Samedi 4 juin 2022
Situé au sud-est du département de la Vienne, Montmorillon nait dans un contexte de rivalités féodales autour d’un château puis du bourg castral qui prendra forme au fil du temps sur les deux rives de la Gartempe, la rivière locale. A moins d’une heure de route de Poitiers, cette charmante petite ville mérite une visite pour ne serait-ce que deux raisons : elle est à la fois Cité du livre et...du macaron !
Ici, pour se garer en toute quiétude, mieux vaut disposer d’un disque bleu (par ailleurs en vente sur place dans un bureau de tabac-presse).
Je choisis de me rendre Place du Maréchal Leclerc, pour aller directement à l’office de tourisme et obtenir le plan de l’endroit. En ce samedi matin, les habitants vaquent tranquillement à leurs occupations et je m’accorde une pause petit-déjeuner autour d’un café et de deux énormes croissants.
Une fois requinqué, j’entame ma visite en empruntant le vieux pont qui franchit la Gartempe. De cet endroit, je peux admirer ce qui est certainement la photo symbolisant le mieux Montmorillon, avec la vue du Vieux Palais et de l’église Notre-Dame (ci-dessous).
On pourra également emprunter la rue du Vieux Pont, puis descendre la Venelle Buisson sur la gauche qui conduit à la rivière.
De là, on bénéficie d’un joli point de vue pour photographier le Vieux pont et l’église. Un petit coup d’oeil sur la façade de la dernière maison à droite avant le pont permet de noter la présence d’une sculpture du 11ème ou 12ème siècle, représentant l’archange Gabriel.
Le pont, lui, date du 15ème siècle et permet d’observer le Vieux Palais (sur la droite) ainsi que les restes des fortifications sur la rive d’en face. Une fois le pont franchi, prendre à gauche pour admirer l’entrée d’une cave avec ses arcs brisés (datant du XIIIème), sans doute la propriété de l’une des plus anciennes maisons de la ville.
Le pont franchi, je me trouve en face d’une petite rue qui grimpe : la rue Montebello, qui ouvre l’accès à ce qu’on appelle ici la Cité de l’Ecrit. Ce lieu est le plus vieux quartier de Montmorillon, et la création de la Cité de l’Ecrit en 2000 a permis sa réhabilitation. Cette rue est bordée de plusieurs échoppes, dont certaines(à droite en montant) sont creusées dans le roc.
En haut de cette rue, je prends sur ma droite pour me rendre à l’Eglise Notre-Dame, malheureusement inaccessible, car en travaux. C’est dommage car l’intérieur de l’église abrite une statue de Notre-Dame (à droite de la nef, dans une chapelle), considérée comme miraculeuse depuis qu’elle a sauvé la ville d’une crue en 1789.
La population, reconnaissante, organisera une procession en son honneur jusque dans les années 1970, chaque mardi de la Pentecôte.
Dans le choeur de l’église, la crypte Sainte-Catherine abrite des peinture murales datant des années 1200. L’église, les peintures murale et la « Déploration » sont toutes les trois classées monuments historiques.
A côté du lieu de culte se trouve la Place Régine Desforges qui offre un beau point de vue sur les alentours, pour prendre des photos.
De l’autre côté de l’église, se dresse la statue de la Vierge depuis le 19ème siècle, laquelle surplombe une motte castrale. C’est sur cette même motte que sera érigé au Moyen-Âge un château aujourd’hui disparu.
En haut de la rue Montebello, je tourne à gauche pour arriver Place du Vieux Marché et découvrir différentes boutiques (libraires et artisans).
Manifestement, cette passion de Montmorillon pour les livres remonte au 18ème siècle, époque à laquelle se trouvaient de nombreux moulins à papier le long de la Gartempe, moulins aujourd’hui tous disparus.
La ville fut longtemps renommée pour ses affiches Rossignol, une marque bien connue des instituteurs et des élèves des années 1950-1960 pour ses livrets pédagogiques et ses cartes murales.
Depuis les années 1990, cet engouement perdure avec la création du Salon du Livre, suivi, dix ans plus tard, de l’inauguration de la Cité de l’Ecrit : le premier Salon du Livre fut créé par l’écrivain Régine Deforges (enfant de Montmorillon) et accueillit dès la première année des hôtes prestigieuses.
Et ce salon de se perpétuer depuis tous les ans, à la mi-juin.
Quant à la Cité de l’Ecrit et des métiers du livre, c’est le lieu idéal pour les passionnés de lecture, les amateurs d’art, les collectionneurs d’ouvrages rares et les familles en quête d’escapades originales. Le restant de l’année, deux espaces d’exposition sont gratuitement ouverts au public : La Préface (lieu d’expositions temporaires) et le Musée de la Machine à écrire et à calculer (et son exposition permanente).
Par ailleurs, des panneaux installés dans les rues abordent l’histoire du livre (les pionniers de l’édition, l’imprimerie, les livres de toutes tailles, la fabrication du papier, l’enluminure, le livre ancien, la calligraphie, la reliure...).
