Lundi 8 mars 2021
Râleur à mes heures (ce qui fait de moi un vrai Gaulois !), je reste toutefois optimiste car je connais trop la richesse de mon pays. La France est ainsi faite, d'une incroyable mosaïque de paysages, de cultures et d'identités. Le Grand Pithiverais, situé dans le département du Loiret, procure un dépaysement naturel et authentique à qui souhaite découvrir bocages du Gâtinais, plaines de Beauce, forêt d'Orléans ou vallées de l'Essonne. Sans parler de la gastronomie d'exception offerte par cette région bénie des dieux (miel du Gâtinais, Brioche beaunoise et gâteau Pithiviers) et de son riche patrimoine. Partons à la découverte de ce qui fut autrefois la province de l'Orléanais.
Et si je vous faisais une fleur en vous conduisant sur la Route de la Rose ? La rose et le Grand Pithiverais symbolisent une histoire d'amour, et pour cause : presque la moitié des sites labellisés « Route de la Rose » se trouvent dans le Grand Pithiverais, terre d'accueil de longue date de la reine des fleurs qui a trouvé ici les conditions optimales de son épanouissement. A commencer par ses fervents défenseurs (obtenteurs, producteurs, pépiniéristes, jardiniers ou propriétaires de roseraies) qui voient en elle un délicieux art de vivre. André Eve, grand spécialiste de la rose dans le monde, a contribué à façonner plusieurs de ces remarquables sites émaillant le parcours. Une simple visite sur le site internet dédié à la route en question (voir infos pratiques) vous ouvrira les portes de plus d'une cinquantaine de communes partageant cette même passion, mais aussi de promenades thématiques (Les roses du Loiret et les femmes, les Roses du Loiret et les poètes...) et de la Saint-Fiacre, fêtée le 30 août, et dont la confrérie (datant du 12è siècle) restera très active en organisant des fêtes jusqu'en 1994 à Pithiviers, et des grands bals des fleurs à Orléans jusqu'au début des années 1970. Il reste aujourd'hui une fleur, la rose Saint-Fiacre d'Orléans, créée par André Eve en 1996, de jolis tableaux de roses à découvrir au Musée des Beaux-Arts d'Orléans (45) et des sites incontournables comme le jardin à thèmes de Quiers-sur-Bézonde, Bellegarde et son marché des rosiéristes, le Château de La Bussière, l'Arborétum des Grandes Bruyères, le Jardin de Roses de Saint-Jean-Le-Blanc ou Yèvre-le-Châtel et ses rues fleuries. Enfin, accordons une mention spéciale au Grand Jardin du Théâtre des Minuits (à La Neuville-sur-Essonne) qui fut dessiné par André Eve en personne, et qui abrite un rosier unique, création du célèbre obtenteur. Ce jardin propose aux visiteurs une réflexion permanente sur ce qu'est le processus de création, son rapport à la volonté de l'artiste et son rapport au hasard.
Les campagnes du Pithiverais réservent de belles surprises aux amateurs de villages de caractère et de patrimoine remarquable : attardons-nous un instant sur l'église gothique Notre-Dame de Puiseaux et son clocher-tors (l'un des plus grands d'Europe). Lors de la construction de l'église (entre les 12è et 13è siècles), le clocher était droit. Ce n'est qu'entre 1612 et 1850 qu'il se tordit à la suite de la déformation légère du poinçon central inférieur, lequel avait subi plusieurs dommages (incendies et foudre) qui occasionnèrent ce vrillement au fil des ans. Tout près de l'église, on fera aussi une pause devant la jolie halle du village.
A la fois généreux et surprenant, le Grand Pithiverais dévoile toujours plus de fleurons patrimoniaux, comme le Château de Chamerolles ou la forteresse de Yèvre-le-Châtel. Les villages de caractère ne manquent pas et affichent dans de nombreux endroits des panneaux relatant l'histoire du site visité. Ainsi Augerville-la-Rivière, Boësses, Boiscommun, Chambon-la-Forêt, Dimancheville, Estouy et La Neuville-sur-Essonne vous séduiront-elles avec leurs églises, Malesherbes, Montliard et Saint-Michel par leurs châteaux, Ondreville-sur-Essonne avec ses moulins à eau et Beaune-la-Rolande avec sa crypte Saint Pipe et sa brioche beaunoise, spécialité gourmande à base d'amandes caramélisées.
