Lundi 30 janvier 2023
Le 5 décembre 1560, François II décède après seulement dix-sept mois de règne. Sans descendance, c’est son frère Charles IX qui monte sur le trône de France, alors qu’il n’est âgé que de 10 ans. Fils d’Henri II et de Catherine de Médicis, le quatrième roi de la famille des Valois-Angoulême devra gérer un pays déchiré par les guerres de Religion. Faute de parvenir à empêcher ces guerres et après plusieurs tentatives de réconciliation, la situation débouche sur le massacre de la Saint-Barthélémy.
Compte tenu de son jeune âge, la régence de la France est confiée à sa mère jusqu’à sa majorité. Charles IX est cependant sacré roi de France dans la cathédrale de Reims le 5 mai 1561, un royaume détruit par les guerres de Religion entre catholiques et protestants malgré tous les efforts déployés par Catherine de Médicis pour les empêcher.
Ces guerres de Religion seront ces huit guerres civiles d’origine religieuse qui se succéderont en France de 1562 à 1598, opposant catholiques et protestants (appelés aussi huguenots). L’origine de ce conflit remonte au mouvement de réforme de l’Eglise catholique initié en 1517 par le moine allemand Martin Luther, lequel est excommunié et mis au ban de l’Empire de Charles Quint trois ans plus tard. Le moine est alors soutenu par plusieurs princes allemands (surnommées protestants), ce qui déclenche un long conflit dans le Saint-Empire. Ce protestantisme débarque en France, est réprimé dans les années 1520 puis se développe vingt ans plus tard grâce au calvinisme, tradition réformée initié par le Français Jean Calvin, chef religieux des réformés.
A la fin du règne d’Henri II, deux factions co-existent : la faction catholique et le faction protestante. Le royaume de France va malheureusement souffrir de l’affaiblissement du pouvoir royal sous la régence de Catherine de Médicis, ouvrant ainsi la porte à des épisodes de guerre civile entre les deux camps.
Conséquemment, on assiste à une multiplication d’incidents en province, entre actes iconoclastes et violences physiques En 1561, le massacre de Cahors, qui fait trente morts, confirme l’échec d’un accord entre les deux factions, jusqu’à ce que l’édit de Saint-Germain-en-Laye, signé le 17 janvier 1562, n’autorise les protestants à pratiquer leur culte dans les campagnes et les faubourgs urbains.
Cet accord ne plait pas à tout le monde et le massacre de Vassy (1er mars 1562) initié par le duc de Guise compte 50 morts et 150 blessés. En réaction, les protestants prennent les armes avec, à leur tête le prince de Condé. Plusieurs villes du royaume tombent alors entre les mains des protestants tandis que Dreux est reprise par les catholiques le 19 décembre 1562. La violence augmente avec l’enlèvement du prince de Condé par les catholiques, puis celui de Montmorency (chef de l’armée catholique) par les protestants, jusqu’à ce que François de Guise, qui fait le siège d’Orléans, ne soit abattu de trois coups de pistolet dans le dos, en février 1563. Le traité d’Amboise parviendra à établir une paix précaire le 19 mars de la même année, à quelques mois de la majorité de Charles IX.
Ce traité d’Amboise agit comme une cote mal taillée, ne convient à personne et est difficilement applicable. En mars 1564, Catherine de Médicis, qui gouverne toujours le royaume, organise un tour de France pour présenter le jeune roi Charles IX à ses sujets dans l’espoir de pacifier le royaume. L’itinéraire traverse des villes agitées comme Sens et Troyes (en Champagne). En mai, le cortège se rend à Ligny-en-Barrois, puis Dijon, Mâcon, Roussillon, Valence, Montélimar et Avignon (Etats pontificaux).
Un premier acte est remarqué à Roussillon : la signature par Charles IX de l’édit de Roussillon instaurant le 1er janvier comme le premier jour de l’année dans tout le royaume de France.
Après une halte de trois semaines, le cortège reprend la route en direction de Salon-de-Provence, Aix-en-Provence, Hyères, Toulon puis Marseille. Quittant une Provence pacifiée, le convoi royal se dirige vers le Languedoc (Montpellier, Narbonne et Toulouse) puis se rend en Gascogne protestante où il est accueilli respectueusement, sans plus.
L’excursion file ensuite à Bayonne (en juin) en passant par Mont-de-Marsan. Retour en août et septembre par la Gascogne, puis la Vallée de la Charente, zones de paix fragiles. Quelques anicroches surviendront à la Rochelle (mécontentement des protestants) et à Orléans (où le roi est accueilli par des émeutiers).
