Lundi 2 septembre 2024
Le Musée d’Art et d’Histoire Louis-Senlecq de l’Isle-Adam consacre cet été une exposition dédiée aux caricatures du célèbre Leonetto Cappiello, « Cappiello caricaturiste (1898-1905) ». Cet événement nous donne à voir une centaine d’oeuvres et de documents venant de l’Atelier Cappiello, du musée d’Orsay et du Musée des Arts décoratifs.
Tout au long de la visite, nous découvrons un Leonetto Cappiello caricaturiste, dont l’oeuvre est ici mise en perspective avec son activité d’affichiste et de sculpteur.
Qu’il s’agisse du chocolat Klaus, du Thermogène ou du papier à cigarette Nil, ces campagnes publicitaires mémorables demeurent présentes dans nos mémoires, Leonetto Cappiello en ayant fait des effigies publicitaires. L’artiste s’illustrera aussi dans les journaux satiriques de l’époque (parmi lesquels on trouve Le Rire, le Sourire, Frou-Frou ou Le Cri de Paris...) et même dans un quotidien comme Le Figaro.
Son style épuré et facilement reconnaissable le distingue des autres caricaturistes pratiquant le portrait-charge ou la satire de mœurs alors que Cappiello se concentre sur la personnalité et l’attitude des comédiennes, dramaturges et artistes de music-hall à la mode. Dessins, esquisses préparatoires, affiches et sculptures (dont certaines sont présentées pour la première fois au public) contribuent ainsi à révéler la véritable personnalité d’un artiste qui, jour après jour, trace un portrait du Tout-Paris artistique, littéraire et mondain de la Belle Epoque.
Le parcours de visite se focalise sur huit années de création, de 1898 à 1905 : le jeune Leonetto, dessinateur italien, s’établit en effet dans la capitale française en 1898 et ne tarde pas à marquer l’esprit des gens en caricaturant toutes les personnalités en vogue de la Belle Epoque et surtout celles issues du monde du spectacle.Ces dessins sont diffusés dans un grand nombre de journaux, en caricaturant toutes les personnalités en vogue de la Belle Epoque et surtout celles issues du monde du spectacle. Ces dessins sont diffusés dans un grand nombre de journaux avant d’être publié sous la forme d’albums.
Pourtant, Cappiello ne tardera pas à abandonner la caricature pour se tourner définitivement vers l’affiche illustrée en 1905. Fruit du hasard ou coup de maitre, notre homme deviendra l’un des plus grands affichistes du début du XXème siècle.
Nous l’avons vu plus haut, Leonetto Cappiello affiche ses préférences pour la société du spectacle et le théâtre. Aux autres caricaturistes, il laisse le portrait-charge et la satire de mœurs, pour, par exemple, tirer le portrait de la célèbre Réjane en première page du journal satirique Le Rire. Nous sommes en 1898 et le style de l’artiste le distingue déjà des autres collègues : son graphisme épuré et ses couleurs en aplat font toute la différence.
Un an plus tard, l’artiste et son album « Nos actrices » connaissent un vif succès. Sa recette, pour le moins originale, consiste alors à mettre en présence les effigies des gloires établies face à des vedettes naissantes (Sarah Bernhardt, Marthe Brandès, Andrée Mégard ou Marthe Mellot...) Sur le papier, cela donne des silhouettes cernées d’un trait noir fin et net, et des aplats aux couleurs acidulées pour rehausser le tout.
Dans le même temps, l’artiste se concentre uniquement sur l’attitude des comédiennes et leur caractère et se garde bien de rajouter un détail superflu ou un décor. Face à une critique séduite par le talent de l’artiste, Cappiello est vite érigé, à seulement 24 ans, en véritable « Maitre » de la caricature.
Rien n’échappe au regard de Cappiello qui n’a pas son pareil pour relever les moindres détails dans la physionomie, la gestuelle et les mimiques des personnages qu’il immortalise avec un redoutable sens de la synthèse. A l’instar de Sada Yacco,danseuse japonaise qui ensorcelle le public de l’Exposition universelle de 1900, Andrée Mégard qui incarne fougueusement le rôle de La Contat dans Le 14 juillet de Romain Rolland, et bien d’autres encore...
L’artiste ne se contente pas d’un instant d’action mais transforme en d’élégantes silhouettes tout ce qui singularise les personnages oeuvrant dans des registres aussi divers que le théâtre de boulevard, le mélodrame, le mime, le ballet ou l’opérette.
A son arrivée en France, Cappiello découvre l’engouement des Français pour le music-hall. A cette époque, Yvette Guilbert se trouve être l’une des plus grandes vedettes féminines tout en étant réputée pour le contraste entre le raffinement de sa mise et l’aspect canaille de son répertoire.
Au même moment, la comique Louise Balthy fait ses débuts à la Scala en imitant Yvette Guilbert avant de devenir elle-même une célèbre meneuse de revue.
Successivement chanteuse de café-concert et comédienne, Polaire, réputée pour sa taille de guêpe, s’illustre entre autres dans deux pièces écrites par le romancier Willy.
Pourquoi citer ces trois femmes ? Parce qu’elles comptent comme modèles de prédilection de Cappiello, lequel observe avec minutie leurs allées et venues d’un genre à l’autre tout en prenant soin de témoigner de ce que le monde du spectacle a à offrir au sens large du terme. Et l’artiste de réaliser, en 1899, l’effIgie d’Yvette Guilbert en statuette, puis celles de Réjane et Jeanne Granier un peu plus tard.
Insatiable, Leonetto Cappiello fera aussi le portrait d’hommes de lettres jouissant d’une belle réputation dans les années 1900: Octave Mirbeau, Pierre Wolff,Jean Richepin ou Catulle Mendès feront partie de ses cas d’étude. Le point commun de ces hommes étant d’être peu ou prou liés au monde de la scène.
Ainsi Cappiello reflète t- il en quelques coups de crayon la bonhommie de Paul Adams ou la mélancolie narquoise de Georges Feydeau.
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