Lundi 30 août 2021
L'histoire des rois de France se poursuit aujourd'hui, avec l'avènement d'Henri 1er : deuxième fils de Robert le Pieux, l'homme est sacré troisième roi capétien du vivant de son père en 1027 à Reims, c'est à dire deux ans seulement après la mort de son frère aîné Hugues. Philippe 1er lui succédera plus tard et sera sans doute le premier prince d'Europe occidentale à recevoir ce prénom (un prénom qui allait se perpétuer jusqu'à nos jours et qu'il devra probablement à l'ascendance byzantine de sa mère Anne de Kiev). Ce roi, désireux de ranimer le rêve impérial donnera à son tour le nom de Louis, en référence à Clovis et à Louis le Pieux. Ce fils, qui prendra le nom de Louis VI, dit « Le Gros » ou « le Batailleur » deviendra ensuite le cinquième roi de la dynastie capétienne.
A la disparition de son père Robert II, en 1031, Henri Ier aura fort à faire face à l'hostilité de sa mère et des grands vassaux. En effet, ceux-ci auraient préféré l'élection au trône de son frère cadet Robert. Qu'à cela ne tienne, Henri Ier obtiendra l'appui de Conrad II (empereur romain germanique) ainsi que celui du duc de Normandie Robert le Magnifique. Des liens de confiance naitront entre Henri 1er et Robert le Magnifique, ce dernier partant pour la Terre sainte en 1035 et plaçant son fils Guillaume II sous la tutelle du roi de France. Robert le Magnifique périra lors de son voyage et Henri Ier soutiendra le jeune successeur au duché de Normandie face à l'hostilité de seigneurs de Normandie. Mais Guillaume II a l'étoffe d'un chef et sa puissance préoccupe bientôt Henri Ier. Et notre roi batailleur de s'engager alors dans un règne qui sera marqué par de longues luttes féodales dont l'objectif était de renforcer l'autorité royale. Cela ne l'empêchera pas de convoler en justes noces avec Mathilde de Frise (laquelle décèdera peu de temps après), puis Anne de Kiev (qui donnera quatre enfants au roi).
C'est le fils aîné, Philippe, associé au trône en 1059, un an avant le décès d'Henri Ier, qui succédera à son père sous le nom de Philippe Ier. Né en 1052, Philippe n'est encore qu'un enfant lorsque son père, sentant ses forces diminuer, décide de le faire sacrer roi de son vivant et d'en faire un roi associé. Couronné à Reims dès 1059, Philippe Ier ne régnera seul qu'à partir de 1066 car la régence du pouvoir sera assurée par Anne de Kiev et le comte de Flandre Baudouin V (oncle de Philippe).
Le règne de Philippe permettra de dessiner les grandes lignes de la politique des souverains capétiens du 12è siècle, à savoir donner les moyens au roi d'assurer une base réelle à la puissance royale en consolidant le domaine et en contenant les vassaux trop puissants. L'agrandissement du domaine royal suppose de conquérir des terres : Le Vermandois est partiellement reconquis, puis le Gâtinais (en 1069) et le Vexin français (en 1077). Philippe Ier poursuit sa conquête en rachetant à prix d'or (60000 sols d'or) le vicomté de Bourges en 1101, puis la seigneurie de Dun-le-Roi à un chevalier partant en croisade. Dans le même temps, Philippe Ier développe l'administration royale et dispose des biens de l'Eglise pour assurer des revenus à la couronne.
Nous l'observons régulièrement, la France d'alors aura fort à faire pour affronter l'occupation de la Normandie. Or, l'adolescent Guillaume II est devenu Guillaume le Conquérant, duc de Normandie (et roi d'Angleterre depuis 1066) et le plus puissant rival de Philippe Ier. Le roi de France vainc toutefois Guillaume près de Dol-de-Bretagne en 1076 (le roi d'Angleterre renoncera d'ailleurs à la Bretagne peu de temps après et fera la paix avec Philippe Ier). Mais le roi de France reste méfiant face à ce rival et prendra partie en 1078 pour Robert Courteheuse (Courtecuisse), le fils aîné de Guillaume le Conquérant, alors en conflit avec son père.
Un an plus tard, Philippe devra affronter une rébellion de ses vassaux directs, d'où l'autorité royale sortira affaiblie. Au décès de Guillaume le Conquérant, le roi de France aidera Robert Courteheuse à récupérer le trône d'Angleterre attribué à son frère.
