame dont on peut admirer les arcatures ornant la partie orientale et le chevet de l'édifice, typiques du 11è siècle. Un coup d'oeil sur les chapiteaux de son portail (situé sur la façade latérale de l'église, et visible sur la photo ci-dessous) permet d'admirer des animaux grotesques, des personnages au masque de feuillages et autres végétaux. L'un d'eux évoque la Querelle des Investitures, avec cette scène montrant deux hommes semblant se disputer une crosse d'évêque.


 

En face de l'église, se trouve le Grand clocher (ci-dessous), une tour datant du 11è siècle qui était en fait le clocher de l'église Notre-Dame située juste en face. Au 15è siècle, on y rajoutera une galerie flanquée de quatre clochetons, surmontée d'une grande flèche, ce qui portera la hauteur totale de l'édifice à près de 80 mètres. Malheureusement, les Révolutionnaires firent ici comme ailleurs leur « mise à niveau » en 1794, en abattant d'une part la flèche du grand clocher puis en détruisant également une partie de l'église Notre-Dame, l'isolant de son clocher par la route actuelle.

Voisine de l'église Notre-Dame et faisant face au Palais épiscopal, j'observe la Cathédrale qui fut, elle aussi, édifiée au 6è siècle, puis reconstruite au 11è. Ses murs permettent de retrouver des éléments sculpturaux remontant à la première construction. En 1771, on rajouta le portail néo-classique afin d'abriter le tombeau de trois des premiers princes de la Maison de Savoie (Humbert aux Blanches mains, le fondateur, Amédée et Boniface). Ce portail permet d'observer la « main bénissant » qui rappelle les reliques de Saint Jean-Baptiste, à l'origine de cette cathédrale, et est devenue depuis l'emblème du chapitre des chanoines et de la ville.

La nef centrale est de style roman, habillée d'une voûte de bois de style gothique qui fut rajoutée au 15è siècle. Parmi le mobilier classé, on trouve la chaire à prêcher avec ses statues des Evangélistes et des vertus, puis les Grandes orgues. Le choeur du 15è siècle, de style gothique flamboyant, est du à l'évêque de Maurienne, Etienne Morel. Il est très ouvragé, finement sculpté, avec sa piéta, ses quatre Évangélistes, et une statue de Saint Jean-Baptiste et de la Vierge à l'Enfant. Plus haut, les vitraux rappellent la fondation du diocèse. Les stalles, basses et hautes, (troisième photo ci-dessous) offrent 86 sièges en tout, et sont ornés de sujets tous différents. Elles sont l'oeuvre du Genevois Pierre Mochet, en 1498.


 

La chapelle Saint Joseph abrite pour sa part les tombeaux de plusieurs évêques, avec son autel de style baroque qui fut restauré en 1998. Le vitrail de droite offre d'admirer une rare représentation de la Sainte famille au travail (ci-dessous).

Une porte d'accès se trouve à côté de cette chapelle, qui permet d'accéder au cloitre et à ses ogives du 15è siècle. En longeant la travée de la cathédrale, on remarque un petit escalier qui conduit à la crypte romane, formée des deux grandes salles à trois nefs. Presque entièrement restaurée au 11è siècle, puis abandonnée au 15è, elle marque l'emplacement de l'église primitive. A noter, l'existence de chapiteaux témoins de la naissance de la foi dans les montagnes. Dans une première salle, un œil de bœuf permettait aux pèlerins de voir l'emplacement de l'autel et du martyrium, reliquaire des doigts de Saint Jean-Baptiste (deuxième photo ci-dessous).

 

A Saint-Jean-de-Maurienne, passer de l'art roman à ...l'art déco en quelques minutes, c'est possible ! Je me rends en effer au Théâtre Gérard Philipe (ci-dessous), inauguré le 21 mars 1934. La construction représente un bel exemple du style architectural des Années 1930 au même titre que le Monument aux morts qui se dresse à un encablure de là. Il dispose d'une capacité de 328 places.

