Lundi 9 mars 2015                                                    La Lettre N°211

On l'entend régulièrement, les compagnies du Golfe ont tous les mérites : elles vendent leurs billets moins chers, elles partent et arrivent à l'heure, elles offrent le meilleur service à bord, et j'en passe....pendant que nos compagnies européennes historiques souffrent à cause notamment de cette concurrence déloyale qui leur est faite. Car il s'agit bien de concurrence déloyale, dans la mesure où ces compagnies, venues d'ailleurs, ne jouent pas dans la même cour, dans la mesure où elles ne s'acquittent pas des mêmes coûts que nos compagnies européennes. Une étude américaine, initiée par les compagnies American Airlines, United et Delta, vient de le faire remarquer. Il a fallu un an et demi pour chiffrer précisément le montant de ces subventions : les trois compagnies du Golfe (Emirates, Etihad et Qatar Airways) cumuleraient au total plus de 42 milliards de dollars de subventions reçues au cours de ces dix dernières années. Il s'agit là bel et bien de concurrence déloyale. Sur le podium, la compagnie Etihad arrive en tête (18 milliards de dollars d'aides entre 2004 et 2014), Qatar Airways (17,5 milliards de dollars) et Emirates (6,8 milliards de dollars). Ces aides financières prennent des formes différentes : prêts sans intérêt, avances des actionnaires, fournitures non facturées...par exemple, sur les 17,5 milliards de dollars perçus par Qatar Airways, 6,8 milliards correspondent au montant d'intérêts jamais versés pour des prêts et d'avances non remboursées. Trouvez l'erreur ! Selon les cabinets d'audit qui ont eu accès aux comptes, la compagnie qatarienne ne serait pas viable sans ses subventions, car elle perd toujours de l'argent dix huit ans après sa création. Tiens donc! La compagnie Etihad cumule quant à elle quatre milliards de pertes en dix ans tandis que 6,2 milliards de fonds propres ont été injectés. Cette même compagnie aurait profité de 4,6 milliards de dollars de prêts non remboursés. Et le gouvernement aurait financé l'acquisition d'appareils pour un montant de 4,6 milliards de dollars et ouvert une ligne de crédit de 3,5 milliards. Quant aux 62 millions d'euros de bénéfices déclarés par Etihad l'année dernière, ils correspondent au montant de la cession de son programme de fidélité dont l'acquéreur est une entreprise créée...par le gouvernement. Emirates, la plus puissante de ces compagnies, est certes la seule à publier ses comptes depuis douze ans. Cette compagnie aurait, ces dix dernières années, trouvé une astuce pour compenser les pertes liées aux couvertures de carburant, en transférant tout simplement ce contrat de couverture (pour un montant de 2,3 milliards de dollars) au gouvernement. Autres charges soustraites à ces compagnies du Golfe : les redevances aéroportuaires. Ce sont en effet les Etats qui ont financé l'ensemble des installations aéroportuaires sans instituer de redevances. A ce jour, l'Europe a certes été la première à se voir « siphonner » ses clients par ces compagnies mais les Etats-Unis s'inquiètent aussi d'être les seconds de la liste. Dans cette histoire, les vrais responsables ne sont-ils pas ceux qui attribuent des créneaux horaires à ces compagnies-là pour mieux vendre des Airbus dans un premier temps, avec la certitude de condamner à mort les compagnies européennes dans un deuxième temps ? Pensez-y la prochaine fois que vous emprunterez l'avion.

Vous rêvez des îles et les Bahamas sonnent agréablement à vos oreilles ? Bonne nouvelle : une boutique éphémère « La Maison des Bahamas » ouvrira ses portes au public du 18 au 22 mars prochains dans le quartier du 1er arrondissement de Paris. Au programme, cinq jours destinés au grand public pour le divertir et l'informer, avec des soirées thématiques visant à promouvoir les partenaires professionnels ou à mettre en avant des thèmes spécifiques comme la plongée, les voyages de noces ou en famille. Cette maison éphémère nous invitera à découvrir tous les aspects touristiques de l'archipel avec des projections de films en 3D, une exposition de photos et d'artisanat, des dégustations de spécialités bahaméennes, des rencontres avec des professionnels, un bar à ongles pour se sentir bahaméenne jusqu'au bout des doigts et un espace découverte des produits cosmétiques Paris-Bahamas. Vous pourrez enfin consulter des ouvrages et des documentations sur l'ensemble des attractions disponibles dans les îles, comme la plongée, le golf, la pêche, la plaisance, les voyages en famille ou en groupes, les voyages de noces. Des offres spéciales voyages vous seront aussi proposées par les tour-opérateurs partenaires de cette opération.

Pas besoin d'aller aux Bahamas pour trouver un genre de tourisme inédit, un tourisme décalé, urbain et éthique tourisme qui se développe dans les quartiers populaires comme la Goutte d'Or ou à Château rouge. Une chaine de télévision américaine avait parlé de «zones interdites » en plein Paris, ce qui, de mémoire, avait fait bondir le Maire de Paris. Pour ceux que cela intéresserait, voici le lien internet de ce site américain : https://www.nogozones.fr/ Il faut maintenant savoir que, même si on peut toujours se faire attaquer à Paris, la même chose peut arriver à Londres (où un élève de quinze ans s'est fait poignarder il y a de cela quelques jours alors qu'il roulait à bicyclette) et que nos quartiers populaires parisiens valent bien ceux de New York ou de Los Angeles, sans parler de villes comme Atlanta (où je me souviens avoir vécu une triste expérience il y a de cela vingt ans). Mais vous connaissez les Anglo-saxons, tant qu'il y a du commerce à faire.... Pour faire face à d'éventuelles menaces, 230 policiers surentrainés sont tout de même habilités à intervenir en quelques minutes dans les arrondissements de la capitale. Cette compagnie de sécurisation et d'intervention est capable d'opérer incognito en se mêlant à la foule, ou d'appuyer les CRS plus lourdement armés.

Pour terminer sur un sourire, et à l'heure des pollutions politico-médiatiques, voici l'histoire d'un incroyable amour qui unissait Jérôme, maire de la ville de Camembert (Calvados) et sa femme Elsa, au début du siècle dernier. Ce bonheur de gens simples prit fin un certain 9 février 1915 avec le décès d'Elsa, à l'âge de 63 ans. N'ignorant pas que l'alcool conserve, Elsa avait fait part à son époux de sa dernière volonté : elle souhaitait que son cercueil soit rempli de Calvados. Son époux fit donc fabriquer une bière (cercueil) étanche munie d'une ouverture pour y verser le précieux breuvage. Et fit les niveaux chaque année jusqu'à son propre décès, en 1929. Les descendants de notre couple rappelèrent récemment cette touchante histoire lors d'une visite au caveau familiale. Moralité : mieux vaut mettre du Calvados dans une bière à Camembert que d'aller dans le Calvados pour mettre du Camembert dans sa bière (boisson) !

Cette semaine encore, c'est au Japon que je vous emmène, toujours sur la route du Tokaïdo. Mes vacances prenant fin, je vais également repartir d'ici à quelques jours vers d'autres horizons, pour d'autres articles. Vous êtes de plus en plus nombreux à me lire et à fréquenter le site. Bienvenue aux nouveaux lecteurs et merci à tous pour votre fidélité ! A la semaine prochaine !

Yves

Classement des dix premiers pays qui ont visité ce site cette semaine: 1) France 2) Japon 3) Canada 4) Belgique 5) Suisse 6) Algérie 7) Etats-Unis 8) Ile de la Réunion 9) Brésil 10) Espagne