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Les Héros de la France éternelle - de Charles IV à Philippe VI
(18) (France)
Heure locale

 

Lundi 28 février 2022

 

A la mort de Philippe V, en 1322, celui-ci ne dispose pas de descendant mâle, et son successeur est donc Charles IV le Bel, son frère cadet, le comte de la Marche, alias Charles IV (ou Charles 1er) dit « le Bel », lequel deviendra le quinzième et dernier souverain français de la dynastie dite des Capétiens directs.

A peine sacré roi le 21 février 1322, Charles IV le Bel est confronté à une insurrection paysanne en Flandre : la révolte (des Karls) débute par une série d'émeutes rurales dispersées en novembre-décembre 1323, à la suite de récoltes médiocres cette année-là, mais aussi d'une vieille rancoeur envers la noblesse et l'autorité et le refus de payer la dîme et l'impôt comtal. Le soulèvement, parti de Bruges, contraint le comte de Flandre Louis de Nevers à négocier la Paix de Saint-André (en 1324). L'agitation reprend après le meurtre d'un laboureur et les villes rejoignent les paysans. Un accord provisoire sera finalement trouvé.

Charles le Bel sera, semble t-il, soucieux de faire respecter la justice en dépit des nombreuses critiques lui étant adressées de la part des chroniqueurs. Son court règne verra la poursuite de la bureaucratisation de l'administration royale, déjà accélérée sous le règne de son père et de ses frères ainés. Et de réformer les offices de la Chambre des Comptes, du Parlement et de la Chancellerie, dans le but de prévenir les fraudes et de réaliser des économies budgétaires. En effet, une fois encore, le royaume fait face à des difficultés financières et Charles le Bel charge la « mule » en utilisant les outils habituels : mutations monétaires, taxes sur les marchandises et confiscations des biens des marchands italiens. Il lève aussi une dîme pour préparer officiellement la Croisade, même si les ressources collectées iront dans l'immédiat renflouer les caisses royales. Charles dépouille également les financiers lombards, en les traitant avec autant de mépris que les juges et seigneurs qui avaient accaparé les biens des particuliers. Il prend aussi soin de s'entourer d'hommes à lui qu'il nomme conseillers.

 

Avec l'Angleterre, les relations sont d'abord cordiales, avec l'envoi, par Charles le Bel, d'une ambassade au roi Edouard II, lequel est aussi duc de Guyenne. L'incident de Saint-Sardos, petit village de l'Agenais, propriété du prieur de Sarlat (dépendant du roi de France) et dont les terres se trouvent pourtant dans le duché de Guyenne (donc sous l'autorité du roi d'Angleterre) se trouve mêlé à une querelle territoriale qui contraint le roi de France à prononcer la saisie du duché de Guyenne le 1er juillet 1324.

La question du Saint-Empire se rajoute au reste : à l'arrivée de Charles le Bel sur le trône, deux princes revendiquent le titre d'empereur romain germanique, Louis de Bavière et Frédéric le Bel, duc d'Autriche. La crise entre Louis et le pape Jean XXII conduira à une lutte de près d'un quart de siècle entre l'Empire et la papauté. La mort prématurée de Marie de Luxembourg, nouvelle épouse du roi de France, mettra toutefois un terme aux ambitions impériales de Charles IV.

L'idée d'une nouvelle croisade, déjà évoquée sous les règnes de Philippe IV et de Philippe V, refait surface. Les négociations entamées resteront vaines et Charles le Bel envisage de mener une expédition contre l'Empire byzantin car il s'intéresse à nouveau aux questions d'Orient en 1326. Sa disparition le 1er février 1328 mettra un terme à ce projet. Sans descendant mâle, Charles IV laissera la place à son cousin germain, Philippe de Valois, sous le nom de Philippe VI.

 

Son accession au trône de France fut un choix politique pour éviter que la couronne ne tombe dans les mains de la maison Plantagenêt, mais la difficulté du nouveau souverain reste entière car, une fois de plus, les caisses du royaume de France (à l'époque pourtant l'Etat le plus puissant d'Occident) sont vides. Philippe VI manipule alors la monnaie, et instaure des impôts supplémentaires. Pour asseoir sa légitimité, il restaure l'autorité royale en Flandre, en écrasant la rébellion locale, et laissant pour morts 16 000 artisans et paysans sur le terrain à l'issue de la bataille de Cassel (1328). Habile, il parvient à augmenter son influence à l'est du royaume, puis rachète bientôt le Dauphiné. Il faut reconnaître que, depuis Saint-Louis, la modernisation du système juridique attire de nombreuses régions limitrophes dans la sphère culturelle française. Conséquence, la cour de Philippe VI devient très cosmopolite : celle-ci est composée de plusieurs seigneurs qui possèdent des terres à cheval sur plusieurs royaumes. Cette situation est envieuse pour notre pays qui s'attache les faveurs des nobles de ces provinces, nobles auxquels le roi de France verse des rentes. Une habile politique matrimoniale est aussi menée, qui permet d'heureuses alliances.