Il suffit d'observer le paysage pour prendre conscience de la diversité naturelle du Grand Pithiverais : les plaines de Beauce, vastes étendues colorées au rythme des cultures, offrent des paysages uniques et de superbes panoramas. Champs de blé, d'orge, de colza et autres cultures saisonnières courent jusqu'à l'horizon illuminé selon les jours par un ciel tantôt bleu, tantôt nuageux. L'Essonne, affluent de la Seine prend sa source ici même et nait de la jonction de l'Œuf et de la Rimarde. Les randonneurs pourront s'adonner à leur passe-temps favori en empruntant le GR32 qui suit tout naturellement la vallée de l'Essonne, avec, sur le parcours, moulins à eau, ponts et lavoirs. Une autre vallée, celle de la Juine, au nord des plaines de Beauce ne manque pas non plus d'intérêt. Celle-ci prend sa source à Autruy-sur-Juine et est alimentée par la nappe de Beauce.
Autre ensemble naturel du Grand Pithiverais : la forêt d'Orléans. Autrefois immense massif boisé de plus de 150000 hectares qui recouvrait le Gâtinais et presque tout l'Orléanais, celle-ci reste la plus grande forêt domaniale de France avec 1200 km de sentiers forestiers promettant de belles promenades à pied, à vélo ou à cheval, notamment le long du fameux GR32. On peut y observer une faune abondante, dont le balbuzard pêcheur, de retour dans la région depuis trente ans et le cerf au brame toujours impressionnant. Plusieurs circuits pédestres et cyclistes sont disponibles auprès de l'office de tourisme. Enfin, le Gâtinais offre lui aussi un paysage boisé, ponctué de grandes fermes allongées dont les vastes dépendances sont entourées de pâtures et d'anciens vergers de pommiers. Fermes, hameaux et villages sont ainsi reliés par un réseau de chemins d'exploitation et de petites routes, à travers plaines et bois, autant d'infrastructures propices là encore à la randonnée. Si la région est réputée pour son miel, elle est aussi connue pour son pâté et son safran.
Il ne saurait avoir de découverte d'un territoire sans contenu culturel et la région offre un certain nombre d'endroits qui méritent une visite. Ainsi trouve-t-on au Malesherbois l'Atelier-Musée de l'Imprimerie, le plus grand musée d'Europe consacré à ce thème. Et de plonger six siècles en arrière dans l'histoire technique et industrielle, culturelle et sociale de la typographie en parcourant les 6000 m2 d'exposition où sont présentés plus de 150 machines, des images d'archives et plus d'une soixantaine de fichiers audio et vidéos. Divers ateliers permettent au visiteur de fabriquer et créer son propre récit ou de se lancer dans la fabrication de papier, marbrure, calligraphie, composition ou pliage. Un atelier- école permet également de s'initier aux arts graphiques et plastiques.
Autre attraction : le Musée des Transports et chemin de fer touristique. L'ancien chemin de fer de Pithiviers vous emmène ainsi en balade à bord d'un train à vapeur sur l'ancienne voie qui reliait autrefois Pithiviers à Toury. Ledit musée s'intéresse plus précisément aux voies étroites et a trouvé refuge dans un ancien atelier de réparation des wagons du tramway local. Là est présentée une incroyable collection de locomotives à vapeur classées aux monuments historiques ainsi qu'un échantillon de matériels jadis utilisés sur la voie historique Pithiviers-Toury. Objets d'antan et photos anciennes complètent cette visite passionnante. La balade en train s'effectue quant à elle avant ou après avoir parcouru le musée.
Boynes, possède pour sa part un Musée du safran depuis 1988. Installé dans une ancienne maison de marchands de vin, le lieu offre plusieurs salles aménagées pour présenter de manière générale l'histoire du village et de son territoire. Et de découvrir au fur à mesure la culture de ce qu'on appelle ici « l'or rouge », puis celle de la vigne tout en appréhendant les mutations agricoles que subirent la Beauce et la Gâtinais au fil du temps. Si l'usage du safran remonte à la plus haute antiquité, la culture de celui-ci nous aurait été apportée d'Asie Mineure par les croisades. En revanche, la date de son introduction dans le Gâtinais n'est pas établie avec certitude mais un édit de Louis XIV datant de 1688 reconnaît officiellement cette culture locale.