Malgré la pacification royale, les hostilités reprennent à Pamiers en juin 1566 et les protestants assaillent les églises catholiques. Les représailles seront féroces avec, notamment, le massacre de 700 calvinistes à Foix.
En août 1567, les protestants préparent un plan d’enlèvement du roi et de sa mère, lesquels ont juste le temps de se réfugier à Meaux le 24 septembre.
A Nîmes, puis dans tout le Languedoc,et le jour de la Saint-Michel, a lieu la Michelade (assassinat sauvage de notables catholiques).
Bientôt, les prince de Condé et Gaspard II de Coligny atteignent les portes de Paris avec leurs troupes protestantes.
Anne de Montmorency afflige un revers aux protestants en novembre 1567 à Saint-Denis et le duc d’Anjou fait de même à Jarnac et à Moncontour. La paix de Lonjumeau est finalement signée le 23 mars 1568 entre le prince de Condé et Catherine de Médicis, paix confirmée par la paix de Saint-Germain-en-Laye en 1570, malgré la promulgation par le roi Charles IX d’un édit excluant, à partir de 1568, les membres de la religion réformée des universités et des offices de judicature.
Moment heureux dans l’existence du jeune roi, son mariage avec Mézières Elisabeth d’Autriche le 27 novembre 1570, suivi quelques mois plus tard de l’entrée du couple dans Paris. De cette union va naitre une petite Marie-Elisabeth de France, qui décèdera jeune. Des cinq fils d’Henri II et de Catherine de Médicis, Charles IX aura finalement été le seul à avoir engendré une descendance.
Les mauvaises nouvelles n’auront pas épargné le roi pour longtemps puisqu’en 1571, le rivage méditerranéen français est régulièrement mis à sac par des razzias esclavagistes commanditées par Uluç Ali Paça, le Bey d’Alger. Notre pays, déjà mis à rude épreuve par les guerres de Religion ne parviendra pas à combattre efficacement ces menaces côtières.
Les conflits entre catholiques et protestants ne tarderont pas à revenir sur le devant de la scène : le mariage de la sœur du roi, Marguerite, avec le jeune prince protestant, roi de Navarre et futur Henri IV apparaissait pourtant comme un gage de réconciliation, mais quelques jours seulement après ce mariage, l’attentat contre Gaspard II de Coligny, chef du parti des huguenots allait alerter Charles IX sur des risques d’embrasement. Sous l’influence de sa mère, il lui sera alors recommandé d’éliminer les chefs protestants, en épargnant toutefois les princes de sang, Henri de Navarre et le prince de Condé.
Le 24 août 1572, fut donc déclenché le massacre de la Saint-Barthélémy qui fera plusieurs milliers de morts à Paris et dans d’autres grandes villes. Le roi ordonnera bien l’arrêt des massacres au matin du 24 août mais ses nombreux appels au calme pèseront bien peu face à cette folie meurtrière qui s’était emparée de tout le royaume.
Ce massacre marque bel et bien un tournant dans le règne de Charles IX puisqu’après cette tuerie, le roi perdra définitivement la confiance des protestants.
Le souverain entend quant à lui poursuivre son combat contre le protestantisme, et la guerre qui reprend alors débouche bientôt sur le siège de La Rochelle.
De santé fragile, Charles IX déclinera un peu plus à la suite de tous ces évènements. Sans parler des deux tentatives de complot fomentées contre sa personne et celle de sa mère pour faire monter son frère cadet, François, duc d’Alençon, sur le trône. Des menaces heureusement déjouées par Catherine de Médicis.
Ces tumultes finiront toutefois par affaiblir le roi qui ira se réfugier au Château de Vincennes où il s’alitera. Dès lors, Charles IX tombe malade et respire avec de plus en plus de difficultés. Il meurt le 30 mai 1574, jour de la Pentecôte, un mois avant son 24ème anniversaire et après un règne de treize années.
En apprenant le décès de son frère, le duc d’Anjou, parti pour Cracovie à la suite de son élection comme roi de Pologne, rentre à Paris où il deviendra le roi Henri III.
On retiendra de Charles IX que son règne, loin d’avoir été de tout repos, le contraignit à gérer la guerre. Ce souverain, qui avait reçu les leçons de Jacques Amyot était pourtant instruit et cultivait les lettres .Il est aussi à l’origine du brin de muguet offert le 1er mai : dès 1561, Charle IX avait en effet offert aux dames de sa cour un brin de muguet en guise de porte-bonheur,tout en demandant que ce geste soit répété chaque année à pareille époque.
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