Lundi 19 mars 2012-------------------La Lettre N°56--------------------Chers lecteurs et lectrices!------------Je vous écris ces quelques mots hebdomadaires depuis le continent africain. Je suis arrivé il y a deux jours à Conakry (Guinée) dans le cadre de mon travail. S'il y a un pays où l'on se sent seul, c'est bien celui-là: Hôtel vétuste, pas d'internet, lucarne en guise de télévision et sélection de programmes limitée (heureusement qu'il y a Arte!). Les gens sur place sont très gentils mais je ne suis plus habitué à ces destinations. J'ai l'impression d'être, comme Jacquouille, retombé au moyen-âge. Cela fait des siècles que les peuples africains vivent dans la pauvreté ( certains habitants se résolvant à immigrer en Europe dans l'espoir de lendemains qui chantent) alors qu'ils dorment sur un coffre-fort (si peu exploité). C'est le cas de la Guinée Conakry qui recèle d'importants gisements miniers (dont de la bauxite) à peine mis en valeur. La faute à qui? Ce pays souhaita jadis (comme bien d'autres) acquérir son indépendance. Grand bien leur fasse mais qu'est-il ressorti aujourd'hui de celle-ci? Le peuple est-il plus heureux? Je me pose la question, alors que j'observe des guinéens en train de pianoter aléatoirement sur leur clavier d'ordinateur, dans l'espoir d'obtenir la connexion souhaitée. «Nous attendons la fibre optique pour l'année prochaine »me dit l'un d'entre eux. Ah bon! J'ai bien peur d'être en retraite d'ici là et que cette fibre optique se soit , en ce qui me concerne, transformée en fibre »sceptique ».La liberté de communication ne fait-elle pas partie de nos jours des libertés fondamentales? Le continent est (pratiquement) le seul aujourd'hui à générer de la croissance mais au profit de qui? Des Occidentaux qui exploitent les précieuses ressources du continent ( avec le concours des autorités en place) pour en tirer ensuite le meilleur prix auprès de nous , les consommateurs »vaches à lait » que nous sommes devenus. De nombreux Chinois débarquent en Guinée afin d'offrir leur service dans la construction de bâtiments et d'infrastructures. Que penser de cette arrivée? J'ai bien peur que les guinéens en soit un jour pour leurs frais, les Chinois convoitant eux aussi, et des terres arables, et les nombreuses ressources du sous-sol. Dans quelques heures, je me rendrai à nouveau au Japon pour un nouveau séjour d'un mois environ. Le Japon, un autre endroit de la terre où il n'y avait rien, où il y a très peu de ressources naturelles mais où le peuple s'est toujours battu avec acharnement afin de construire ce qu'il est devenu actuellement. Quelle différence avec le continent africain! Je m'interroge...---------------------A la semaine prochaine!---------------------Yves Chapelain.