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Exposition "Le Chic! Arts décoratifs et mobilier de 1930 à 1960"
(Mobilier national, Paris, France)
Heure locale

 

 

Lundi 12 décembre 2022

 

Actuellement, le Mobilier national présente l’exposition « Le Chic ! Arts décoratifs et mobilier de 1930 à 1960 » et ce jusqu’au 29 janvier prochain. Près de 200 œuvres sont pour la première fois rassemblées dans un même lieu afin de nous faire revivre l’essence du « Chic » à la française.

 

Entre 1930 et la fin des années 1950, la plus grande partie des décorateurs destinés à faire l’histoire de ces trois décennies du 20ème siècle sont appelés à collaborer avec le Mobilier national.

 

Citons-en quelques noms : André Arbus, Jules Leleu, Jean Pascaud, Etienne-Henri Martin, Marc du Plantier, Gilbert Poillerat ou Raphaël Raffel.

 

Le décorateur  joue alors un rôle central en tant qu’ensemblier, puisqu’il conçoit la décoration comme un tout harmonieux et coordonne les métiers d’arts au service d’un projet global. L’art du raffinement s’appuie alors autant sur la préciosité des matériaux (parchemin, bronze doré, cristal, laque...) que sur la recherche de la ligne, jusqu’à l’épure du design.

D’une remarquable qualité et d’une grande diversité, la collection du Mobilier national est la première en France pour cette époque.

On y découvre aussi bien des meubles d’apparat, héritiers d’une longue tradition de luxe, que des pièces fonctionnalistes qui soulignent la transition vers le design contemporain.

 

Cette exposition est aussi là pour mettre en valeur les savoir-faire d’une cinquantaine d’artisans et maîtres d’art ayant participé à la restauration des pièces exposées.

En effet, durant les années 2021 et 2022, le Mobilier national a engagé un programme de restauration d’une ampleur inédite d’une centaine de pièces de la collection de meubles et de luminaires des années 1930 à 1950.

 

Une heureuse initiative qui a permis de soutenir une filière fragilisée en temps de crise et d’encourager l’activité de femmes et d’hommes faisant vivre un patrimoine immatériel inestimable.

Soulignons aussi l’admirable scénographie conçue pour cet événement par Vincent Darré, avec la reconstitution de grands ensembles mobiliers tels que l’aménagement de l’hôtel Kinsky ou l’appartement des souverains au château de Rambouillet.

 

 

Le parcours de l’exposition débute avec les premières acquisitions « Art déco » du Mobilier national.

 

Après les traumatismes du premier conflit mondial, la population est encline aux changements et est désireuse de modernité. Conscient de cette évolution et de la nécessité de renouveler les décors de la République, le Mobilier national parie sur une nouvelle génération de décorateurs-ensembliers et de maîtres d’art proches de la Société des Artistes décorateurs qui perpétuent un savoir-faire en quête de luxe et d’élégance.

 

C’est sous l’impulsion de Guillaume Janneau, administrateur du Mobilier national de 1926 à 1944, que les premières pièces dites « Art déco » feront leur entrée dans les collections nationales. Il s’agit alors de meubles aux formes géométriques simplifiées, aux lignes plus strictes et aux décors sobres mettant à l’honneur des essences de bois aussi bien tropicales qu’indigènes.

 

Ministères et ambassades au service du rayonnement culturel français forment la seconde section de ce  parcours.

Les nouveaux décors commandés pour l’Elysée et les ministères offrent l’occasion de concevoir des meubles résolument luxueux grâce à l’utilisation de matériaux nobles comme la laque, le galuchat ou le parchemin. Quant aux bronzes dorés qui servent d’ornements, ils sont traités comme de véritables sculptures et reprennent

une place prépondérante dans la création du mobilier.

 

Dans les ambassades, de grands programmes décoratifs exaltent la France et ses richesses à l’exemple du projet de Gustave Jaulmes développé à l’ambassade de France de Washington (Etats-Unis).

De vastes chantiers de construction et d’aménagement d’ambassades sont par ailleurs lancés tout au long de la période décrite comme à Belgrade, Ankara et Ottawa dans les années 1930, puis Helsinki, Sarrebruck et Pretoria dans les années 1950, afin d’affirmer la place de notre pays sur la scène internationale des arts décoratifs.

Les espaces de réception (salon, salle à manger et cabinet de travail de l’ambassadeur) font ainsi office de vitrines aux savoir-faire français et aux productions nouvelles de l’époque autant que de supports à la diplomatie et aux valeurs patriotiques.

 

 

L’exposition aborde également 1937, l’exposition internationale des arts et des techniques appliqués à la vie moderne. Cette exposition d’envergure internationale est la septième et dernière grande exposition parisienne de ce genre avec 44 nations participantes.

 

On comptera 31 millions de visiteurs venus admirer les 300 palais et pavillons érigés pour l’occasion sur les bords de Seine, entre la pointe de l’Île aux Cygnes et l place de la Concorde.

Cette exposition offrira à la France l’opportunité de soutenir et de valoriser son industrie de luxe en promouvant entre autres, la haute-couture, la joaillerie et l’art des décorateurs. Présents dans plusieurs pavillons, ces derniers travailleront de concert pour illustrer leur propre style mais aussi les considérations artistiques du moment. L’évènement accorde alors une place prépondérante aux innovation liées à la lumière électrique.

 

Certains réinventent l’éclairage domestique tandis que d’autres démultiplient les sources d’éclairage. Quant aux décorateurs, ils réfléchissent la lumière par le prisme des matières. Le verre, qu’il soit dépoli, opalin, taillé ou traité à l’acide permet de dissimuler la source électrique et de diffuser uniformément la lumière.

