Lundi 15 mai 2023
Il y a vingt ans déjà, la ville de Chartres lançait la mise en lumière de son patrimoine à destination de ses habitants et des touristes. En tête de liste, il y eut d’abord la cathédrale, première cathédrale classée au patrimoine mondial de l’UNESCO, puis la médiathèque, le théâtre, le musée des Beaux-Arts, l’église Saint-Pierre, sans oublier places et ponts, et lavoirs de la basse-ville Au fil des ans, d’autres lieux ont rejoint la liste jusqu’à offrir l’imposant spectacle d’aujourd’hui.
L’illumination permet de révéler des détails que seule la lumière peut sublimer, une façon de faire découvrir Chartres … sous un autre jour, tout en utilisant des installations peu gourmandes en énergie. Depuis, ce sont des centaines de milliers de personnes qui viennent admirer le spectacle « Chartres en lumières », neuf mois par an, un événement qui a gagné ses lettres de noblesse en s’inscrivant depuis comme la plus grande opération de mise en lumière du patrimoine au monde.
2001 fut l’année où tout débuta grâce à l’ambition et l’audace d’une jeune équipe municipale qui mit la rénovation, la valorisation et l’animation du patrimoine historique du cœur de la ville en tête de ses priorités.
Deux années plus tard, la ville créa la Fête de la Lumière, qui vit pour la première fois l’illumination de la cathédrale et de ses abords. Le succès fut immédiat et la municipalité décida de pérenniser l’opération dès l’année suivante à travers « Chartres en lumières » durant six mois de l’année, tout en prenant soin de rajouter à chaque édition des illuminations inédites.
Désormais, l’évènement attire annuellement plus d’un million de visiteurs pour ce qui constitue aussi le plus grand rendez-vous de la rentrée en région Centre-Val de Loire.
Cette année est la 20ème édition d’un spectacle qui renouvela en 2021 l’ensemble des sites de la basse-ville (collégiale Saint-André et les ponts et lavoirs des bords de l’Eure), puis, en 2022, l’illumination de l’hôtel Montescot, mairie historique de Chartres. Et une dizaine de sites de revêtir les couleurs de Noël dès fin novembre avec des scénographies ponctuelles.
2023 symbolise un anniversaire particulier puisque cette 20ème édition de « Chartres en lumières »fait son grand retour après trois années d’interruption dues au Covid. Outre les nombreuses animations d’ores et déjà prévues, l’évènement phare de cette édition devrait être un show bio-luminescent représentant un jardin merveilleux. La rue Saint-Pierre et l’église Saint-Aignan scintilleront également de mille feux.
Pas moins de 21 sites seront ainsi illuminés : la cathédrale (portail royal, portail sud et portail nord), le musée des Beaux-Arts, Eurélium, la Collégiale Saint-André, les ponts et lavoirs des bords de l’Eure, l’église Saint-Pierre, la rue Saint-Pierre et l’église Saint-Aignan, la Place Billard, la fresque De-Lattre-de-Tassigny, l’Hôtel de Montescot, le Théâtre de Chartres et la pointe de la Médiathèque L’Apostrophe :
A la cathédrale, le portail royal accueille en permanence deux scénographies projetées en alternance. Le spectacle retrace l’histoire du territoire chartrain depuis les champs de Beauce jusqu’aux innovations actuelles.Sont ainsi évoqués l’époque de l’antiquité gauloise, le temps des Carnutes et ses légendes, l’époque de Fulbert, la guerre de Cent Ans, le sacre d’Henri IV, la révolution, les temps modernes et la révolution industrielle, la Seconde guerre mondiale, la Résistance...la cathédrale de Chartres est incontestablement le témoin idéal de ces moments historiques qui se déroulent à ses pieds depuis presque 2600 ans.
Le spectacle propose une interprétation de l’essor de chrétienté, mais aussi des sciences et des arts qui contribuèrent à l’édification des cathédrales.
Le portail sud, lui, consacre sa scénographie restitue à la tombée de la nuit toute la lumière du soleil emmagasinée de jour par les vitraux, alors que le portail nord offre un spectacle d’une grande intensité restituant le mysticisme et la polychromie de la statuaire du portail d’origine.
La façade d’honneur du musée des Beaux-Arts consacre sa scénographie à Jean Moulin, qui fut préfet d’Eure-et-Loir, de février 1939 à novembre 1940. On aborde successivement les temps forts de sa vie à travers ses écrits et ses dessins (images, tableaux, récits épistolaires et affiches historiques) qui racontent son parcours, son premier acte de résistance à Chartres, son combat et le message qu’il laissa à la France.
De son côté, le théâtre de Chartres a choisi de revisiter le thème traditionnel de l’Amour, avec humour et légèreté. 4 minutes 38 durant, le théâtre occupe le rôle principal d’un chassé-croisé amoureux, en se faisant le complice d’une jeune femme cherchant à s’esquiver face à l’homme qui tente de la séduire.