Arrêtons-nous aussi au Musée de l'Œuf de Bondaroy. Le monastère orthodoxe de Saint-Grégoire abrite en effet cette attraction insolite qui vous révèle pourquoi on célèbre Pâques en offrant des œufs en chocolat. Le monastère à lui seul vaut le déplacement et il est possible d'y passer une journée complète aux côtés de sœur Anne avec laquelle vous partagerez votre repas, avant d'assister à une conférence sur le thème de « l'œuf dans l'Antiquité, dans l'art et la religion ». Tout un programme et un bon moyen de sortir de...sa coquille.
Filons maintenant à Nibelle où plusieurs musées nous attendent : le Musée de la poterie et de la forêt (ancien Musée Saint-Sauveur) retrace les métiers du passé à travers les activités potière et forestière ancestrales de ce village. Le Musée des Terres cuites, lui, présente plusieurs collections de céramiques nibelloises (poteries mérovingiennes, sifflets à eau datés de 1560-1570 et poteries du 19è siècle). Quant aux férus d'art sacré, ils se rendront (sur rendez-vous) à l'ancien presbytère de la paroisse pour y admirer la collection d'objets d'art religieux patiemment constituée par l'abbé Roland Barillet, curé de Nibelle entre 1945 et 1960.
Si les jardins sont ici légion, le Grand Pithiverais est aussi une terre de châteaux : celui de Chamerolles est un ancien château fort plus tard converti en demeure de style Renaissance qui fait d'ailleurs partie des châteaux de la Loire. Sa promenade, dédiée à l'histoire du parfum et de l'hygiène en France est un ravissement au même titre que ses sublimes jardins.
Au sud de Pithiviers, plus exactement à Dadonville, se dresse le Château de Denainvilliers, autrefois château de la famille Du Monceau. Plusieurs pièces de cette demeure sont ouvertes à la visite (notamment lors des journées du patrimoine) ainsi que l'atelier d'Henri-Louis Duhamel Du Monceau, agronome de renom et scientifique français qui fut élu à trois reprises président de l'académie royale des sciences.
Le Château de Malesherbes a pour sa part connu une histoire tumultueuse : du temps où il était un château fort, il subit de nombreux sièges durant la guerre de cent ans et les guerres de religions. C'est Guillaume de Lamoignon, chancelier de France, qui le transformera en château renaissance au 18è siècle. A noter lors de la visite extérieure de cette demeure, la maison de Châteaubriand, puis les intérieurs de la Grange aux Dîmes, de la Chapelle et du colombier féodal.
Lorsque vous passerez par Yèvre-le-Châtel, faites une halte à la forteresse médiévale datée du 13è siècle. Grimpez jusqu'au chemin de ronde ou montez au sommet d'une des quatre tours et jouissez d'une vue imprenable sur le village et le Grand Pithiverais, avant de découvrir ses carrés médiévaux dédiés aux plantes aromatiques.
Retour à Nibelle pour y observer le Château du Hallier, érigé en 1544 par Charles de l'Hospital. Cette demeure (ou plutôt ce qu'il en reste) est un exemple de transition entre château fort et résidence de plaisance, avec ses courtines en briques et en pierre et ses dix grosses tours. C''est derrière ces murs que s'épanouiront les amours d'Henri IV et d'Henriette d'Entragues. Laissé à l'abandon depuis le 18è siècle, l'ensemble est partiellement en ruines.
Le plus souvent ces châteaux finissent entre les mains de courageux propriétaires amoureux du patrimoine. En passant par Courcelles-le-Roy (Route de Courcelles), on jettera un œil sur le château qui souffrit terriblement des incursions anglaises des 13è et 14è siècles. A Chambon-la-Forêt, la Château de La Luzerne fut jadis une forteresse médiévale, plus tard transformée en demeure de plaisance. L'endroit qui fut le siège d'une puissante baronnie passera entre les mains de plusieurs familles importantes. A Aulnay-la-Rivière (sur la D26), se dresse encore le Château de Rocheplatte, construite au 11è siècle pour surveiller la vallée située au confluent de l'Œuf et de la Rimarde. Ici, l'élégance est de mise avec les tours et...les douves remplies d'eau. A Oisons, le Château d'Amoy fut d'abord la propriété de l'Abbaye de Saint-Denis, avant d'être fortifié au 16è siècle, avec douves et tourelles percées d'archères. Terminons ce tour du propriétaire avec le Château de Rouville, édifié en 1492 sur les ruines d'un ancien château fort par Hector de Boissy, panetier (officier de la couronne chargé de mener les boulangers à la baguette !) de Charles VIII. Vous le voyez, au Grand Pithiverais, c'est tous les jours la vie de château.