Il me faudra rejoindre au bout de la rue Champien, la rue Gaillard, puis la rue du Séminaire jusqu’à la Place des Augustins pour me rendre à la Maison-Dieu : sur place, on découvre la chapelle Saint-Laurent, ses remarquables peintures murales du 19ème siècle et une dalle rappelant qu’ici git Etienne de Vignolle, dit « La Hire », fidèle compagnon de Jeanne d’Arc et Seigneur de Montmorillon.
On distingue aussi la tour de défense, vestige des fortifications du 14ème siècle, l’Octogone, ancienne chapelle de cimetière et ossuaire du 12ème siècle, unique en son genre dans l’Europe romane, la Grange des Dimes (17ème) près de l’Octogone, le chauffoir (17ème), ainsi que les imposants bâtiments monastiques dominant la ville et leurs magnifiques jardins.
J’achèverai cette visite historique par l’église Saint-Martial, en redescendant par les rue du Séminaire, rue des Echelles, rue de la Fontaine de l’école, puis le vieux pont, la Place du Maréchal Leclerc, et les rues des Récollets et Monplanet. On s’attardera tout particulièrement sut les vitraux classés de l’église et sur ses superbes hôtels particuliers des 17ème et 18ème siècles.
Ma deuxième partie de visite sera gourmande : en revenant de l’église Saint-Martial, je prends la direction de la Maison Rannou-Métivier au 32 boulevard de Strasbourg.
Cette boutique renferme bien des secrets dont celui du macaron de Montmorillon, fabriqué ici depuis cinq générations. L’histoire de cette réussite familiale remonte au 10 Germinal de l’An VI, lorsque Simon Louis Delande, confiseur à Montmorillon, décède brutalement à l’âge de 29 ans. Son père reprend alors du service pour former son filleul, Louis Perrin.
En 1872, parentes de Louis Perrin, les sœurs Chartier, Marie-Rose et Marie-Louise, sont remarquées pour leur fabrique de macarons. C’est véritablement à ce moment-là que débute l’histoire de la Maison, dans l’arrière-boutique de ces deux demoiselles, où travaille Marie, l’arrière arrière-grand-mère, pâtissière aux doigts de fée.
En 1900, la famille s’agrandit avec la naissance de Madeleine, fruit de l’union de Marie et Auguste Métivier.
En 1920, la deuxième génération entre en scène : la petite Madeleine a 20 ans et épouse Fernand Rannou. Cette même année, nait l’enseigne Rannou-Métivier. Quant au macaron de Montmorillon, il gagne ses lettres de noblesse en France à travers de nombreux salons d’où il remporte de nombreuses récompenses. Et quatre ans plus tard, le jeune couple installe sa boutique au 32, boulevard de Strasbourg à Montmorillon.
1944 est l’année de la troisième génération, avec le mariage d’Hélène (fille unique de Madeleine et Fernand) et de Pierre Bertrand. Dès lors, un élan commercial nouveau est donné (avec création de points de vente et diversification des produits)
1952 : Rannou-Métivier ouvre une première boutique à Poitiers.
1960 : Le macaron découvre Paris et ses salons, de la Foire de Paris au Salon de l’agriculture.
1970 : Patrick (le fils d’Hélène et de Pierre Bertrand) et son épouse Françoise développent la gamme des chocolats. Quinze ans plus tard, Pierre Bertrand prend sa retraite et confie les rênes de l’entreprise à Patrick (quatrième génération). Plusieurs boutiques ouvrent alors dans la région.
2003 : Ouverture du Musée du Macaron.
2011 : la cinquième génération prend la suite. Patrick transmet les commandes de l’entreprise à ses trois enfants, Yann, Lionel et Fabrice.
2012 : Participation de la Maison Rannou-Métivier au Salon du Chocolat de Paris avec une robe en chocolat créée par Sandrine et Audrey Bertrand.
Ouverture, en 2013, d’une boutique à Tours (37), rachat de la Chocolaterie Victorine à Orléans (en 2016) et ouverture d’une boutique à Saint-Julien-l’Ars en 2018.
2020 : Centenaire de l’entreprise et rénovation du musée un an plus tard.
C’est donc un musée plus grand que je découvre au premier étage de la boutique.
Un film d’une dizaine de minutes retrace merveilleusement l’épopée familiale de cette maison et les nombreux panneaux d’information du musée me permettent de découvrir l’amande (son histoire, sa domestication...) mais me rappelle également qu’il existe huit macarons différents : celui de Saint-émilion, fabriqués à l’origine par les Ursulines, celui de Saint-Jean de Luz (confectionné par la pâtissier Adam et offert lors du mariage de Louis XIV et de Marie-Thérèse d’Autriche, en 1660), celui de Cormery (créé par des moines de l’abbaye de Cormery au 9ème siècle), celui d’Amiens (conçu au 17ème siècle), celui de Boulay (mis au point en 1854), celui de Nancy (surnommé le macaron des Soeurs, et entré dans le patrimoine gastronomique des Lorrains en 1952), celui de Paris (servi aux rois de France de 1682 jusqu’à la Révolution) et celui de...Montmorillon !
INFOS PRATIQUES :
https://www.citedelecrit.fr/evenements-expos/musee-de-la-machine-a-ecrire-et-a-calculer/