 

 

Soutenir les artistes décorateurs : un luxe de précaution en temps de guerre, aborde le déménagement de certaines collections précieuses en dehors de Paris. Dès 1939, les Manufactures nationales sont transférées à Aubusson. Le Mobilier suivra le mouvement.

 

Le déplacement du gouvernement à Vichy entraine la fermeture du palais de l’Elysée et des ministères.

Quant à l’administration du Garde-meuble, elle navigue entre zone libre et zone sous occupation allemande.

 

Notons toutefois qu’en dépit de la guerre, la politique d’acquisition de mobilier extrêmement raffiné ne connait pas d’entrave et la crise économique engage l’Etat dans une politique de soutien à l’industrie du luxe de l’époque. Le mobilier reste alors au premier plan des richesses nationales et des crédit sont débloqués pour acquérir, à prix avantageux, quelques-unes des pièces « signature » des décorateurs alors en vogue tel Eugène Printz et Jacques Adnet.

Les restrictions sur les bois exotiques, difficilement importables et celles du métal (alors réservé à l’armement) conditionneront tout de même les nouvelles lignes de mobilier.
Parallèlement, les frères Devèche se mettent au service de la promotion des valeurs de « Travail-Famille-Patrie » de la propagande du régime de Vichy.

 

 

Les ensembles mobiliers et le retour des grands programmes décoratifs sont également abordés : il suffit d’observer les nouveaux décors du château de Rambouillet et ceux de l’Hôtel Kinsky au sortir de la guerre pour mesurer la volonté politique de revenir à ces grands programmes.

 

Véritable laboratoire du luxe, le bureau du Directeur Jacques Jaujard à l’Hôtel Kinsky atteste de la production d’un mobilier très classique, nourri de références au passé.

Quant à André Arbus, il jouit d’une grande notoriété dans cette démarche de renouveau des arts décoratifs. Ensemblier, il orchestre à Rambouillet la décoration de la chambre dédiée aux hôtes de marque, tout en s’adaptant à l’esprit des lieux avec une grande érudition.

La chambre est ainsi aménagée sur le thème de la Renaissance.

 

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Poursuivons la visite avec L’Elysée Auriol, le choc de la modernité.

 

L’arrivée de Vincent Auriol à la présidence de la IVème République, le 16 janvier 1947, engage un vaste chantier de rénovation de l’endroit. L’enjeu étant d’introduire la modernité tout en conservant la théâtralité nécessaire à la représentation du pouvoir politique.

Le couple présidentiel, grand amateur d’art et de décoration contemporaine, investit le palais et signe une nouvelle page de l’histoire esthétique du Palais de l’Elysée.

Dans les espaces officiels (dits d’apparat) s’effectue une communion entre les décors historiques et les pièces modernes.

 

Les ensembles mobiliers hérités des précédents aménagements ayant eu lieu du 18ème siècle au Second Empire sont conservés comme symboles d’une France puissante, et complétés par quelques meubles correspondant au nouveau style de vie. C’est finalement dans les espaces privés que l’irruption de la modernité est davantage perceptible, avec plusieurs projet envisagés pour les quatre pièces du premier étage. (appartements privés du Président).

 

 

Avant-dernière partie de l’exposition, Les années 1950 : de la décoration au design attire notre attention sur la révolution sociale qui s’opère à cette époque liée à l’essor de la société de consommation.

Et le businessman d’apparaitre dans la foulée.

 

Grâce à lui, les bureaux se réinventent pour devenir des véritables espaces de la vie quotidienne. L’après-guerre et ses grands ensembles traditionnels laissent place à des meubles plus confortables, interchangeables et plus avant-gardistes.

Cette période reste néanmoins marquée par l’ambiguïté entre une vision traditionnelle et une attirance pour le design alors en plein essor. Deux types de décorateurs se côtoient désormais : ceux qui sont tournés vers une clientèle classique et ceux dont le mobilier s’adresse à la nouvelle société, plus sensible à la mode du temps.

Il faudra finalement la montée en puissance de l’Union des artiste modernes (U.A.M) pour imposer le design à travers une simplification des formes, des lignes plus graphiques, des meubles plus sculpturaux et un aspect utilitaire qui conditionne l’esthétique du mobilier. Le décorateur s’effaçant peu à peu devant le designer. 

 

 

Pour mettre en scène ces ensembles exceptionnels et les grands noms de la décoration des années 1930 à 1960, le Mobilier national a choisi Vincent Darré, célèbre décorateur français.

 

Son œuvre, chargée de souvenirs d’enfance, de voyages et d’emprunts à l’univers de la mode et du théâtre, sans oublier bien sûr son incroyable créativité, sa passion pour les artistes, pour les poètes et les décorateurs de l’entre-deux-guerres ont fait de cet homme le personnage idéal pour réaliser la scénographie audacieuse de cette exposition qui met en avant la reconstitution de grands ensembles décoratifs permettant une plongée dans le temps.

 

 

 

INFOS PRATIQUES :

 


  • Exposition « Le Chic ! Arts décoratifs et mobilier de 1930 à 1960 », jusqu’au 29 janvier 2023, au Mobilier national, 42 avenue des Gobelins, à Paris (13ème). Www.mobiliernational.culture.gouv.fr

     

  • Catalogue de l’exposition, 288 pages, 240 illustrations, 39€ (Editions Snoeck), en vente sur place et en librairie.












 



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