Démographiquement, la population s'accroit en Occident depuis le Xème siècle sous l'effet des progrès des techniques agraires et des défrichements. Trois siècles plus tard, la population a atteint un seuil dépassant les capacités de productions agricoles dans certaines zones d'Europe. Les parcelles se réduisent (à cause du jeu des partages successoraux) et des régions comme la Flandre n'ont pas d'autres choix que de tenter de gagner des terres cultivables sur la mer. En Angleterre, 46% des paysans ne disposent que d'une superficie de moins de cinq hectares de terres. Or, une famille doit justement disposer de cinq hectares pour se nourrir et les paysans n'ont donc plus d'excédents à revendre. Dès 1279, le peuple s'appauvrit, mais la pression fiscale, elle, s'accroit. D'où des tensions entre les nobles et leurs paysanneries. De son côté, le refroidissement climatique entraine de mauvaises récoltes et des famines apparaissent. La guerre devient alors pour la noblesse une façon de se refaire, grâce aux pillages, à la hausse des impôts justifiée en temps de conflit et aux rançons perçues après capture d'un adversaire. Peu à peu, le camp anglais prend conscience de sa supériorité militaire grâce à sa maitrise de l'arc long, plus efficace que les armes précédentes. Dès lors, la guerre de Cent ans ne tarde pas à prendre forme.

 

A la Toussaint 1337, un émissaire anglais, l'évêque de Lincoln, apporte à Philippe VI un message du roi d'Angleterre adressé à « Philippe de Valois, qui se dit roi de France ».Un an plus tôt, le Parlement anglais avait voté des subsides qui permettaient à Edouard III de faire la guerre. Pourquoi se priver ? Interdiction de vente des laines anglaises en Flandre, privilèges accordés aux ouvriers étrangers venant s'installer en Angleterre, interdiction d'importer des draps étrangers...tout est fait pour attiser la haine entre Anglais et Français. Et chacun de choisir son camp : les cités flamandes, le Hainaut et le Brabant se rangent du côté anglais. Même Louis de Bavière se vend aux Plantagenêt en août 1337. Le roi d'Angleterre, Edouard III, plus arrogant que jamais, et qui se voit déjà sacré à Reims, passe même commande d'une couronne fleurdelisée.

Philippe VI, lui aussi, passe des alliances moins nombreuses mais plus solides et plus utiles sur le long terme. Les comtes de Genève, de Savoie, le comte de Vaudémont,, le comte de Luxembourg ainsi que l'alliance du roi de Castille se rangent bientôt à ses côtés.

Edouard III et Philippe VI se donneront des rendez-vous manqués en 1339, poussant la chevalerie française qui attendait gros de cette confrontation militaire avec les Anglais, à accuser le roi de France de « renardie ». C'est que Philippe VI ne dispose pas des mêmes moyens financiers que le roi d'Angleterre. Faute de pouvoir lever suffisamment d'impôts de guerre, il utilise à plusieurs reprises les mutations monétaires mais celles-ci augmentent l'inflation. Regroupé autour d'un conseil restreint composé de proches, le roi mécontente les princes exclus de fait de la sphère dirigeante. L'année 1340 ne sera guère plus favorable à Edouard III et il faudra attendre l'année suivante pour que la Bretagne tombe durablement dans l'escarcelle anglaise. Edouard III parvient à faire voter , en juin 1344, d'importants subsides pour poursuivre l'offensive militaire. L'Aquitaine est ainsi prise d'assaut en 1345, et un an plus tard, Edouard III lance une seconde offensive au nord du royaume de France. Le 26 août 1346 a lieu la bataille de Crécy. A plusieurs reprises, Philippe VI, qui est conscient de la supériorité tactique de son adversaire tente de se dérober et ce sont finalement les troupes françaises qui se lancent à corps perdu dans la bataille, sous une pluie de flèches décochées par les archers anglais équipés du fameux arc long. Anéantie, l'armée française ne peut qu'assister au siège anglais devant la ville de Calais et à la remise des clefs de la ville par les bourgeois de la ville. Cette domination anglaise sur la ville perdurera jusqu'au 16ème siècle. Décrédibilisé, Philippe VI passe alors la main à son fils Jean, duc de Normandie.

 

Rien n'épargnera Philippe VI, pas même la peste noire, qui touche la population européenne de 1347 à 1351. On estime entre 30 et 50% de la population européenne décédée à cette époque, soit 25 millions de victimes.

Sous son règne, le roi Philippe VI acquiert Montpellier, le Dauphiné et le duché de Bourgogne. Le 22 août 1350, le roi s'éteint au château de Nogent-le-Roi, laissant à son successeur un royaume passablement désorganisé et engagé des une phase de révoltes, autant de troubles qui se transformeront en guerre civile avec la Grande Jacquerie de 1358.

 

INFOS PRATIQUES :

  • Livre « Charles IV, 1322-1328 : Frère de Philippe V » de Ivan Gobry (Pygmalion)
  • Livre « Philippe VI, 1328-1350 : Père de Jean II le Bon » de Ivan Gobry (Pygmalion)








 



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