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Lettre envoyée le 03/03/2014


Lundi 3 mars 2014                                                    La Lettre N°158

 

Si vous espériez, comme moi, une évolution dans le transport ferroviaire français, vous serez déçu. En effet, Bruxelles, devant probablement d'énormes pressions, fait marche arrière sur la libéralisation du rail. Au départ, il était prévu que les opérateurs ferroviaires soient séparés des gestionnaires d'infrastructures. Mais depuis, plusieurs amendements ont été votés ce 26 février dernier afin de tempérer le projet européen. La réforme comprend trois volets : une norme unique pour la certification des matériels ferroviaires, des dispositions pour ouvrir le transport des voyageurs à la concurrence et enfin une disposition séparant les activités d'opérateur et de gestionnaire de réseau. Dans les faits, il sera toujours possible de maintenir les flux financiers entre les deux structures dans un même état. Un texte fait sur mesure pour la SNCF (France) et la Deutsche Bahn (Allemagne). Ceux qui sont favorables au maintien du monopole dans le transport ferroviaire seront ravis, les clients qui auraient espéré qu'un peu de concurrence aurait peut être poussé la SNCF à respecter davantage les usagers, le seront moins. Doit-on rappeler le triste exemple du seul RER B, devenu arme de destruction massive du tourisme francilien ? Entre les pannes, les quais (et les trains) bondés sans parler des agressions, la coupe est pleine. Contrairement au Japon, hors trains à grande vitesse, point de salut ! Le malheureux usager (dont je fais partie) du RER B devra se contenter de rames anciennes. Depuis quelques mois, de nouvelles rames ont certes été mises en service mais sont déjà taguées. En cas d'incident, les touristes ont obligation de parler français, car les conducteurs ne pratiquent pas d'autres langues. On n'est loin du transport aérien... Je ne vous parlerai pas des annonces faites aux usagers sur les quais de la gare Aéroport CDG 1, car cela fait des mois qu'un défaut de sonorisation nous afflige un fort grésillement lors des messages. Il m'est par contre arrivé d'entendre de timides annonces en anglais et en espagnol, dans un accent certes très francisé. M'enfin...

J'étais en Inde lorsque j'ai entendu parler de la manifestation nantaise contre l'aéroport Notre Dame de la Lande. Je ne suis personnellement pas favorable à la construction de cet aéroport, considérant qu'il serait préférable d'agrandir le premier. N'y a t-il pas déjà trop d'aéroports en France métropolitaine ? Le Board of Airlines Representatives en France dénonçait encore récemment leur nombre pléthorique dont les coûts sont finalement supportés par les compagnies aériennes opérant en France, sans bénéfice pour le transport aérien dans son ensemble. La France compte effectivement 160 aéroports environ. Prenons par exemple la Normandie : moins de deux millions d'habitants et...cinq aéroports ! Dont trois dans un rayon de 50 kilomètres. L'Oise, comme la Corse, abrite quatre aéroports. Ce qui fait de ces aéroports des structures sous-utilisées qui coutent cher. Il faut savoir qu'une partie de la taxe aéroportuaire acquittée par les compagnies aériennes est redistribuées vers les plus petites plates-formes. Et ce, au titre de la péréquation. Le passager est, lui aussi, mis à contribution, avec le versement de plus de cent euros par passager chaque année (moyenne calculée entre 2000 et 2006). Il faut savoir qu'en-dessous d'un million de passagers (c'est le cas de 138 aéroports sur 155!), un aéroport ne peut pas atteindre le seuil de rentabilité. C'est que les collectivités locales s'accrochent à leurs aéroports, même si, comme dans le cas de l'aéroport de Montluçon-Guérêt, la subvention versée atteint...3500 € par passager. Autant d'argent qui sort finalement des poches des contribuables puisque ce sont les chambres de commerce qui reversent ces sommes. En plus, les retombées économiques et fiscales apparaissent souvent très faibles : aucune étude économique préalable n'a souvent jamais été conduite à son terme, étude qui est d'ailleurs la plupart du temps menée par les offreurs eux-mêmes. C'est, qu'il y a quarante ans de cela, nos édiles voulaient toutes leur aéroport . Aujourd'hui, elles veulent leurs TGV. C'est ainsi. Peu importe ce que ça coûte. D'après les spécialistes de la question, il y aurait en France métropolitaine vingt aéroports en trop. Certes, la France n'est pas le seul pays touché par ce problème en Europe. Voyons l'Espagne, où la folie immobilière poussa à construire un aéroport à Ciudad Real , lequel fut inauguré en 2008. Il devait accueillir quatre millions de passagers par an. Après ses quatre premières années d'exploitation, seuls....100 000 passagers avaient foulé le tarmac !

Cette semaine, je vous invite pour ma part à (re)découvrir les poupées Barbie lors d'une exposition qui se tient actuellement à Paris, au musée de la Poupée. Nostalgie, quand tu nous tiens...Bonne lecture à tous et excellente semaine !

 

Yves

 

 

 

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