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Les Héros de la France éternelle - Louis XVI
(34) (France)
Heure locale

 

 

Lundi 31 juillet 2023

 

 

Louis XVI, né sous le nom de Louis-Auguste de France est le dernier roi de France de cette période appelée Ancien Régime. Marié à Marie-Antoinette d’Autriche en 1770, c’est quatre ans plus tard qu’il monte sur le trône à l’âge de 19 ans, au décès de son grand-père, Louis XV.

 

Le jeune roi était-il né sous une bonne étoile ? On peut se poser la question compte tenu de son parcours chaotique qui le conduira à être guillotiné le 21 janvier 1793.

 

Enfant, Louis XVI est d’une santé fragile et son corps malingre est sujet à toutes les maladies infantiles. Dès l’âge de 6 ans, il offre pourtant un visage formé avec les yeux gris de son père, Louis de France, un nez busqué, une bouche assez forte et un gros cou. Adulte, le roi se caractérise par un certain embonpoint et une taille hors du commun pour l’époque : 1,93 m. Il est également doté d’une musculature étonnante.

 

 

Du point de vue de sa personnalité, Louis XVI apparaît comme un homme taciturne, austère et sérieux. C’est que depuis Louis XIV, la cour est régie par une étiquette stricte et Louis XVI a des difficultés pour entrer dans ce système créé un siècle auparavant et qui ne répond plus aux exigences de son époque. Son éducation n’est pas en cause puisque le jeune roi est le premier monarque français à parler couramment l’anglais, et a été aussi nourri des philosophes des Lumières.

 

Au contraire, Louis XVI tente de réduire les fastes de la cour, ne s’adonnant qu’à des plaisirs simples comme la pratique de la chasse, l’étude des mécanismes (horlogerie et serrurerie) et des sciences, ainsi que la lecture. Ce comportement lui vaudra une très mauvaise réputation auprès de la noblesse de cour, très attachée au protocole, d’autant plus qu’en la privant du cérémonial, le monarque la prive également de son rôle social.

 

A charge de revanche, les Parlements (lieu d’expression de la noblesse et d’une partie de la haute bourgeoisie judiciaire) refuse les réformes politiques préconisées par Louis XVI qui trouve à son arrivée sur le trône un royaume bien mal en point, à la limite de la banqueroute.

 

La reine, capricieuse, ne l’aide pas beaucoup non plus : celle-ci passe en effet tout son temps dans les bals, les fêtes et les jeux d’argent. Et la noblesse de faire circuler des pamphlets ridiculisant le couple royal et décrivant le monarque comme « roi simplet ».

 

 

 

Lorsque Louis XVI arrive sur le trône, l’économie du royaume est en récession depuis 1770: le nouveau souverain réduit alors les dépenses de la cour (frais de bouche, de garde-robe, le département des menus plaisirs, les équipages de chasse, la Petite écurie et le nombre de mousquetaires et de gendarmes affectés à sa protection). Pour faire taire les ragots d’avarice à son sujet, il fait distribuer 100 000 livres aux Parisiens les plus démunis. Il exempte également ses sujets du « don de joyeux avènement », impôt perçu lors de l’accession au trône d’un nouveau roi.

 

 

Louis XVI envisage de gouverner seul mais ne pourra se passer de se référer à un homme de confiance et d’expérience lors de la prise de décisions importantes. Ainsi nommera t-il sept « principaux ministres d’Etat » durant son règne.

 

L’heure est aux économies et Turgot, contrôleur général des Finances, préconise au roi de poursuivre la réduction du train de la vie de la cour. Il est aussi à l’origine de la liberté du commerce intérieur des grains et est en faveur de la libre importation de céréales étrangères. Cette mesure libérale a toutefois l’inconvénient de faire augmenter les prix en cas de mauvaise récolte. C’est ce qu’il advient au printemps 1775, lorsqu’une rumeur de famine se met à circuler. Les prix se mettent à flamber et certaines boulangeries sont pillées à Paris, Versailles et quelques autres villes de province. C’est la « Guerre des farines » qu’il faut interpréter comme le premier avertissement du peuple de France face aux difficultés économiques et aux réformes inefficaces du pouvoir royal.

 

Dès son avènement, le roi décide de rappeler les parlements alors que, du temps où il était Dauphin, il avait écrit que ces organes « ne sont point représentants de la nation ». La raison principale d’un tel revirement se trouve sans doute dans la popularité de ces parlements exilés, aidé de l’avis du comte de Maurepas qui estimait que « sans parlement, pas de monarchie ». Malheureusement, ce rappel des parlements va rendre illusoires les tentatives de réformes profondes envisagées par Louis XVI, et à nourrir le climat révolutionnaire déjà en gestation.

 

 

 

Afin d’assurer l’avenir du royaume, Turgot va entreprendre une profusion de réformes destinées à permettre le libre fonctionnement politique, économique et social de la société : abolition des corvées (remplacées par un impôt unique pour tous les propriétaires fonciers), création d’un impôt territorial pour la noblesse et le clergé, amélioration du sort des curés, disparition des monastères, création d’un cadastre, rachat des rentes féodales, suppression des jurandes et des corporations, vaste plan d’instruction publique...et réorganisation administrative du royaume (création de municipalités de communes, d’arrondissements et de provinces et une municipalité de royaume.Ces assemblées ayant pour tache de répartir l’impôt direct et de gérer les questions de police, d’assistance et de travaux publics.