INFOS PRATIQUES :
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La Route de la Rose :
https://www.routedelarose.fr/
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Sites labellisés : Jardin personnel d'André Eve, Grand Jardin du Théâtre des Minuits, La Javelière « Parc du Manoir », Les roses anciennes André Eve à Pithiviers-le-Vieil, Château de Chamerolles, Roseraie de Morailles et Yèvre-le-Châtel
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Le Grand Jardin du Théâtre des Minuits, 153 Grande Rue, à La Neuville-sur-Essonne. Tél : 02 38 39 18 11. Ouvert de mai à septembre (sauf en août) de 14h00 à 18h00. Visites guidées à 17h00. http://www.theatredesminuits.com/ et https://amisdandreeve.fr/bapteme-de-mademoiselle-des-minuits/
(histoire du rosier)
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Office de Tourisme de Pithiviers (1, mail Ouest) et de Malesherbes (Atelier-Musée de l'Imprimerie, 70, Avenue du Général Patton-Malesherbes, Le Malesherbois) au 02 38 30 50 02.
https://www.grandpithiverais.fr/
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La brioche beaunoise est disponible à la pâtisserie « Au Gentil Marquis » et à la boulangerie « Chardaire » de Beaune-la-Rolande.
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L'authentique Pithiviers est disponible au « Fournil de Flo» (Pithiviers), à la boulangerie « Au Gentil Marquis » (Beaune-la-Rolande) et à la boulangerie Carreira (Chambon-la-Forêt).
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Musée du Safran, 21, route de Pithiviers, à Boynes. Tél : 02 38 33 14 81 https://le-musee-du-safran-boynes.blogspot.com/p/le-musee.html
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La Chapelle, 3 rue de Senives, à Pithiviers. Tél : 02 38 30 08 77. Entrée gratuite
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Micro-Folie de Pithiviers, 17, rue de la Couronne, Pithiviers. Tél : 02 38 32 06 45
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Musée de l'Œuf, Monastère orthodoxe de Saint-Grégoire, Bondaroy. Tél : 02 38 06 09 81
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Musée de Nibelle, 42 rue Saint-Sauveur, Nibelle. Tél :02 38 79 79 52. Visite sur rendez-vous.
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Musée des Terres cuites, 22 quater, Place Saint-Sauveur, Nibelle. Tél : 06 68 79 79 52. Visite sur rendez-vous.
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Maison du Père Mousset, 17 rue de Foncemagne, Vrigny. Tél : 02 38 34 18 60. Visite sur rendez-vous.
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Atelier-Musée de l'Imprimerie, 70, Avenue du Général Patton, Le Malesherbois. Tél : 02 38 33 22 67. http://a-mi.fr/
. Ouvert toute l'année.
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Musée des Transports et Chemin de fer touristique, Rue Carnot, Pithiviers. Tél : 02 38 30 50 02. https://www.amtp-cfpithiviers.com/
. Ouvert d'avril à septembre.
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Musée Barillet, Square Georges Cottinat, à Nibelle. Tél : 06 68 79 79 52. Visite sur rendez-vous.
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Château de Chamerolles, Gallerand, Chilleurs-aux-Bois. Tél : 02 38 39 84 66. Ouvert toute l'année (sauf en janvier). https://www.chateauchamerolles.fr
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Château de Denainvilliers, rue Duhamel du Monceau, à Dadonville. Tél : 06 60 26 46 83 et 06 71 21 01 35. https://denainvilliers.wixsite.com/website-1
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Château de Malesherbes, Avenue du Général de Gaulle, Malesherbes, Le Malesherbois. Tél : 02 38 34 98 18.
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Forteresse médiévale, 1 Place du Château, Yèvre-le-Châtel. Compagnons de la Châtellenie (https://yevre-la-ville.fr/visites/
) au 02 38 34 25 91.
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Château du Hallier, 85, route du Hallier, Nibelle. Propriété privée visible de la route.
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Château d'Amoy, à Oisons. Tél : 06 13 57 86 65. Visite sur rendez-vous.
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Château de Rouville, Rouville-Malesherbes, Le Malesherbois.https://www.tourismeloiret.com/fr/diffusio/visites/chateau-de-rouville-le-malesherbois_TFOPCUCEN045FS000LN
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Grand Pithiverais : https://www.grandpithiverais.fr
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Un grand merci à Sébastien Rachet, Chargé de communication à l'Office de tourisme du Grand Pithiverais pour sa précieuse collaboration.