On a beau guerroyer, on en reste pas moins homme : en 1092, Philippe Ier tombe amoureux de Bertrade de Montfort, et lépouse après avoir répudié Berthe de Hollande. Cette manœuvre n'est pas du goût des 32 évêques du concile d'Autun qui excommunient le souverain (lequel se trouve frappé d'anatèmes, c'est à dire de sentence de malédiction, des années durant). Fidèle à la tradition capétienne, le roi associe son fils Louis VI à l'exercice de la couronne en 1098, puis se réconcilie avec la papauté avant d'être absous en 1104. Trois années plus tard, le pape Pascal II se rend en France pour rencontrer Philippe Ier et Louis VI à Saint-Denis. Et cette rencontre de sceller l'alliance entre le royaume de France et la papauté contre l'Empire pour un siècle. Le 29 juillet 1108, Philippe Ier rend l'âme au Château royal de Melun, au terme d'un règne de 48 ans (soit le troisième plus long règne de l'histoire de France après ceux de Louis XIV et Louis XV). Ayant renoncé, en raison de ses fautes, à être enterré en la basilique Saint-Denis, il sera inhumé à l'abbaye de Fleury (Saint-Benoit-sur-Loire). Et son fils, Louis VI surnommé « le Gros » et âgé de 27 ans, de lui succéder.
Surnommé « le Gros » ou « le Batailleur », Louis VI devient ainsi le cinquième roi de la dynastie capétienne. Enfant, il a pour précepteur Suger, futur abbé de Saint-Denis. L'homme deviendra ami du roi et aussi son conseiller. Ayant toute la confiance de Louis VI, Suger sera en quelque sorte son premier ministre et se verra confier des missions diplomatiques à l'étranger ainsi que le rôle de conseiller notamment en matière d'opérations militaires.
De son vivant, son père Philippe Ier l'avait investi du comté de Vexin et des villes de Mantes et de Pontoise. Le jeune Louis affronte Guillaume le Roux, roi d'Angleterre lorsqu'il s'agit de défendre le Vexin en 1097. L'homme combattra également et à plusieurs reprises le duc de Normandie et les sires châtelains du domaine royal.
L'inhumation de Philippe Ier à peine achevée, Louis VI, qui nourrit une certaine méfiance envers son demi-frère Philippe de Montléry, file à Orléans pour se faire sacrer roi au plus vite, à savoir le 3 août 1108.
Désormais roi de France, Louis VI encourage les mouvements communaux et associations professionnelles ou religieuses. Les habitants des villes se voient octroyer divers avantages fiscaux et le droit de s'administrer sous l'autorité d'un maire. Il engage aussi une lutte acharnée contre le brigandage perpétré par certains seigneurs du domaine royal et veille à la liberté de circulation entre Paris, Orléans et Melun. Le roi fait de nombreuses dotations à l'abbaye des Echarlis.
Exerçant un pouvoir sans partage, Louis VI s'entoure de conseillers comme Suger, Yves de Chartres et certains membres de la famille de Garlande. Défendant la paix et le bon droit, protégeant les faibles et l'Eglise, il poursuit l'oeuvre entamée par son père, c'est à dire le renforcement du domaine royal (en y intégrant les terres des familles de Rochefort, de La Ferté-Alais, de Montlhéry et du comté de Corbeil afin de transmettre à son fils Louis VII un domaine à peu près pacifié). Louis VI est chrétien et se comporte comme tel, et est le premier souverain à toucher les écrouelles (maladie tuberculeuse) de manière régulière. Il réside aussi plus souvent à Paris que ses prédécesseurs. Enfin, le règne de Louis VI (puis celui de son successeur, son fils Louis VII) marquera le début du rôle national exercé par la royauté. La justice du roi s'engage dans le règlement ds conflits entre les différents vassaux, confirme les chartes communales accordées aux bourgeois des villes et garantit les propriétés d'abbaye.
Prolifique, Louis VI épouse d'abord Lucienne de Rochefort en 1104 mais ce mariage sera cassé par le pape lors du concile de Troyes (en 1107). Et d'épouser en deuxième noce, et en 1115 Adélaïde de Savoie qui lui donnera sept fils (dont Louis VII le Jeune, successeur de son père sur le trône) et deux filles. Batailleur, le roi Louis VI le sera en raison de ses incessantes campagnes guerrières. Son obésité due à celle de ses parents et à l'alimentation excessive qui caractérisent alors les guerriers chasseurs, vaudra au roi les surnoms de « Gros », « Gras » et « Obèse ».
La succession devait initialement revenir à son fils Philippe mais celui-ci meurt accidentellement et Louis le Jeune, destiné à une carrière ecclésiastique et non éduqué à la fonction royale doit remplacer son père lorsque celui-ci décède en 1137. Quelques années auparavant, il est couronné en tant que roi associé en 1131, gouvernant le pays à part entière dès 1135.
Quant à Louis VI, il tombe soudainement malade alors qu'il rentre d'une expédition punitive contre un seigneur pillard. Devenu semi-impotent à l'approche de la cinquantaine, le roi doit progressivement renoncer aux plaisirs de la guerre et de la table et s'éteint finalement le 1er août 1137 des suites d'une dysenterie. Il est inhumé en l'église de l'abbaye royale de Saint-Denis. Et Louis VII de lui succéder sans contestation à l'âge de 17 ans.
INFOS PRATIQUES :
- « Henri Ier 1031-1060 : Fils de Robert II le Pieux » d'Ivan Gobry (Editions Pygmalion)
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« Philippe Ier, 1060-1108 : Père de Louis VI » d'Ivan Gobry (Editions Pygmalion)
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« Louis VI le Gros » d'Eric Bournazel (Fayard)