J'emprunte maintenant la rue Brun-Rollet, du nom de Jacques-Antoine Brun-Rollet qui partit explorer la Vallée du Nil au 19è siècle. Commerçant savoyard et explorateur de son état, l'homme qu'on appelait aussi Jacques Brun, est né ici le 25 juillet 1807. Il décide d'embarquer pour l'Egypte en 1831, atteint l'Abyssinie un an plus tard et se rend au bord de la Mer rouge. Il s'installe à Khartoum (Soudan), entreprend le financement d'une prochaine expédition tout en commerçant avec plusieurs peuplades vivant le long du Nil dont il apprendra beaucoup culturellement, à force de les observer. Et de faire bientôt partie des explorateurs à la recherche des sources du Nil, de devenir proconsul de Sardaigne dans le Soudan oriental (à Khartoum), puis membre de différentes société scientifiques avant de publier le premier récit de son exploration en 1855. Un an plus tard, il remontera la vallée du Bahr-el-Ghazal, mais ne parviendra jamais à atteindre le Darfour. Et décèdera à Khartoum deux ans plus tard.

Après avoir remonté une partie de la rue Saint-Antoine, du nom d'un ancien hôpital de la ville, rue symbolisant autrefois l'axe nord-sud de la cité jusqu'au creusement de la rue de la Libération en 1832, j'arrive très vite devant la façade la maison natale du grand couturier Pierre Balmain, dont le grand-père, Alexandre, sera un colporteur aisé. A deux pas de là, un autre personnage illustre et également enfant du pays, a sa statue sur une place (deuxième photo), une œuvre du sculpteur Louis Rochet. : François_Emmanuel Fodéré fondera à Strasbourg la première chaire de médecine légale. Médecin et botaniste, l'homme est effectivement considéré comme le père de cette médecine légale.


 

La rue du Collège abrite encore aujourd'hui la Maison diocésaine, laquelle offre un portail plus ancien que le bâtiment lui-même (datant de 1936). D'architecture Renaissance, ce portail était celui du Collège Lambert, fondé en 1572 par Mgr Pierre de Lambert. Autre collège survivant mais désormais désaffecté, celui de Saint-Joseph, lui-même installé dans le couvent des Bernardines créé en 1623. Dans cette rue du Collège, mais plus bas, régnait une certaine effervescence lorsque la population des villages débarquait pour se rendre à la foire. Elle était bordée de boutiques dont celle à Banche, que je n'ai pas réussi à trouver malgré le plan. Cette boutique avait cela de peu commun qu'elle possédait un volet qui se rabattait vers la rue pour servir d'étal, à la place des deux fenêtres. Je reprendrai par la rue Borcière, ex-rue des Bourses et axe principal Est-Ouest. La rue de la République ouvrira en 1832 pour rendre le trafic plus fluide pour désengorger la rue Borcière. On en profitera alors pour ériger le long de cette nouvelle rue des portiques (deuxième photo), ou arcades, comme cela se faisait déjà à Chambéry ou à Turin.


 

Quelques autres sites mentionnés dans la balade patrimoniale ne vaudront pas, selon moi, la peine d'être visités. Ce genre de promenade est en quelque sorte une « mise en bouche » historique, une simple suggestion avant d'aborder les choses de manière plus approfondie. L'Office de tourisme de la ville propose toute l'année des visites guidées pour individuels et groupes. N'hésitez pas à vous renseigner (voir infos pratiques).

INFOS PRATIQUES :

  • Office de tourisme ,Place de la Cathédrale (au Palais épiscopal), à Saint-Jean-de-Maurienne. Tél : 04 79 83 51 51. http://www.saintjeandemaurienne.com
  • L'ouvrage « Maurienne, Terre d'histoire » de Pierre Dompnier (Editions Le Dauphiné) est en vente à l'espace boutique de l'office de tourisme (en photo ci-dessous).

  • Merci à Bénédicte Viallet, guide-conférencière pour la ville de Saint-Jean-de-Maurienne, qui m'a assisté dans ma visite.


 

 











 



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