L’église Saint-Pierre met en avant l’évolution de la lumière projetée par le soleil puis la lune sur les façades de l’édifice (première photo ci-dessous) tout au long d’une journée, des profondeurs de la nuit aux premières lueurs de l’aube.
L’hôtel Montescot, siège historique de la mairie de Chartres, connut de nombreuses vies successives depuis sa construction au début du 17ème siècle et jusqu’à son intégration dans le nouvel hôtel de ville et d’agglomération. Situé entre cour et jardin, l’endroit abrita un orphelinat qui fut transformé plus tard en école. En s’appuyant sur cette période, le spectacle propose d’explorer quelques pages de l’histoire du célèbre hôtel à travers un regard d’enfant.
La Collégiale Saint-André et les ponts et lavoirs des bords de l’Eure entrent à leur tour en scène. Le pont Bouju, les arcades et le pont Saint-Hilaire, le lavoir Grenouillère, le pont Saint-Père, le pont des Minimes et le lavoir Foulerie défilent ainsi sous nos yeux. La nuit tombée, la rivière se métamorphose et ces lieux magiques de la basse-ville de Chartres changent d’apparence jusqu’à devenir la demeure d’animaux et d’arbres venus d’ailleurs.
Cette visite mystérieuse débute à la Collégiale Saint-André avec une scénographie qui s’inspire de plantes et d’animaux d’herbiers et de bestiaires médiévaux. Les pages du bestiaire défilent sous les yeux des spectateurs et finissent par s’emballer au point de laisser s’échapper des animaux dessinés qui se retrouvent sur les ponts et les lavoirs le long de l’Eure. Le quai et le lavoir Gloriette offrent ainsi un panorama animalier fantasmagorique avec, en arrière-plan, des végétaux d’inspiration Art-Nouveau.
Nous atteignons maintenant l’Eurélium (archives historiques du Conseil départemental d’Eure-et-Loir) dont le propriétaire (le Conseil départemental) a souhaité rendre à nouveau hommage à Jean Moulin.
Non loin de là, la place Billard s’illustre par son marché couvert, lieu incontournable du centre-ville chartrain. On peut y admirer une scénographie originale, une illustration représentant la ville, qui est projetée sur le sol, en composant une ronde des façades des lieux emblématiques, symboles du patrimoine historique et culturel de la ville.
Située rue du Maréchal-de-Lattre-de-Tassigny, la fresque murale De-Lattre-de-Tassigny (première photo ci-dessous) de 170 m2 représente le tournage d’un film dans lequel le général Marceau, enfant illustre de Chartres à l’époque de l’Empire, tient le premier rôle. La fresque peinte se déroule à l’échelle d’une année et au rythme des saisons.
Dernière scénographie du parcours, celle de la médiathèque L’Apostrophe illustre avec humour que Chartres en lumières n’est que la suite logique des différentes inventions de l’homme : la domestication du feu, l’écriture, l’enluminure, l’imprimerie et l’informatique.
Il faut préciser qu’un tel spectacle requiert des techniques d’illuminations de qualité, et des matériels à basse consommation d’énergie. A ce titre, la scénographie du portail royal de la cathédrale est celle qui bénéficie actuellement des technologies de vidéo mapping les plus innovantes.
La volonté de renouvellement et d’innovation de la ville en matière de lumière confère à Chartres une reconnaissance sur le plan international.
Le premier critère d’innovation est la créativité des scénographies, qui fait de « Chartres en lumières » un cabinet de curiosités réunissant un panel de propositions artistiques diverses et surprenantes.
Terminons cet article avec quelques chiffres-clés :
- 20 ème édition de Chartres en lumières
- Un million de visiteurs chaque année
- 21 sites illuminés
- Près de 300 soirs d’exploitation
- 47 projecteurs et 27 enceintes
- 30€ générés sur le territoire pour 1 € dépensé pour Chartres en lumières
A cela rien d’exceptionnel dans une ville où l’on travaille la lumière depuis 2000 ans. Ce savoir-faire est bel et bien ancré dans le territoire chartrain depuis le Moyen-Âge grâce à la tradition du vitrail. La cathédrale de Chartres n’est-elle pas mondialement connue pour ses vitraux et leur fameux bleu de Chartres. Joyaux de ce lieu de culte, les 175 panneaux de vitraux restituent comme une imagerie les pages de la Bible, de la Genèse à l’Apocalypse. Et forment le plus grand ensemble de panneaux verriers des 12ème et 13ème siècles en Europe.
INFOS PRATIQUES :
- « Chartres en lumières » du 15 avril 2023 à début janvier 2024, sept jours sur 7, de la tombée de la nuit à 1h00 du matin (23h30 à partir de l’automne-hiver)
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Retour de la Fête de la Lumière le 16 septembre 2023
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Office de Tourisme C’Chartres Tourisme (https://www.chartres-tourisme.com/vivez/agenda) pour vous donner toutes les dates évènementielles de la ville et des alentours.