L’opposition des détracteurs, à commencer par les parlements, est à la hauteur des enjeux. Lettres de remontrance et critiques de la cour finissent par arriver aux oreilles du souverain et ce climat malsain va faire que le roi commence à prendre ses distances avec Turgot. Ce dernier finit par être congédié.

 

 

Autre ministre des finances qui fera date : Necker, banquier suisse d’origine ayant l’art de manier l’argent tout en ayant le souci d’économie. Pour Necker, il y a d’un côté les dépenses ordinaires (financées par l’impôt) et de l’autre, les dépenses exceptionnelles (comme par exemple l’intervention dans la guerre d’indépendance des Etats-Unis) que le nouveau ministre choisit de financer par deux systèmes lucratifs et à rendement immédiat : l’emprunt et la loterie. Ces deux systèmes sont bien accueillis par le peuple même si cela ne peut fonctionner qu’à court terme.

 

Necker propose aussi de mettre des assemblées provinciales (à la place des parlements et intendants de province) recrutées sur proposition du roi auprès du clergé, de la noblesse et du Tiers-état. Cette réforme n’arrivera pas à son terme.

 

D’autres mesure populaires sont suggérées (affranchissement des derniers serfs du domaine...) mais localement, l’ordonnance n’est pas appliquée et le servage persiste.

 

Dans son enthousiasme, Necker dresse au roi un compte-rendu de l’état des finances en février 1781. Et ce document, de préciser pour la première fois et publiquement l’usage détaillé des dépenses publiques mais aussi tous les avantages dont bénéficient les privilégiés de la cour. Résultat : le ministre doit démissionner le 21 mai 1781.

 

 

 

Charles Alexandre de Calonne occupe à son tour le poste de contrôleur général des finances. Son plan d’action est constitué de trois volets :

 

 

- égalité de tous devant l’impôt (suppression des privilèges de la noblesse et du clergé et création d’une « subvention territoriale »)

 

- retour à la libre circulation des grains

 

- création d’assemblées nouvelles élues par les propriétaires, lesquels devront associer les sujets à l’administration du royaume.

 

 

Calonne encourage aussi la rénovation des ports du havre, Dieppe, Dunkerque et La Rochelle, et contribue à la réfection de l’assainissement des villes de Bordeaux et de Lyon. De nouvelles manufactures sont aussi créées. Enfin, un traité de commerce entre la France et la Grande-Bretagne est signé le 26 septembre 1786.

 

Une fois de plus, les propositions du contrôleur général ne convainc pas Louis XVI. Sur proposition de Calonne , le souverain accepte tout de même de convoquer une Assemblée des notables représentatives de corps constitués. Le jour venu, Calonne présente ses réformes mais a le tort d’avouer à l’assistance le montant du déficit public, à savoir 12 millions de livres, ce qui émeut l’Assemblée. Et pour justifier son projet de réforme, de rajouter : « On ne peut pas faire un pas dans ce vaste royaume sans y trouver des lois différentes, des usages contraires, des privilèges, des exemptions, des affranchissements d’impôt,des droits et des prétentions de toutes espèces » Tollé général et Calonne est congédié.

 

 

Il ne manquera plus que l’affaire du collier de la reine, fomentée à l’initiative du cardinal de Rohan, pour jeter l’opprobre sur le couple royal : ce collier de 2800 carats d’une valeur d’ 1 600 000 livres, à l’origine destiné à la maitresse de Louis XV, sera vendu de force à la reine, grâce à un faux billet de commande sur lequel un complice a imité la signature de Marie-Antoinette. D’abord arrêté, puis embastillé, le cardinal de Rohan sera acquitté à l’issue d’un jugement devant le parlement de Paris.

 


 

 

Alors qu’il entreprend d’améliorer la marine française, Louis XVI choisit d’établir une base navale à Cherbourg. Le 20 juin 1786, le roi décide de se rendre lui-même sur place pour juger de l’avancée du chantier. Sur son chemin, une foule enthousiaste l’accueille et ce voyage (le seul hormis le sacre de Reims et la fuite à Varennes) se déroule sans fausse note. Comment le roi n’a t-il pas mesuré la ferveur royaliste de ses sujets provinciaux et utilisé cet atout pour contrer les intrigues du microcosme versaillais et parisien ?

 

Brienne, ancien président de l’assemblée des notables, qui avait en son temps attaqué Calonne sur son projet de réformes, reprend à son compte l’essentiel de ce projet qu’il avait pourtant condamné. Criant à la trahison, les notables se manifestent, ce qui aboutit à la dissolution de ladite assemblée le 25 mai 1787.

 

 

Si le parlement valide la libre circulation des grains et la mise en place d’assemblées provinciales et municipales, il refuse d’enregistrer la création de la « subvention territoriale », pourtant indispensable pour réduire le déficit public. Las, le roi convoque un lit de justice en août 1787, ce qui permet d’officialiser les édits du nouvel impôt.Victoire de courte durée puisque devant la solidarisation des parlements de province, de la Chambre des comptes et la Cour des aides, Louis XVI renonce le 19 août 1787 à l’édit de subvention territoriale et autorise la convocation des états généraux pour 1792 .

 

Faute d’impôt nouveau, Brienne recourt à l’emprunt, avec l’aval du roi qui convoque le parlement en « séance royale » en vue de lui faire accepter un emprunt de 420 millions de livres sur cinq ans. A nouveau, les parlementaires contestent le roi et demandent la convocation des états généraux pour 1789. La défiance est à son comble et l’on connait la suite.

 

 

 

INFOS PRATIQUES :

  • Livre «Louis XVI » de Jean-Christian Petitfils (Editions Tempus)




 



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